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L'Empire américain I - Reconstruction et impérialisme | ![]() |
![]() | A la fin de la Guerre de sécession, les États-Unis connaissent une période cataclysmique. L'assassinat du président Lincoln, qui plonge la classe politique dans le chaos apparaît presque comme une péripétie au regard de la situation apocalyptique dans laquelle est plongée la société civile pendant encore près d'une décennie. Le XIIIe amendement de la constitution abolit l'esclavage dès 1865. Mais aucune place n'a été faite à cette nouvelle population libre, et même après que le droit de vote leur soit accordé par le XVe amendement, ils resteront des citoyens de seconde zone. De plus, l'attitude revancharde du Congrès, rend pratiquement impossible toute reconstruction dans le Sud, occupé militairement par les troupes de l'Union. Sur ce Sud dévasté vont rapidement faire main-basse des crapules venues du Nord (Carpetbaggers), suscitant à leur tour des réactions extrémistes, dont la formation de cliques racistes comme le Ku-klux-klan ne sont que la manifestation la plus spectaculaire. Une société ségrégationniste et dans laquelle racisme est érigé en valeur se met durablement en place. La situation chaotique est progressivement contenue à partir du début des années 1870, et la priorité pour tout le pays consiste bientôt à se bâtir une nouvelle prospérité. L'espace compris entre la côte atlantique et la côte pacifique aura été maillé par de nouveaux États (seuls l'Arizona et le Nouveau-Mexique conserveront jusqu'en 1912 le statut de territoires). La Frontière disparaît ainsi en 1890, en même temps que sont vaincues les dernières résistances indiennes (Sitting Bull, Géronimo, Chief Joseph, etc.). Quatre lignes de chemin de fer transcontinentales drainent les populations vers la Californie L'isolationniste prôné par la doctrine Monroe n'a sans doute jamais été absolu ( Dates-clés : 1865 - Abolition de l'esclavage. | |
![]() | Les nouveaux amendements constitutionnels Abraham Lincoln avait inauguré sa seconde présidence le 4 mars 1865. Le 9 avril Lee capitulait; cinq jours plus tard, l'acteur Booth assassinait le président. Andrew Johnson, vice-président, prit aussitôt la direction des affaires et ne tarda pas à entrer en conflit avec le parti républicain au Congrès, à propos des mesures de reconstruction de l'Union qui furent la grande affaire de 1865 à 1870. Lincoln avait dès 1864, autorisé la formation de gouvernements unionistes dans les États de Louisiane et d'Arkansas. Le Tennessee suivit l'exemple en 1865. Johnson reconnut ces gouvernements, et nomma, en outre (mai et juin 1865), des gouverneurs provisoires dans la Virginie, la Caroline du Nord, la Caroline du Sud, la Géorgie, la Floride, l'Alabama, le Mississippi et le Texas. Ces gouverneurs devaient convoquer des conventions dont les délégués seraient élus par les habitants qui, dans chaque État, jouissaient du droit de suffrage d'après les lois en vigueur immédiatement avant la sécession, et qui prêteraient serment de fidélité à la constitution. Les conventions se réuniront dans tous les États du Sud, et votèrent des résolutions supprimant l'esclavage, déclarant la nullité de la dette confédérée et rappelant les ordonnances de sécession. Des législatures furent ensuite élues, et toutes ratifièrent le treizième amendement. Il semblait donc que la reconstruction de l'Union fût désormais un fait accompli; pour la sanctionner, il ne restait qu'à accepter la rentrée au Congrès des sénateurs et des représentants du Sud. ![]() Les funérailles de Lincoln. Mais le Congrès n'approuva nullement le plan de reconstruction du président. La majorité républicaine refusa l'admission aux représentants du Sud et vota le 9 avril 1866, par-dessus le veto de Johnson, le « bill des droits civils » déclarant l'égalité complète des Noirs et des Blancs devant les tribunaux. Il adopta en outre le quatorzième amendement qui déclare citoyens des États-Unis et de l'État où Le conflit entre Johnson et le Congrès prit en 1867 un caractère tout à fait aigu à l'occasion du remplacement, au ministère de la guerre, de Stanton par Grant d'abord, puis par Thomas. La Chambre, exaspérée de l'attitude du président, décida en février 1868 une action d'impeachment, qui n'aboutit pas; le Sénat, transformé en cour de justice, se prononça contre Johnson, mais non avec la majorité des deux tiers requise pour une condamnation. Il se produisit ensuite un certain apaisement, mais Johnson ne put même songer à une réélection. Le parti républicain adopta en 1868 pour candidat Ulysse S. Grant, le héros brutal mais populaire de la guerre civile; les démocrates lui opposèrent Horatio Seymour du New York. Grant fut élu par 214 voix contre 81 données à Seymour, et quatre ans plus tard (1872) il fut réélu par 286 voix contre 80 données à divers, son rival Greeley étant mort avant la fin de la campagne présidentielle. La décision des arbitres rendue à Genève (14 septembre 1872) accorda une indemnité de 15 500 000 dollars aux États-Unis pour les négligences que l'Angleterre avait pu commettre dans l'accomplissement de ses devoirs de puissance neutre. Les relations entre l'Espagne Hayes, Arthur, Cleveland, Harrison Bien que les démocrates eussent d'excellentes raisons pour se croire frustrés des bénéfices d'une victoire qu'ils avaient réellement conquise, ils se soumirent au verdict de la commission électorale du Congrès. La présidence de Hayes (1877-1881) ne fut marquée par aucun événement d'une réelle importance. La modération naturelle et l'esprit d'équité du président le décidèrent à mettre fin à l'illogisme devenu trop choquant du maintien du régime militaire dans quelques-uns des États du Sud. La présence de Sheridan et des régiments fédéraux à la Nouvelle-Orléans n'avait pas empêché la Louisiane d'avoir pendant plusieurs années deux gouverneurs et deux législatures. Tout rentra dans l'ordre lorsque Hayes ont rappelé les généraux et renvoyé les régiments dans les garnisons de l'Ouest, où les appelait leur ancienne tâche de surveillants des Indiens et des Mormons ![]() Garfield. La convention républicaine, ne pouvant accorder les partisans de Grant et de Blaine, se tourna vers le dark horse (cheval inconnu) qui est le troisième larron dans ces consultations préliminaires des représentants immédiats de la pensée du suffrage universel. Le dark horse cette fois fut le général Garfield, qui avait pris à la guerre de la Sécession une part effacée, mais honorable. Les démocrates choisirent un autre général pour leur candidat, Hancock. Garfield battit Hancock (1880), passa plusieurs mois à débrouiller l'inextricable écheveau des nominations aux places, dévolues par tradition au parti vainqueur, et fut assassiné par un solliciteur évincé, Guiteau. Chester Arthur, le vice-président, ami de Conkling, le boss de New York, prit le pouvoir et le garda sans encombre jusqu'en 1884. Au milieu de sa présidence, les questions principales à l'ordre du jour, réforme du tarif douanier et réforme du mode de nomination. aux emplois, ne recevant pas de solution au Congrès, un nouveau revirement en faveur des démocrates frappa de terreur le parti républicain (novembre 1882). Les démocrates avaient plus de cent voix de majorité dans la Chambre des représentants. Cette fois l'élan se soutint. Le Congrès eut beau voter en 1883 une loi, une lui réformant le tarif dans le sens d'une légère réduction des droits, et une autre instituant une commission permanente dite du civil service, chargée d'organiser un système d'examens et de concours pour l'admission aux emplois publics, les démocrates réussirent à faire élire par la majorité populaire et par celle des États, leur candidat, Grover Cleveland, contre le candidat des républicains, Blaine, agréé enfin de préférence à Chester Arthur. ![]() Chester Arthur. Blaine eut pour lui les démocrates "tammanistes" de New York -- ![]() Cleveland. Ce furent les démocrates qui triomphèrent par le retour de Cleveland au pouvoir. C'est le 4 mars 1893 que le président Cleveland, élu à une grande majorité, entra pour la seconde fois à la Maison Blanche. Les hommes modérés comptaient sur lui pour assurer la réforme du régime douanier et des finances, mais, s'il défendait avec force ses convictions personnelles, il ne put trouver dans le Congrès une majorité solide. A l'acte Mac Kinley de 1890 fut substituée une nouvelle loi de douane, dit 28 août 1894, dite tarif Wilson, qui supprima divers droits; elle fut vivement attaquée, surtout après les élections, qui eurent lieu la même année. Cleveland supprima, dès 1893, les achats d'argent, mais ses projets relatifs à la diminution du papier-monnaie ne trouvèrent pas de majorité, même dans son propre parti. En ce qui touche la réforme administrative, Cleveland généralisa l'institution des concours pour la nomination aux divers postes. A l'occasion de l'insurrection de Cuba L'élection présidentielle de 1896 fut précédée d'une campagne électorale animée. Les républicains étaient depuis longtemps tombés d'accord sur le nom de Mac Kinley, qui représentait l'élévation des tarifs. Mais, sur la question monétaire, on était divisé même dans chaque camp. Cependant, après avoir été longtemps partisans de la frappe libre de l'argent, les républicains s'étaient rendu compte que l'étalon d'or pouvait seul assurer le crédit de leur pays, tandis que les démocrates faisaient l'évolution inverse. L'adoption de cet étalon figurait donc en première ligne dans le programme de Mac Kinley. Les démocrates lui avaient opposé Bryan, mais il fut élu à une forte majorité, le 3 novembre 1896. ![]() Mac Kinley. La présidence de Mac Kinley Le nouveau président, qui prit possession de sa charge le 4 mars 1897, disposait d'une majorité à la Chambre, mais non au Sénat, et, s'il put réaliser sans retard le relèvement des tarifs douaniers, la réforme monétaire ne fut possible qu'après les élections de 1898, qui donnèrent aussi au Sénat la majorité aux républicains. Dès son entrée en fonctions, Mac Kinley se disposa à réformer le tarif de 1894. Un projet de tarif, dû à Dingley, fut adopté par les Chambres et promulgué le 24 juillet 1897. La tarification y était extrêmement sévère, et la taxation des matières premières y avait pris une grande importance. Cependant, des traités de réciprocité commerciale furent signés, mais aucun d'eux ne fut ratifié par le Sénat. La loi instituant l'étalon d'or est du 24 mars 1900. Une réserve de 150 millions de dollars fut créée pour rembourser les billets, qui ne purent plus ensuite être remis en circulation que contre de l'or. Les deux Chambres votèrent, le 18 avril 1898, l'intervention à Cuba Les Américains ajoutèrent aussi à leur domaine les îles Hawaii. Une révolution, provoquée en 1893 par des planteurs américains, avait conduit à un protectorat sur ces îles. Cleveland avait fait supprimer ce protectorat, mais l'annexion de l'archipel fut signée par Mac Kinley le 6 juillet 1898. Le condominium anglo-allemand américain aux Samoa prit fin par la convention signée à Washington le 2 décembre 1899, qui attribue l'île de Toutouila et quelques autres aux États-Unis. A la suite de la découverte des champs aurifères du Klondyke, une contestation de frontière s'éleva avec le Canada La présidence de Mac Kinley avait marqué, pour les États-Unis, les débuts d'une politique nouvelle, que l'on a appelée l'impérialisme. De nouvelles possessions s'étaient ajoutées à leurs vastes territoires, et les États-Unis allaient aussi se mêler désormais, de plus en plus activement, à la vie internationale des États du vieux continent. Ils prirent part à la conférence de La Haye, et leurs troupes coopérèrent à la marche sur Pékin ( La présidence de Théodore Roosevelt Appelé au ministère de la marine comme sous-secrétaire d'État par Mac Kinley. Theodore Roosevelt avait pris part à la guerre de Cuba Élu par les républicains, Roosevelt déclara qu'il continuerait la politique de son prédécesseur, et il conserva ses collaborateurs. Le 57e Congrès, dont l'élection avait eu lieu en novembre 1900, ouvrit sa première session le 3 décembre 1901, avec une majorité républicaine. Dans un message, Roosevelt affirma son adhésion à la politique protectionniste, tout en recommandant au Sénat de hâter la ratification des traités de réciprocité commerciale que son prédécesseur avait conclus. Il demanda aussi le vote d'une législation spéciale contre les anarchistes et aborda la question des trusts, avec lesquels les démocrates accusaient les républicains d'être de connivence. Les élections pour le 58e Congrès, faites en novembre 1902, un an à l'avance, selon l'usage, donnèrent encore la majorité aux républicains. ![]() Théodore Roosevelt, président de 1901 à 1909. Une loi du 29 avril 1902 prorogea pour dix ans, en l'étendant aux nouvelles possessions, la législation prohibitive de 1892 sur l'immigration des coolies chinois. L'immigration étrangère s'étant beaucoup accrue dans les dernières années, une loi de 1903 eut pour objet de coordonner les règles sur l'immigration et de la restreindre en même temps. Enfin, une loi ferma aux anarchistes l'accès du sol américain. L'insurrection des Philippines avait commencé à décroître en 1901; le 4 juillet 1902, une proclamation du président déclara la paix rétablie aux Philippines, sauf pour la région du Moro. Le 20 mai 1902, fut proclamée la république de Cuba La loi du 25 juin 1902, dite loi Spooner, ayant autorisé le président à choisir, pour un canal inter-océanique le tracé qu'il lui conviendrait d'adopter, Nicaragua ou Panama, Roosevelt signa avec la Colombie, le 23 janvier 1903, le traité désigné sous le nom de traité Hay-Herran, qui reconnut aux États-Unis le droit d'acquérir la concession de la Compagnie nouvelle de Panama, celui d'achever le canal et de l'exploiter, et qui leur concéda en même temps, le long des rives, une bande de territoire sur laquelle, d'ailleurs, la Colombie garda sa souveraineté. Le Sénat colombien refusa de donner son approbation au traité. Le 3 novembre, une insurrection éclata à Panama; les États-Unis intervinrent si rapidement ment pour protéger leurs nationaux que cette intervention sembla préparée d'avance; le 6 novembre, Roosevelt reconnut l'indépendance de Panama, et, le 18 novembre, un traité, signé à Washington avec la république de Panama par Bunau-Varilla, pour cet État, et par Hay, concéda la construction du canal aux États-Unis, avec une zone sur les bords du canal en toute souveraineté. Le 24 janvier 1903, les États-Unis signèrent avec l'Angleterre une convention relative à la délimitation de la frontière méridionale du territoire d'Alaska; la commission arbitrale nommée, d'après cet accord, rendit sa sentence le 20 octobre de la même année et consacra presque entièrement les prétentions américaines. La haine entre Blancs et Noirs avait prit depuis quelques années, une acuité particulière. L'attitude impartiale de Roosevelt à l'égard des Noirs provoqua des critiques, et les lynchages devinrent fréquents. De associations s'organisèrent pour lutter contre l'égalité des gens de couleur. Une loi du 14 février 1903 créa un nouveau département exécutif, sous le nom de département du commerce et du travail. Le Fairbanks bill accorda à l'attorney général (ministre de la Justice) des pouvoirs plus étendus pour la poursuite des trusts, qui portaient atteinte à la liberté commerciale. De nombreuses grèves éclatèrent en 1902, 1903, 1904. ![]() Grève sur la ligne de chemin de fer Baltimore-Ohio. Roosevelt fut réélu président le 6 novembre 1904, à une énorme majorité; le sénateur Fairbanks fut appelé à la vice-présidence. Roosevelt déclara que, n'ayant pas, une première fois, rempli les fonctions présidentielles pendant toute la durée du mandat, il acceptait son renouvellement de pouvoir, mais qu'il serait plus, dans l'avenir, candidat à la présidence. En même temps, les élections pour le 59e Congrès relevèrent encore la majorité républicaine. Sur la question monétaire, qui avait jadis causé tant de divisions, le parti démocrate avait admis, implicitement, dans son programme que le régime actuel donnait toute satisfaction. Roosevelt trouva aussi l'appui des démocrates dans sa politique contre les trusts. Les États-Unis signèrent de nombreux traités d'arbitrage en 1904 et 1905. Au mois de juin 1905, le président Roosevelt proposa aux gouvernements russe et japonais ![]() Wall Street, le centre de la haute finance à New York, en 1900. Après Roosevelt Comme il l'avait annoncé, Roosevelt ne se représenta pas aux élections de 1909. Ce fut encore un républicain qui lui succéda, William H. Taft. En même temps se manifestaient, au sein du parti républicain, des dissensions très graves. En 1912, Roosevelt, se sépara avec éclat de ses alliés de la veille, et, à la tête des progressistes, il fit campagne contre Taft sur un programme très hardi : il |
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