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Niccolo Tartaglia
(lat. Tartalea) est un mathématicien
né à Brescia vers 1505, mort
à Venise le 14 décembre 1557.
Il s'appelait de son vrai nom Niccolo Fontana. Il était fils
d'un messager de Brescia, surnommé le Cavallero, à cause
d'un cheval qui l'aidait à remplir ses commissions. Quelque faibles
que fussent ses profits, ils lui suffisaient pour l'entretien de sa famille,
et sa mort la plongea dans la plus horrible misère. Nicolas, orphelin
à l'âge de six ans, ne commençait qu'à peine
à épeler, et ce fut presque tout ce qu'il apprit des autres;
car lorsqu'il voulut s'exercer à écrire, il dut s'arrêter
à la moitié de l'alphabet, n'étant pas en état
de payer son maître.
Lors de la prise de Brescia par Gaston de Foix, en 1512, beaucoup d'habitants se réfugièrent dans la cathédrale, où ils furent massacrés par les soldats français. Son père resta parmi les morts. Niccolo, que son enfance aurait dû protéger, y reçut de graves, blessures : « Son crâne fut brisé en trois endroits, et le cerveau laissé à découvert; il reçut à travers la figure un coup qui lui fendit les deux mâchoires et lui ouvrit le palais ; il ne pouvait ni parler ni manger. La maison paternelle ayant été saccagée, aucune ressource ne restait à la pauvre mère; pour soigner son enfant, elle imitait les chiens qui, étant blessés, se guérissent en se léchant. Il guérit, et il resta longtemps bègue, d'où son surnom de Tartaglia. »Voilà, en abrégé, l'émouvant récit que Tartaglia a donné lui-même de ses malheurs dans ses Quesiti ed invenzioni diverse (Venise, 1550). Sa mère put
se procurer la somme d'argent nécessaire pour lui permettre de rester
une quinzaine de jours à l'école et il en profita pour dérober
un livre avec lequel il apprit seul à lire et à écrire;
mais il était si pauvre, nous raconte-t-il, qu'il n'avait pas de
quoi s'acheter du papier et qu'il utilisait, les pierres tombales comme
ardoises pour travailler à ses exercices.
Lié d'abord avec Cardan, auquel il s'empressait d'annoncer toutes ses découvertes, Tartaglia ne consentit à lui communiquer celle de la solution des équations du troisième degré, qu'il venait de faire d'une manière fort ingénieuse, qu'après en avoir reçu le serment du secret le plus inviolable. Cardan ne tint aucun compte de sa promesse et s'appropria la nouvelle méthode, qu'il publia dans le traité intitulé De arte magna. Tartaglia s'en plaignit amèrement, en criant au parjure; et une réponse orgueilleuse faite à ses réclamations le mit dans une telle fureur qu'il pensa en perdre l'esprit. Ne songeant plus qu'à humilier son rival, il eut recours à une sorte de duel littéraire alors en usage. Les deux champions, après s'être quelque temps provoqués par des problèmes, s'envoyèrent des cartels, dans un desquels Tartaglia, qui se montrait le plus emporté, menaçait Cardan et son disciple Ferrari de leur laver la tête ensemble, et d'un seul coup, ce que ne saurait faire aucun barbier d'Italie. Cependant, quel que fût son désir de se mesurer avec le maître, il dut se contenter d'entrer en lice avec l'élève et la lutte eut lieu en 1549, dans l'église de Santa Maria del Giardine, à Milan, en présence d'un nombre considérable de spectateurs. Cette thèse avait été annoncée d'une manière très vague; car elle embrassait la géométrie, l'arithmétique, la perspective, l'architecture, la cosmographie, la musique, l'astrologie; et aucun auteur n'en était exclus, quoiqu'on eût désigné particulièrement Archimède, Apollonius, Ptolémée, Euclide, Vitellion, Vitruve, Régiomontanus, etc. Toutefois on s'en tint à des problèmes beaucoup plus curieux que difficiles, et ceux de Ferrari étaient bien moins des propositions de géométrie que des questions métaphysiques. Tartaglia entama la discussion en relevant une erreur de Cardan dans la solution d'un problème qu'il lui avait adressé : les juges eurent l'air d'en convenir, et leur adhésion excita des murmures si violents dans l'assemblée, que la séance en fut troublée et même interrompue. Cette partialité du public intimida Tartaglia, qui s'évada secrètement de Milan, en prenant un chemin détourné pour éviter quelque embûche du côté des partisans de son adversaire. Ainsi se termina ce débat qui, loin de contribuer aux progrès de la science, détourna deux hommes habiles de leurs études méthodiques et paisibles. Ce que les mathématiques doivent à Tartaglia, c'est la solution des équations du troisième degré, par des formules, auxquelles on a injustement conservé le nom de Cardan; des méthodes, devenues inutiles de nos jours, pour construire les problèmes d'Euclide, avec une seule ouverture de compas; quelques théories sur les progrès des coefficients des termes d'un binôme et sur le mouvement des projectiles. Dans son Traité
général des nombres, l'auteur a tracé la figure
suivante pour montrer la formation successive des coefficients des diverses
puissances, à partir de la 2e :
Tartaglia a donné en même temps une règle, très générale, pour trouver un coefficient quelconque par la somme des deux coefficients qui lui, correspondent dans la rangée supérieure. Ainsi, par exemple, pour avoir 3 et 3 (coefficients de la 3e puissance), on dispose les exposants en deux séries inverses (descendante et ascendante), en prenant la première pour dividende et la seconde pour diviseur; les quotients successivement obtenus, abstraction faite de sont les coefficients désignés dans la table. Ainsi, par exemple,3.2 / 1.2; 3/1 = 3 : les nombres 3 et 3 sont les coefficients de la 3e puissance; 4.3.2 / 1.2.3 = 4; 4.3 /1.2 = 6; 4 / 1 = 4 : les nombres 4, 6, 4 sont les coefficients de la 4e puissance, et ainsi de suite à l'infini. Dans sa Scientia nova (Venise, 1550) Tartaglia s'est occupé de balistique; il est parvenu à ce résultat remarquable, qu'on obtient le maximum d'effet sous un angle de 45 degrés; et il entrevit la loi de la chute des corps, découverte réservée à Galilée. ((A-e-s. / F. H.).
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