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| La découverte du monde > Le ciel > Vénus |
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L'exploration in situ |
| Vénus
Une originalité de l'exploration de Vénus
est sans doute aussi qu'elle a souvent été une "cible d'opportunité"
: des sondes, dont l'objectif était un autre corps céleste, se sont approchées
de la planète Les conditions extrêmes de température Dates clés :1962 - Mariner 2 passe à moins de 35 000 km de Vénus. |
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| Premières
approches
La course vers Vénus, comme celle vers la Lune a opposé les États-Unis à l'Union soviétique. Ce dernier pays que l'on doit les premiers lancements en direction de Vénus en 1961. Les débuts vont être chaotiques. Les premières sondes soviétiques, Spoutnik 7, lancée le 4 février 1961, et Venera 1, lancée le 12 du même mois échouent. La première à cause d'une défaillance du dernier étage de la fusée, qui empêche de placer l'engin sur la bonne trajectoire, la seconde à cause d'une perte de contact radio avec la sonde alors qu'elle était déjà en route vers Vénus. Elle en était à sont septième jour de voyage, et avait déjà parcouru deux millions de kilomètres. Et bien que Venera 1 n'ait ait pu le confirmer, les calculs ont montré qu'elle avait dû s'approcher à moins de 100 000 km de Vénus, le 20 mai 1961. La sonde Spoutnik 19, lancée le 25 août 1962, restera pour sa part coincée en orbite terrestre et retombe dans l'atmosphère trois jours plus tard. Échec encore pour Spoutnik, 20, lancé le 1er septembre la même année, et dont un arrêt du dernier étage l'empêche de quitter l'orbite terrestre, puis de Spoutnik 21, lancé onze jours plus tard, et dont la fusée explose au décollage. Les États-Unis ne
réussissent pas mieux avec leur sonde Mariner 1, le 22 juillet 1962. La
perte de contrôle de la fusée Atlas-Agena aussitôt après le lancement
oblige à commander sa destruction. Mais le programme Mariner, qui utilise
des engins assez analogues à ceux de la famille Ranger, envoyés vers
la Lune Mariner 2 - Cette sonde de 200 kg a été lancée le 27 août 1962, dont l'objectif principal était Vénus, embarquait également divers instruments destinés à étudier le milieu interplanétaire
La sonde Mariner 2 (vue d'artiste). Source : JPL Technology. Deux ans plus tard, l'Union
soviétique est de nouveau prête à lancer en rafale plusieurs sondes
vers Vénus. Mais le succès n'est toujours pas au rendez-vous. Venera
1964A, lancée le 19 février 1964, et Venera 1964B, lancée le 1er
mars 1964, ne parviennent même pas à se placer en orbite Venera 4 - Cette sonde, dont l'objectif annoncé est l'étude de l'atmosphère de Vénus est lancée le 12 juin 1967.Elle atteint la planète le 18 octobre suivant et largue divers instruments, parmi lesquels un thermomètre et un baromètre. C'est ensuite au tour d'un module de descente, muni d'un parachute, de pénétrer dans cette atmosphère. Dans un premier temps, les instruments embarqués transmettent correctement les informations qu'ils recueillent, mais la transmission s'interrompt brusquement lorsqu'est atteinte l'altitude de 25 km. En dépit de cet arrêt prématuré, les données recueillies dans la haute atmosphère sont précieuses : Venera 4 a montré en particulier que la température variait avec l'altitude (entre 40 °C pour les couches supérieures de l'atmosphère, et 280 °C dans les couches plus basses); la pression, quant à elle, évolue entre 15 et 22 atmosphères. Enfin, la sonde confirme que l'atmosphère est presque entièrement composée de dioxyde de carbone. Ajoutons, que cette mission a également et l'occasion de préciser la connaissance du milieu interplanétaire.Cette première réussite soviétique sur Vénus, marque aussi la suspension des programmes des États-Unis en direction de la planète. La Nasa va encore lancer en 1967 une sonde, Mariner 5, en direction de Vénus. Mais ses efforts se concentrent désormais sur d'autres objectifs, et particulièrement sur le programme lunaire. Aucune sonde américaine ne sera ainsi lancée spécifiquement à destination de Vénus jusqu'en 1978. Mariner 10, en route vers Mercure Mariner 5 - La sonde, équipée d'instruments sensiblement plus perfectionnés que ceux de Mariner 2, est lancée le 14 juin 1967, et se place sur une orbite très resserrée autour de Vénus le 19 octobre. Circulant à moins de 4000 km de la planète, elle y effectuera diverses mesures. La température de la surface est estimée à 267°C, mais c'est surtout l'étude de l'atmosphère et de sa structure qui retient l'attention de cette mission, ainsi que celle de son faible champ magnétique, enfin détecté.La revanche soviétique Les soviétiques qui ont perdu la course à la Lune, vont profiter du désengagement américain en direction de Vénus, pour concentrer leur effort, à partir de la fin des années 1960, sur les programmes vénusiens. Malgré encore quelques échecs, la décennie qui va suivre va ainsi être des grands accomplissements du programme Venera. Venera 5 - Cette sonde, soeur "musclée" de Venera 4, est lancée le 5 janvier 1969 et atteint Vénus le 16 mai suivant. Elle y libère le jour même un module de 400 kg,attaché à un parachute, qui est largué dans l'atmosphère de la planète. Des données seront transmises pendant 53 minutes, mais la capsule sera écrasée par la pression atmosphérique avant d'atteindre la surface.Ces deux demi-succès seront encore suivis de deux échecs au cours des années 1970. Ainsi, Cosmos 359, le 22 août 1970, et Cosmos 482, le 31 mars 1972, qui ne parviennent pas à se placer sur la bonne trajectoire à cause d'une défaillance du dernier étage de la fusée qui les propulse dans l'espace. Air connu. N'empêche, dès 1970, la première sonde soviétique interplanétaire à accomplir complètement sa mission va aussi être la toute première à se poser sur le sol de Vénus. Ce sera l'heure de Venera 7. Viendront ensuite Venera 8, 9, 10... Venera 7 - Lancée le 17 août 1970, la sonde Venera 7 atteint Vénus le 15 décembre suivant. Une descente en parachute de 35 minutes (deux fois plus rapide que ce qu'on espérait) et, au sol, un signal qui durera 23 minutes résument l'opération. Il n'en demeure pas moins qu'il s'agit là du premier envoi d'informations par une sonde à partir de la surface d'une autre planète autre que la Lune. On saura ainsi à l'issue de cette mission que la température de Vénus au sol est de 475 °C, et que la pression qui y règne est presque cent fois supérieure à celle mesurée sur Terre. Venera 8 - L'exploit est renouvelé avec Venera 8, lancée le 27 mars 1972, et qui se place en orbite vénusienne le 22 juillet de la même année. Cette fois, le parachute, d'un diamètre de 2,5 m et ouvert à une altitude de 60 km, fonctionne correctement, et l'on a prévu la réfrigération des instruments embarqués. Résultat : la sonde transmet des données depuis le sol pendant 50 minutes et affine les résultats de Venera 7. Elle se livre également à la première étude photométrique au niveau du sol vénusien, montrant que la luminosité y est comparable à celle qui régnerait sur Terre par un sombre jour d'orage.
Image transmise par Venera 9 : première vision du sol vénusien. Source : NSSDC. Venera 10 - Le programme de la sonde Venera 10, lancée le 14 juin 1975, et arrivée à destination le 23 octobre suivant, ressemble à celui de Venera 9. Des images noir et blanc sont également transmises. Les données obtenues précédemment sont confirmées et simplement affinées. S'y ajoutent de nouvelles informations sur le vent, dont la vitesse en surface est mesurée (3,5 m/s). |
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| Les
"temps modernes"
L'année 1978 marque le retour des États-Unis sur la scène vénusienne avec son programme Pioneer Venus, qui équipé d'un radar constitue un pas en avant, à la fois technologique, et dans la conception de l'exploration des planètes. L'Union soviétique, poursuivra de son côté jusqu'en 1983 le programme Venera, qui maintenant s'essouffle un peu, puis lancera l'année suivante les sondes Vega Venus, placées elles aussi sous le signe de l'innovation. Ces dernières missions vénusiennes avant la chute de l'URSS, marqueront aussi la fin de cette période de transition. Pioneer Venus 1 (Pioneer 12) ou Pioneer Orbiter - Cette sonde, qui appartenait au programme d'exploration planétaire Pioneer, a été lancée le 20 mai 1978, et s'est placée en orbite elliptique autour de Vénus le 4 décembre suivant. Un radar embarqué a permis de cartographier le relief de 93% de la surface de la planète avec une résolution de 80 kilomètres. La sonde disposait également de divers autres instruments, parmi lesquels un radiomètre infrarouge, un spectromètre UV, qui a été utilisé en plusieurs occasions pour observer aussi des comètes, un magnétomètre et un analyseur de vent solaire. Prévue initialement pour fonctionner 8 mois, elle est resté opérationnelle jusqu'au 8 octobre 1992, date à laquelle elle est entrée dans l'atmosphère vénusienne et s'y est consumée. Venera 12 - Lancée le 14 septembre 1978, cette sonde, identique à la précédente, parvient à proximité de Vénus le 19 décembre suivant. Sa mission repose elle aussi sur un concept similaire à celui de Venera 11, partie trois jours plus tôt. L'atterrissage du module de descente à lieu le 21 décembre, et l'accent est mis sur l'étude de la composition de l'atmosphère et des nuages. La transmission des données s'interrompra après 110 minutes, pour les mêmes raisons que dans le cas sa mission jumelle. Le module en orbite héliocentrique, qui embarque un spectromètre ultraviolet franco-soviétique, poursuivra encore quelque temps son étude du milieu interplanétaire, et aura notamment l'occasion d'étudier la comète Venera 13 et Venera 14 - Il s'agissait de deux sondes identiques, parties, la première le 30 octobre 1981, et la seconde le 4 novembre suivant, et arrivées respectivement à destination les 1er et 5 mars 1982. Elles se composaient chacune d'un module-relai, qui a continué sa route dans l'espace, et d'un module d'atterrissage. Elles se poseront dans la Phoebe regio, à 950 km l'une de l'autre. Les deux engins disposent, comme les deux précédents, de caméras couleur. A la différence que cette fois elles fonctionnent et transmettent le premières images en couleur d'un paysage vénusien, révélant une fois de plus la présence de ces pierres en forme de dalles caractéristiques, et cet effet de réfraction atmosphérique extrême, qui incurve les lignes et rapproche l'horizon Venera 15 et Venera 16 - Ces deux sondes, prévues pour fonctionner en tandem, sont les dernières du programme Venera. Venera 15 a été lancée le 2 juin 1983, et Venera 16, le 7 juin. Elles ont atteint leur objectif respectivement les 10 et 14 octobre suivants, et s'y sont consacrées pendant leurs huit mois de fonctionnement, à la cartographie radar de Vénus. La zone couverte est allée du pôle Nord, à la latitude septentrionale de 30°. Le programme soviétique Vega, mené en coopération avec plusieurs autres pays (Allemagne de l'Est et de l'Ouest, Tchécoslovaquie, Hongrie, Bulgarie, France, Hollande et Autriche), comportait deux sondes jumelles, lancées en 1984 et navigant de conserve. Son objectif était double: approcher et étudier la comète de Halley (atteinte en mars 1986. ) et profiter du survol Vénus sur son trajet, pour y larguer des ballons-sonde et des modules d'atterrissage. (Par la suite, un survol de l'astéroïde Adonis a également été tenté, mais il a échoué).
Vega 1 et Vega 2 - ces deux sondes ont été lancées respectivement le 15 et le 21 décembre 1984, et ont atteint Vénus les 11 et 14 juin 1985. Chacune a aussitôt largué une module de type Venera, destiné à atterrir, et un ballon. Au programme, des mesures de température, de pression, de la vitesse des vents, etc. Flottant à 54 kilomètres d'altitude, l'un des ballons a parcouru 9000 km, en 47 heures avant d'éclater. Quant à l'un des atterrisseurs (l'autre n'ayant pas pu fonctionner correctement), il pu analyser le sol vénusien pendant 23 minutes à l'aide d'un spectroscope à fluorescence X, et a mis en évidence une forme d'anorthosite, un minéral caractéristique des roches lunaires continentales. |
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| La
nouvelle donne
La désagrégation de l'empire soviétique a laissé le champ libre aux États-Unis, à qui appartiennent désormais les sondes qui atteignent ou survolent Vénus. En fait, à ce jour, Magellan est la seule mission spécialement destinée à l'étude de Vénus a eu lieu depuis cette époque. Les deux autres sondes qui ont approché la planète étaient en route vers le Système solaire externe. Il s'agissait de Galileo, lancée le 18 octobre 1989, destinée à l'étude du système de Jupiter et qui passe à proximité de Vénus en février 1990 (détection possible d'éclairs, données sur la magnétosphère), puis de Cassini-Huygens, lancée le 15 octobre 1997, et qui a utilisé à deux reprises l'assistance gravitationnelle de Vénus (avril 1998 et juin 1999) pour rejoindre la région de Saturne. Magellan - Cette sonde, lancée le 4 mai 1989, s'est placée en orbite vénusienne à partir du 10 août 1990, s'aidant pour la première fois dans l'histoire de la navigation spatiale du freinage occasionné par la haute atmosphère d'une planète autre que la Terre pour finaliser et modifier sa trajectoire. Placée dans la continuité de la mission Pioneer Venus (Orbiter), la mission Magellan a consisté à établir une cartographie de 98% de la surface de la planète, avec une résolution spatiale en général de l'ordre de 75 à 100 m, à l'aide d'un radar à synthèse d'ouverture. 4225 orbites ont été accomplies, dans le but principal de mieux comprendre la tectonique de la planète et sa structure interne, et, entre autres choses, de mettre en évidence les divers processus d'érosion à sa surface, qui d'ailleurs se sont avérés négligeables. L'âge moyen de la la surface, couverte à 85% de dépôt volcaniques, a pu être estimé à 500 millions d'années seulement. des éléments qui qui attestent d'une importante activité volcanique récente (à l'échelle des temps géologiques). Le contact avec Magellan a été perdu le 12 octobre 1994.
Relief vénusien, reconstitué à partir des données Magellan. Source : Planetary Photojournal.
L'Agence spatiale européenne (ESA) lance ensuite sa propre mission dédiée à Vénus, Venus Express, qui arrive en orbite en avril 2006. Cette sonde se concentre intensivement sur l'étude de l'atmosphère dense et dynamique de Vénus et de son environnement de plasma. Équipée d'instruments sophistiqués, Venus Express étudie la composition chimique, la structure thermique, la dynamique des vents (notamment la super-rotation atmosphérique où les couches nuageuses tournent beaucoup plus vite que la planète elle-même) et les processus nuageux. Elle observe également l'échappement atmosphérique dans l'espace et cherche des preuves d'activité volcanique récente en mesurant les températures de surface et les variations de composition atmosphérique. Venus Express opère avec succès pendant plus de huit ans, dépassant largement sa durée de vie nominale, et fournit un ensemble de données sans précédent sur le climat vénusien. Sa mission se termine fin 2014 après une série d'aérofreinages expérimentaux qui épuisent son carburant. Parallèlement, l'Agence d'exploration aérospatiale japonaise (JAXA) lance sa propre mission orbitale, Akatsuki (PLANET-C), en mai 2010. Cependant, une tentative d'insertion en orbite vénusienne en décembre 2010 échoue. L'équipe de la mission ne renonce pas et, après une période d'attente de cinq ans, parvient à effectuer une seconde tentative d'insertion orbitale en décembre 2015, qui réussit, bien que plaçant Akatsuki sur une orbite elliptique plus large que prévu initialement. Depuis son arrivée, Akatsuki se consacre à l'étude de l'atmosphère de Vénus, en particulier la dynamique de la super-rotation et la physique des nuages. Ses instruments observent les différentes couches de l'atmosphère en utilisant plusieurs longueurs d'onde, des infrarouges à l'ultraviolet et au visible, pour étudier les mouvements atmosphériques, les formations nuageuses, la présence d'éclairs et la structure thermique. Akatsuki continue d'envoyer des données précieuses, offrant des perspectives nouvelles sur les phénomènes météorologiques extrêmes de Vénus. En 2010 également, la voile solaire expérimentale IKAROS de la JAXA survole Vénus dans le cadre de son test de navigation, prenant quelques images au passage. Après Venus Express et l'arrivée d'Akatsuki, l'exploration de Vénus connaît une pause dans le lancement de nouvelles missions dédiées, mais la planification future est active. Les données collectées par Magellan, Venus Express et Akatsuki continuent d'être analysées, révélant de nouvelles informations sur la planète. Les mystères de Vénus, notamment son histoire géologique, la persistance de son effet de serre extrême, et les mécanismes exacts de sa super-rotation atmosphérique, motivent de nouvelles propositions de missions. Actuellement, plusieurs missions sont en développement ou en phase de planification avancée par différentes agences spatiales, comme DaVinci+ et Veritas de la NASA, et EnVision de l'ESA, qui promettent d'étudier plus en profondeur la composition atmosphérique, la géologie de surface, la structure interne et l'évolution climatique de Vénus au cours des années à venir. |
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