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L'axe
de rotation de la Terre
ne conserve sensiblement la même direction dans l'espace qu'au cours d'un
petit nombre d'années. En réalité, il ne reste
pas absolument parallèle à lui-même et il éprouve un changement lent,
mais incessant de direction, qui, à la longue, se traduit par des écarts
appréciables, dont l'attraction du Soleil est la principale cause. Cette
précession qualifiée de solaire est la principale composante de la La
Précession des équinoxes.
Soit S le Soleil,
T le centre de la Terre, TK la perpendiculaire au plan de l'écliptique,
TP l'axe de rotation de la Terre ou ligne des pôles. L'axe TP, tout en
avançant sur l'orbite d'occident en orient et en gardant, par rapport
à TK, une inclinaison
constante de 23° 27', décrit d'orient en occident, autour de cette même
ligne TK, une surface conique de révolution ayant son sommet au centre
de la Terre et pour axe ladite ligne. La Terre se trouve ainsi animée
d'un triple mouvement : mouvement diurne et circulaire sur elle-même,
autour de son axe, mouvement annuel de son centre autour du Soleil, mouvement
séculaire et conique de son axe autour de la perpendiculaire au plan de
l'écliptique passant par son centre. On a
coutume de comparer, très justement, du reste, ce triple mouvement Ã
celui d'une toupie qui, tout en tournant rapidement sur elle-même, marche
inclinée sur son axe et trace lentement autour de celui-ci un cône en
forme d'entonnoir.
Le mouvement de révolution de la ligne des
pôles autour de la perpendiculaire au plan de l'écliptique est dû Ã
l'action du Soleil sur le renflement équatorial du globe terrestre. Il
porte le nom de mouvement de précession solaire, ou de précession
des équinoxes au sens étroit.
Ce nom lui vient d'une première conséquence
du phénomène : le déplacement de la position des équinoxes.
Supposons, en effet, que TP soit la position de la ligne des pôles Ã
l'équinoxe du printemps. Après que la Terre aura
effectué un tour complet de l'orbite, c.-à -d.
au bout d'une année, son centre sera revenu en T; mais la ligne des pôles
aura, au lieu de la position TP, une position très voisine, Tp; au bout
d'une seconde année, elle en aura une encore un peu plus éloignée, Tp',
et ainsi de suite. Or ce mouvement conique autour de TK se fait en sens
inverse de la course annuelle, de sorte que, lorsque le centre de la terre
est revenu en T, la position TP, qui correspond à l'époque de l'intersection
du plan de l'équateur avec le plan de l'écliptique, c.-à -d. à l'équinoxe
de printemps, est déjà depuis un instant dépassé, la ligne des pôles
avant alors la position Tp, Tp'. Il en résulte que, chaque année, l'équinoxe
de printemps se reproduit avant que la Terre ait effectué sa révolution
complète autour du Soleil.
Ce déplacement du point équinoxial est
dit, comme tous les mouvements de l'Est vers l'Ouest, rétrograde.
La rétrogradation est de 50",2 environ
par an, ce qui donne, pour la révolution complète, 25 765 années. L'avance
dans la date de l'équinoxe est, traduite en heures solaires moyennes,
de 20"20 et, si l'on envisage le mouvement apparent du Soleil, l'année
tropique, c.-à -d. le temps qui s'écoule entre deux passages consécutifs
du Soleil au même équinoxe, est plus courte, d'une même durée, que
l'année sidérale, c.-à -d. que l'intervalle entre deux passages consécutifs
du Soleil au même point de l'écliptique.
Une autre conséquence du mouvement de
précession est de faire varier la déclinaison
et l'ascension droite des étoiles. Ces positions,
qui sont relatives, changent en effet en même temps que l'équateur et
que le point équinoxial, à partir desquels elles se comptent. Si d'ailleurs
on prend comme coordonnées, non plus la déclinaison
et l'ascension droite, mais la latitude et leur
longitude, la première, qui est la distance
à l'écliptique, demeure, comme celle-ci, à très peu près invariable;
la seconde, au contraire, croît d'une quantité égale à la rétrogradation
de l'équinoxe.
C'est
cette dernière circonstance qui a fait découvrir à Hipparque ,
un siècle et demi avant notre ère, la précession des équinoxes, et
les observations de l'illustre astronome nous ont, d'autre part, permis
d'apprécier la quantité dont le point équinoxial a rétrogradé depuis
son temps, car il avait fixé, en l'an 128 av. J.-C., la longitude de l'Épi
de la Vierge à 174° et, en 1862, Maskelyne
l'a trouvé de 201° 4' 4", soit une différence pour 1 930 années, de
27° environ ou 50" 2 par an, moyenne confirmée par les observations modernes.
L'Étoile polaire (Petite
Ourse) n'échappe pas, naturellement, à la règle commune. Après
avoir été très éloignée du pôle de la Terre, elle s'en rapproche
graduellement pour s'en éloigner de nouveau par la suite, et, dans le
cycle de près de 260 siècles qui est nécessaire à l'axe de la Terre
pour décrire dans le ciel, autour du pôle de l'écliptique, un cercle
complet, toutes les étoiles situées sur ce cercle sont appelées à jouer
successivement le rôle d'étoile polaire.
Trajet
du pôle céleste Nord au cours du cycle de 26 000 ans.
Une troisième conséquence du mouvement
de précession, se rattachant directement à la précédente, est de modifier
respectivement et incessamment ce qu'on est accoutumé d'appeler le ciel
austral et le ciel boréal, le ciel visible et le ciel invisible, certaines
étoiles de l'hémisphère céleste boréal passant dans l'hémisphère
céleste austral et réciproquement, certaines étoiles qui étaient autrefois
au-dessous de l'horizon devenant visibles et d'autres qui étaient au-dessus
devenant invisibles. On cite souvent à ce sujet le cas de la Croix
du Sud, qui semble avoir été connue par les Romain, et que la précession
a fait disparaître ensuite des latitudes européennes, pour être redécouverte
à l'époque des grandes navigations entamés dans l'hémisphère austral,
à la Renaissance.
Enfin la précession a détruit la correspondance
qui existait primitivement entre les signes du zodiaque
et les constellations qui en portent
le nom. Trois siècles av. J.-C., l'équinoxe du printemps répondant Ã
l'origine de la constellation du Bélier; il est
aujourd'hui à 30° environ en arrière, dans la constellation des Poissons,
et on a cependant conservé la convention d'après laquelle le point
vernal répond à l'origine du signe du Bélier.
Notons, en terminant, quels précession
se complique d'un autre phénomène, la nutation,
qui imprime à l'axe de la Terre autour de sa position moyenne une sorte
de balancement, de sorte que la surface des cône de révolution dont nous
avons parlé est, en réalité, légèrement ondulée. (Oltramare
/ Delauney). |
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