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Le Sphinx gazé
Macroglossa bombyliformis
Le Sphinx gazé (Macroglossa bombyliformis) est un papillon hétéroneure ditrysien, qui appartient au groupe des Sphinges. On le range dans la famille des Sphingides. 
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Sphinx gazé - Macroglossa bombyliformis.
Sphinx gazé - Macroglossa bombyliformis.

Il existe une grande confusion entre le papillon que nous représentons sur notre planche et une espèce très voisine. Cette dernière est un peu plus petite que la nôtre, avec des ailes plus arrondies, bordées d'une marge sombre plus étroite. Cette marge est, de plus, d'un vert noirâtre, au lieu d'être brun rouge. La bande pourpre qui traverse le corps est aussi plus foncée et plus terne, et les deux segments qui suivent sont jaune ocre plutôt que vert. En outre, la chenille de notre Sphingide se trouve presque toujours sur les lonicéras et reste immobile, mais très visible, toute la journée; l'autre espèce vit sur les scabieuses et les lychnis et se cache à terre pendant le jour. 

Tout ceci est simple : or, tandis que dans certains ouvrages traitant des Lépidoptères, l'espèce que nous étudions ici est appelée « Bombyliformis » (le Sphinx gazé), et la seconde « fuciformis » (le Sphinx bourdon), d'autres livres emploient les mêmes noms, mais avec une attribution inverse. D'après d'autres auteurs encore, la deuxième se nomme tityus (L.) ou scabiosae (Z.) (le Sphinx des scabieuses), tandis que la nôtre porte les deux noms de Bombyliformis ou Fuciformis. Enfin Vorbrodt sépare ces deux espèces de celle que nous venons d'étudier, le Macroglossa stellatarum et les place dans un genre à part appelé Haemorrhagia ou Hemaris. 

Celui qui est représenté ici, et dont la chenille mange des chèvrefeuilles, et fuciformis l'espèce à bords d'ailes noirâtres dont la larve mange de la scabieuse.

Visitons la lisière buissonneuse d'une forêt en juin ou au commencement de juillet, ou en août-septembre; et, bien qu'on affirme que la chenille de notre papillon mange aussi du sureau rouge et du gaillet jaune, voire même, à la montagne, de la grande gentiane, examinons plutôt les diverses espèces de lonicéras qui croissent chez nous. 

Penchons-nous bien, et avec un peu de patience, nous découvrirons certainement sous les feuilles ou sous les ramilles horizontales, de belles chenilles d'un vert vif qui se tiennent de la même façon que celles du Sphinx du troène, c'est-à-dire fixées au support par les trois ou quatre dernières paires de pattes seulement, alors que tout l'avant du corps pend dans le vide, en suivant une jolie courbe. 

L'insecte expose en pleine lumière une bonne partie de sa face ventrale, qui est parcourue dans toute sa longueur par un large ruban brun rouge foncé, ou pourpre violet. Cette teinte, nettement délimitée, fait un effet splendide à côté du vert jaune brillant des flancs. Sur ceux-ci se dessinent des stigmates rouge clair ou orangé, ou bien blancs cerclés de noir. Le dos, presque blanchâtre, est bordé, de chaque côté, par une ligne jaune et parcouru en son milieu d'un trait sombre. 

La tête est d'un vert plus foncé que le corps, plus bleuâtre, et, sur l'arrière-train de la bestiole, s'élève une corne arquée, brun rose, ou rougeâtre. Le corps entier, sauf la face ventrale, est recouvert de petites granulations blanchâtres et régulières. 

Lorsqu'elle atteint son complet développement, notre chenille mesure de 4,5 à 5 centimètres de long. A cet âge, elle se tient sous les branches, mais lorsqu'elle est plus jeune, elle se cramponne, dans la même position, à la nervure médiane des feuilles, sous celles-ci. Il n'est pas difficile de la découvrir car les feuilles rongées trahissent sa présence, et, de plus, il est rare qu'on n'en trouve pas trois ou quatre exemplaires sur le même buisson. 

A la fin de juin ou en juillet, elle devient d'un brun vineux sombre et descend sur le sol où, après avoir un peu erré, elle se tisse un cocon informe entre des feuilles, ou des grains de terre. 

Elle se transforme en une chrysalide brun noirâtre, avec la commissure des segments brun rouge. Au bout de deux à six semaines, ou après l'hivernage, en mai ou juin, on a des chances de découvrir, un beau matin, le papillon venant de sortir de sa dépouille et cherchant un lieu propice au développement de ses ailes. Il lui faut beaucoup de temps pour cela, souvent près d'un quart d'heure; mais une fois que les ailes ont commencé à croître, elles grandissent vite et atteignent leur taille définitive en vingt minutes. Elles pendent verticalement, rapprochées les unes des autres, dans la pose de celles des Papillons de jour. 

Une heure environ après, le papillon les écarte et les place, ainsi qu'il le fera toujours désormais pendant ses moments de repos, dans la position que représente notre figure. L'insecte est donc tout prêt. Sur les côtés de son thorax de velours vert, à reflets dorés, se trouvent deux touffes de poils appelées par « ptérygodes », et qui protègent la base des ailes, comme les plumes scapulaires des oiseaux. Le milieu de l'aile est d'un gris violacé, brunâtre ou noirâtre. Mais lorsque le Sphinx gazé s'envole et fait battre ses ailes, comme un vrai Sphinx, les écailles délicates de cette zone médiane qui ont supporté on ne sait comment la sortie de la chrysalide et du cocon, tombent de suite, et bientôt il n'en reste plus trace. Toute cette partie de l'aile devient transparente, ce qui a valu son nom de « gazé» à notre insecte. En même temps, sur cette même surface, apparaissent de merveilleux reflets roses, violets et dorés qui étaient cachés auparavant par les écailles.

Le papillon varie entre 4,3 et 4,9 centimètres d'envergure. En mai et au commencement de juin, puis à la fin de juillet et en août, on le voit voler très vite, en plein soleil, comme le Moro-Sphinx, attiré spécialement par les lilas et la sauge des prairies, mais aussi, dans les jardins, par les verveines et les phlox. Il est beaucoup plus rare que le stellatarum, bien que sa chenille se trouve assez facilement.

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