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L'histoire des îles Mariannes
Les premières traces d'habitation humaine dans les Îles Mariannes remontent à environ 1500 av. JC. Les premiers habitants étaient les ancêtres du peuple Chamorro, originaires d'Asie du Sud-Est. Les Chamorros ont développé une société basée sur l'agriculture, la pêche et le commerce. Ils construisaient des structures en pierre appelées latte stones, qui servaient de bases pour leurs maisons. Les Chamorros vivaient dans des clans matrilinéaires et avaient une société hiérarchisée avec des chefs appelés matao.

Magellan, qui atteignit les îles Mariannes en 1521, les nomma îles des Larrons (Islas de los Ladrones), à cause des soustractions nombreuses dont il avait été victime de la part des habitants. Sept ans plus tard, en 1528, Saavedra prit possession d'une partie de l'archipel au nom du roi d'Espagne; mais ce fut plus d'un siècle après qu'on entreprit de le coloniser. Le P. Sanvitores (Diego Luis de San Vitores), jésuite espagnol , ayant relâché sur ce point en allant du Mexique à Manille, avait été frappé de l'abord doux et paisible des habitants; il forma le projet de les convertir, et ayant obtenu l'approbation du roi d'Espagne, Philippe IV, il arriva le 23 mars 1668 , en vue de l'archipel, qu'il nomma îles Mariannes, en l'honneur de Marie-Anne d'Autriche, épouse de son maître, et débarqua à Agagna, dont il fit le centre de ses travaux apostoliques, et qui est restée la capitale de l'archipel.

Sanvitores obtint d'abord de rapides succès; et dès la première année vingt mille insulaires avaient reçu le baptême, Mais bientôt les résistances se firent sentir y d'abord assez faibles, puis plus vives; enfin, les habitants prirent les armes pour défendre leur religion, et le P. Sanvitores périt assassiné par un insulaire dont il venait de baptiser la fille. Dès lors l'histoire des Mariannes ressemble à celle du Mexique, du Pérou, et de toutes les terres où les Espagnols cherchèrent à implanter leurs fanatiques croyances; et si dans les îles qui nous occupent la lutte fut moins longue, c'est que le théâtre en était moins vaste et les acteurs moins nombreux; mais elle finit, comme dans les deux, contrées que nous venons de nommer, par la dépopulation presque complète de l'Archipel: C'est José de Quiroga y Lozada; gentilhomme originaire de la Galice, qui soumit les Mariannes à l'autorité de l'Espagne. Cette soumission eut lieu en 1699.

Les efforts de colonisation espagnole ont entraîné une chute drastique de la population chamorro, en grande partie à cause des guerres, des maladies introduites par les Européens, et des déplacements forcés. La population autochtone, qui comptait plusieurs dizaines de milliers d'habitants, a été réduite à quelques milliers à la fin du XVIIe siècle. Les Chamorros survivants ont été regroupés dans des villages administrés par les Espagnols, et la culture autochtone a subi une transformation profonde sous l'influence des missionnaires catholiques. L'acculturation, comme l'adoption de la langue espagnole et du christianisme, a profondément modifié la société chamorro.

Sous la domination espagnole, les Mariannes sont restées une colonie relativement isolée, utilisée principalement comme relais pour les galions espagnols voyageant entre l'Amérique latine et les Philippines. Les îles n'ont pas connu de développement économique significatif et ont été largement dépendantes des subsides de la couronne espagnole. La population chamorro, malgré les efforts d'assimilation, a conservé certains aspects de sa culture et de sa langue, même si le métissage avec les Espagnols et les autres colons (principalement philippins et mexicains) a changé la composition ethnique des îles.

En 1898, à la suite de la défaite de l'Espagne dans la guerre hispano-américaine, les Mariannes du Nord ont été cédées à l'Allemagne, tandis que Guam, l'île la plus grande et la plus peuplée des Mariannes, a été cédée aux États-Unis. L'Allemagne a pris le contrôle des Mariannes du Nord en échange d'une somme modique versée à l'Espagne, intégrant ainsi ces îles à leur empire colonial du Pacifique. L'administration allemande, qui a duré jusqu'à la Première Guerre mondiale, a été axée principalement sur l'exploitation agricole (culture du coprah), mais elle a introduit de nouvelles structures administratives et économiques. Avec le début de la guerre, le Japon a pris possession des Mariannes du Nord en 1914 après avoir expulsé les Allemands. Après la guerre, le Japon a reçu un mandat de la Société des Nations pour administrer les îles. Sous le contrôle japonais, les Mariannes du Nord ont connu une transformation économique significative. Les Japonais ont introduit une agriculture intensive, des industries de pêche et de sucre, et une immigration massive de travailleurs japonais, coréens et ryukyuans, ce qui a radicalement changé la démographie des îles. À la fin des années 1930, la population japonaise et d'origine japonaise surpassait celle des autochtones Chamorros.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, en 1944, les États-Unis ont lancé une campagne militaire majeure pour reprendre les îles aux Japonais. La bataille de Saipan, qui a eu lieu en juin-juillet 1944, fut l'une des batailles les plus importantes du théâtre du Pacifique. 

La bataille de Saipan (15 juin - 9 juillet 1944) marqua un tournant stratégique dans la guerre contre le Japon et permit aux forces américaines d'avancer vers l'archipel japonais. L'île de Saipan avait une grande importance stratégique, car sa prise permettait aux Alliés de disposer d'une base avancée à partir de laquelle ils pourraient lancer des bombardements directs sur les îles principales du Japon. Les B-29 Superfortress, des bombardiers à long rayon d'action, pourraient ainsi frapper Tokyo et d'autres grandes villes japonaises. Mais Saipan était aussi fortement défendue par environ 30 000 soldats japonais, sous le commandement du général Yoshitsugu Saitō. La population civile de l'île, majoritairement japonaise, coréenne et autochtone, atteignait environ 25.000 personnes. 

Côté Alliés (Etats-Unis),  l'amiral Raymond Spruance dirigeait la 5e Flotte et le général Holland Smith commandait les forces terrestres, principalement composées de la 2e et 4e division des Marines et de la 27e division d'infanterie de l'armée.  Environ 70 000 hommes participèrent à l'assaut initial. Les forces japonaises, quant à elles, étaient sous le commandement du général Saitō. Elles étaient composées de soldats de l'Armée impériale japonaise et de membres de la Marine. Les Japonais avaient préparé des fortifications massives sur toute l'île, s'appuyant sur un réseau de bunkers, tunnels et positions défensives cachées.

Le 15 juin 1944, les Marines américains débarquent sur les plages de Saipan après un intense bombardement naval et aérien. Les Japonais avaient minutieusement préparé leurs positions défensives et infligèrent de lourdes pertes aux Marines lors de l'assaut initial. Cependant, les Américains parvinrent à établir une tête de pont. Les combats sur Saipan furent brutaux et intenses, se déroulant dans une végétation dense et sur un terrain accidenté. Les Américains rencontrèrent une défense japonaise acharnée, incluant des snipers, des attaques surprises et l'utilisation du terrain montagneux pour harceler les troupes alliées. La stratégie défensive des Japonais consistait à résister jusqu'à la mort, sans retrait possible.

L'un des moments les plus dramatiques de la bataille fut la contre-attaque désespérée des Japonais connue sous le nom de Banzai charge le 7 juillet 1944. Près de 3000 soldats japonais, accompagnés de civils armés, lancèrent une attaque suicide massive contre les positions américaines. Cette charge, bien que désastreuse pour les Japonais, montra leur détermination à ne pas se rendre. Face à la défaite inévitable, de nombreux civils japonais sur Saipan, soumis à la propagande impériale qui dépeignait les Américains comme des barbares, se suicidèrent en masse. Cela se produisit notamment sur les falaises de Marpi Point, où des centaines de personnes, parmi lesquelles des femmes et des enfants, se jetèrent dans l'océan pour échapper à la capture.

Le 9 juillet 1944, Saipan fut officiellement déclaré sécurisé par les forces américaines. Lors de la bataille de saipan,  environ 3000 Américains furent tués et plus de 10 000 blessés. Les Japonais perdirent presque toute leur force de défense, avec environ 30 000 soldats tués. On estime qu'environ 22 000 civils furent tués, dont une grande partie par suicide. La prise de Saipan permit aux États-Unis de mettre en place des bases aériennes pour les bombardiers B-29, ce qui facilita la campagne de bombardement stratégique contre les villes japonaises. Dans le même temps, la défaite japonaise à Saipan entraîna des conséquences politiques majeures au Japon. Le premier ministre japonais, Hideki Tojo, fut contraint de démissionner, ce qui indiqua que même les dirigeants militaires japonais reconnaissaient la gravité de la situation.

La bataille de Saipan a été suivie par la prise de Tinian et de Guam. Après la victoire américaine, les îles ont été transformées en bases militaires, d'où les forces américaines ont lancé des attaques aériennes, dont les bombardements atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, depuis l'île de Tinian. Après la guerre, les Mariannes du Nord, ainsi que les îles voisines des Palaos, des États fédérés de Micronésie et des Îles Marshall, ont été placées sous l'administration des États-Unis dans le cadre du Territoire sous tutelle des îles du Pacifique (TTIP), sous l'égide des Nations Unies. Pendant cette période, les îles ont été administrées principalement dans l'intérêt stratégique des États-Unis, avec une forte présence militaire. Les Chamorros et les Caroliniens, les principaux groupes autochtones des Mariannes, ont été encouragés à adopter le mode de vie américain, avec l'introduction de l'anglais comme langue principale et du dollar américain comme monnaie officielle. Quant à Guam, sur laquelle une importante base militaire a été construite, elle reste un territoire américain directement administré par Washington.

Les années 1970 ont marqué un tournant décisif pour les Mariannes du Nord. Après plusieurs années de négociations et de référendums, les habitants des Mariannes du Nord ont choisi de devenir un Commonwealth en union avec les États-Unis plutôt que de chercher l'indépendance. En 1975, ils ont voté pour approuver une Constitution, et en 1978, le Commonwealth des Îles Mariannes du Nord (CNMI) a été officiellement établi. Ce nouveau statut a accordé aux îles une large autonomie interne, tout en maintenant la défense, la politique étrangère et les affaires monétaires sous le contrôle des États-Unis. Les résidents des Mariannes du Nord sont devenus citoyens américains, bien qu'ils n'aient pas le droit de vote aux élections présidentielles et n'aient qu'une représentation non votante au Congrès. 

Après la création du Commonwealth, les Mariannes du Nord ont connu un boom économique, principalement grâce au tourisme et à l'industrie textile. Les hôtels et casinos ont fleuri, attirant des touristes principalement du Japon, de la Corée du Sud et de Taïwan. Par ailleurs, des lois favorables aux entreprises ont attiré des investisseurs dans l'industrie du textile, qui exportaient vers les États-Unis sans être soumis aux quotas d'importation américains. Cependant, à la fin des années 1990, l'industrie textile a commencé à décliner en raison de la concurrence internationale et de nouvelles réglementations plus strictes. De plus, les conditions de travail dans ces usines ont été critiquées, ce qui a entraîné des réformes et une réduction de l'industrie.

Le début du 21e siècle a vu les Mariannes du Nord s'efforcer de diversifier leur économie, avec un accent sur le développement durable et le tourisme de luxe. Cependant, l'économie reste vulnérable en raison de sa dépendance à un nombre limité de secteurs économiques. Les îles ont également dû faire face à des défis environnementaux, notamment la montée du niveau de la mer et les tempêtes de plus en plus fréquentes et violentes dues au changement climatique. En outre, les relations avec les États-Unis continuent d'évoluer, avec des discussions régulières sur l'immigration, le droit du travail, et les questions de souveraineté.

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