| Ribeauvillé (Ratabaldouilare, 759; uille Rapolswilr, 1462; allemand' Rappoltsweiler) est une commune de la France, dans le département du Haut-Rhin. Population : 4950 habitants. Histoire. Ribeauvillé, dont les origines sont inconnues, appartenait, vers le XIe siècle, aux empereurs d'Allemagne; elle fut cédée, en 1084, par l'empereur Henri IV à l'évêché de Bâle qui, vers la fin du XIIe siècle, la donna en fief à Egelolphe, le chef de la maison de Ribeaupierre. Les seigneurs de cette famille y prirent résidence, l'entourèrent de murs et l'élevèrent au rang de ville. Vers la fin du XIIIe siècle, la nouvelle ville avait simultanément plusieurs seigneurs de Ribeaupierre et se composait de quatre cités différentes qui avaient chacune un mur d'enceinte. Il y avait à cette époque quatre portes dans l'enceinte générale et, trois portes intérieures permettant aux différentes cités de communiquer entre elles. La terre de Ribeaupierre, une des plus importantes de l'Alsace, comprenait, au XVIe siècle, huit bailliages. En 1671, à l'extinction de la ligne mâle des seigneurs de Ribeaupierre, elle échut par mariage au comte palatin Chrétien II de Birkenfeld, dont le successeur devint également duc de Deux-Ponts. Maximilien, le dernier seigneur féodal de Ribeauvillé, devint plus tard roi de Bavière. Dès le XVe siècle, les empereurs d'Allemagne, et, plus tard, les rois de France avaient conféré aux comtes de Ribeaupierre, à titre de fief, la juridiction sur la confrérie des ménétriers d'Alsace. Tous les ans, le 8 septembre, jour de la Nativité de la Vierge, tous les musiciens de la province se réunissaient à Ribeauvillé, pour offrir un cierge à Notre-Dame de Dusenbach, leur patronesse, pour rendre hommage au comte, et pour tenir leurs assises annuelles. Après une messe solennelle, un tribunal, sous la présidence du roi des ménétriers (Pfeiferkönig), nommé par le comte, jugeait les délits commis pendant l'année contre les règlements de la confrérie. Puis tous se rendaient au château pour rendre hommage an seigneur. A cette occasion, les comtes de Ribeaupierre, outre le vin qu'ils prodiguaient, avaient l'habitude d'offrir une coupe ou un hanap, qui restait ensuite la propriété de la ville. Plusieurs de ces pièces, des chefs-d'oeuvre en style Renaissance de l'orfèvrerie alsacienne, sont encore conservées dans le petit musée de l'hôtel de ville. La tradition de cette fête joyeuse et populaire, appelée Pfeifertag, s'est conservée jusqu'à nos jours, tant à Ribeauvillé qu'à Bischwiller qui, au XVIIIe siècle, appartenait aux comtes de Ribeaupierre. Monuments. Eglise paroissiale de Saint-Grégoire à trois nefs en style gothique, commencée en 1284 et terminée en 1473; statue de la Vierge, belle sculpture en bois du XVe siècle; sous le choeur se trouvait le caveau sépulcral des seigneurs de Ribeaupierre. Eglise des augustins, en style gothique de la dernière période. Chapelle de l'hospice de la fin du XVe siècle, qui, en 1811, fut convertie en halle au blé. Temple protestant de 1783 remplaçant la chapelle du château qui, en 1563, avait été affectée au culte protestant. Au milieu de la ville, un beffroi du XIIIe siècle, appelé tour des bouchers (Metzgerthurm), à quatre étages, avec une porte ogivale, donnant passage à la rue principale. Des trois tours, qui autrefois servaient de portes de communication entre les différentes cités, la tour des bouchers est la seule qui existe encore. De l'enceinte générale on voit encore quelques pans de mur avec trois tours rondes de la fin du Moyen âge. Sur la place du Marché, fontaine en style Renaissance de 1536, qui montre sur une colonne, armée de Figures symboliques, un lion portant les armes de la ville. Sur la place de la lange, statue symbolique représentant la ville de Ribeauvillé, due au ciseau de Friedrich qui en a fait don à sa ville natale. Hôtel de ville de 1773 avec sa belle collection de coupes. Les montagnes rocheuses et escarpées qui dominent la ville sont couronnées des ruines de trois château, anciens manoirs des seigneurs de Ribeaupierre : 1° Saint-Ulric (Castrum Rappolezstein, inferius in vulgari die Niederburg, 1371), mentionné pour la première fois dans un document du XIVe siècle, doit avoir été construit dès le XIIIe siècle. Il fut abandonné au commencement de la guerre de Trente Ans. Le donjon et le mur d'enceinte subsistent en partie, ainsi qu'une grande salle, ornée de belles fenêtres encadrées dans une arcade plein cintre et ornées au sommet d'ouvertures qui affectent alternativement la forme d'un ovale, d'une losange, d'une étoile ou d'un trèfle. 2° En face de Saint-Ulric et à peu de distance, sur un pic abrupt, se dresse le château de Girsperg (Castrum quod dicitur der Stein in Rapolzstein, 1288). Il n'en subsiste plus qu'un donjon carré. Ce château avait été cédé aux seigneurs de Girsperg qui, après avoir été chassés de leur manoir dans le val de Villé, y résidèrent jusqu'en 1422. 3° Sur une montagne beaucoup plus élevée et dominant les deux autres, le château de Ribeaupierre (praedium quoddam Rapoldestein, 1084), probablement un des plus anciens de l'Alsace, n'est plus habité depuis le XVIe siècle. Il n'en reste plus qu'un puissant donjon du XIIe siècle. C'était la demeure et la citadelle des seigneurs; les deux autres châteaux n'en étaient que des annexes. Après la guerre de Trente ans, les comtes de Ribeaupierre firent construire, à l'entrée de la ville, un quatrième château, que les soeurs de la Providence ont converti depuis en un pensionnat de jeunes filles. A 2 kilomètres, à l'Ouest de Ribeauvillé, la chapelle de Notre-Dame de Dusenbach (in Tussenbach, XVe siècle), lieu de pèlerinage. A l'Est de la ville, les seigneurs de Ribeaupierre créèrent, au XVIIIe siècle, une belle promenade appelée Herrengarten. A 1 km, au Nord de la ville, le Carolabad, établissement avec une source thermale dont on appréciait déjà les vertus au XVe siècle. Ribeauvillé porte D'argent a un dextrochère de carnation habillé d'azur et accompagné de trois écussons de gueules, deux en fasce et un en pointe. La ville est le lieu de naissance du théologien protestant Philippe-Jacques Spener, « le père du piétisme » (1635-1705); de Joseph-Adam Lorentz, professeur de chirurgie (1734-1801); de Frédéric-Sigismond, baron de Berckheim, général français (1775-1819); de Charles-Auguste de Steinheil, astronome et physicien (1801-1870); du lieutenant-colonel Arsène Klobb né en 1857 assassiné au Soudan en 1899. (GE). | |