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La vie est-elle un bien ou un mal ? Le monde est-il bon ou mauvais ? Faut-il avec l'Optimisme approuver ce qui est? Faut-il le condamner avec le Pessimisme? L'optimismeL'optimisme répond que le monde est bon, que la vie vaut la peine d'être vécue. Cette doctrine, professée dans l'antiquité par Socrate, Platon, les Stoïciens, les Alexandrins, n'est devenue un système philosophique que chez les modernes. Elle a revêtu deux formes : l'Optimisme absolu, l'Optimisme relatif.Optimisme absolu. Malebranche. Unissant la théologie à la philosophie, Malebranche en appelle à l'Incarnation. L'union du Verbe à la nature humaine élève la création à un degré de perfection digne de Dieu. Aussi le Fils de Dieu se serait-il incarné, quand même le premier homme n'aurait pas péché. Leibniz. 1° A sa sagesse, car il n'aurait pas de raison d'être, puisqu' « il ne serait pas possible de rendre raison pourquoi les choses sont allées plutôt ainsi qu'autrement » (Principes de la nature et de la grâce fondés en raison, §10).Donc Dieu a dû créer le meilleur des mondes possibles. Mais, il faut le bien remarquer, ce monde meilleur que Dieu a créé, c'est le meilleur par rapport à l'ensemble des choses et non au regard des détails; c'est le meilleur non par rapport à chaque espèce d'êtres ou à chaque astre, mais au regard de tout l'univers; c'est le meilleur non par rapport à l'univers tel qu'il est actuellement, mais tel qu'il devient dans son évolution indéfiniment progressive. Pour en juger équitablenment, il ne faut donc pas l'envisager à un moment de sa durée, mais dans toute l'ampleur (le son développement : « Quelqu'un dira qu'il est impossible de produire le meilleur, parce qu'il n'y a point de créature parfaite et qu'il est toujours possible d'en produire une qui le soit davantage. Je réponds que ce qui peut se dire d'une créature ou d'une substance particulière, qui peut toujours être surpassée par une autre, ne doit pas être appliqué à l'univers, lequel, se devant étendre par toute l'éternité future, est un infini (Essais de Théodicée..., IIe partie, § 195.). »).
Dieu a donc réalisé le monde où il y a la plus grande somme possible de biens. Il renferme cependant une certaine quantité de maux, parce que le monde étant créé est nécessairement imparfait. Ces maux dont on se plaint sont la conséquence forcée des lois les plus sages que Dieu pouvait établir, avec le minimum d'inconvénients. Les créatures les plus utiles ne vont pas sans quelques effets fâcheux : par exemple, le feu, qui rend tant de services, peut causer des incendies. Un autre ordre de choses aurait entraîné de plus graves imperfections. Optimisme relatif. Voici quelques objections que l'on a faites contre l'Optimisme absolu : 1° L'Optimisme absolu suppose que Dieu ne peut vouloir que ce qui est meilleur en soi. Cette supposition détruirait la liberté divine. 2° Bien plus, si Dieu devait créer le meilleur des mondes, il n'en pourrait créer aucun, car si parfait qu'on le suppose, comme il est fini, on peut toujours en concevoir un meilleur. L'hypothèse leibnizienne de la perfectibilité indéfinie du monde ne prouve donc rien, parce que, si parfait que devienne l'univers. par un progrès continu, il y aura toujours place pour une perfection plus grande. Il ne sera clone jamais le plus parfait possible. 3° Au point de vue moral, l'Optimisme absolu rend la vertu inutile et le progrès impossible. Si le monde est le meilleur possible, on ne peut lui souhaiter ni corrections ni perfectionnements. La souffrance et le crime sont justifiés et inévitables, puisqu'ils font partie intégrante et nécessaire d'une oeuvre parfaite. A quoi bon essayer d'améliorer cette oeuvre ? Ce serait folie et sacrilège.Cette objection ne vaut pas contre l'Optimisme de Leibniz, puisqu'il suppose le monde toujours en train de se perfectionner. Conclusion : une chose peut être la meilleure possible en elle-même ou relativement à la fin poursuivie; par exemple, une montre d'or est plus précieuse en soi qu'une d'argent; mais, si elle marche mal, elle est inférieure relativement à la fin. C'est en ce sens que le monde est le meilleur possible, c'est-à-dire relativement à la fin que Dieu lui a assignée. En effet le monde a pour fin la manifestation des perfections divines, mais dans un degré limité. Il est donc évident que Dieu, infiniment sage et puissant, a atteint son but, et par conséquent que le monde qu'il a créé est le meilleur possible, relativement à ce but, c'est-à-dire qu'il réalise pleinement, ni plus ni moins, le degré de perfection que Dieu a librement déterminé. Le pessimismeC'est une opinion aussi ancienne que l'humanité. On en trouve des traces chez tous les peuples, spécialement chez les Hindous, dans la religion bouddhiste. Mais c'est aussi une idée moderne dans sa forme systématique et savante. Le pessimiste as'oublie lui-même pour ne penser qu'aux douleurs de l'humanité. Il s'occupe non de ses souffrances, mais du mal absolu, objectif, maître de toutes choses.C'est ainsi que l'ont compris Léopardi, Ackermann, c'est ainsi que Schopenhauer et Hartmann l'ont systématiquement exposé en Allemagne. Ce monde est le rendez-vous de tous les maux, la vie est une plainte continuelle, l'univers est l'oeuvre d'une volonté absurde. Mais on peut aussi distinguer un pessimisme absolu et un pessimisme relatif. Schopenhauer représente le premier, Hartmann, le second. Le pessimisme absolu. I. - La science montre que la capacité de souffrir augmente avec le progrès de l'organisation. Les grands génies sont les grands souffrants.Le pessimisme relatif. A côté de la volonté, dont parle Schopenhauer, Hartmann place l'inconscient, sorte d'idée qui s'ignore et qui tâche de disposer les matériaux désordonnés que lui fournit la volonté (Philosophie de l'Inconscient, IIIe Partie, § XII). Il y a dans le monde un principe bon à côté d'un mauvais. Le monde n'est donc pas essentiellement mauvais; il est seulement pire que le néant. Pour faire le bilan des biens et des maux, Hartmann expose trois manières de concevoir la vie humaine : ce sont trois rêves de bonheur, sans bonheur réel : Premier rêve : ce serait le bonheur en cette vie, par le développement de nos facultés. C'est l'erreur du paganisme. En effet, le patriotisme, le dévouement, la gloire, l'amour, tout cela est illusion, folie, douleur. |
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