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Théâtre
de l'Odéon, à Paris (VIe'
arrondissement). - Cet édifice,
voisin du Palais du Luxembourg,
a été construit sur l'emplacement de l'hôtel Condé.
Cet hôtel occupait l'espace compris entre les rues de Condé
et des Fossés-Monsieur-le-Prince, qui en ont pris leur nom. Il avait
été bâti par Arnaud de Corbie sur le clos Bruneau;
le maréchal de Retz l'agrandit et le vendit au prince de Condé
en 1612; il joua un grand rôle dans les troubles de la Fronde
et fut ensuite le théâtre de fêtes pompeuses. En 1778,
on le détruisit, et, sur son emplacement, les architectes Wailly
et Peyre bâtirent pour la comédie française le premier
théâtre monumental qu'ait possédé la capitale.
Il fut ouvert le 7 avril 1782. C'est là que fut joué en 1784
le Mariage de Figaro,
«
comédie, dit un journal de la révolution, sans laquelle le
peuple n'eût pas appris tout d'un coup, le 12 juillet 1789, à
secouer ce respect de servitude que les grands avaient imprimé sur
la nation entière ».
En 1793, quelques acteurs ayant été
arrêtés comme suspects, les autres se séparèrent,
et le théâtre végéta pendant quelques années,
sous le nom de théâtre de la Nation et ensuite d'Odéon.
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Le
Théâtre de l'Odéon, à Paris. ©
Photo : Serge Jodra, 2010.
En l'an III et en l'an V, on y joua d'étranges
comédies: le 2 octobre 1795, les royalistes des sections y
convoquèrent les électeurs pour résister aux décrets
de la Convention, ce qui amena la journée du 13 vendémiaire;
le 4 septembre 1797, le conseil des Cinq-Cents vint y siéger et
y fit le coup d'État du 18 fructidor.
«
Les loges étaient remplies, dit un contemporain, d'une foule de
citoyens placés là pour applaudir à tout ce qui allait
se faire. »
Il fut brûlé en 1799. Reconstruit
par Chalgrin, il fut rouvert en 1808 sous la direction de Picard et avec
le nom de théâtre de l'Impératrice. En 1814, il reprit
le nom d'Odéon, et l'on y joua des comédies. En 1818, il
fut de nouveau brûlé. En 1819, il se rouvrit sous le nom de
Second-Théâtre-Français. Depuis cette époque,
il n'a cessé de se fermer, de se rouvrir, et d'essayer tous les
genres, sans avoir pu jamais attirer la foule dans sa belle salle. Dans
les années 1870, il accueillait Sarah Bernhardt, à la fin
des années 1959, sa direction était confiée à
Jean-Louis Barrault, qui sera débarqué en mai
1968. A partir de 1971, devenu théâtre national, il est
plus particulièrement orienté vers la création théâtrale.
Ces dernières années ont été marquées
par la direction de Georges lavaudant et, depuis 2007, d'Olivier Py. (Th.
Lavallée).
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Coupe
du théâtre de l'Odéon (1776).
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