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Charles de Baatz (ou de Batz) de Castelmore, comte d'Artaignan (ensuite d'Artagnan) est un mousquetaire, né vers 1611, et mort à Maastricht (Brabant) en 1673. Il est surtout connu pour avoir inspirer la figure du populaire héros d'Alexandre Dumas. L'auteur des Trois Mousquetaires a pris, en effet, ce personnage historique, sinon de premier plan du moins assez connu de son temps, l'a lancé dans mille aventures dont les unes sont tout à fait imaginaires, les autres bien réelles, quelques-unes, l'un et l'autre parce que le simple comparse y est devenu le protagoniste ou le deus ex machina. - Charles de Batz, comte d'Artagnan. Pour un bref aperçu de la biographie du vrai d'Artagnan, on peut se tourner vers le tome VI, p. 418 de sa Chronologie historique militaire (Paris, in-4°, M.DCCL) de Pinard, qui consacre un article à cet officier, qu'il nomme Charles de Baats-Castelmore, comte d'Artaignan : "Cadet au régiment des gardes françaises; servit au siège d'Arras en 1640 [...]. Entré aux mousquetaires à la fin de 1644; gentilhomme du cardinal Mazarin en 1646; lieutenant aux gardes françaises, en 1649; capitaine au régiment des gardes, le 14 février 1650; sous-lieutenant des mousquetaires, le 26 mai 1658; se démit de sa compagnie des gardes françaises en mars 1661; eut un brevet pour tenir rang de lieutenant et commander Ia compagnie des mouquetaires, en l'absence du duc de Nevers, qui ne vouloit point s'en mêler; capitaine-lieutenant de cette compagnie, le 15 janvier 1667; brigadier de cavalerie, le 5 mai de la même année; maréchal de camp par brevet du 15 avril 1672. Tué le 5 juin 1673 au siège de Maëstricht. "Les sources. En fait, entre le d'Artagnan réel et le héros de roman, - et quel héros, puisqu'après les Trois Mousquetaires on le retrouve encore dans deux autres romans : Vingt ans après et le Vicomte de Bragelonne! - s'en interpose un troisième : le d'Artagnan qui apparaît dans ses Mémoires, ou plutôt ses prétendues Mémoires, publiés en trois volumes par un contemporain, et qui tiennent à la fois de l'histoire et du roman. Il s'agit de l'ouvrage publié en 1700-1701 par le pamphlétaire et historien Gatien Courtilz de Sandras. Les Mémoires de M. d'Artagnan, capitaine-lieutenant de la 1re compagnie des mousquetaires du Roi, contenant quantité de choses particulières et secrètes qui se sont passées sous le règne de Louis le Grand sont un des nombreux ouvrages de cet écrivain qui mêla toujours le roman à l'histoire, de telle sorte qu'il est difficile de faire la part de l'un et de l'autre, dans tout ce qu'il a laissé d'historique. L'ouvrage, alertement écrit, avec légèreté et bonne humeur dans un style cavalier qui convient tout à fait au sujet, plein d'anecdotes, est d'une lecture fort agréable, il eut une grande vogue lors de son apparition comme tous les écrits ou presque de Courtilz de Sandras. II eut plusieurs rééditions. Mais quelle confiance peut-il inspirer? Assurément tout n'y est pas d'invention, l'histoire y coudoie la fiction, mais souvent elle se fausse dans ce voisinage. Un érudit, Eugène d'Auriac, a signalé quelques-unes des erreurs de Courtilz de Sandras, dans son livre intitulé D'Artagnan (2 vol. in-8e, 1847). Ce livre contient l'histoire du capitaine-lieutenant des mousquetaires, faite sur des mémoires qu'Eugène d'Auriac a crus plus dignes de foi que ceux de Courtilz de Sandras, dont cependant il n'a pas toujours dédaigné le secours. D'Auriac ne s'est pas défendu de la forme romanesque, et peut-être par là a-t-il affaibli un peu l'autorité de ses assertions. Son travail reste cependant une biographie du comte d'Artagnan que l'on peut encore consulter avec intérêt, même s'il convient d'en compléter la lecture par celles, par exemple, de D'Artagnan, capitaine des mousquetaires du roi, de Charles Samaran (1912), et de Troisvilles, d'Artagnan et les Trois mousquetaires, de Jean de Jaurgain (1910).. Les origines. " Je suis né gentilhomme, de bonne maison [...]. Le nom de d'Artagnan était déjà connu quand je vins au monde "Il ne dit pas qui fut le père de Charles et comment il était d'Artagnan. La Généalogie de la maison Montesquiou-Fezenzac, donnée par les continuateurs du P. Anselme, et celle qui fut publiée in-4°, en 1784, sur cette maison de Gascogne dont une branche prenait le nom d'Artagnan, peuvent aider à fixer sur ce point l'histoire du capitaine-lieutenant des mousquetaires. Or, le seul Paul de Baatz peut être ce Paul d'Artaignan, les généalogistes en font foi. Paul de Baatz prit donc aussi bien que son frère Charles le nom d'Artaignan; peut-être qu'à la mort de Bertrand de Baatz le quittèrent-ils pour prendre celui de Castelmore. Difficile de l'affirmer. Artaignan est une petite localité des Hautes-Pyrénées, dépendant de Vic-en-Bigorre; Castelmore était un petit fief situé non loin de Sauveterre-du-Béarn, aussi Gatien Courtilz eut-il raison quand il fit dire à son d'Artagnan : "Le mousquetaire que j'accostai s'appelait Porthos et étoit voisin de mon père de deux ou trois lieues. "Porthos était un des trois fils du châtelain d'Autevielle, et Autevielle, comme Athos, étaient des points géographiques voisins de Castelmore et de Sauveterre-en-Béarn. Il convient d'insiter sur ces détails, qui expliquent des choses restées obscures dans les Mémoires de M. d'Artagnan, où Courtilz de Sandras oublia de les éclaircir, et dont ne se sont pas soucié Alexandre Dumas et Auguste Maquet quand, partant du livre de Gatien de Courtilz, ils ont écrit la longue et piquante histoire des Trois mousquetaires, Athos, Porthos et Aramis, à laquelle est si intimement liée celle de Charles d'Artagnan, qu'ils n'ont pas su se nommer Charles, Courtilz ne l'ayant jamais nommé par ce nom de baptême. --
D'Artagnan à Paris. Arrivé dans la capitale, d'Artagnan vint se loger rue du Gaillard-Bois (aujourd'hui rue Servandoni) non loin de l'hotel de M. de Tréville (ou de Trois-villes) capitaine des mousquetaires du roi, qui était un peu son parent, et auquel il était chaudement recommandé. D'Artagnan entra d'abord comme cadet volontaire aux gardes du roi, aux environs de 1640. Toutes les aventures qu'Alexandre Dumas et Auguste Maquet lui attribuent avant cette date sont sorties de leur imagination et l'on en trouve aucune trace dans son premier et déjà fantaisiste biographe.
Une vie de soldat et d'espion. A son retour de la campagne de Flandre, d'Artagnan devient enfin mousquetaire et, peu après, entre en rapports avec Mazarin. A partir de ce moment et pendant une vingtaine d'années, notre gentilhomme, à en croire ce que lui fait dire Courtilz, a joué le rôle d'agent secret du premier ministre.
La vie d'un agent secret est nécessairement fertile en étonnantes péripéties. Une aubaine pour Courtilz de Sandras. Ainsi la vie de d'Artagnan apparaît-elle, à travers ses pseudo-mémoires, comme un véritable roman picaresque. Lorsque l'arrestation de Broussel, suivant les édits fiscaux eut déchaîné la première Fronde parisienne, le cardinal envoie d'Artagnan dans le camp des insurgés. Le mousquetaire réussit ainsi à éventer un complot contre le cardinal et à sauver la vie de son maître. Il avait fait semblant pour cela, de partager la haine que professait uns des insurgés contre Mazarin et de prendre part au complot formé contre lui. Ayant ainsi gagné sa confiance, il l'avait fait arrêter. La dure vie d'un agent secret. Notre mousquetaire s'attribue également, par la plume de Courtilz, une mission en Angleterre où il fut reçu par Cromwell. Si, comme il paraît possible, il est vraiment allé en Angleterre, ce fut bien sans doute comme le lui fait dire Courtilz, pour porter à Cromwell des propositions secrètes de la part du cardinal qui, sans doute, n'osait pas engager des négociations officielles avec le régicide. Quoi qu'il en soit c'est de cet épisode que Dumas a tiré Vingt ans après. Mais dans le récit de Courtilz, Milady ne reparut plus. Après ce voyage, Courtilz place deux autres missions, dont l'histoire n'a pas confirmé la réalité - l'une à Bordeaux : l'autre encore Outre-Manche. Toutes deux comptent au nombre des épisodes les plus amusants des Mémoires de d'Artagnan. La première mission n'avait de chances de réussir que si nul parmi les Ormistes - ainsi appelait-on les Frondeurs de Bordeaux - ne pouvait soupçonner qu'ils avaient parmi eux un émissaire du cardinal. Mazarin décida de le faire ermite. Encore que la barbe nécessaire au rôle déplût fort à sa maîtresse, il se laissa faire, non sans d'ailleurs rechigner et partit pour Bordeaux dans l'appareil d'une moine mendiant. Arrivé au camp des rebelles, il fut bien reçu et l'un de leurs chefs, un ancien boucher, voulut absolument l'enrôler parmi ses soldats. Le faux ermite récusa. Pourtant comme il voulait gagner ses bonnes grâces, il consentit à lui donner quelques leçons de stratégie. Ayant ainsi ses entrées partout, il en put profiter pour s'introduite auprès du secrétaire du prince de Conti et le charger de transmettre à son maître les ouvertures de Mazarin. Il crut d'abord impossible de rallier le prince. Celui-ci avait heureusement une maîtresse. Ce ne fut qu'un jeu pour d'Artagnan, handicapé cependant par son froc et sa barbe, d'entrer dans ses faveurs et d'y être aussi bien traité que le prince de Conti. Alors il ne perdit pas son temps et Ia persuada qu'il était avantageux pour elle de réconcilier le prince et le cardinal. Au service secret de Son Eminence... Mazarin et d'Artagnan. A peine est-il revenu de Bordeaux qu'il est envoyé en Angleterre où, s'il faut en croire l'incertain Courtilz de Sandras, le cardinal poursuivait une politique secrète : le mariage de sa nièce avec Charles II ou avec Richard Cromwell, cette alliance princière étant un précédent qui rendait possible le mariage de Louis XIV avec Marie Mancini. Mais pour décider entre le fils du lord protecteur et le fils du roi détrôné, il avait besoin de savoir si le pouvoir du premier était solidement assis, et si les Anglais l'aimaient ou le haïssaient. D'Artagnan était donc en somme chargé de faire une enquête sur l'état d'esprit politique des Anglais. Aussitôt arrivé à Londres, d'Artagnan fut conquis par la surprenante beauté d'une dame anglaise, qui n'était autre que la maîtresse de l'ambassadeur de France. Il n'hésita pas, pour se rapprocher de sa conquête, à se faire embaucher chez elle comme cuisinier. A en croire Courtilz, notre mousquetaire fit grandement apprécier à Londres la cuisine française, et la maîtresse de l'ambassadeur trouva à son soupirant de grands attraits. Mais l'ambassadeur qui avait sa police, s'aperçut vite qu'il avait affaire à un faux cuisinier bien qu'il en eût lui aussi apprécié l'art. Croyant qu'il venait pour attenter à sa vie, il le fit saisir, embarquer pour la France sans désemparer et diriger sur la Bastille. Il eût risqué d'y jouer le rôle d'un de ces oubliés qui, sans que personne sût finalement pourquoi, séjournaient dans les prisons d'Etat de l'Ancien régime. Heureusement pour lui, Mazarin s'inquiéta du sort de son agent secret mystérieusement escamoté; il s'informa donc, découvrit la retraite forcée de d'Artagnan, et le fit enfin élargir. Tout cela est pure invention, Charles Samaran l'a parfaitement montré. Il a montré également que Courtilz de Sandras attribue à d'Artagnan (Charles de Batz de Castelmore), des missions qui furent en réalité remplies l'une par Isaac de Batz de Castelmore, sans doute son parent, l'autre par un père d'Artagnan, jésuite de son état... Mais n'est-il pas possible que notre mousquetaire agent secret du cardinal ne se soit déguisé en père jésuite? et dans ce cas cette transformation imprévue n'a-t-elle pas suggéré à Courtilz l'épisode du faux ermite? D'Artagnan et les Trois mouquetaires. L'arrestation de Fouquet. D'Artagnan avait été un des hommes-liges de Mazarin en même temps que de Colbert, le rival de Fouquet; Colbert le connaissait bien et, tout en le qualifiant de « créature de Mazarin », le savait homme d'expédition et fort dévoué au roi. Quand Louis XlV ne se serait pas souvenu que Guitaut, le capitaine des gardes de la reine, sa mère, avait mis en état d'arrestation les princes, le 8 janvier 1650, Colbert n'aurait pas manqué de désigner pour une affaire d'importance comme celle de la prise de Fouquet, un serviteur fidèle, un officier ferme autant que l'était d'Artagnan, le sous-lieutenant alors de cette compagnie de mousquetaires, dont il avait sut conquérir l'affection depuis deux ans qu'il vivait avec elle. Et c'est donc bien à d'Artagnan que Colbert confia tout naturellement la mission d'arrêter le surintendant. Le mousquetaire, accompagné de quelques hommes (parmi lesquels ne figurent pas les Trois qu'on aurait attendu...) se saisit donc du surintendant comme il sortait du château de Nantes où se tenait le conseil royal. Fouquet était entouré d'une foule de partisans. Aussitôt, note finement le mousquetaire sous la plume de Courtilz de Sandras, cette foule de courtisans disparut, sans qu'il en restât un seul, pour le plaindre ou le consoler de sa disgrâce. D'Artagnan conduisit son prisonnier à Angers, puis au donjon de Vincennes, enfin à la Bastille. Il y resta trois ans, et les prétendues mémoires nous donnent de forts intéressants détails sur les occupations de Fouquet dans sa prison et les stratagèmes dont se servaient ses amis dont était Mme de Sévigné pour communiquer avec lui. Le mariage de d'Artagnan. A en croire son pseudo-mémorialiste, d'Artagnan aurait pris cet acte avec une extrême légéreté, qui était d'ailleurs coutumière chez les grands seigneurs du temps. « J'étais marié, comme les autres; si c'est une folie de se marier (pour mon compte, j'estime que c'en est une, et même une très grande), au moins est-il permis de s'y risquer une fois. J'avais épousé une femme extrêmement jalouse, et qui me désolait à un point que, si j'allais quelque part, elle mettait mille espions à mes trousses. C'était assez mal passer son temps, et pour elle et pour moi. »Cette réflexion est parfaitement justifiée si l'on considère le d'Artagnan de Courtilz de Sandras. A en croire celui-ci, il aurait été un véritable don Juan, dans la vie duquel les aventures amoureuses auraient tenu autant de place au moins que les aventures politiques et guerrières, et qui aurait souvent mêlé les unes et les autres. En fut-il vraiment ainsi? Peut-être sommes-nous déjà là dans le roman. Au moins sait-on que son épouse finit par s'éloigner de lui, et obtint le régime de la séparation des biens pour leur mariage. Avait-il des dettes dès cette époque? on sait qu'il en laissera après sa mort. D'Artagnan, capitaine-lieutenant des mousquetaires. C'est à titre de capitaine des mousquetaires que d'Artagnan prit part avec le grade de brigadier de cavalerie, à la campagne de 1667 dans les Flandres. II fit partie de l'armée de Turenne, qui assiégea et prit Lille, et fut nommé gouverneur de cette place Il s'y trouvait encore en 1672 lorsque éclata la guerre de Hollande. Il restait d'ailleurs toujours l'homme de confiance du roi. Il avait arrêté Fouquet. il arrêta Lauzun lorsque les prétentions du séducteur professionnel à la main de La Grande Mademoiselle lui eurent attiré la colère du roi. Il le conduisit à Pignerol et gagna, ce faisant, sa sympathie. La mort de d'Artagnan. « Au commencement de l'été 1673, écrit Courtilz, Sa majesté se vit en état de poursuivre ses conquêtes contre les Hollandais et de faire repentir les Espagnols de s'être déclarés contre lui. Il augmenta ses troupes de plusieurs régiments nouveaux, tant cavalerie qu'infanterie. Il fit travailler ses équipages pour entrer en campagne, dès que la saison le permettrait. Je fus râvi de l'y suivre cette année-là, puisque le maréchal d'Humières m'avait mis en état, en venant reprendre sa place, de faire ma charge comme auparavant. Le roi partit de Paris le 1er mai, et nous marchâmes à Maastricht, qu'il avait résolu d'attaquer.Ici encore, le pseudo-mémorialiste est d'accord avec la vérité historique; d'Artagnan mourut même glorieusement, à la tête de sa compagnie qui, entraînée par son éclatante bravoure avait emporté l'une des plus fortes redoutes de la place. On Ie trouva, en avant de l'ouvrage, tué raide, la gorge traversée par une balle de mousquet. Dumas et Maquet, abusant un peu du privilège qu'ont les romanciers de modifier la biographie des hommes qui appartiennent à l'histoire, ont supposé (voyez la fin du Vicomte de Bragelonne) que d'Artagnan commandait un corps d'armée devant Maastricht et que, sur le champ de bataille, un peu avant l'action à laquelle il prit part, il reçut une lettre de Colbert, par laquelle le ministre lui annonçait que le roi venait de le nommer maréchal de France. Le roi n'avait pas besoin de le plume de Colbert pour faire connaître au capitaine de ses mousquetaires sa résolution au sujet d'une si grande récompense; Louis XIV commandait en personne devant Maastricht, et il aurait pu dire à M. d'Artagnan : « Monsieur, je vous fais maréchal »; mais il n'eut pas à le lui dire. D'Artagnan n'était pas encore lieutenant-général; il avait seulement le grade de maréchal des camps et armées du Roi. Quincy, dans son Histoire militaire du règne de Louis le Grand (in-4°, 1726), raconte la mort de d'Artagnan (t. Ier, p. 352) ; il dit : « Pendant qu'on travaillait à la descente du fossé, le Roy commanda pour cette action ses mousquetaires, qu'il fit soutenir par un détachement de divers corps, le tout sous les ordres de M. de Montmouth, fils naturel du Roy d'Angleterre et lieutenant général de jour. M. d'Artagnan étoit à la tête : tout plia si fort devant lui qu'en moins d'une demi-heure il se vit maître de l'ouvrage. »Mais les assiégés reprirent l'avantage par un effort extrême. « M. d'Artagnan y fut tué, ajoute Quincy, après avoir donné des marques d'un grand courage. »La Gazette de France, dans un récit circonstancié du siège de Maastricht, s'exprime ainsi en ce qui touche l'attaque de la demi-lune : « Le duc de Montmouth sortit de dessus la tranchée, l'épée à la main, suivi du sieur d'Artagnan à la tête des mousquetaires de la première compagnie [...]. On ne put s'empêcher de perdre beaucoup de nos braves, entre lesquels estoit le sieur d'Artagnan qui fut tué d'un coup de mousquet, de quoy Se Majesté témoigna estre sensiblement touchée pour sa valeur et la confiance qu'elle avoit en lui. »Le Mercure galant, parlant de l'affaire du 25 juin 1673, à propos de la mort de Charles d'Artagnan, dit : « Quoique M. La Feuillade et M. d'Artagnan ne fussent pas de jour [le premier comme lieutenant général, le second comme maréchal de camp], ils voulurent partager les dangers que couroit ce prince [le duc de Montmouth]. Ce fut dans cette occasion que M. d'Artagnan fut tué. »Le rédacteur du Mercure ajoute que les balles pleuvaient à ce point sur les assaillants que plusieurs mousquetaires, accourus pour relever leur capitaine, tombèrent blessés ou morts à côté de lui. D'Artagnan inspira de nombreux panégyristes dont l'un l'honora de ce beau vers : D'Artagnan et la gloire ont le même cercueil. D'Artagnan, l'éternel mousquetaire. Les fils de d'Artagnan. "Ce mesme jour et an que dessus (3e mars 1674), fut baptisé sous condition et par l'ordre du Roy, en la chapelle de son Louure (sic) à Versailles, en présence de nous, curé dudict lieu, soubzsigné, par Messire Benigne Bossuet, précepteur de Monsieur le Dauphin, euesque de Condom, Louis, fils de deffunct Messire Charles de Castelmore Dartagnan (sic) en son vivant lieutenant de la première compagnie des mousquetaires du Roy et de dame Anne Charlotte de Chanlecy, ses père et mère, qui eut pour parrain qui lui donna le nom, Louis Quatorze de Bourbon, Roy de France et de Navarre, et pour marraine Marie Terese d'autriche, Reine de France et de Navarre. [...] Ce jeudy cinquiesme auril audict an fut baptisé sous condition et par l'ordre du Roy, en la chapelle de son Louvre audict Versailles, en présence de nous, curé dudict lieu, soubzsigné, par Messire Jacques Bénigne Bossuet, précepteur de Monsieur le Dauphin, evesque de Condom, Louis, fils de deffnuct Messire Charles de Castelmore Dartagnan, en son vinant lieutenant de la première compagnie des mousquetaires du Roy, et de dame Anne Charlotte de Chanlecy, ses père et mère, qui éut pour parrain qui luy donna le nom, Louis de Bourbon, Dauphin de France, et pour marraine Mademoiselle Marie-Louise de Bourbon, princesse de Dombes et de Montpensier, lesquelz tous ont signé : Louis, Anne-Marie-Louise d'Orléans, J. Bénigne, eu. de Condom, C. Langloys."On voit que le curé de Saint-Julien oublia deux choses capitales qu'on n'oubliait guère, à cette époque, dans les sacristies des églises de Paris, l'âge des enfants baptisés, et le nom de la paroisse sur laquelle vivait madame de Castelmore d'Artagnan. (A. Jal / L. Abensour). |
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