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Louis de Bourbon, comte, puis (1539) duc de Montpensier, né le 10 juin 1513, mort le 23 septembre 1582. Fils d'une soeur du connétable de Bourbon, il dut à cette parenté compromettante de n'avoir que des emplois secondaires ou des honneurs de cour durant les règnes de François Il, et de Henri II. François Il lui confia le gouvernement des provinces de Touraine et du Maine (1561), qu'il échangea sous Charles IX contre celui du Dauphiné (1564). C'est avec la troisième guerre civile que commence réellement sa carrière militaire (commandement de l'avant-garde du duc d'Anjou en 1569, d'une partie de l'armée qui assiégea La Rochelle en 1573, des forces envoyées dans le Poitou en 1574), du reste sans grand éclat, quoique avec une très vive ardeur pour le service du roi et de la religion catholique. Par malheur, il confondit constamment la fermeté avec la cruauté. En réduisant même à la moindre créance les bruits fâcheux rapportés par Brantôme sur son compte, en considérant comme un fait accidentel, non comme une habitude de sa part, certain manquement à la foi jurée envers un capitaine huguenot qu'il aurait reçu à composition et fait pendre le moment d'après; en hésitant à lui imputer définitivement la maxime : « On n'est point obligé da tenir parole à un hérétique »;en révoquant surtout en doute qu'un prince de sa famille ait jamais imaginé d'ériger le viol en supplice légal pour les protestantes qui tomberaient entre ses mains, les voix accusatrices s'élèvent contre sa mémoire avec une intensité révélatrice de bien des scènes d'horreur. Le pis est qu'il se vantait volontiers de prendre son aïeul saint Louis pour modèle. Au moins l'imita-t-il en « probité de moeurs ». Il semble toutefois s'être exagéré tant soit peu ses devoirs de respect posthume à l'égard de sa femme, Jacqueline de Longwie, morte en 1561. L'étendue de ses scrupules est prouvée mieux encore par l'étrange épreuve à l'aide de laquelle, après neuf ans de veuvage et préalablement à son remariage (4 février 1561) avec Catherine de Lorraine-Guise, il tint à se convaincre de ses aptitudes à rendre heureuse sa nouvelle compagne. Nonobstant de si favorables augures, cette seconde union ne lui donna pas de postérité. De la précédente, il en avait eu cinq enfants, dont un fils, François, qui perpétua le nom; l'une de ses filles fut Charlotte, abbesse de Jouarre, puis troisième femme de Guillaume le Taciturne, prince d'Orange. (Léon Marlet). | ||
Montpensier (Catherine-Marie de Lorraine, duchesse de), était fille du duc François de Guise, et naquit en 1552. Mariée très jeune à Louis II, duc de Montpensier, elle embrassa avec exaltation la cause de la Ligue. Elle fut accusée, sans aucune preuve, de complicité dans l'assassinat de Henri III, parce qu'en apprenant la mort de ce prince, meurtrier de ses deux frères, elle parcourut les rues de Paris en carrosse, criant à haute voix : Bonne nouvelle, le tyran est mort! Elle mourut en 1596. | ||
Anne-Marie-Louise d'Orléans, duchesse de Montpensier, dite Mademoiselle ou la Grande-Mademoiselle, est née à Paris le 29 mai 1627 et est morte à Paris le 5 avril 1693. Elle était fille de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII, et de sa première femme, Marie de Bourbon-Montpensier, dernière descendante de cette branche de la maison royale. Par sa mère, morte cinq jours après sa naissance, elle se trouva la princesse la plus riche de l'Europe, comtesse d'Eu, princesse de Dombes, etc., avec un revenu de plus de 500.000 livres. Cette fortune, jointe à son esprit romanesque et ambitieux, la fit aspirer aux plus hautes alliances. Le comte de Soissons, auquel son père la destinait, étant mort (6 juillet 1641), elle se flatta successivement d'épouser le cardinal-infant, gouverneur des Pays-Bas (1641); Philippe IV, l'empereur Ferdinand, devenus veufs (1644-1646); l'archiduc, frère de celui-ci, auquel même elle envoya un négociateur, le baron de Saujeon, que Mazarin fit emprisonner; le roi de Hongrie, fils de l'empereur; Condé lui-même, sans compter Louis XIV, qu'un mot dit en badinant par la reine lui faisait appeler son petit mari. Cependant, elle lâchait la proie pour l'ombre, en refusant (1646) le prince de Galles, plus tard Charles II. La duchesse de Montpensier (1627-1693), par Th. van Merlen. Lors de la première Fronde, elle accompagna la reine dans sa fuite à Saint-Germain (1er janvier 1649), puis au siège de Bordeaux (octobre 1650). Mais, après la prise d'armes du prince de Condé (septembre 1654), elle se mit à la tête d'une petite armée, pénétra de vive force dans Orléans, ayant à ses côtés Mmes de Fiesques et de Frontenac, ses aides de camp, et allait se réunir à Condé, lorsque celui-ci fut battu par Turenne à Bléneau (7 avril 1652). Rentrée à Paris, elle fit, lors du combat du faubourg Saint-Antoine (2 juillet), tirer le canon de la Bastille sur l'armée royale, pour protéger la retraite de Condé. « Ce coup de canon a tué son mari », disait Mazarin. Par son intervention courageuse, elle sauva la vie du prévôt des marchands Lefèvre, lors de l'émeute du 4. Le 20 octobre, elle était exilée avec son père. Ce fut la fin de son rôle politique. Rappelée à la cour en 1657, elle s'y prit d'une belle passion pour un cadet de Gascogne, Lauzun, et obtint d'abord du roi la permission de l'épouser (15 décembre 1670). Mais, le 18, le roi se rétractait, et, l'année suivante, Lauzun ayant été arrêté, elle n'obtint, dix ans plus tard, la liberté de celui-ci qu'en abandonnant au duc du Maine son comté d'Eu et sa principauté de Dombes (2 février 1681). Il est vraisemblable qu'un mariage secret l'unissait à Lauzun. Mais elle avait alors cinquante-quatre ans, et Lauzun était devenu aussi brutal qu'il avait été empressé et galant. La brouille se mit entre eux, et à son lit de mort elle refusa de le voir. Elle a laissé des Mémoires (1re édition, Amsterdam, 1729; 2e éd., Amsterdam, 1735), que, pour la première fois, Chéruel a publiés sur les manuscrits originaux (Paris, 1838, 4 vol. in-12); des portraits, édités par Segrais, sous ce titre : Divers portraits (Paris, 1659; réédités en 1659, 1663, et en Segrais par Ed. de Barthélemy), et deux romans à clef, Relation de l'Ile invisible, Histoire de la princesse de Paphlagonie (1659). Il existe d'elle des portraits gravés par Daret, par Theodoor van Merlen et par van Schuppen (1652), d'après de Sève; G. Vallet, d'après J. Nocret (1672); Vermeulen, d'après Rigaud (1691); N. de Poilly; P. Simon. (E. Asse). | ||
Antoine-Philippe d'Orléans, duc de Montpensier est né à Paris le 3 juillet 1775, mort à Salthill (Angleterre) le 18 mai 1807. Il était le second fils de Louis-Philippe-Joseph, duc d'Orléans, le régicide, et de L.M.-A. de Bourbon-Penthièvre, et fut tenu sur les fonts baptismaux (12 mai 1788) par le roi et la reine. Il naquit si chétif qu'à quatre ans il tétait encore. Elevé, comme ses autres frères et sa soeur, par Mme de Genlis, il embrassa les principes de la Révolution, entra comme sous-lieutenant dans le 14e dragons, dont son frère aîné était colonel, et combattit à Valmy, à Jemmapes (20 septembre, 6 novembre 1792). Nommé lieutenant-colonel adjudant général, il était passé à l'armée d'Italie, sous les ordres de Biron, lorsque, compris dans le décret rendu contre tous les Bourbons, il fut arrêté à Nice (8 avril 1793), et emprisonné au fort de Notre-Dame de la Garde, puis au fort Saint-Jean, avec son père, qui, le 23 octobre, fut ramené à Paris pour y mourir, son frère Beaujolais, sa tante la duchesse de Bourbon, et le prince de Conti. Une tentative d'évasion (18 novembre 1795), dans laquelle il se cassa la jambe, n'eut pas de succès. Il ne recouvra la liberté qu'après quarante-trois mois de détention (4 novembre 1796), et rejoignit son frère aîné aux Etats-Unis (février 1797). Les événements politiques d'Europe, le manque d'argent, y retinrent les trois frères jusqu'au commencement de 1800, où ils s'embarquèrent pour l'Angleterre, Il résida longtemps à Twickenham, et mourut d'une maladie de poitrine sans avoir été marié. Il fut enterré à Westminster. Il a laissé sur sa captivité des Mémoires (Paris, 1834, in-8). (E. Asse). | ||
Antoine Marie-Philippe-Louis d'Orléans, duc de Montpensier, prince français, infant d'Espagne, né à Neuilly le 31 juillet 1824, mort à San Lucar, près de Séville (Espagne) le 4 février 1890. Après avoir fait, comme ses frères, ses études au collège Henri IV, ce prince, cinquième fils du roi Louis-Philippe, entra dans l'armée comme lieutenant d'artillerie (1842), fit plusieurs campagnes en Afrique, fut nommé, au retour d'un voyage en Orient, maréchal de camp (1846) et épousa le 10 octobre 1846 l'infante Marie-Louise-Fernande, soeur de la reine d'Espagne Isabelle II. Obligé de quitter la France après la révolution de Février, il se rendit en Angleterre, puis en Hollande et finit par se fixer en Espagne, où, avec le titre d'infant, il obtint celui de capitaine-général (10 octobre 1839). Devenu suspect à Isabelle, il dut quitter ce pays et résigna ces honneurs avant la révolution de 1868, qui lui permit d'y rentrer et de chercher à se créer un parti. Le duc de Montpensier, qui aspirait visiblement à la couronne d'Espagne, ayant été violemment provoqué par D. Henri de Bourbon, duc de Séville, cousin et beau-frère de l'ex-reine Isabelle, se battit en duel avec ce prince et le tua au mois de mars 1870. Sa candidature au trône n'en fut pas mieux accueillie aux Cortès, ou elle ne réunit que vingt-sept suffrages. Exilé aux Baléares après l'avènement du roi Amédée de Savoie (février 1871), il fut élu aux Cortès quelques mois après. Puis, Amédée ayant abdiqué (1873), il se rallia au parti d'Alphonse XII, fils d'Isabelle, qui, devenu roi (1874), épousa sa fille, l'infante Maria de las Mercedes. Cette princesse mourut sans enfants en 1878. A partir de cette époque, le duc de Montpensier ne joua plus qu'un rôle politique insignifiant. Sa fille aînée, l'infante Marie-Isabelle-Francesca, née en 1848, a épousé en 1867 le comte de Paris. Quant à son fils, un seul lui a survécu, l'infant Antoine-Louis-Philippe-Marie, né en 1866 et marié en 1886 à l'infante Eulalie, soeur d'Alphonse XII. (A. D.). |
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