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1° 26' S, 5° 37 E | Annobon est une île d'Afrique. C'est l'île la plus méridionale du golfe de Guinée, et la plus éloignée du continent. Elle appartient à la Guinée Equatoriale. Longue de 6,5 km, large de 2,5 km, elle a une superficie de 14,3 km² et un périmètre de 21,4 km Au sud sont trois roches , auxquelles on a eu la bonne pensée d'attacher le nom des trois navigateurs portugais auxquels on doit la découverte de l'archipel de Guinée : Pero de Escobar, João de Santarem, et Fernão do Pô. Un autre îlot, plus voisin de la pointe sud, a reçu le nom d'Adam. Un autre encore, à moins d'un mille au nord-est, est appelé îlot aux Tortues. Orographie et climat. Quelques officiers anglais attachés à l'expédition hydrographique d'Owen, au début du XIXe siècle, en ayant tenté de gravir le pic septentrional, trouvèrent l'entreprise d'une extrême difficulté , et même dangereuse, le roc étant partout formé d'une lave cellulaire compacte , fendillée comme le serait une masse de schiste, et dans un état de décomposition causé probablement par l'action du soleil après de fortes pluies, ce qui le rendait si peu sûr, qu'il fallait examiner chaque fragment de rocher avant d'y poser le pied. Le sommet du pic offre une plate-forme étroite, d'une dizaine de mètres de longueur, sur laquelle le vent souffle avec une telle violence, qu'il menaça d'expulser nos voyageurs de la place qu'ils avaient eu tant de peine à atteindre. Deux croix de bois, qui y avaient jadis été plantées, étaient maintenant vermoulues; l'une renversée, l'autre bien près de l'être. La descente fut très périlleuse, et, sur un point, un fragment de rocher qui se détacha de la montagne risqua d'écraser toute la petite troupe. Au pied et au nord-ouest de la dernière cime , dans une sorte de cratère occupant le plan supérieur du vaste cône tronqué que forme la montagne, se trouve un petit lac d'environ trois quarts de mille de circuit; d'après son aspect et le rapport des guides, on l'aurait cru d'une énorme profondeur, tandis que la sonde démontra qu'il n'avait pas plus de trois mètres dans l'endroit où il y avait le plus d'eau, sur un fond d'argile dure et bleuâtre; les eaux en sont très douces; quelques personnes leur trouvaient une teinte rougeâtre, mais ce n'était là qu'une appréciation contestable, et le fait demeure problématique. Les vents réguliers qui soufflent à Annobon sont ceux du sud-est, dont la constance est seulement troublée par les tornades qui se font sentir de mars à septembre. La saison pluvieuse est en avril et mai, puis d'octobre à novembre. Saint-Mathieu. « L'île de Saint-Mathieu est à 2,5° au sud de la ligne : elle est haute et boisée; en y arrivant par le nord et se dirigeant à l'est-sud-est, on aperçoit, à la pointe de l'est deux îlots d'inégale grandeur dans l'alignement de ce cap; on ne passe point entre eux et l'île principale, parce qu'il ne se trouve dans le chenal qu'une brasse à une brasse et demie de fond. Dans l'ouest, auprès du cap de Saint-Mathieu. il y a quatre écueils qui de loin paraissent comme des voiles. Cette partie est très élevée et très montagneuse, et il y a de bonne eau. Entre les écueils et les deux flots est un bon mouillage sur fond de sable.Mais un autre narrateur rapporte que Loaysa , ses capitaines, et quelques autres personnes, furent très gravement incommodés pour avoir mangé d'un grand et beau poisson qu'on avait pêché dans le voisinage, et qu'il leur fallut longtemps pour se rétablir. Voilà le récit des gens mêmes de l'expédition; l'historien Herrera y ajoute une particularité notable : « Un Portugais qui était sur la flotte, dit-il, affirma que cette île avait été habitée par ses compatriotes, mais que les esclaves avaient tué leurs maîtres et tous les chrétiens : on trouva en effet beaucoup d'ossements humains, quelques pans de murs, et une grande croix de bois sur laquelle on lisait ces mots : « Pedro Fernandez est passé par ici l'an mil cinq cent quinze. »Antoine Galvam, dans son Traité des Découvertes antérieures à 1550, énonce un fait plus remarquable encore : le tronc des arbres était, à son dire, couvert d'inscriptions portugaises constatant que l'île avait été occupée 87 ans auparavant, ce qui remonterait à l'année 1438, date tout à fait inadmissible dans la série chronologique bien connue des navigations portugaises. Quoi qu'il en soit, l'estime que Loaysa avait faite de sa route lui avait fait placer l'île de Saint-Mathieu au sud-sud-est du cap des Palmes, et au sud-ouest de celui des Trois-Pointes, à 65 lieues (1 lieue nautique = 5555 m) du premier, et 113 lieues du second; et cette île était scrupuleusement inscrite sur les cartes marines. Mais depuis Loaysa aucun navigateur digne de confiance ne l'avait revue; le capitaine Archibald Dalzel en fit expressément la recherche en 1799 et en 1802, sans en découvrir vestige; et quelques décennies plus tard, tous les hydrographes s'accordaient à la rejeter de leurs routiers. Cependant, les journaux de l'expédition de Loaysa ne permettent pas de révoquer en doute l'existence de l'île où il relâcha du 20 octobre au 3 novembre 1525; l'île existait. Mais il ne faut pas oublier que les moyens d'observation et d'estime que possédaient alors les navigateurs étaient loin d'offrir le degré d'approximation des méthodes actuelles; qu'il y avait médiocrement à se fier aux latitudes, et qu'il se commettait sur les longitudes des erreurs énormes : là est la clef de l'existence de l'île Saint-Mathieu. Qu'on lise attentivement le journal de la navigation de Loaysa depuis son départ des Canaries le 14 août 1525, jusqu'à son arrivée devant Saint-Mathieu le 15 octobre suivant, on verra que, défalcation faite des détours qui se compensent, toute sa route se résume en une somme d'environ 15 journées au sud, 18 au sud -est, et 11 à l'est-sud-est; et que si l'on donne à la journée une valeur moyenne de 20 lieues, comme l'indiquent précisément ses premières observations de latitude, cette route conduira naturellement à l'île d'Annobon! Voilà la véritable Saint-Mathieu , haute et boisée, avec ses deux îlots d'inégale grandeur (l'île aux Tortues et la Roche du Passage), ses écueils, et son mouillage, au nord-est; avec ses oranges, ses cocos, ses tortues, ses oiseaux et ses poissons. Cette explication n'est pas une nouveauté : vers la fin du XVIIIe siècle, un officier qui se rendait au cap de Bonne-Espérance nous raconte qu'il se trouva, dans le golfe de Guinée, au sud de la ligne, en face d'une île haute, inconnue, qu'on supposait devoir être Saint-Mathieu ou Saint-Thomas (São Tomé) , et que l'on disputait chaudement à cet égard, les uns pariant pour Thomas, les autres pour Mathieu; enfin, le chef des insulaires étant monté à bord , on put s'en éclaircir : « Ceux d'entre nous, dit le narrateur, qui avaient parié pour Saint-Mathieu s'empressèrent de demander si ce n'était pas là son nom; l'interprète secoua la tête et les partisans de Saint-Thomas sautèrent de joie; mis après avoir fait la même question au Nègre pour leur saint, et reçu la même réponse, chacun éclata de rire, et il nous mit tous d'accord en nous apprenant que l'île se nommait Annobon. »Santa Cruz. Les cartes du XVIe siècle représentent, à deux cents lieues dans l'ouest de leur île imaginaire de Saint-Mathieu, une île, bien plus imaginaire encore, de Sainte-Croix, ou plutôt de Santa-Cruz, comme portent les cartes du cosmographe impérial Diego Ribero; il est digne de remarque que le nom de cette île est constamment écrit Santa-Croce ou Santa-Crosse, sous la forme italienne, dans toutes les cartes postérieures, aussi bien dans celles d'Ortélius ou de Mercator que dans celle de Ramusio. C'est là tout ce que nous savons de l'existence de cette île; et si nous cherchons à deviner par conjecture ce qui peut lui avoir jadis donné naissance, nous nous trouvons incertains entre deux hypothèses qui ne se recommandent particulièrement ni l'une ni l'autre par quelque lumineux aperçu. Dans un temps ou, pour le vulgaire, toute terre nouvelle était une île; quand Pedro-Alvarez Cabral, allant aux Indes orientales, eut touché au cap Saint-Augustin du Brésil, dont il ignorait la découverte antérieure par Vincent Pinzon et Amérigo Vespucci, et lui eut donné le nom de terre de la Sainte-Croix; peut-être les cosmographes qui s'évertuaient à inscrire sur leurs mappemondes toutes les terres signalées par les voyageurs trouvèrent-ils, dans une vague indication de celle-ci, un motif suffisant de pointer, dans l'ouest de la route commune des Indes, leur île de la Sainte-Croix; ou bien encore, la grande croix de bois trouvée par Loaysa dans l'île prétendue de Saint-Mathieu, et signalée peut-être déjà par Pierre Fernandez qui l'avait élevée, a-t-elle plutôt été l'objet de quelque vague notion qui se sera traduite graphiquement par le tracé de l'île fantastique de Santa-Cruz. Quoi qu'il en soit de l'origine de cette île prétendue, toujours est-il qu'entre toutes celles que la critique géographique a successivement anéanties, elle a disparu la première, et s'est comme évanouie d'elle-même (Les îles fantastiques). (D'Avezac). |
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