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Mungo Park
est un voyageur, auquel on doit une des découvertes les plus importantes
en géographie![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Le triste sort de ce voyageur ne put effrayer Mungo Park; il ne vit que la gloire attachée aux découvertes qu'il pourrait faire : il offrit donc ses services à Banks, qui les fit agréer à la société, et il partit le 22 mai 1795 sur un navire qui allait à l'embouchure de la Gambie, où il arriva le 21 juin. Ayant remonté le fleuve jusqu'à Pisania (Georgetown), dernier comptoir anglais, le docteur Laidley, qui en était le chef, l'aida dans les préparatifs nécessaires pour son voyage, lui donna deux domestiques africains, nommés Demba et Johnson, qui parlaient différentes langues de ces contrées; lui procura un cheval et deux ânes, et le munit de quelques provisions. Mungo Park n'avait qu'un bagage modeste, pour ne pas exciter la cupidité des habitants de la région; des instruments indispensables, tels qu'un sextant de poche, une boussole et un thermomètre; enfin deux fusils de chasse, deux paires de pistolets et quelques autres objets. Quatre Africains, qui retournaient dans leurs foyers, se joignirent à lui : le 2 décembre, il partit de Pisania. Laidley, ainsi qu'un autre Anglais, et leurs domestiques, l'accompagnèrent durant les deux premiers jours. Mungo Park prit sa route à l'est et se
dirigea ensuite au nord-est, traversant divers royaumes (le Woulli, le
Bondou), dont les souverains l'accueillirent généralement bien; mais
l'hospitalité de quelques-uns était intéressée, et eux ou leurs parents
dépouillèrent le voyageur, de manière qu'à son arrivée à Kemmou,
capitale du Kaarta, il lui restait à peine la moitié de ses effets. La
plupart de ces rois avaient connu Houghton,
qui n'avait pas toujours eu non plus à se louer de leurs procédés. Le
roi de Kaarta reçut Park avec la plus grande bonté; il n'avait vu d'autre
blanc que Houghton et montrait beaucoup de considération pour les Européens.
Lorsque Mungo Park eut exposé son projet de continuer sa route à l'est
par le Bambara, pour arriver au Niger, qui passait par le milieu de ce
grand royaume, le roi s'efforça de le détourner de ce dessein, parce
que les Bambaras, en guerre avec lui, le voyant venir de ses États, le
traiteraient en ennemi ou en espion. Il lui conseilla de retourner dans
le royaume de Kassou, dont il sortait, afin d'y attendre la fin de la guerre,
qui durerait au plus quatre mois.
![]() Mungo Park (1771-1805). Mungo Park ne put suivre cet avis très
sage; on était au milieu de février 1796: le temps des grandes chaleurs
approchait; il craignait de se trouver dans l'intérieur de l'Afrique "Ma patience, dit-il, ma résignation, ne purent désarmer les Maures. Depuis le lever du soleil jusqu'à son coucher, j'étais obligé de souffrir d'un air tranquille les insultes des sauvages les plus brutaux du monde".Park était en même temps dévoré d'une fièvre ardente, qui mettait le comble à sa triste situation. Après un séjour de six semaines à Benoun, il fut traîné dans un autre camp; près de Bouhakir, sur la limite du désert. Mais la femme d'Ali, ayant jeté sur le pauvre voyageur un regard de pitié, le fit mieux nourrir, et obtint pour lui la permission d'accompagner Ali, qui allait à Djarra. Ce chef impitoyable d'une horde de brigands lui enleva Demba, son compagnon de voyage. Déjà son bagage ses marchandises et ses instruments lui avaient été pris de force par les Maures. On ne lui laissa que son cheval et quelques hardes : il parvint à sauver une boussole de poche. Les dangers de la route avaient tellement effrayé Johnson, son autre compagnon, qu'il saisit une occasion pour retourner à la Gambie. Alors Mungo Park résolut de poursuivre seul son entreprise, et le 1er juillet, il s'échappa des mains des Maures : un détachement le rattrapa, lui vola encore son manteau et le laissa aller. Mungo Park profita de ce répit pour s'éloigner dans l'est "J'étais au milieu d'un désert; il avait perdu à mes yeux son aspect horrible, s'écrie-t-il : je n'avais d'autre crainte que celle de rencontrer quelques hordes de Maures errants, qui m'auraient ramené dans le pays des bandits et des assassins, d'où je venais de m'enfuir".A ces douces émotions en succédèrent d'affreuses, lorsqu'il vint à réfléchir sur sa situation : son cheval, rendu de fatigue, ne pouvait plus avancer; lui-même était excédé de soif. Vainement, lorsqu'il rencontrait un arbre, il montait dessus pour découvrir de l'eau. Réduit à mâcher des feuilles, il les trouvait amères ou desséchées. Il rencontra cependant des hommes et quelquefois du soulagement, et voyagea avec des fugitifs, qui s'éloignaient du théâtre de la guerre. Il subsistait en détachant un à un les boutons de cuivre de son habit, qui étaient reçus en paiement. Enfin le 20 juillet, il oublia tous ses maux lorsqu'il découvrit l'objet de ses longues et pénibles recherches, le Niger, réfléchissant les premiers rayons du soleil et, écrira-t-il, aussi large que la Tamise à Westminster, coulant à l'est avec une majestueuse lenteur. "Je courus au bord du fleuve, dit-il, et après avoir bu de son eau, j'adressai à Dieu mes ferventes actions de grâces".Mungo Park était alors à Sego (Ségou), capitale de Bambara. Arrivé à un bac pour passer le fleuve, Il attendit longtemps son tour. La multitude, les yeux fixés sur lui, le regardait avec le silence de l'étonnement. Ce ne fut pas sans de vives inquiétudes qu'il distingua plusieurs Maures dans la foule. Sur ces entrefaites, le roi, informé qu'un blanc était de l'autre côté de l'eau, lui fit dire par un messager qu'il ne pourrait pas le voir avant d'avoir connu le motif qui l'amenait; l'émissaire dit qu'il ne devait pas traverser le fleuve sans la permission du roi, et lui conseilla d'aller loger dans un village assez éloigné. Deux jours après, un nouveau message du prince lui ordonna de s'éloigner sur-le-champ, et il reçut en même temps un sac de cauris pour payer sa dépense. Enfin le messager ajouta que s'il allait à Djenné, comme il l'avait déclaré, il lui servirait de guide jusqu'à Sansanding. Mungo Park eut des raisons de croire que le roi l'aurait volontiers accueilli s'il eût été sûr de le garantir des trames des Maures. "Se conduite envers moi, ajoute-t-il, fut donc à la fois prudente et généreuse. Les circonstances de mon apparition à Sego devaient faire soupçonner au roi que je cachais le véritable objet de mon voyage. Il raisonnait probablement comme son messager : quand j'eus dit à celui-ci que j'étais venu de si loin et en affrontant des dangers nombreux pour voir le Dialiha (Niger), cet homme me demanda naïvement s'il n'y avait pas de rivières dans mon pays, ou si l'une n'était pas faite comme l'autre."Mungo Park quitta Sego et suivit les bords du Niger. A Sansanding, son guide le quitta; Park fut obligé de laisser dans un champ son cheval, qui ne pouvait plus marcher, et s'embarquent sur le fleuve, il poursuivit sa route à l'est jusqu'à Silla, ville considérable. Une triste expérience venait de le convaincre que des obstacles insurmontables s'opposaient à ses progrès et que ce serait se sacrifier en pure perte que de vouloir atteindre Djenné, car ses découvertes périraient avec lui. Il était alors à près de onze cents milles de l'embouchure de la Gambie. Les pluies continuelles rendaient les chemins impraticables sur la rive méridionale du fleuve. Park, malade, à demi nu, se mit donc en route le 30 juillet par la rive opposée, pour retourner à l'ouest. Il eut le bonheur de retrouver son cheval, qui s'était refait un peu, mais il apprit en même temps que le roi de Bambara, cédant aux instigations des Maures, avait ordonné de l'arrêter. Il évita donc Sego en faisant un détour; puis, revenant vers le Niger, il traversa un grand nombre de villages et de villes, et le 23 août, Il quitta les bords du fleuve à Bamako, près des frontières du pays mandingue, où le Niger cesse d'être navigable. Des maraudeurs le pillèrent deux jours après et emmenèrent son cheval. Dépouillé de tout, abandonné, presque nu, au milieu d'un désert immense, à plus de cinq cents milles de l'établissement européen le plus proche, Mungo Park était résigné à mourir. Sa confiance dans la Providence lui donna
de la force; il continua sa route, recouvra son cheval et ses effets, laissa
le pauvre animal en témoignage de sa reconnaissance au chef d'un village,
et enfin, après des fatigues inouïes, atteignit le 16 septembre Kamalia,
ville où Karfa Taoura, marchand d'esclaves, lui donna l'hospitalité,
et lui promit de le conduire au comptoir anglais de la Gambie aussitôt
que la saison le permettrait; mais ses soins ne purent arrêter les progrès
de la fièvre qui dévorait lentement Mungo Park elle devint si violente
qu'il fut retenu pendant cinq semaines dans sa hutte, et ne dut sa conservation
qu'aux soins empressés de son hôte et de sa famille. Son long séjour
à Kamalia lui permit de prendre beaucoup de renseignements sur l'intérieur
du pays. Le 19 avril 1797, jour fixé pour le départ si longtemps désiré,
Park quitta Kamalia avec son hôte et une nombreuse caravane d'esclaves;
le 12 juin, il eut le plaisir d'embrasser le docteur Laidley, qui le regardait
comme un homme échappé du tombeau; le 17, il monta sur un navire américain
qui allait aux Antilles |
Mungo Park fut
en quelque sorte reçu en triomphe par l'African society et par le public.
L'intérêt que son retour excita s'accrut encore lorsque ses découvertes
furent connues. La société lui permit de publier à son profit la relation
de son voyage, et en attendant que ce livre parût, en publia un extrait
pour satisfaire l'impatience générale. Park alla en Écosse![]() ![]() ![]() Diverses causes retardèrent l'exécution
de ce projet, et ce ne fut que le 30 janvier 1805 qui il fit voile de Portsmouth
: après avoir acheté une quarantaine ânes et des provisions aux îles
du Cap-Vert ![]() Mungo Park prisonnier des Touaregs, par Angus McBride. Il entra en Gambie vers les premiers jours d'avril, et tout le monde s'étant réuni à Keyi, petite ville sur le fleuve, au-dessous de Pisania, Mungo Park prit à son service Isaac, prêtre mandingue (soninké) et marchand, pour guider sa caravane; elle partit le 27 avril, se dirigeant vers l'est. Le 19 mai, elle arriva sur les bords du Niger à Bamako; mais dans quel triste état! il n y avait plus que onze Européens en vie et les quatre chefs étaient malades. Scott mourut quelques jours après sans avoir vu le Niger; tous les ânes avaient péri. Dans des conjonctures si critiques, Mungo Park conservait tout son courage. Le 21, il s'embarqua sur le Niger, et s'arrêtant à Marrabou, dépêcha le 28 Isaac au roi de Bambara, pour obtenir la permission de construire un navire à Sansanding. Il ne la reçut que le 25 septembre; le 27, il atteignit Sansanding au delà de Sego (Ségou). Bientôt Anderson mourut; il ne resta plus, comme européens, avec Park que l'officier et trois soldats, dont un était fou : n'importe, il parvint à faire de deux vieilles pirogues une grande goélette, qu'il nomma le Dialiba ou Joliba. Tout étant prêt le 16 novembre, il termina son journal et écrivit plusieurs lettres. Son enthousiasme n'avait pas diminué : "Je vais, mandait-il à lord Cambden, secrétaire d'État. faire voile à l'est avec la ferme résolution de découvrir l'embouchure du Niger ou de périr dans cette entreprise. "Dans sa lettre à sa femme, il montrait beaucoup de confiance, probablement pour calmer ses inquiétudes. Il chargea Isaac de porter ses dépêches en Gambie, où elles arrivèrent heureusement : ce sont les dernières nouvelles authentiques que l'on ait reçues de lui. Pendant quelque temps, on n'en entendit plus parler; mais dans le cours de 1806, des marchands apportèrent des nouvelles fâcheuses aux établissements anglais sur la côte d'Afrique ![]() Il avait rencontré près de Sansanding
Amadi Fatouma , que Mungo Park avait engagé comme pilote, pour descendre
le Niger jusqu'au royaume de Haoussa. Cet homme avait tenu un journal.
Le 19 novembre 1805, Park était parti de Sansanding avec Martyn, l'officier,
trois soldats, trois Africains et le pilote. Après quelques aventures
et des combats soutenus contre les populations locales, Amadi se fit débarquer
à Yaour, dans le royaume de Haoussa : le lendemain, comme il allait voir
le roi du pays, des cavaliers entrèrent pour informer le prince que les
blancs étaient passés sans rien donner pour lui ni pour le chef de Yaour.
Le roi fit mettre Amadi aux fers et envoya des troupes pour occuper sur
le bord du fleuve un rocher, mais fut attaqué par les Haoussas (peut-être
à encore Yaour ou un peu plus loin à Boussa Mungo Park avait publié la relation de
son premier voyage sous ce titre Voyages dans les contrées intérieures
de l'Afrique, faits en 1795, 1796 a 1797
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