| Le cotillon est une danse inventée vers 1820. A proprement parler, il s'agit plutôt d'un jeu de société qui s'exécute en dansant. C'est par ce jeu que l'on prit l'habitude de terminer les bals dont il devint le principal élément de succès. Le nom est plus ancien que le jeu; il a été emprunté à un vieil air dont le refrain était : Ma commère, quand je danse, Mon cotillon va-t-il bien? Cette danse était exécutée par un danseur, que l'on pourrait retrouver dans ce qui sera le conducteur du cotillon. Plus tard le nom fut appliqué à une espèce de quadrille; enfin il a pris sa signification actuelle. Le cotillon se danse soit en valsant, soit en polkant ou en alternant les deux mesures. Tous les danseurs y prennent part groupés en couples; il est d'usage pour le cavalier d'inviter dès le début du bal ou même longtemps à l'avance la dame qui dansera le cotillon avec lui; ce jeu se prolongeant longtemps, une ou deux heures, la plupart des figures n'exigeant la participation que d'une minorité, le cotillon devient une occasion excellente de conversation et de flirt. Tout le succès du cotillon dépend du conducteur qui donne le signal des mouvements et fait exécuter les figures; c'est lui qui commande à l'orchestre; il faut pour ces fonctions beaucoup d'entrain et de goût, d'imagination et de tact. Le cotillon commence par une promenade valsée ou polkée que dirige le conducdeur, puis on exécute les figures. Elles varient à l'infini selon l'imagination du conducteur. La plupart exigent des accessoires spéciaux dont la fabrication devint à Paris une industrie florissante. Quelques parvenus ont eu même le mauvais goût d'employer des accessoires de grande valeur et de saisir cette occasion de faire des cadeaux à leurs invités. Nous indiquerons sommairement quelques-unes des figures les plus usuelles et les plus typiques du cotillon. L'impair. Le cavalier conducteur choisit quatre ou cinq dames qu'il place en ligne au milieu du salon, puis il amène cinq ou six cavaliers et les place en ligne derrière les dames, mais leur tournant le dos. Il doit y avoir un cavalier de plus qu'il n'y a de dames. Au signal du conducteur, dames et cavaliers se retournent et dansent ensemble. Le cavalier solitaire revient se placer sur un côté du salon, pendant que les couples dansent. Le coussin. Le conducteur fait asseoir une dame sur une chaise placée au milieu du salon, remet un coussin, que la dame tient devant elle par un coin. Chaque cavalier va s'agenouiller sur le coussin. Si la dame ne veut pas danser avec le cavalier qui se présente, elle retire le coussin et le cavalier s'agenouille à terre; sinon, elle laisse le genou du cavalier poser sur le coussin, et fait avec lui un tour de valse. On peut répéter cette figure et les suivantes autant de fois qu'il y a de dames dans le cotillon. Le miroir. Le conducteur fait asseoir une dame placée au milieu du salon et lui remet entre les mains un petit miroir. Chaque cavalier vient à son tour se présenter derrière la dame qui voit la figure du cavalier se refléter. Si elle ne veut pas danser avec lui, elle essuie le miroir avec son mouchoir; le cavalier se retire et est remplacé par un autre, et ainsi de suite, jusqu'à ce que la dame, se levant et posant son miroir sur sa chaise, présente la main au cavalier placé derrière elle et fait la promenade avec lui. L'éventail. On place trois chaises au milieu du salon, deux du même côté et celle du milieu en sens inverse. Le conducteur choisit une dame qui vient se placer sur la chaise du milieu, puis il amène deux cavaliers qui s'assoient sur les deux autres chaises, en tournant le dos à la dame. Celle-ci remet son éventail au cavalier avec lequel elle ne veut pas danser, et danse avec l'autre, tandis que le premier les suit en les éventant. On peut remplacer l'éventail par un verre de punch que le cavalier dédaigné boit, par un mouchoir, etc. Le rond interrompu. Le conducteur après un tour de valse laisse sa dame au milieu de la salle, et lui remet un chapeau ou un bonnet de femme. Tous les cavaliers se réunissent et se donnent la main en présentant le dos à la dame; ils exécutent alors un grand rond autour d'elle en tournant assez vivement. Après un tour ou deux, la dame place sur la tète du cavalier qu'elle choisit le chapeau ou le bonnet qu'elle tient à la main, et danse avec lui au centre, tandis que les cavaliers continuent le grand rond jusqu'au signal du cavalier conducteur. On peut varier cette figure en faisant tourner les dames autour du conducteur et dans la même position. Après quelques tours, le cavalier jette une écharpe ou une sortie de bal, dont il s'est muni, sur les épaules d'une dame avec laquelle il danse, tandis que le grand rond continue. Les fleurs ou les animaux. Le cavalier va trouver trois ou quatre cavaliers et leur demande à voix basse quelques noms de fleurs ou d'animaux; puis il va trouver autant de dames qui choisissent le nom qui leur plait parmi ceux-là ; elles dansent alors avec le cavalier dont elles ont ratifié le choix. Le jeu de cartes. Le conducteur prend les rois, les dames et les valets d'un jeu de cartes. Il fait tirer les rois et les valets à huit cavaliers et remet les dames à quatre dames de la société. Les dames font la promenade avec les rois de leur couleur, tandis que les valets suivent les couples de même couleur en les éventant avec les éventails des dames. Les drapeaux. On distribue aux dames une série de petits drapeaux dont les couleurs ou les dispositions varient sans qu'il y en ait deux de pareils. Une deuxième série des mêmes drapeaux est répartie entre les cavaliers, et chacun va danser avec la dame à laquelle est échu le drapeau semblable au sien. Cette figure peut s'exécuter avec des cartes, fleurs ou toute sorte d'autres accessoires. Les mirlitons. Deux danseurs munis chacun d'un mirliton se place à droite et à gauche de la dame assise au milieu du salon et exécutent à tour de rôle les variations les plus brillantes sur leur instrument. La dame choisit l'un d'eux et danse avec lui. La clef des coeurs. On donne à une dame un grand coeur en carton doré muni d'une serrure. Deux cavaliers munis d'un petit coeur doré et d'une clef s'avancent vers la dame et celui dont la clef ouvre la serrure lui offre le petit coeur et danse avec elle. Les ailes. Un cavalier et une dame dansent ensemble. Aux épaules de la dame sont adaptées des ailes en gaze argentée, très légèrement fixées. Deux cavaliers, portant de grands ciseaux de carton, essayent pendant la danse de couper, en tournant autour du couple, les ailes de la dame. Celui qui y parvient valse alors avec elle. Les boules. On remet à chaque danseuse une boule en carton-pâte, très mince et remplie de petites rognures de papier d'une couleur différente pour chaque danseuse. A un signal du conducteur toutes les dames ensemble, écrasant la boule qu'elles ont dans les mains, en jettent le contenu sur le danseur qu'elles ont choisi et avec lequel elles font ensuite un tour de valse ou de polka. Parmi les figures qui comportent surtout des évolutions un peu compliquées, la plupart se rapprochent de celle du quadrille dont elles sont des variantes plus ou moins ingénieuses, corbeille, moulinet, lignes, etc. Nous en indiquerons deux : Le berceau. Le couple conducteur se place au milieu du salon, et, s'éloignant l'un de l'autre, le cavalier et sa dame forment un berceau sous lequel passent tous les couples jusqu'au dernier en se tenant par la main. Dès qu'un couple a passé, il forme le berceau qui se compose d'autant d'arcades qu'il y a de danseurs. Le cavalier conducteur et sa dame qui se trouvent alors les derniers, passent à leur tour, et, sortis du berceau, ils font une promenade; le second couple les imite, puis le troisième, et ainsi de suite jusqu'au dernier qui continue la promenade tant que le signal d'arrêt n'a pas été donné. Le changement de dames. Tous les couples font une promenade en ayant soin de bien conserver leur place. Au signal, du conducteur, les cavaliers quittent leur dame et continuent la promenade avec celle du cavalier suivant, et ainsi de suite, jusqu'à ce que chaque cavalier ait retrouvé sa dame. Cette figure est en général la dernière du cotillon. Il se termine par le salut que chaque couple vient adresser à la maîtresse de maison en défilant devant elle. (GE.). | |