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Les
Îles Marshall, situées dans l'océan Pacifique central, ont été
peuplées il y a environ 2000 à 3000 ans par des peuples austronésiens,
probablement venus d'Asie du Sud-Est ou de la région mélanésienne. Les
premiers habitants étaient des navigateurs qualifiés qui se déplaçaient
fréquemment entre les atolls en utilisant des cartes à bâtons. Leurs
techniques de navigation étaient parmi les plus avancées du Pacifique.
Les Marshallais ont développé une société structurée en clans (bwij),
avec une organisation sociale matrilinéaire, où les terres étaient transmises
par les femmes. Les îles étaient divisées en chefferies, chacune dirigée
par un chef (iroij). Il y avait deux chefs suprêmes, un pour la
chaîne Ratak (Soleil levant) et la chaîne Ralik (Soleil couchant).
Les premiers Européens
à entrer en contact avec les Îles Marshall furent les Espagnols. En 1526,
l'explorateur Alonso de Salazar, au service de l'Espagne,
aurait été le premier Européen à apercevoir les îles. L'Espagne les
renvendiqua officiellement dès 1592, mais peu d'autres Européens sont
passés par les îles au cours des deux siècles suivants.
Wallis, en 1767, toucha aux îles Rongelab et Rongerik; en 1788, John Marshall,
qui avait Gilbert pour second, revenant de Port-Jackson en Chine,
reconnut les îles qui reçurent plus tard le nom de Gilbert, puis le groupe
de Tatak. En 1792, Bond; en 1797, Denne découvrirent le groupe de Ralik.
D'autres navigateurs reconnurent encore plusieurs îles de cet archipel.
Mais l'honneur d'en avoir fait la description exacte et complète revient
au marin russe Kotzebue (mai 1816, janvier et octobre 1817, octobre 1825);
c'est lui qui sépara les Marshall des Gilbert et divisa l'archipel entre
les deux groupes de Ralik et de Ratak. En 1824, Duperrey
a découvert un nouvel atoll dans la chaîne des Ralik. Dans les années
1850, des missionnaires protestants américains ont commencé à arriver
sur les îles.
En 1885, le capitaine
Roetger, commandant le Nautilus, de la marine allemande, visita
la plus grande partie de l'archipel. Les Allemands établirent une station
d'approvisionnement sur l'atoll de Jaluit et achetèrent les îles à l'Espagne,
bien que les chefs suprêmes aient continué à régner. A partir l'établissement
du protectorat allemand, les îles Marshall ont été parfaitement connues.
Les négociants allemands étaient établis avant 1870 dans l'archipel
Marshall, où ils faisaient le commerce du coprah. En 1878, le commandant
Werner recommandait d'y établir un dépôt de charbon. En octobre 1885,
le commandant Roetger, du Nautilus, proclama l'annexion de cet archipel
aux possessions
allemandes. Un commissaire
impérial fut installé à Jaluit. En 1887 fut fondé la Compagnie de Jaluit,
au capital de 1 200 000 marks, divisé en actions de 5000 marks; elle a
acquis les factoreries de la Deutsche handels und plantagen Gesellschaft
der Südsee-Inseln (Compagnie allemande de commerce et de plantation des
Iles des mers du Sud) et celles de la maison Rebertson-Hernsheim; elle
avait ainsi douze stations aux Marshall : elle en avait quatorze aux Carolines
et sept sur les îles Kingsmill. Son agent fixa sa résidence à Jaluit.
En 1889, la Compagnie a passé avec l'État un arrangement en vertu duquel
elle lui remboursa les frais d'administration. Elle a étendu ensuite le
nombre de ses factoreries, et, Ã partir de 1890, elle payait un dividende.
Sous l'administration allemande, l'archipel, paraît-il, prospéra. Le
port de Jaluit reçut (en 1894) 75 bâtiments (8793 tonnes).
Quelques difficultés
provinrent de la situation pécuniaire pénible faite aux chefs par les
marchands qui leur avaient fait des avances ou des prêts; l'administration
prit des mesures pour empêcher les abus : elle interdit la vente à crédit.
Un impôt fut établi, payable en nature : les chefs en conservaient une
partie à titre d'appointements. L'archipel a produit, en 1894, 2000 tonnes
de coprah. En 1888, Nauru, qui est isolée
de l'archipel des Marshall, fut placée sous le protectorat allemand. (L.
Del.).
Avec le déclenchement
de la Première Guerre mondiale en 1914,
les forces japonaises prirent le contrôle des Îles Marshall. Après la
guerre, en 1920, la Société des Nations accorda
au Japon un mandat pour administrer l'archipel,
comme partie de son Mandat des îles du Pacifique. Sous la domination japonaise,
les Îles Marshall connurent un développement économique limité, principalement
centré sur l'agriculture et la pêche, bien que les Japonais aient également
militarisé certaines îles. La culture japonaise commença à s'intégrer
dans la vie quotidienne. Pendant la Seconde
Guerre mondiale, les Îles Marshall devinrent une zone de conflit stratégique
entre les forces japonaises et américaines. En 1944, les Américains,
lors des opérations Flintlock et Catchpole, se sont emparés
des bases de Kwajalein, Enewetak et Majuro.
Les îles Marshall
ont pris, dans le cadre d'un mandat de l'ONU (1947),
le statut de Territoire sous tutelle des îles du Pacifique (TTIP), sous
administration des
États-Unis.
Entre 1946 et 1958, les États-Unis ont réinstallé des populations des
atolls de Bikini et d'Enewetak et ont effectué, entre 1947 et 1962, 67
essais nucléaires; les habitants des atolls d'Ailinginae et de Rongelap
ont également été évacués en raison des retombées nucléaires, et
les quatre atolls sont restés depuis en grande partie inhabités. Le test
le plus célèbre est le Castle Bravo, réalisé le 1er
mars 1954 sur l'atoll de Bikini. C'était le plus puissant essai nucléaire
jamais effectué par les États-Unis, avec une explosion de 15 mégatonnes,
soit environ 1000 fois plus puissante que la bombe larguée sur Hiroshima.
L'atoll de Kwajalein, qui avait été un champ de bataille pendant la Seconde
guerre mondiale, a été converti en base de lancements et de tests de
missiles.
Au fil du temps,
un mouvement pour l'autodétermination a commencé à émerger parmi les
Marshallais, en quête d'une plus grande autonomie et de la reconnaissance
des dommages causés par les essais nucléaires. Dans les années 1960
et 1970, le mouvement pour l'autonomie a pris de l'ampleur. En 1979, la
République des Îles Marshall a été fondée sous le président Amata
Kabua, un chef suprême, établissant un gouvernement local avec une certaine
autonomie, tout en restant sous la tutelle des États-Unis. En 1983, les
Îles Marshall ont signé un Compact of Free Association (Accord
de libre association) avec les États-Unis, qui a été ratifié en 1986.
Cet accord a officiellement mis fin au statut de territoire sous tutelle
et a conféré aux Îles Marshall une indépendance formelle le 21 octobre
1986. En vertu de cet accord, les États-Unis continuent de fournir une
aide économique substantielle et d'avoir des droits exclusifs en matière
de défense sur le territoire des Îles Marshall.
En 2000, Kessai Note
est devenu le premier roturier élu président. En 2016, Hilda Heine est
la première femme élue présidente. Aujourd'hui, les Îles Marshall,
qui maintiennent leurs demandes de dédomagements pour les essais nucléaires
qui ont eu lieu sur leur territoire, et qui revendiquent l'île
Wake, toujours possession américaine, n'en continuent pas moins d'accueillir
le site américain Reagan d'essais de missiles dans l'atoll de Kwajalein
(USAKA), une installation militaire essentielle dans le système de défense
des États-Unis. Kwajalein héberge également l'une des quatre antennes
au sol dédiées, qui aident au fonctionnement du système de navigation
GPS (les trois autres sont à Cap Canaveral (Floride), sur l'île de l'Ascension
(Sainte-Hélène, Ascension et Tristan da Cunha) , et à Diego Garcia (Territoire
britannique de l'océan Indien)).
L'économie
des Îles Marshall reste largement dépendante de l'aide étrangère, principalement
des États-Unis, mais le pays cherche à diversifier ses sources de revenus.
Le tourisme, la pêche, et les services financiers offshore sont des secteurs
en développement, bien que des défis importants demeurent en raison de
l'isolement géographique et des infrastructures limitées. Les Îles Marshall
sont par ailleurs confrontées aux défis posés par le changement climatique.
En tant que nation insulaire, les Marshallais sont particulièrement vulnérables
à la montée des eaux et aux événements météorologiques extrêmes.
Le gouvernement plaide activement pour des actions internationales plus
robustes pour lutter contre le changement climatique, considérant la survie
même de leur nation comme étant en jeu. Depuis l'indépendance, les Îles
Marshall ont également cherché à établir et à renforcer leurs relations
internationales. Elles sont devenues membres des Nations Unies en 1991
et participent activement à diverses organisations internationales, notamment
pour défendre les intérêts des petits États insulaires face aux menaces
environnementales. |
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