| Aubusson est une ville de France, dans le département de la Creuse, sur la Creuse à son confluent avec le ruisseau de Bauze; population : 4700 habitants. Des ponts relient la ville proprement dite, située sur la rive droite de la Creuse, aux faubourgs de la Terrade et de Saint-Jean. Ville célèbre pour ses tapisseries. Les restes du château féodal ont été utilisés (1885) pour servir à bâtir un musée local consacré spécialement à la tapisserie. Eglises sans grand intérêt. Quelques maisons curieuses du XVe et du XVIe siècle. Histoire. On a trouvé quelques tuiles et quelques monnaies romaines à Aubusson et dans les environs. Sur le versant Nord du plateau de Saint-Jean, on voit encore des traces manifestes d'un ancien camp romain, et le nom même que porte ce lieu, Châtras ou Châtres, dérive incontestablement du latin' castra. Ce n'est donc pas sans quelque vraisemblance que certains archéologues regardent Aubusson comme le lieu où campèrent deux légions romaines que César établit (Comm. VIII, 46) chez les Lemovices, non loin des Arvernes, après la prise d'Uxellodunum. Toutefois le nom latin Augustobuconium est de pure fantaisie et a été imaginé au XVIe siècle, sur le modèle d'Augustodunum, Autun, par le jurisconsulte aubussonnais Pardoux Duprat. C'est avec moins de vraisemblance qu'on a fait d'Aubusson le lieu de refuge de quelques Sarrasins échappés de la terrible défaite que leur fit subir Charles-Martel à Poitiers, en 732, et les documents où l'on voit figurer un prince d'Aubusson contemporain de Charlemagne sont apocryphes. Aubusson n'apparaît dans l'histoire qu'au commencement du Xe siècle sous le nom latin d'Albuconium, en langue romane Albutzo; il est alors le chef-lieu d'une importante vicomté et d'un archiprétré du diocèse de Limoges, dont la circonscription s'étendait au loin jusqu'à Peyrat-le-Château (Haute-Vienne). Malgré l'existence du château, construit aux XIe et XIIe siècles, Aubusson ne semble pas avoir joué un grand rôle militaire au Moyen âge; on trouve cependant mention d'un siège en 1199. Au XVe siècle, Jacques d'Armagnac fit agrandir le château, dans lequel se trouvaient les archives du comté de la Marche. Un parti protestant s'en empara en 1575 et de là fit main-basse sur les deniers royaux des paroisses environnantes; il fut rasé en 1632 par ordre de Richelieu. Au commencement du XVIe siècle apparaissent les premières mentions des tapissiers et des tapisseries d'Aubusson on ne sait rien de certain sur les causes qui amenèrent l'établissement de cette industrie de luxe dans un pays aussi pauvre. Toujours est-il que l'eau de la Creuse révéla des qualités particulières pour la coloration des matières premières, et que l'industrie de la tapisserie ne tarda pas à devenir très florissante à Aubusson. Marguerite de Valois, première femme d'Henri IV, reléguée à Usson en Auvergne, y fit d'importantes commandes. Une colonie aubussonnaise de tapissiers s'établit à Limoges en 1640 sous la protection de l'évêque François de la Fayette. Louis XIV, sur l'initiative de Colbert, donna de nouveaux statuts, en 1665, à la manufacture d'Aubusson et l'autorisa à prendre le titre de manufacture royale. La révocation de l'édit de Nantes fut funeste à l'industrie d'Aubusson; on a beaucoup exagéré en écrivant que la ville avait à cette époque 12,000 habitants, et que l'émigration des protestants lui en enleva la moitié, mais il est certain que plusieurs fabricants protestants passèrent à l'étranger. L'un d'eux, Pierre Mercier, grâce à la protection de l'électeur de Brandebourg, établit une manufacture importante à Berlin. Les manufactures d'Aubusson furent cependant assez florissantes sous Louis XV. A la veille de la Révolution, elles étaient en pleine décadence, et n'ont été relevées qu'au commencement du XIXe siècle par Rougier et Sallan drouze. Aubusson est la ville de naissancede Pardoux Duprat, de Cartaud de la Villate, de Grellet-Dumazeau, de Jules Sandeau et d'Alfred Assolant. Blason. Ses armes sont : d'argent à un buisson de sinople, avec la devise : Inter spinas floret. Ce sont des armes parlantes imaginées par d'Hôzier d'après la forme populaire Le Busson, qui était souvent employée, même dans les documents officiels, au lieu d'Aubusson. (Antoine Thomas). | |