| Dans l'architecture considérée comme classique, la corniche est la troisième partie et la plus saillante de l'entablement, celle qui, placée au-dessus des autres, semble dominer ou, comme son nom l'indique, couronner l'ordonnance architecturale d'un édifice. La corniche varie de composition et de caractère suivant les différents ordres : simple dans les ordonnances égyptiennes et dans le dorique et le toscan, elle est déjà plus moulurée dans l'ionique et fait appel à toutes les richesses de la sculpture d'ornement dans le corinthien et le composite. Tous les membres d'une corniche doivent, comme tous les autres membres d'une ordonnance classique, offrir entre eux certains rapports dans les nombres exprimant leur hauteur et leur saillie, rapports auxquels cependant nombre de grands artistes, dans l'Antiquité et surtout sous la Renaissance et de nos jours, ne se sont pas astreints. On distingue plusieurs sortes de corniches qui sont les suivantes : Corniche architravée, celle qui, dans les entablements où la frise est supprimée, se confond avec l'architrave; Corniche cintrée, celle qui, dans son élévation, se retourne en arcade comme dans la porte d'entrée de l'hôtel des Invalides, à Paris, ou qui sert de couronnement à un fronton circulaire, et on appelle rampante la corniche qui couronne les deux pentes d'un fronton triangulaire; Corniche circulaire, celle qui contourne extérieurement ou intérieurement la naissance ou le sommet d'un dôme ou d'une coupole; Corniche continue, celle qui, sans aucune interruption, se profile au pourtour d'un édifice et lui donne un grand caractère d'unité, comme les corniches qui se poursuivent à l'extérieur et à l'intérieur de Saint-Pierre de Rome; Corniche coupée, celle qui se trouve interrompue, soit par un corps de bâtiment plus élevé, soit parce que, à l'état de corniche rampante ou circulaire, elle appartient à un fronton brisé; Corniche de couronnement, celle qui, couronnant l'édifice entier, reçoit l'égout ou le chêneau du toit : dans les appartements, les principales pièces ont, à leur partie supérieure, une corniche de couronnement rachetant le passage des parois verticales au plafond, et dans laquelle, pour donner un semblant de hauteur qui manque assez souvent, on étudie une gorge plus ou moins ornée imitée du style Louis XV; Corniche de placard, petite moulure rapportée à la partie supérieure d'une armoire faisant saillie sur le nu du mur; Corniche volante, corniche de menuiserie disposée, comme son nom semble l'indiquer, pour soutenir un faux plafond destiné à diminuer la hauteur d'une pièce ou à atténuer la lumière venant du châssis de comble d'une salle d'exposition. Les corniches sont dites à mutules, à denticules ou à modillons, suivant les membres d'architecture qui les décorent d'après les diverses ordonnances d'architecture auxquelles elles appartiennent. Elles sont généralement taillées ou sculptées dans la pierre, le marbre, le granit ou traînées en plâtre à l'extérieur des édifices et traînées en plâtre ou moulurées en bois et le plus souvent recouvertes de peinture à l'intérieur des appartements. - Corniche de l'église de Saint-Clair-sur-Epte (Val d'Oise). © Photo : Serge Jodra, 2009. Pendant tout le Moyen âge, dans l'ère romane et dans l'ère gothique, les corniches offrent les formes les plus variées et reçoivent les décorations les plus diverses. L'architrave et la frise des ordres gréco-romains ont disparu; la corniche seule, consistant le plus souvent en une tablette de pierre dure portée en saillie par des moulures, des corbeaux ou des arcatures, reçoit les tuiles de la couverture ou l'égout du chêneau, et couronne ainsi réellement la partie de l'édifice qu'elle surmonte, en se poursuivant sans interruption au-dessus des baies cintrées qui servent à en éclairer l'intérieur et des piliers engagés ou des contreforts qui viennent mourir sous sa saillie. Aux belles époques de l'architecture romane et gothique, souvent les corbeaux, les moulures et les petites arcatures portant la tablette supérieure faisant saillie, sont richement ornés et décorés de feuillages, de rinceaux et de mascarons, ornementation que nous trouvons non seulement dans les grandes cathédrales, mais encore dans de simples maisons construites le plus souvent en bois. En France et dans tous les pays où la brique joue un rôle important dans la construction, on a, à toutes les époques, utilisé les ressources d'appareil, de taille et de coloration que peuvent offrir cette matière et aussi la terre cuite et la céramique pour en composer, mais surtout à la fin du XIXe siècle, dans les villas suburbaines, des corniches offrant une grande variété et un aspect des plus pittoresques. (Charles Lucas). | |