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La lave
est la matière minérale en fusion qui s'écoule des
volcans.
Quelle que soit l'importance prise par les projections de vapeurs, de cendres
on de débris, ces phénomènes ne sont en somme que
le prélude d'un fait plus important : l'émission des laves.
Ce qui complète, en effet, toute éruption et caractérise,
en somme, le phénomène volcanique, c'est, après les
explosions du début, la sortie des matières fondues sous
la forme de coulées s'échappant par jets des fentes ouvertes
sur les flancs du cône, ou se déversant d'une façon
plus tranquille pardessus les bords du cratère. Quelque soit le
mode d'épanchement, ces flots de lave se déroulent ensuite
sur les pentes de la montagne avec une vitesse qui dépend sans doute
de l'inclinaison du terrain et de l'importance de la masse, mais surtout
aussi de leur fluidité.
- Coulée de lave du volcan Kilauea (Hawaii). Les laves, essentiellement constituées par de la silice et de l'alumine combinées en proportions variables avec des bases alcalines, potasse et soude, ou alcalin-terreuses, chaux, et magnésie, du fer oxydé, sont nécessairement d'autant moins fusibles et par suite peu fluides, qu'elles sont plus siliceuses. De plus, la proportion de cet élément influe à ce point sur leur aspect, leur texture et leur densité, que toutes celles à excès de silice, qu'on peut qualifier de laves acides, sont légères, marquées de colorations claires, poreuses et rudes au toucher. La consolidation rapide, à-l'air libre, de leurs coulées visqueuses les amènent à prendre des formes courtes, épaisses, tandis que les laves basiques, qu'une plus grande richesse en éléments ferrugineux rend lourdes, noirâtres ou gris foncé et plus fusibles, peuvent s'étendre fort loin en longues traînées, se comportant vraiment, en venant combler les dépressions, s'accumuler en arrière des obstacles, puis déborder pardessus, comme des fleuves de feu. Divers modes de
solidification, des laves. Cheires.
Tout autres sont les laves franchement vitreuses : non seulement leur grande fluidité leur permet de monter très haut dans la cheminée des grands volcans, mais de remplir le cratère terminal et déborder par-dessus, à la manière d'un trop plein, en coulées de déversement largement étalées en nappes visqueuses sur les flancs du cône. Quand leur sortie se fait ensuite par fissures ouvertes en contre-bas, elles s'élancent par jets paraboliques, semblables à ceux d'une lance d'arrosage, puis descendent très vivement sur les pentes en restant continues sur toute espèce de déclivité. Leur surface, ondulée après consolidation, reste `aussi parfaitement unie, luisante, )en raison d'une sorte d'émail superficiel qui peut prendre, comme les laitiers de forges, un éclat miroitant. Un état de vitrosité moindre détermine ensuite la subdivision des coulées en replis tortueux, simulant, après solidification, des paquets de cordages entrelacés, d'où leur nom de laves cordées. D'autres faits servent à caractériser
ces laves vitreuses; quand elles sont douées d'une fluidité
très grande, comme aux îles Hawaii, le dégagement des
gaz contenus dans la coulée devient tardif, et au lieu de s'y faire
comme d'habitude à la manière de ce bouillonnement, qui rend
la surface scoriacée, se localise dans des crevasses superficielles
et s'y traduit par l'apparition de vraies fontaines jaillissantes de laves,
capables d'atteindre en hauteur une centaine de mètres, en offrant
toutes les variétés de formes qu'affectent les jets d'eau,
mais cela sans violence, à ce point qu'il est de ces fontaines dont
le jet en gerbes écumeuses a pu être comparé à
celui de la montée du lait en ébullition. Dans le cas des
laves cordées, la croûte superficielle est sans doute plus
épaisse, mais elle est encore longtemps suffisamment plastique pour
que les gaz emprisonnés puissent la soulever en une sorte d'ampoule,
dont le centre reste creux et l'élévation suffisante pour
lui donner le caractère d'une grotte
élevée, à parois garnies de très longues et
très grosses stalactites de lave.
Un des nombreux tubes de lave de l'île Santa Cruz (archipel des Galapagos). Source : The World Factbook. Quant aux formes superficielles scoriacées qu'affectent si fréquemment les coulées de laves, elles ne se réalisent qu'avec un degré de fusibilité nettement abaissé. Dans ce cas, non seulement la surface très vite refroidie se couvre d'une croûte que le dégagement rapide des gaz rend bulleuse, mais une consolidation de la base a lieu aussi au contact de la roche sous-jacente, si bien que le courant, circulant ainsi dans une gaine qui s'allonge avec lui et le met à l'abri de l'air, peut s'y maintenir longtemps en fusion. Mais tandis que la solidification de la base de la coulée, au contact du terrain, est complète, celle de la surface, loin de former un toit solide, reste flexible, peu épaisse et criblée de fissures; d'où la division subséquente de cette croûte scoriacée, par fragments que le courant peut facilement entraîner, puis pousser devant lui à mesure qu'il progresse. Ainsi naissent les coulées à surface rugueuse, hérissée de blocs déchiquetés, puis enchevêtrés par leur charriage sur une lave en mouvement et qui prennent en Auvergne, sous le nom de cheires, leur meilleur type. Dans l'intérieur de leurs gaines de scories, ces laves restant longtemps fluides peuvent s'écouler complètement en laissant en amont de grandes galeries creuses prenant, comme dans les Açores, le caractère de tunnels on mieux de grottes à stalactites laviques, et dans lesquels on peut constater la présence, sur les parois, de moulures étagées marquant les stades successifs d'abaissement du niveau de la lave dans son mouvement de progression. Mais le plus souvent cette lave intérieure reste en place en y prenant, par suite des circonstances de son lent refroidissement, une structure en retrait qui amène sa division en colonnes prismées, d'où l'apparition sur leurs lignes d'affleurement, quand l'érosion a déblayé leur couverture scoriacée, des grandes colonnades si caractéristiques des laves basaltiques ou de ces pavages naturels, d'apparence cyclopéenne, qu'on désigne sous le nom de Chaussée des géants, quand les prismes sont vus sur la tranche. En même temps, tandis que la surface de ces coulées subit au contact de l'air ou du sol sous-jacent ce refroidissement brusque qui fait que ces zones scoriacées restent essentiellement vitreuses, l'intérieur, protégé contre le rayonnement par la faible conductibilité de son enveloppe, restant longtemps chaud et liquide, peut non seulement cristalliser complètement, mais d'une façon progressive, et acquérir par suite la compacité qui lui permet de résister à l'érosion. Coulées
discontinues. Brèches volcaniques.
Mur de lave solidifiée (volcan Kilauea, Hawaii). Images : The World Factbook. Nappes d'intrusion.
Culots d'injection. Laccolithes.
A la jonction de terrains de nature différente, la concentration de cette lave d'injection peut ensuite donner lieu à des amas très élargis. Or le caractère de tous ces accidents, c'est que leur masse compacte, le plus souvent privée des fissures de retrait qui divisent par tranches les laves subaériennes, devient très résistante, à ce point que le déblayage progressif des formations meubles encaissantes par érosion a pour effet, non seulement leur mise en saillie, mais celui de mettre en évidence, en les respectant, leurs formes initiales d'injection. Ainsi l'isolement des filons de lave verticaux ou penchés donne naissance à des dykes vigoureusement dressés à la manière d'un mur élevé de main d'homme, quand la fente, bien ouverte, dans un terrain compact, s'était trouvée limitée par des surfaces planes parallèles, ou à des formes heurtées, voire même aiguillées, plus capricieuses, quand cette circonstance est produite d'une façon moins régulière au travers de tufs peu résistants (Ravin d'Enfer, dans le massif du Mont-Dore), tandis que la mise à jour des filons-couches sur le flanc des vallées y détermine de brusques versants qui le divisent en gradins étagés. Enfin, dans le cas de laves visqueuses peu fluides, l'injection prend la forme plus massive de culots, qui reproduisent alors les circonstances particulières de ces volcans aveugles qu'on désigne sous le nom de laccolithes. (Ch. Vélain). |
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