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Barbara

Barbara, formule mnémonique qui désigne, dans la théorie du syllogisme, le 1er mode direct de la 1re figure (Syllogisme, figure, mode). La valeur de cette formule et de celles qui l'accompagnent (Baralipton, Baroco, Bocardo, Calentes, etc.) repose sur la convention admise que A désignera les propositions affirmatives universelles, E les négatives universelles, I les affirmatives particulières, et O les négatives particulières : 
Asserit A. negat E, verum generaliter ambo; 
Asserit I, negat O, sed particulariter ambo. 
D'après cela, Barbara désigne un syllogisme où la majeure BAR, la mineure BA et la mineure RA sont toutes les trois affirmatives et universelles. Ainsi : 
BAR Ceux qui laissent mourir de faim ceux qu'ils doivent nourrir sont homicides; 
BA Or, les riches qui ne font pas l'aumône laissent mourir de faim ceux qu'ils doivent nourrir; 
RA Donc, les riches qui ne font pas l'aumône sont homicides. 
II faut ajouter que, dans ces mots techniques, les consonnes ont aussi un sens. Ainsi l'initiale B, dans les modes Baroco, Bocardo, Baralipton des autres figures, indique que les démonstrations opérées dans ces modes peuvent être ramenées, soit directement, soit par l'absurde, à l'état de démonstration par le mode Barbara. Il en est de même des modes Cesare, Camestres, Calentes, par rapport au mode Celarent de la 1re figure, etc. La lettre s dans Festino, Ferison, etc., indique qu'il suffit, pour ramener au mode Ferio de la 1re figure, de convertir simplement la majeure Fe de Festino, et la mineure ri de Ferison. La lettre c, dans Baroco et Bocardo, marqué l'impossibilité de revenir par une démonstration directe au mode correspondant de la 1re figure, et la nécessité de procéder par réduction à l'absurde. P signifie qu'il faut convertir l'universelle en particulière, et M, qu'il faut changer, les prémisses de place, substituer la majeure à la mineure et réciproquement. On doit considérer tous ces raffinements comme de peu d'utilité. Mais le principe même des mots techniques est bon, "pourvu, disent fort sensément les auteurs de la Logique de Port-Royal, qu'on n'en fasse pas un trop grand mystère, et que, comme ils n'ont été faits que pour soulager la mémoire, on ne veuille pas les faire passer dans le langage ordinaire et dire qu'on va faire un argument en bocardo ou en felapton, ce qui serait en effet très ridicule". 

On trouve la première trace, sinon la véritable origine de ces mots techniques, dans un abrégé grec de l'Organon par Nicéphore Blemmydas (Niceph. Blemmydae Epitome logicae doctrinae Aristotelis, gr. et lat., edit. Jo. Wegelin, Augustae Vindelicorum, 1605, in-fol.).

On disait en grec Grammata Egrapse, comme on dit en latin Barbara, Celarent, etc. Ce fut Pierre d'Espagne, évêque de Braga, et pape sous le nom de Jean XXI (1277), qui en transporta l'usage dans les écoles de l'Occident. Il composa, sous le titre de Summulae logicales, un abrégé de logique qui contient le tableau complet des arguments. Nous en reproduisons la liste bien connue, d'abord telle qu'on la donne, en n'y faisant entrer que les 3 premières figures : 

Barbara, Celarent, Darii, Ferio, dato primae 
Cesare, Camestres, Festino, Baroco, secundae 
Tertia, grande sonans, recitat Darapti, Felapton 
Adjungens, Disands, Datisi, Bocardo, Ferison. 
La troisième figure est : 
Barbari, Calentes, Dabitis, Fapesmo, Fresisom. 
On peut la réunir à la première, et alors on dit : 
Barbara, Celarent, Darii, Ferio, Baralipton 
Calentes, Dabitis, Fapesmo. Fresisom orum 
Cesare, Camastres, Festino, Baroco, Darapti 
Felapton, Disamis, Datisi, Bocardo, Ferison. 


En bibliothèque - Sur ce sujet la Logique de Port-Royal, 1er Discours et 3e partie, et le Mémoire de Barthélemy Saint-Hilaire sur la Logique d'Aristote, 3e partie, ch. 10 et appendice. 
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