| Tarente (ital. Taranto, lat. Tarentum, grec Taras) est une ville d'Italie, à l'angle Nord-Est du golfe de Tarente, sur une île rocheuse qui sépare de la mer une vaste lagune (mare Piccolo); plus au large sont les flots San Paolo et San Pietro qui avec le cap San Vito au Sud abritent la rade extérieure de Tarente (Mare Grande). Celle-ci forme un admirable port naturel: un canal de 90 m de large ouvre aux plus grands navires l'accès du Mare Piccolo; les caps San Vito et Rondinella, les îles San Pietro et San Paolo sont fortifiées; il y a, de plus, deux forts à l'Olmo, un au château Saint-Ange et un à Chianca. La ville, peuplée de 195.000 habitants, est à l'étroit sur son île que deux ponts relient à la terre ferme; au Sud est le château; au Nord aboutit l'aqueduc qui de 15 km amène l'eau potable. Les vestiges de la ville antique sont peu nombreux, la ville moderne en occupant la place. Celle-ci a débordé sur le continent par la Porta di Napoli au Nord-Ouest et la Porta di Lecce au Sud-Est. La cathédrale San Cataldo remonte au XIe siècle, mais a été rebâtie à l'époque moderne. Un musée a été formé au couvent San Pasquale. - Carte de Tarente et du golfe de Tarente. Histoire. Tarente fut une des principales colonies grecques d'Italie. Les Parthéniens, métis lacédémoniens, conduits par Phalantos s'y établirent en 705 av. J.-C. à la place des Iapyges. Le coquillage de la pourpre qui abondait dans la mer intérieure et les olives de la presqu'île firent la richesse de Tarente qui devint le grand port du Sud-Est de l'Italie. L'acropole ou citadelle occupa l'île, la ville s'étendant sur le continent. Les Tarentins subjuguèrent les peuples voisins Messapiens et Peucetiens, mais ceux-ci finirent par leur infliger un grand désastre en 473. Ils fondèrent avec les Thuriens une colonie nouvelle à Héraclée sur le territoire de Siris qu'ils leur disputaient (432). A l'intérieur, les pythagoriciens semblent avoir eu la haute main; vers 380 Archytas gouvernait la cité. La décadence des autres cités de la Grande-Grèce, menacées par les Lucaniens et par Denys le Tyran, fit passer au premier plan Tarente; elle soutint la lutte avec l'aide de condottieri appelés de Grèce : le roi de Sparte' Archidamos (346), qui périt en combattant les Messapiens (338); le roi d'Epire, Alexandre (322-326), qui défit les Messapiens, puis les Lucaniens et Bruttiens et même les Samnites à Postum, puis se brouilla avec les Tarentins et leur prit Héraclée; puis vint le Spartiate Cléonyme et, en dernier lieu, Pyrrhus. Les Tarentins avaient conclu une alliance avec les Romains, lesquels s'engageaient à ne pas dépasser avec leurs navires le cap Lacinien (303); dès l'année suivante, L. Cornelius viola le pacte et vit les Tarentins couler quatre de ses navires; ils chassèrent ensuite les Romains de Thurium et refusèrent la satisfaction demandée. La guerre éclata en 281; après les succès éphémères de Pyrrhus et son départ, son lieutenant Milon remit la citadelle de Tarente au consul romain Papirius (272). La ville garda son autonomie municipale. En 212, Hannibal s'en empara, mais ne put enlever la citadelle, et, en 209, Fabius reprit la ville qui fut saccagée. Elle déclina ensuite, reçut une colonie de Caius Gracchus, une autre de Néron, mais demeura de langue hellénique. Elle joua un rôle dans les guerres des triumvirs, plus tard dans les guerres gothiques. En 661, Tarente fut conquise par les Lombards de Bénévent, occupée de 856 à 887 par les Sarrasins, reprise en 929 par les Byzantins. Nicéphore Phocas la rebâtit sur le rocher de l'acropole antique dont il élargit la base par des remblais, fit construire un pont sur le goulet méridional et un aqueduc. Les Normands s'en rendirent maîtres en 1063, et Bohémond, fils de Robert Guiscard, y fonda une principauté d'où il partit pour la première croisade. Le dernier prince de Tarente fut l'Angevin Philippe, mort en 1364. Tarente suivit les destinées du roi de Sicile ou de Naples. | |