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Morlaix

Morlaix (Mons relaxus, Morlaeum, en breton Montroulez) est une commune de France, dans le département du Finistère, au confluent du Jarlot et du Queffleut, dont la réunion forme le Dossen ou rivière de Morlaix, qui s'évase en estuaire, et débouche, à 7 km, dans une rade s'ouvrant elle-même dans une baie de la Manche; population : 16.000 habitants. Port de marée. Phares sur les îles Noire et Louët, et sur la Lande. 

Morlaix est une ville fort ancienne. On ne connaît pas la date de sa fondation, et il n'est pas prouvé qu'elle s'appela primitivement Julia, puis Saliocan, ni que le christianisme y ait été introduite dès l'an 72, par Drennulus, disciple de Joseph d'Arimathie et premier évêque de Tréguier. L'étymologie des noms qui lui sont attribués est également incertaine. Mais il existe des preuves réelles de son ancienneté, et son château, Mons Relaxus, existait du temps de l'occupation romaine, à en juger par le grand nombre de médailles de Gordien à Gallien (238-268), trouvées dans ses substructions. Après une longue période d'obscurité, Morlaix apparaît vers le milieu du VIe siècle, à l'occasion du mariage d'Eléonore, petite-fille d'Hoël le Grand, roi de la Petite-Bretagne, et qui apportait au vicomte de Léon, son mari, le château et la ville de Morlaix. 

Cette cité fut lente à se développer; elle n'était qu'un petit port de commerce et de pêcherie et ne formait encore, au XIe siècle, qu'une seule paroisse, Saint-Mathieu, renfermant dans son sein la ville close et, sur le Mons Relaxus, le château dont l'emplacement, entre les deux rivières, est aujourd'hui planté d'arbres. Il reste encore quelques vestiges des anciens remparts; la porte Bourret a été démolie il y a une trentaine d'années ainsi que la tour d'Argent, atelier monétaire des ducs au XVe siècle. Cependant, les ducs de Bretagne jetèrent un oeil d'envie sur la propriété des seigneurs de Léon, et ce furent longtemps des querelles sanglantes. Geoffroi II s'empara, en 1179, de Morlaix, que Guyomarch de Léon reprit en 1186; mais l'année suivante, Henri II d'Angleterre, s'étant constitué le tuteur du jeune duc Arthur, vint en Bretagne et se rendit maître de la ville et du château, que les ducs ont toujours possédé depuis. 

Plus tard, durant les guerres de Cent ans et de la succession de Bretagne, la lutte s'étendit entre les Anglais et les Français. Morlaix, fidèle à la cause de Jeanne de Penthièvre, fut occupé successivement par les deux partis. C'est près de Morlaix que Charles de Blois perdit contre les Anglais la bataille de Cadoret, en 1351. La ville s'étant révoltée, en 1371, contre le duc Jean IV, leur allié, fut prise d'assaut, et cinquante notables furent, pendus. Malgré ces malheurs, la cité prospérait ; nombre de fondations religieuses y avaient été faites du XIIe au XIVe siècle, et l'extension de son commerce, remarquable dès cette époque, se développa surtout après l'expulsion définitive des Anglais et la réunion de la Bretagne à la France; Morlaix fut, avant la prépondérance acquise ultérieurement par Brest, la principale ville du Léonais. En 1500, la reine Anne y fit construire la Cordelière, le premier vaisseau remarquable de la flotte française, que devait immortaliser, en 1512, l'héroïsme de Portzmoguer. 

En 1522, les Anglais surprirent par trahison la ville, qui fut par eux mise à sac et brûlée, mais ils furent obligés de se retirer et leur arrière-garde fut taillée en pièces dans les bois de Styrel par les gentilshommes bretons; la fontaine voisine, rougie de leur sang, prit leur nom : « Fontaine des Anglais (Feunteun or Saozon). En mémoire de l'événement, la communauté de ville ajouta à ses armoiries pour support un lion et le léopard à deux têtes d'Angleterre, avec la devise : S'ils te mordent, mords-les. Mais vingt ans encore, Morlaix fut inquiété par les Anglais, qui vinrent piller et incendier la ville, en 1532, pendant les guerres de François Ier. Enfin, ce monarque (1542) permit aux habitants de faire construire, à l'entrée de la rade, sur le rocher le Taureau, un fort qui fut terminé en 1544. La tranquillité régna dès lors, et de nombreuses maisons furent bâties en dehors de la ville close.

En 1548, Marie Stuart faisant une entrée triomphale à Morlaix, un pont se rompit, et comme les Ecossais criaient à la trahison, le seigneur de Rohan reprit : « Jamais Breton ne fit trahison ! » Les Morlaisiens, plus tard, ayant pris parti pour la Ligue, le château fut assiégé et emporté de force par les royalistes, que commandait le maréchal d'Aumont; Mercoeur, abandonné par les Espagnols, ses alliés, capitula (25 août 1594). Morlaix fut désolé par des pestes en 1623, 1626, 1640. Louis XIV, en 1660, réclama à la municipalité le château du Taureau, qui devint une prison d'Etat. En 1772, la session des Etats de Bretagne se tint à Morlaix. Cette ville n'eut pas à souffrir durant le règne de la Terreur. Morlaix offrait jadis cette particularité d'appartenir à deux évêchés différents, qui ont été supprimés: le côté droit de la rivière, à l'évêché de Tréguier; le côté gauche, à celui de Saint-Pol-de-Léon.

Morlaix a été la ville de naissance du théologien Nédellec, général de l'ordre des dominicains, disciple de saint Thomas d'Aquin, mort en 1323; d'Albert le Grand ou de Morlaix, auteur d'une Vie des saints de Bretagne, né en 1600; du marin Cornic, mort en 1809; du général Moreau (1763-1813); du littérateur Souvestre (1806-1854).

Ce qui frappe la vue tout d'abord à Morlaix, c'est le viaduc du chemin de fer, au-dessous duquel le clocher de l'église Saint-Melaine, écrasé par ce voisinage, semble petit et insignifiant. Ce pont immense, jeté sur l'étroite vallée où coule la rivière, a une longueur de 285 m; sa hauteur est de 58 m au-dessus des quais. Il est divisé en deux étages composés, l'étage inférieur de 9 arches de 13,5 m d'ouverture, et l'étage supérieur de 14 arches de 15 m avec un passage pour les piétons entre les deux étages. C'est dans les îlots granitiques de la rade que l'on est allé chercher les matériaux de construction. L'oeuvre moderne grandiose permet de saisir le panorama de la contrée, la rivière sinueuse aux bords frais, les promenades délicieuses et, plus près, le double amphithéâtre de la ville aux maisons étagées sur les pentes convergentes de ses deux collines, et elle ne fait que donner plus d'intérêt, par le contraste, aux reliques du vieil âge qui demeurent encore. Ce sont, dans des rues abruptes et tortueuses, de vieilles maisons en bois aux étages successivement en surplomb, aux cours intérieures vitrées ou lanternes, aux portes et aux solives richement et bizarrement sculptées, aux porches appelés lances; maisons aussi curieuses par leurs façades que par leur disposition intérieure. Elles datent des XVe, XVIe et XVIIe siècles, et plusieurs ont survécu de manière à donner à la ville l'aspect d'une cité du Moyen âge. On remarque la maison dite de la reine Anne (monum. hist.). 

En ce qui concerne les édifices religieux, L'église Saint-Mathieu se fait remarquer par une tour de la Renaissance. Auprès de cette église est une chapelle bâtie sous le même vocable que la belle collégiale de Notre-Dame du Mur, qui, fondée en 1295 et terminée en 1468, fut démolie en 1805, et dont le clocher avait une hauteur de 87 m. La statue de Notre-Dame, la patronne de Morlaix, a été placée dans la petite chapelle. L'église de Saint-Melaine, fondée vers 1150, fut rebâtie en 1489. On y remarque : les sculptures des sablières, les fonts baptismaux, surmontés d'un baldaquin en chêne sculpté, avec statues de saints (1660), la tribune et le buffet d'orgues. L'église Saint-Martin des Champs, fondée en 1128, foudroyée en 1771, fut rebâtie de 1773 à 1788, dans le style dorique. De riches verrières y ont été ajoutées, ainsi qu'une belle tour, de 1850 à 1855. Le couvent des dominicains ou jacobins avait été établi en 1237 avant d'être transformé en caserne; l'église, qui date des XIIIe et XVe siècles, possède une magnifique rosace de l'abside; elle sert aujourd'hui de bibliothèque et de musée. Les carmélites furent mises en 1624 en possession de la chapelle de Notre-Dame de la Fontaine, dont il ne reste qu'un pignon et une rosace de la fin du XVe siècle. Une nouvelle chapelle a été construite. Parmi les édifices civils, nous ajouterons au viaduc et aux maisons anciennes : l'hôtel de ville, qui a remplacé, en 1838, une construction de 1610; c'est un édifice d'un bel aspect sur la place principale (place Thiers). A l'extrémité du cours Beaumont (1810) se montrent un grand nombre de châteaux et de parcs. A l'entrée de la rade, sur un rocher au milieu de la mer, se dresse le château du Taureau, avec des casemates voûtées par Vauban en 1680.

Les armes de Morlaix sont : D'azur au navire équipé d'or, aux voiles éployées d'hermine. (Ch. Delavaud).

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Dictionnaire Villes et monuments
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