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![]() | Ulysse, en latin Ulysses, en grec Odysseus, roi d'Ithaque![]() ![]() ![]() ![]() L'Ulysse d'Homère est le fils unique de Laërte et d'Anticlée; il a pour origine la petite île d'Ithaque. Plus tard, par des généalogies qui témoignent en faveur de son prestige, il est rattaché à Zeus. De même que son origine, son nom est obscur; pour Homère, il signifie le Grondeur , celui qui s'irrite, qui se bute contre les forces de l'univers. D'autres interprètent au passif : celui qui est l'objet de la colère des dieux, particulièrement de Poseidôn, avec lequel il est le plus souvent aux prises. Dès sa jeunesse, il se distingue à la fois par la vigueur et par l'astuce. Il brille à la chasse où il est blessé par un sanglier; il reçoit en présent l'arc fameux d'Eurytos qui lui servira plus tard à tuer les prétendants. Lorsqu'il succède à son frère, il exerce la royauté avec clémence et majesté; il épouse Pénélope, la fille avisée d'Icarios, devient célèbre par sa richesse, par la cordialité de l'accueil qu'il fait à ses hôtes, par la piété envers les dieux, dont les plus éminents, Zeus et Athéna, le prennent sous leur spéciale protection. Lors des préliminaires de la guerre de Troie, c'est lui qui est désigné, pour aller en ambassade réclamer Hélène; pour découvrir Achille caché à Scyros parmi les filles de Lycomède; et il prend part à l'expédition avec douze vaisseaux qui sont au centre de l'armée. Devant Troie, son rôle est de conseiller, de rétablir l'harmonie troublée, de remédier par ses avis aux situations difficiles. Il intervient dans le différend d'Achille et d'Agamemnon, cherche à apaiser le premier et morigène le second, avec prudence, tact et à-propos; il fait rendre Chryséis à son père et conclut l'armistice avec les Troyens. Dans les combats, il fait preuve d'une endurance rare; son courage n'est pas brillant comme celui d'Achille, ni brutal comme celui d'Ajax ou de Diomède, mais toujours inspiré et soutenu par la raison. Le poète le compare au sanglier qui fait tête aux chiens, au cerf entouré par une meute de chacals; dans l'épisode post-homérique de la Dolonie, il joint la ruse à la force; il s'empare de Rhésus et ramène ses coursiers légendaires. Il pénètre comme espion dans Troie où il est reconnu par Hélène; après la mort d'Achille, il obtient les armes du héros, en les disputant à Ajax, puis il ramène de Scyros Néoptolème dont la présence est indispensable au succès. C'est lui enfin qui fabrique le cheval de bois et qui, par la ruse, assure la prise de la ville. Quelques-uns de ces épisodes et de ces traits, quoique se rapportant à la période de la guerre, sont empruntés à l'Odyssée Cependant le récit de ces aventures est encore surpassé par le tableau du retour dans Ithaque après vingt années d'absence, la rencontre avec Télémaque, avec le berger Eumée, la reconnaissance par Pénélope et le vieux Laërte, enfin par la lutte contre les prétendants qui succombent sous les coups que dirige Athéna. Il n'est pas possible de soutenir qu'il y a unité parfaite dans la conception du personnage d'Ulysse, telle que nous la donnent les poèmes homériques dans l'état où ils nous sont parvenus; mais les incompatibilités ne portent que sur quelques traits particuliers de la peinture physique du héros et peut-être aussi de son tempérament moral. L'ensemble toutefois s'impose comme une figure fondue, on dirait volontiers d'un seul jet, par le même artiste. Les traits dominants sont la force et la finesse de l'âme, servies par la vigueur et plus encore par la dextérité du corps. Si la prudence d'Ulysse va jusqu'à la ruse, son courage est inséparable du raisonnement et du sang-froid. Ajoutons à cela le respect des dieux, la piété envers les parents, l'affection maritale, l'amour de la patrie absente, et nous aurons un type à la fois réel et idéal où revit le meilleur des qualités helléniques. La légende post-homérique a plutôt altéré cette figure, en y introduisant des éléments peu sympathiques; d'abord une origine louche, Ulysse nous étant présenté comme le fils de Sisyphe, roi de Corinthe, qui aurait rendu enceinte Anticlée avant de l'envoyer à Laërte avec qui elle était fiancée. Ensuite des actes de lâcheté et de fourberie dont le héros se serait rendu coupable avant et pendant le siège de Troie; simulation de la folie pour se soustraire à la guerre de Troie; sacrifice d'Iphigénie imposé aux Grecs pour se rendre les vents favorables afin d'aborder en Troade; violences et ruses exercées sur Philoctète dans l'île de Lemnos Les traditions sur sa mort sont d'ailleurs très variées tantôt il succombe en Thesprotie, tué-par Télégonos, un des fils qu'il a eus avec Circé, tantôt en Etrurie Sa descendance est nombreuse, ainsi qu'il est naturel, les légendes locales lui donnant des fils partout où il a passé, comme elles firent pour Héraclès et Thésée. La Théogonie Ulysse, voyageur fabuleux, devait fatalement devenir le héros fondateur et éponyme d'un grand nombre de cités ; de même qu'Enée et plus encore que lui, il défraie la légende géographique, en ce que ses courses sont idéalisées par les plus féconds des conteurs, par les marins grecs, qui colportent eux-mêmes leurs ouvrages. Sur lui surtout se vérifie cette observation de Mommsen. "Chez les Grecs, la légende suit pas à pas et partout les connaissances géographiques à mesure qu'elles s'étendent; et les romans sans nombre de leurs navigateurs errants transforment en une sorte de drame les descriptions de la terre qu'ils nous ont laissées."Sans parler des autres localisations dont ses aventures ont été l'objet dans l'Antiquité, il faut citer celles qui ont transporté le pays des Cimmériens au voisinage de Cumes ![]() ![]() Les représentations plastiques du héros sont en proportion de ses glorifications et peintures poétiques; tous les épisodes de sa légende y ont fourni leur part, et c'est une tâche considérable que de suivre le type à travers les vases peints, les bas-reliefs, les statuettes et les gemmes qui ont popularisé son image. Il y est représenté sous les traits d'un homme fort, de taille moyenne, vigoureux et trapu, à l'expression le plus souvent mélancolique; il porte toute sa barbe, et sur la tête la calotte pointue qui est la coiffure habituelle des marins grecs. (J.-A. Hild). |
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