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François-Joseph
Fétis est un historien musical, théoricien et
compositeur belge, né à Mons le
23 mars 1784, mort à Bruxelles le
26 mars 1871. Fils d'un organiste, qui était aussi directeur de
concerts à Mons, le jeune Fétis montra de bonne heure des
dispositions exceptionnelles pour la musique. A sept ans, il écrivait
des duos pour violon, et, avant neuf ans révolus,
un concerto pour violon et orchestre. A
neuf ans, il remplit les fonctions d'organiste du chapitre noble de Sainte-Waudru.
Il continua de composer et fit de nombreux morceaux, une symphonie
concertante pour deux violons, alto
et basse avec orchestre, un Stabat,
des quatuors, une messe, etc. En octobre 1800, il entra au Conservatoire
de Paris dans la classe de Rey, qui lui apprit
l'harmonie d'après le système de Rameau,
et il fut bientôt le répétiteur de la classe. Quant
au piano, Boïeldieu fut quelque temps
son professeur. En 1803, il fit un voyage et ne revint à Paris
qu'en 1804, avec un nouveau bagage de connaissances et de réflexions,
issues de l'étude de Bach, Haendel,
Mozart, Haydn, Albrechtsberger,
Marpurg, etc. Il commença même à réunir des
matériaux pour une histoire des inventions de Gui
d'Arezzo et de la notation musicale.
Il se lia avec Cherubini, et se mit à
l'étude des maîtres italiens, depuis les plus récents,
Paisiello, Cimarosa, Guglielmi, jusqu'aux plus anciens, entre autres Palestrina.
En 1806, il entreprit
une revision du chant liturgique
romain, espérant retrouver sous les altérations diverses,
et malgré certaines lacunes, les exactes versions primitives. Cette
même année il se maria avec la petite-fille du chevalier de
Kéralio, héritière d'une
grande fortune que des spéculations malheureuses lui firent perdre
promptement. En 1811, il dut quitter Paris, et se rendit dans les Ardennes,
où il demeura trois ans, occupé à la composition musicale
et à l'étude de la philosophie. En 1813, il devint organiste
de la collégiale de Saint-Pierre, à Douai,
et professeur de chant et d'harmonie à l'école municipale
de musique de cette ville. C'est de ce séjour à Douai que
datent ses premiers travaux importants sur le système de l'harmonie,
travaux qu'il devait résumer plus tard en des livres très
discutés. C'est aussi à cette époque qu'il continua
sa Biographie des musiciens, entreprise en 1806, mais dont la publication
ne put être commencée qu'en 1834. La somme de travail fournie
par Fétis pendant cette période de sa vie a de quoi surprendre
l'imagination, si l'on songe, non seulement à la rédaction
de ses ouvrages (sans préjudice de la composition musicale à
laquelle il se livrait activement), mais encore aux recherches de toute
nature qu'il dut effectuer.
En 1818, Fétis
vint à Paris; en 1821, il remplaça Eler comme professeur
de composition au Conservatoire. En février 1827, il fit paraître
la Revue musicale, journal exclusivement consacré à
la musique, qui fut en France
le premier essai durable de ce genre. La Revue musicale a paru pendant
huit ans; il est presque inutile de dire que Fétis en était
le principal rédacteur : même, à l'en croire, il aurait
rédigé à lui seul les cinq premières années.
De plus, il a fait pendant plusieurs années le feuilleton musical
du Temps et collaboré encore au National. En 1832,
il fonda des concerts historiques et ouvrit un cours gratuit d'histoire
et de philosophie musicales. En 1833, il devint, sur le désir de
Léopold ler, directeur du Conservatoire
de Bruxelles et maître de chapelle du roi.
Fétis était d'une érudition prodigieuse et d'une extraordinaire
puissance de travail. Comme compositeur, il n'échappera pas à
l'oubli, malgré une production considérable, car l'originalité
de la forme et la profondeur de l'émotion lui manquaient absolument.
Comme théoricien,
son esprit scientifique était plus apparent que réel, et
il a cru trop vite, par sa loi de la tonalité, donner la solution
de tous les problèmes qui tourmenteront encore bien après
lui, les acousticiens et les musiciens; cependant on lui doit de sérieuses
découvertes, d'utiles efforts vers une méthode rationnelle,
et d'ingénieuses remarques, comme le mécanisme de la substitution
du sixième degré à la dominante dans les accords
dérivés de l'accord de dominante; cependant, il n'a pas suffisamment
rendu justice à Rameau, non plus qu'aux
travaux purement scientifiques des physiciens. Comme historien et biographe,
son oeuvre est énorme, et lui assure une légitime renommée,
malgré l'aigreur et même la mauvaise foi de ses attaques contre
tous ceux qui pensaient autrement que lui, Coussemaker entre autres. Il
convient d'ajouter que ce puissant travailleur n'avait à aucun degré
le véritable sens artistique, et qu'il s'est rendu ridicule plusieurs
fois en se donnant la mission de corriger les compositions des maîtres,
particulièrement celles de Beethoven.
Mais une partie de son oeuvre restera comme un monument d'érudition
et de labeur, un immense répertoire de dates et de faits.
Les compositions
musicales de Fétis sont nombreuses; nous citerons des pièces
d'harmonie, des fantaisies pour le piano,
des sonates faciles pour piano à quatre mains, trois suites de préludes
progressifs, des variations à quatre mains, un sextuor pour piano
à quatre mains, deux violons, alto
et basse, un duo
pour piano et violon, une marche variée pour piano, trois quintettes
pour deux violons, deux altos et violoncelle,
deux symphonies, une ouverture
de concert, environ cent cinquante morceaux
divers écrits en manière d'exercices pour le Conservatoire
de Bruxelles; deux nocturnes italiens,
une canzonette, un Miserere
à trois voix sans accompagnement, une Messe de Requiem
pour quatre voix et choeur,
avec accompagnement de cors, trompettes,
trombones,
saxhorn, bass-tuba, bombardon,
orgue, violoncelles, contrebasses
et timbales, exécutée le 14 octobre 1850 pour le service
funèbre de la reine des Belges, un Te Deum en plain-chant
mesuré et rythmé, six messes faciles, des vêpres et
saluts, avec hymnes et antiennes; des opéras-comiques,
l'Amant et le Mari, les Soeurs jumelles, la Vieille, Marie
Stuart en Ecosse, le Bourgeois de Reims, le Mannequin de Bergame, un
petit opéra, Phidias. Parmi les
oeuvres non publiées, on remarque une messe à cinq voix,
des litanies, des motets, d'autres messes,
des hymnes, des Lamentations de Jérémie, à
six voix avec orgue; des quintettes, quatuors, sextuors, des symphonies;
soixante fugues et préludes fugués pour l'orgue, une fantaisie
symphonique pour orgue et orchestre, de nombreuses pièces diverses
pour le même instrument, etc.
Au point de
vue didactique et historique, Fétis a écrit les ouvrages
suivants : Méthode élémentaire et abrégée
d'harmonie et d'accompagnement... (1824); Traité de la fugue
et du contrepoint (1825 ; 2e éd.
1846); Traité de l'accompagnement de la partition (1829);
Solfèges progressifs, avec accompagnement de piano, précédés
de l'exposition raisonnée des principes de la musique (1827);
Revue musicale, huit années, en 15 vol. (1827-1834); Mémoire
sur une question mise au concours par l'Institut des Pays-Bas : Quels ont
été les mérites des Néerlandais dans la musique,
principalement aux XIVe, XVe
et XVIe siècles, etc.
(Amsterdam, 1829); la Musique mise à la portée de tout
le monde... (1830 ; 3e éd.,
1833), livre traduit en plusieurs langues; Curiosités historiques
de la musique... (1830), recueil d'articles choisis dans la Revue
musicale; Galerie des musiciens célèbres (trois
livraisons seulement); Biographie universelle des musiciens et Bibliographie
générale de la musique (Paris et Bruxelles, 1834, 8 vol.
in-8 ; 2e éd., Paris, 1874, avec
supplément en 2 vol., sous la direction d' Arthur Pougin), livre
de capitale importance; Manuel des principe de musique, à l'usage
des professeurs et des élèves, etc. (1837); Traité
du chant en choeur (1837), Manuel des jeunes compositeurs...
(1837); Méthode des méthodes de piano... (1837); Méthode
des méthodes du chant; Esquisse de l'histoire de l'harmonie... (1840)
; Méthode élémentaire du plain-chant (1843);
Traité complet de la théorie et de la pratique musicale
(Paris, 1844, 6e éd., 1857), ouvrage qui a eu plusieurs traductions;
Notice biographique de Nicolo Paganini...
(1851); Traité élémentaire de musique... (1851-1852);
Antoine Stradivari... (1856); Mémoire sur cette question:
les Grecs et les Romains ont-ils connu l'harmonie simultanée des
sons? en ont-ils fait usage dans leur musique (Mémoires
de l'Académie royale de Belgique, t. XXXI); dans les Bulletins
de cette Académie, on trouve encore une vingtaine de notes sur des
questions d'érudition, d'histoire et de philosophie musicales, et
de rapports (notamment aux expositions universelles de 1855 et 1867) ou
discours sur diverses questions concernant la musique; Histoire générale
de la musique depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours
(Paris, 1869-1876); cette histoire, interrompue par la mort de l'auteur,
ne comprend que cinq volumes, au lieu de huit qui avaient été
prévus, et s'arrête à la fin du XVe
siècle; d'autres ouvrages de Fétis sont demeurés en
manuscrit; ce sont : la Science de l'Organiste, Philosophie générale
de la musique, Graduate de tempore ac de sanctis juxta ritum sacrosanctae
romanae ecclesiae, des traductions de traités de musique du
Moyen âge et du Traité de musique de Boèce,
Souvenirs d'un vieux musicien, et Causeries musicales.(A.
Ernst). |
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