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Musiques et danses > La danse |
La danse de société Danses de salon et de bal |
Les bals de cérémonie de l'Ancien régimeLes bals de cérémonie de l'Ancien régime étaient réglés dans le plus minutieux détail comme tout ce qui concernait l'étiquette. Au commencement, tout le monde était assis, les dames devant, les cavaliers derrière. A l'ouverture du bal, le roi se levait, tous à sa suite; il se rendait au point où devait s'ouvrir le bal et dansait avec la reine ou une princesse du sang. Tant qu'il dansait, tous se tenaient debout, l'oeil fixé sur lui; quand il se rasseyait, on pouvait en faire autant. Un prince, le premier dans la hiérarchie, venait alors, saluait le roi, la reine et dansait avec celle-ci.La première danse était d'habitude un branle, puis venaient une courante, une gavotte, enfin le menuet qui était la pièce de résistance. Après chaque danse, les personnes qui venaient de s'y adonner restaient debout un moment et saluaient celles qui devaient danser ensuite, les y invitant en quelque sorte. Le cavalier n'allait pas chercher sa dame, mais l'attendait; il ne la reconduisait que de quelques pas. Un bal de cérémonie ne se donnait pas sans qu'il eût là au moins un maître de danse pour en surveiller l'ordonnance et veiller à ce qu'aucune faute ne fût commise ou du moins à ce que le danseur averti pût la réparer aussitôt. Cet usage s'était généralisé pour d'autres bals qu'on désignait sous le nom de bals parés. On appelait bal réglé un bal où des personnes de noblesse ou de la haute société reproduisaient l'étiquette des bals de cérémonie de la cour; on désignait un roi et une reine du bal qui l'ouvraient solennellement; après la première danse, le cavalier priait sa dame de lui dire avec qui il devait continuer; il invitait la dame ainsi désignée, lui désignait à son tour un cavalier et ainsi de suite; quand tous avaient dansé, le premier couple recommençait. La personne invitée ne devait pas remercier, mais seulement se rendre à la place où s'engageait la danse et, si elle ne savait pas l'exécuter, faire du moins quelques révérences. Souvent ces bals étaient dirigés par un maître des cérémonies, muni d'une canne à pommeau d'or, qui désignait en les saluant le cavalier et la dame destinés à s'apparier. Son autorité était absolue. Une des danses préférées était la courante, dansée par douze couples. Lorsque paraissaient des masques, on leur faisait les honneurs du bal; ils dansaient tous l'un après l'autre, puis on reprenait la série au point où elle avait été interrompue. Excepté pour la courante et le branle, on ne laissait danser qu'un couple à la fois. La courante. Le cavalier, tenant son chapeau de la main gauche, offrait la droite à la dame et la conduisait au lieu où commençait la danse; tous deux faisaient la révérence aux assistants, puis l'un pour l'autre; le cavalier mettait son chapeau sur sa tête, sa main droite sur sa hanche où la dame avait placé la sienne, puis ils dansaient en combinant leurs mouvements. On se plaçait dans la cinquième position, le pied gauche en avant, ployant les jarrets; on décrivait une courbe avec le pied droit de manière à arriver à la première position, le corps dégagé sur le pied gauche, puis on tendait les genoux et on s'enlevait sur la pointe des pieds amenant le pied droit en avant à la quatrième position. Ces mouvements constituaient le pas grave ou temps de courante; on faisait coïncider les pliés avec le temps levé et les élevés avec la cadence de manière à ployer avant la mesure et à se dresser exactement au moment de la reprise de la mesure; on levait les bras en se dressant ou les abaissait en fléchissant. Dans une variante de cette danse, après le compliment, le cavalier quittait sa dame allant à gauche, elle à droite, puis tous deux se tournaient, marchaient parallèlement, se rencontraient au bout du salon et renouvelaient ce mouvement qui, malgré son apparente simplicité, ne pouvait être exécuté bien en mesure qu'après un apprentissage prolongé. La musique écrite sur la mesure six-quatre était très bien cadencée.
La gavotte. Au XVIIe siècle, la gavotte devint une danse scénique et fut introduite dans les opéras et figura dans les suites et les sonates. A peu près oubliée au XVIIIe siècle, elle reparut sous le premier Empire à Paris comme danse de société; les maîtres de danse en firent un pas de deux comprenant treize variations, après un prélude et une conclusion formés d'une révérence de menuet de huit mesures. Le quadrille Contredanse. Le quadrille est une danse composée d'un ensemble de figures dérivées des anciennes contredanses, et où les danseurs sont formés en groupes de quatre, en deux couples. Cette transformation d'anciens pas et cette fixation eurent lieu vers la fin du XVIIIe s. Mozart a écrit à Vienne, vers 1784, deux Quadrilles pour orchestre composés chacun d'un menuet et un allegro, les menuets de huit mesures seulement. Köchel lui en attribue encore d'autres. Tel qu'il a été fixé vers 1800, le quadrille comportait quatre figures le pas d'été, ou simplement été, la poule, la pastourelle, le pantalon. Au premier quart du XIXe s., le quadrille moderne se compose définitivement de cinq figures : pantalon, été, poule, pastourelle, finale, alternativement écrits sur des mouvements plutôt vifs, en 6/8 et 2/4. Diverses variétés de quadrilles ont été imaginées. Celui dit des Lanciers, inventé à Dublin en 1818 par un professeur français de danse, Duval, à l'imitation d'autres figures anglaises, remanié et fixé en 1856, a reçu en Allemagne pendant quelque temps le nom de Quadrille de la Cour. Les autres danses anciennesMalgré leur variété et les combinaisons nouvelles inventées par les maîtres de danse comme les quadrilles du Prince impérial, des Variétés parisiennes, des Menus-Plaisirs, etc., toutes ces formes de la contredanse ne pourraient suffire à composer un programme de bal; il y faut une plus grande variété de pas et d'airs musicaux. Le vide laissé par la disposition des anciennes danses de société françaises a été comblé par les danses giratoires empruntées à l'Allemagne. Par là s'est consommée la division profonde à la fin du XIXe siècle entre les danses de société et les danses scéniques. Les ballets sont d'ailleurs, à cette époque, en décadence malgré le talent déployé par des danseuses comme Marie Taglioni, Fanny et Thérèse Elsler, Carlotta Grisi, Fanny Cerrito , etc. Cette forme de la chorégraphie en est revenue trop souvent aux tours de force, leur sacrifiant les belles poses.La valse. Celle-ci fut mise à la mode en 1787 par l'opéra de Vincent Martin, Una Cosa rara, qui l'emporta à Vienne sur le Figaro de Mozart. La première forme de la musique de valse qui comportait deux parties de huit mesures, fut modifiée comme le caractère de la danse par Weber dont la fameuse Invitation, écrite en 1819, marque une révolution dans la musique chorégraphique : le mouvement de la valse tourbillonnante supplanta l'ancien. Strauss la porta à sa perfection. La valse, telle qu'on la joue et la danse depuis Weber, est d'un caractère absolument différent des danses classiques françaises que nous avons étudiées jusqu'à présent. Dans celles-ci nous avons toujours vu les pas exécutés selon des figures déterminées par un couple ou par plusieurs, le cavalier restant très séparé de sa dame, lui donnant à peine la main. Au XIXe siècle, on en revint au contraire aux danses populaires et l'on adopta celles de l'Allemagne, ces danses tournées où danseur et danseuse étroitement enlacés continuent ou accélèrent leur mouvement jusqu'au vertige. Dès la fin du règne de Louis XIV, on avait introduit l'allemande avec tours, forme primitive de la valse, qui reproduisait d'ailleurs d'anciennes danses françaises au point qu'on a soutenu que le rythme et le nom même de la valse avaient passé de France en Allemagne. Bal à la cour de François-Joseph Ier, à Vienne, par Wilhelm Gause, ca. 1900. Quoi qu'il en soit, c'est en Alsace que la France les reprit au temps de Louis XIV. La musique de l'allemande avec tours était sur la mesure deux-deux (plus tard seulement trois-quatre) et le pas se décomposait en trois « pas marchés » ou plutôt glissés; les danseurs étaient accouplés, ou groupés quatre par quatre; toute la danse était glissée, alternativement en avant et en arrière. Très élégante et très gracieuse, l'allemande avec tours était d'une exécution difficile à cause surtout des poses des bras. Au début du premier Empire cette danse eut un regain de vogue extraordinaire. C'est alors aussi que les galop fut amené d'Allemagne et définitivement acclimaté en France. La valse s'y introduisit aussi et finit par régner dans les bals. A la valse dite allemande ou à trois temps s'ajouta la valse russe ou sauteuse à deux temps (bien que la musique se joue à trois temps). Nous en reproduisons le règles d'après la description donnée par Lemaître dans le Manuel Roret. La valse à trois temps se compose de deux pas; ils complètent le demi-tour de valse, qui se fait en une mesure, et, répétés dans la seconde mesure, ils forment un tour entier de valse. Ces pas diffèrent l'un de l'autre, quoiqu'ils soient pour ainsi dire entrelacés, de manière à empêcher les pieds de l'un des valseurs de heurter les pieds de l'autre. Ainsi, pendant qu'un cavalier fait un pas, la dame en fait un autre et les tours de valse s'exécutent ainsi de suite sans interruption. Pour exécuter le pas de la valse à trois temps, le cavalier avance le pied gauche devant la dame (1er temps), ramène le pied droit derrière le pied gauche (2e temps), puis, se soulevant légèrement sur les pointes, passe le pied gauche devant le pied droit en troisième position (3e temps). La dame, de son coté, avance le pied droit, ramène le pied gauche et le passe devant le pied droit en se soulevant un peu sur les pointes. Les deux danseurs ont ainsi fait un demi-tour de valse en trois temps ou une mesure. En répétant ce mouvement pendant l'autre mesure, le couple se trouve avoir exécuté un tour entier de valse. On peut voir par ces détails que cette valse ne se compose que de deux pas principaux, le troisième servant de préparation à la mesure suivante. Ainsi, lorsque l'un des deux valseurs avance le pied droit pour commencer le premier pas décrit ci-dessus, l'autre valseur porte en même temps le pied gauche en arrière pour commencer l'autre pas, laissant au premier la facilité d'avancer le pied; tous les deux exécutent alors un demi-tour, puis l'on répète le pas que l'autre vient d'exécuter dans le second demi-tour, pour achever le tour de valse. Pour commencer la valse, le cavalier doit passer son bras droit autour de la taille de la dame et lui soutenir la main droite dans la main gauche à la hauteur de la ceinture, le bras gauche de la dame étant appuyé sur l'épaule de son cavalier. Lorsque les deux danseurs sont en place, la dame à la droite de son cavalier, celui-ci part du pied gauche en tournant devant sa danseuse; la dame exécute le mouvement inverse et la valse est engagée. Quelques danseurs ont l'habitude de faire précéder le départ d'une préparation qui consiste à balancer légèrement sur le 3e et le 4e temps de la mesure. Pour bien valser, tous les temps doivent être exactement marqués. Les deux danseurs doivent faire attention à ce que chaque demi-tour soit nettement et complètement exécuté, de manière qu'en le terminant ils se trouvent toujours du côté opposé à celui où ils étaient placés en partant. S'il en était autrement, les valseurs se jetteraient infailliblement les uns sur les autres, ou sur ceux qui sont au milieu de la salle, ce qui arrive souvent lorsqu'il se trouve de mauvais danseurs dans la société, et ce cas est en France de beaucoup le plus fréquent. Dans la valse à deux temps, le pas se compose simplement d'un glisse et d'un chassé (deux mouvements); néanmoins elle se danse sur une mesure à trois temps, quoique d'un mouvement plus précipité que pour la valse à trois temps. Ce serait une erreur de croire que, chaque mesure de la valse contenant trois temps, les danseurs doivent exécuter trois tours en deux mesures. Le glissé se fait plus lentement que le chassé, le premier durant deux temps, tandis que le second ne dure qu'un temps. Cette valse est donc réellement à trois temps et devrait plutôt s'appeler à deux mouvements, mais la locution vicieuse a prévalu. D'après ce qui précède, il nous sera facile d'expliquer le pas de cette valse. Le cavalier, placé un peu plus sur le côté de sa dame que pour la valse à trois temps et légèrement courbé sur son épaule, glisse le pied gauche en allongeant un peu la jambe, pour que, le pied droit venant à chasser le pied gauche et à prendre sa place, le danseur se trouve avoir exécuté un demi-tour de valse. La dame, de son côté, glisse du pied droit et chasse du pied gauche. Ce même pas étant exécuté à la mesure suivante, les deux danseurs se trouvent avoir exécuté un tour entier de valse. Les valses à deux ou à trois temps se dansent ordinairement en avant, le cavalier partant du pied gauche et la dame du pied droit. Mais les danseurs qui ne redoutent pas la difficulté peuvent les valser à droite ou à gauche, en avant ou en arrière, et même sur place, si un obstacle se présente ou s'ils préfèrent ne pas toujours tourner dans le même sens. La polka. La polka se danse à deux temps, mais on décompose le pas en quatre mouvements. D'ordinaire, on la danse en tournant en avant, le cavalier de gauche à droite et la dame de droite à gauche ; mais souvent on intervertit le sens, ne fut-ce que pour éviter l'étourdissement, ou encore on prend un mouvement rétrograde. Voici comment le pas se décompose pour le cavalier : Il lève le pied gauche derrière la cheville du pied droit, saute légèrement sur le pied droit et glisse le pied gauche en avant (1er mouvement) ; puis il ramène le pied droit derrière le pied gauche (2e mouvement); il glisse le pied gauche en avant (3e mouvement) ; enfin, il ramène le pied droit derrière la cheville du pied gauche (4e mouvement). Le cavalier exécute ainsi un demi-tour dans les trois premiers mouvements de la polka; le quatrième mouvement, comme le troisième de la valse, ne sert qu'à préparer le départ pour la seconde mesure. Cette fois, le cavalier, dont le pied droit se trouve placé derrière la cheville du pied gauche, saute légèrement sur le pied gauche en glissant le pied droit en avant (1er mouvement). il ramène le pied gauche derrière le pied droit (2e mouvement), il glisse le pied droit en avant (3e mouvement), puis il ramène le pied gauche derrière la cheville du pied droit (4e mouvement). Il se retrouve ainsi dans la position initiale, après avoir accompli un tour entier sur lui-même. La dame exécute le même pas que le cavalier, mais en sens inverse, c.-à-d. que, pendant qu'il part du pied gauche, elle part du pied droit et réciproquement. Elle suit la direction que lui donne son cavalier à droite, à gauche, en avant ou en arrière. Comme dans la valse et dans toutes les danses tournées, le cavalier passe son bras autour de la taille de sa danseuse, dont le bras gauche repose sur l'épaule du cavalier; en même temps, il lui soutient la main droite dans sa main gauche, à hauteur de la ceinture. La polka tremblante, appelée quelquefois à tort polka anglaise, est une danse populaire de Bohème; elle porte dans le pays le nom de trasdk. C'est le maître de danse Allarius qui l'introduisit à Paris où ses quatre pas de saut, son mouvement tournant de droite à gauche, ses conversions inattendues, la firent préférer à la vraie polka. Ce fut alors la danse vive par excellence, au point d'éclipser le galop à qui on avait pourtant donné une allure aussi rapide et désordonnée que faire se pouvait.
La schottisch On décompose la schottisch en deux parties. La première, qui se compose des deux premières mesures, s'exécute avec deux mesures de polka; la seconde, qui se compose des deux mesures suivantes, s'exécute en sautant deux fois alternativement sur chaque pied, ce que l'on nomme pas de sauteuse. Le cavalier part du pied gauche et la dame du pied droit. La schottisch se valse comme la polka, le cavalier et sa dame étant placés de même que pour cette danse. C'est principalement pendant les mesures de sauteuse que les deux danseurs tournent sur eux-mêmes le plus rapidement. La mazurka. La polka-mazurka. La polka-mazurka se valse ordinairement en avant, ou se danse en ligne droite, lorsque la place manque. Pour valser la polka-mazurka, les danseurs exécutent un tour entier en pivotant de gauche à droite pendant les 4e et 5e temps de la seconde mesure, de façon qu'ils se retrouvent au 6e temps dans la position initiale. La redowa. Le boston. Le cavalier pose sa main à plat dans le dos de la danseuse, et non plus autour de sa taille; il doit toujours la faire aller en avant. Le pas se compose de trois temps; il se fait à droite ou à gauche de l'une ou l'autre jambe, en avant ou en arrière. Pour le pas en avant (jambe droite) dans le 1er temps, on avance le pied droit en glissant (les deux pieds étant au moment du départ sur la même ligne); au 2e temps, on glisse sans secousses, le pied gauche en avant pour le porter à hauteur du pied droit; au 3e temps, on rapproche par un petit mouvement le talon droit du gauche, en maintenant les pieds peu ouverts. Vient alors le pas en arrière; ayant avancé d'un pas, il faut reculer d'un pas également, pour revenir à la première position et recommencer ensuite. Le pas en arrière s'exécute à l'inverse du précédent. Dans le 1er temps, on glisse le pied gauche en arrière; dans le 2e temps, on porte le pied droit en arrière, à hauteur du gauche; dans le 3e temps, on rapproche le talon gauche du talon droit. Les tours se font un peu différemment de ceux des autres danses, ainsi qu'il ressort des détails donnés sur le pas ; on ne tourne pas sur place, on se déplace en décrivant une sorte de carré dont on parcourt deux côtés en avant et deux en arrière. Le cancan. Le cotillon. Le cotillon a d'abord été une sorte de branle à 4 ou 8 personnes. On a donné ce nom, par la suite, à une danse polkée, mêlée de scènes mimiques et chorégraphiques, par laquelle on terminait souvent un bal. (A.-M. B. / M. Brenet). Danses modernes et contemporainesLa plupart des danses de société apparues au XXe siècle trouvent leur origine dans les danses apportées en Amérique par les esclaves Noirs arrachés à l'Afrique de l'Ouest, à l'exemple de la juba, dansée par les afro-américains travaillant dans les plantations du Sud des Etats-Unis et dont dérivera le charleston.
Danseurs de salsa. Source : Openclipart. |
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