| Rue de l'École-de-Médecine, à Paris (VIe' arrondissement). - Cette rue, qui relie le boulevard Saint-Michel (dans le prolongement de la rue des Ecoles) à la place Henri-Mondor et à la rue Dupuytren, a été ouverte vers le XIIIesiècle sur l'emplacement du mur de Louis VI; elle s'appelait rue des Cordeliers à cause du couvent des Franciscains, qui y fut établi. Cette maison, qui touchait à l'enceinte de Philippe-Auguste, avait pour titre : Le grand couvent de l'Observance de Saint-François. Son église, très vaste, avait été construite par saint Louis; elle fut détruite par un incendie en 1580 et réédifiée en 1585. Son grand cloître, regardé comme le plus beau de Paris, datait de 1673; c'était le collège de l'ordre : saint Bonaventure et Jean Scot y étudièrent. Il est sorti de ce couvent plusieurs papes et cardinaux; mais les désordres de ces moines exigèrent souvent des réformes qui ne s'effectuèrent pas sans résistance. C'était la communauté la plus nombreuse de Paris: aussi son réfectoire, bâti des dons d'Anne de Bretagne, était-il très vaste : « La marmite est si grande, dit Piganiol, qu'elle a passé en proverbe, et le gril, monté sur quatre roues, est capable de tenir une mannequinée de harengs. » Dans ce couvent se faisaient les assemblées de l'ordre de Saint-Michel. Là se tinrent les États-Généraux de 1357. Sous Louis XI, le frère Fradin y attira la foule par ses prédications contre les grands; et, quand on lui défendait de parler, le peuple, le couteau à la main, le forçait de monter en chaire. En 1589, la duchesse de Nemours, du haut des marches de l'église, annonça au peuple, qui l'applaudit, la mort de Henri III. Cette église n'avait rien de remarquable, mais elle pouvait rivaliser avec celle des Jacobins pour les tombes royales qu'elle renfermait: ainsi, on y avait inhumé les femmes de Philippe III, de Philippe IV, de Charles IV, le coeur de Philippe-le-Long, et, en outre, Jean Scot, le connétable de Saint-Pol, que fit décapiter Louis XI, l'historien Belleforest, les membres des familles parlementaires de Maisons de Bellièvre, de Lamoignon, etc. - La façade de l'Ecole de Médecine (Université René-Descartes). Ce couvent ayant été fermé en 1790, la section dite du Théâtre-Français siégea dans la salle des cours de théologie, et un club, dit des Cordeliers, tint ses séances dans le réfectoire. On sait quelle influence ont eue sur la Révolution les résolutions de ce club fameux : c'est là, dans ces mêmes lieux qui avaient retenti des demandes audacieuses d'Étienne Marcel, des prédications populaires du frère Fradin, que Danton fit ses motions révolutionnaires. Plusieurs Montagnards demeuraient dans le voisinage de ce club : ainsi, Danton habita successivement la cour du Commerce et la rue des Cordeliers; Camille Desmoulins et Fabre d'Églantine demeuraient rue de l'Odéon et place de l'Odéon; Billaud-Varennes, rue Saint-André-des-Arts; Barbaroux et Chambon, rue Mazarine; Manuel, procureur de la Commune, rue Serpente; Robert Lindet, rue Mignon; Simon, le geôlier de Louis XVII, rue des Cordeliers, etc. Enfin, c'est dans cette dernière rue, au nº 18, que demeurait Marat, dans un logement obscur situé au fond de la cour, au premier étage : c'est là qu'il fut assassiné par Charlotte Corday. Son nom fut donné à la rue des Cordeliers, et celle-ci le garda jusqu'au 9 thermidor. Quelques parties du couvent des Cordeliers existent encore: le réfectoire est occupé par le musée d'anatomie qui porte le nom de Dupuytren; dans les jardins et le cloître, on a bâti, outre des maisons particulières, l'hôpital des cliniques de médecine, de chirurgie et d'accouchement, qui renfermaient cent-vingt lits, lesquels étaient réservés aux affections qui présentent de l'intérêt au point de vue de ces trois branches de l'art de guérir. La première pensée de cet établissement est due à Lamartinière, chirurgien de Louis XV. De nos jours, ces bâtiments abritent la faculté de médecine Broussais-Hôtel-Dieu (Paris VI) En face de ce dernier bâtiment est celui l'École de Médecine (édifice aujourd'hui dévolu à l'université René-Descartes / Paris V), monument lourd et fastueux, dont la façade semble s'enfoncer en terre : il se compose de quatre corps de bâtiments. Cet édifice a été construit de 1769 à 1786, d'après les dessins de Gondouin, sur l'emplacement du collège de Bourgogne, fondé en 1331 par la veuve de Philippe V. Le conseil des Cinq-Cents y siégea le 18 fructidor. - Le réfectoire médiéval du couvent des Cordeliers et, à droite, le dôme de l'ancienne Confrérie des chirurgiens, rue de l'Ecole-de-Médecine. © Photos : Serge Jodra, 2010.-- Plus à l'Est, dans cette même rue (n° 5) se trouve, le dôme de l'ancienne Confrérie des chirurgiens. Etablie, dès le Moyen Âge dans les dépendances de l'église saint-Côme, la Confrérie des chirurgiens fit d'abord édifier au XVlle siècle un local pour ses activités d'enseignement. Après une intervention chirurgicale Louis XIV l'autorise à, se doter d'un amphithéâtre anatomique et Louis Joubert construisent entre 1691 et 1695 un superbe édifice octogonal coiffé, d'un dôrne à hautes fenêtres et à lanternes. L'Académie royale de chirurgie, fondée en 1748, ayant obtenu la création d'une faculté, ses anciens locaux sont attribués à « I'Ecole gratuite de dessin » où se forment des générations d'ornemanistes. L'architecte Constant-Dufeux fut chargé des travaux d'aménagement. L'Institut des langues modernes occupe actuellement ces bâtiments. (Th. Lavallée / Infos : Ville de Paris). | |