| Larmier. - Moulure entaillée par-dessous de façon à rejeter les eaux pluviales. Les Grecs avaient soin d'entailler d'un canal carré le dessous des corniches qui protègent leurs entablements; l'eau de pluie ne pouvant remonter dans ce canal s'égouttait ainsi à l'angle inférieur de la corniche au lien de couler sur les frises, parements et colonnes, et de pénétrer dans les joints de la construction. Les Romains ont imité cette sage disposition; de plus, ils ne se sont jamais fait scrupule de reproduire dans les intérieurs ce tracé de monture qui y perd sa raison d'être. Le larmier antique n'a pas été adopté par les architectes romans; ils s'en passèrent d'abord, puis, au XIIe siècle, un larmier tout différent et mieux compris apparut à l'état rudimentaire, se perfectionna vers 1190 et resta en usage, avec diverses variantes secondaires de. tracé, jusqu'au triomphe de la Renaissance qui remit en honneur le larmier antique. Celui-ci a l'inconvénient de présenter une face supérieure horizontale, qui raccourcit à l'oeil le monument lorsqu'il est vu de près, et qui arrête les eaux pluviales, les fait rejaillir sur les parements et pénétrer dans les joints, recueille la poussière où naissent bientôt des plantes et l'humidité qui, à la gelée, fait éclater ces moulures. Ayant expérimenté ces inconvénients, les architectes du Moyen âge inclinent, à partir du milieu du XIIe siècle, la face supérieure de leurs moulures, et bientôt donnent à ce talus un petit rebord saillant, servant d'égouttoir. Vers 1170, on creuse les larmiers d'une gorge profonde, non pas de section carrée comme dans l'Antiquité, mais en canal demi-circulaire. - Larmiers. Pour suivre le même tracé, les talus des larmiers sont bombés, et sous la gorge règne généralement une baguette. Au XIIIe et au XIVe siècles, les talus des larmiers redeviennent généralement droits, au peu bombés, pour mieux faire écouler l'eau, et, pour mieux l'arrêter, ils prennent un biseau anguleux. De la fin du XIVe siècle jusqu'au XVIe leurs talus se gondolent le plus souvent suivant un tracé analogue à une doucine atténuée; ce tracé peut, comme les coyaux des toits, servir à rejeter l'eau plus loin qu'une simple pente aiguë; d'autre part, il s'harmonise avec le système d'oppositions perpétuelles de courbes et contre-courbes qui constitue le style dit flamboyant. Les architectes gothiques avaient toujours soin de disposer des larmiers à chaque étage pour protéger les parements de leurs murs, et de protéger les voussures de leurs baies par des archivoltes en larmier. D'autre part, depuis le XIIIe siècle, ils prirent souvent comme les antiques l'habitude de reproduire à l'intérieur des édifices, par exemple aux tailloirs des chapiteaux, les larmiers qui n'y avaient plus d'utilité. Cependant, ils y sont moins nombreux et ils sont presque toujours décoratifs, la gorge du larmier gothique produisant une ligne d'ombre vigoureuse qui accuse fortement et généralement très à propos les lignes horizontales. (C. Enlart). | |