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Oratorio, n. m. ital. signifiant « oratoire ». - C'est en effet pour la réunion pieuse des confrères de l'Oratoire, à Rome, illustrée déjà par Animuccia et Fr. Soto qui l'avaient enrichie de leurs laudi spirituali, par, G. P. da Palestrina, qui écrivit dans le même esprit ses madrigaux spirituels, que Emilio de Cavalieri, vers la fin du XVIe s., écrivit sa Rappresentazione di Anima e di Corpo, qui y fut jouée en février 1600. Le fondateur de l'opéra fut donc également celui de l'oratorio et l'on peut se faire une idée de ses opéras perdus, en étudiant son oratorio. Il n'a pas d'ouverture, mais on peut exécuter un morceau de musique, de préférence un « madrigal religieux » avant le lever du rideau. Un prologue dialogué, mais sans musique, annonce la pièce : celle-ci est composée de trois actes, aux personnages purement abstraits; des solos, duos, trios et quatuors, sont entremêlés de choeurs. Le dernier acte se termine par un cantique auquel la foule prend part en même temps que le choeur - héritage des mystères -. Mais un ballet et un nouveau choeur dansé terminent la représentation. L'oratorio en Italie. Le grand maître des oratorios et des « histoires sacrées », dont le musicien français Maugars distingue nettement les deux genres (1639), est alors Giacomo Carissimi qui, de 1628 jusqu'à sa mort en 1674, fut maître de chapelle du Collège dit Germanique à Rome, pour lequel il semble, avoir composé toutes ces oeuvres. Nous ignorons la date précise de chacune d'entre elles, dont les recueils, manuscrits, ne portent aucune référence de ce genre. Citons, parmi les plus célèbres : Jephté, le Jugement de Salomon, l'Historia divitis (Le mauvais riche), la Plainte des Damnés, Jonas, dont la « tempête », avec de très simples moyens, est très caractéristique du style de Carissimi; Balthazar. Un caractère très spécial distingue ces oeuvres des premiers oratorios et de ceux qui vont suivre : au lieu d'être écrits sur un livret fourni par un poète ou un prosateur, l'histoire sacrée ou l'oratorio carissimien est, pour l'ensemble, composé sur des fragments et des passages de la Bibleextraits et groupés de manière à former un ensemble; et il ne semble pas qu'ils aient été destinés à des représentations, mais seulement à des exécutions pieuses ou en concert. Ces fragments sont disposés sur le plan des « Passions », avec un récitant, ou « historien », des rôles distincts pour les interlocuteurs, un choeur pour la foule. C'est sur ce même plan que Charpentier, son élève, composera un peu plus tard ses oeuvres du même genre, par exemple la dernière en date, Le Jugement de Salomon (1702; voy. plus loin). Après Carissimi, les maîtres italiens renouèrent de préférence la tradition de l'opéra sur des sujets religieux, dont le San Alessio de Landi avait donné le modèle. Il y eut des partitions en forme d'opéra, mais destinées aux concerts donnés dans les églises et les couvents, sur des sujets tels que Santa Radegonda, d'Ariosti (1694), la Maddalena, de G. M, Bononcini (1701), le Sacrifizio d'Isacco de Ziani, etc. Aless. Scarlatti a laissé 7 oratorios. Caldara, vers 1720, les écrivait à la douzaine. L'oratorio en France. L'oratorio fut importé en France vers la fin du XVIIe s. par M.-A. Charpentier, élève de Carissimi. Ce maître le traita dans sa forme primitive latine très rapprochée de la musique religieuse. Son oratorio en 2 parties sur Le Jugement de Salomon fut exécuté en guise de grand motet par les musiciens de la Sainte-Chapelle, pendant la messe rouge pour la rentrée du Parlement en 1702. Charpentier a laissé vingt autres oratorios. Les oratorios de Charpentier étaient oubliés lorsque Mondonville produisit les siens au Concert Spirituel. Ceux-ci étaient composés sur des livrets en vers français : Les Israélites à la montagne d'Horeb (1758) étaient dûs à l'abbé de Voisenon, et passèrent sous le titre de « motet français »; vinrent ensuite les Fureurs de Saül (1759). Ils furent bien accueillis, mais peu imités. Le Passage de la mer Rouge, de Persuis (1759), la Conquête de Jéricho, de Davesnes (1760), et, particulièrement, la Nativité, de Gossec (1774), représentent~surtout l'effort fait alors en ce sens. Après 1870-1871 la renaissance de la composition de concert et d'église en France fit éclore des oeuvres de titres et d'esprit divers, comme de mérite inégal, qui peuvent être rassemblées sous l'appellation générale d'oratorios : Rédemption, de César Franck (1872-1874); Les Béatitudes, de C. Franck (1879); Rédemption (1882), de Charles Gounod; Mors et Vita (1885), de Gounod; Marie-Magdeleine (1874), de Massenet, Intitulé « drame sacré »; Ève (1875), de Massenet, intitulé « mystère »; Le Déluge (1876), de Saint-Saëns, qui avait précédemment donné, en latin, un Oratorio de Noël (1860). En Belgique, les belles oeuvres d'Edgar Tinel, Franciscus (1888) et Sainte Godeliève (1897), en langue flamande, comptent parmi les plus admirables productions de l'école belge en même temps que parmi les plus beaux oratorios modernes. La Croisade des enfants de G. Pierné (1904), poème de Marcel Schwob, est intitulée « légende musicale en 4 parties ». L'auteur y emploie un choeur de « 200 enfants » qui peut être remplacé par un choeur « spécial » à 3 voix de femmes, au moins 20 à chaque partie. La narration est confiée à un « récitant » (ténor). Sur le même type, nous avons dû même compositeur Les Enfants à Bethléem (1909). L'oratorio en Allemagne. Les grandes Passions composées depuis le XVIIIe s, par les maîtres protestants allemands; et surtout les chefs-d'oeuvre de Bach, Passion selon saint Jean et Passion selon saint Mathieu, tiennent un rang intermédiaire entre l'ancienne Passion liturgique et l'oratorio moderne, qui a pour texte, au lieu des versets de l'Évangile, un poème plus ou moins analogue au plan et au style de l'opéra. Le compositeur allemand Graun, maître de chapelle de Frédéric II, écrivit en 1755 une cantate de la Passion, Der Tod Jesu, sur un poème de Ramler, qui obtint une grande et durable célébrité. Beaucoup, d'oratorios allemands traitent d'épisodes séparés de la Passion, développés en livrets. L'oratorio Christus (1860) de Kiel (né en 1821), conçu dans la forme dramatique, est cependant disposé sur des fragments de textes évangéliques rattachés les uns aux autres. Au XVIIIe s., en Allemagne, citons encore : Les Israélites dans le désert, de C. Ph. Em. Bach, publ. 1775; La Création, de Haydn, comp. 1795-1798. Puis Le Jugement dernier, de F. Schneider, 1819; de Spohr, Die letzten Dinge, 1826; tout cela oublié, ou presque. La Cène des Apôtres, de Wagner, qui porte le titre de « scène biblique », première exécution, Dresde, 1844, est rangée par Kretzschmar parmi les oratorios. Les oratorios de Mendelssohn, Paulus (1835) et Élie (1846), se maintiennent au répertoire des sociétés de chant dans les Iles Britanniques. On fit cas en son temps du Moïse de Ad. B. Marx (1840). Puis une longue période d'abandon commença pour l'oratorio allemand. Le Paradis perdu, de Rubinstein (1856) et sa Tour de Babel (1870) n'offrent guère d'intérêt. Après 1870, les grands festivals annuels des sociétés de chant allemandes offrirent un champ favorable à l'éclosion de nouveaux oratorios, dont le nombre ne compensa pas la médiocrité. Grâce au grand nom de leur auteur, les oratorios de Liszt s'imposèrent à l'attention : la Légende de sainte Élisabeth (1867) et surtout son Christus (1857). L'oratorio en Angleterre. |
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