| Le Tartare est la partie des Enfers qu'habitaient les coupables suivant les croyances des Grecs et des Romains, avait pour limite le Phlégéthon, dont les nombreux replis formaient autour de lui comme une ceinture infranchissable. Cette région ces enfers est tout à fait différente de l'Hadès; suivant Homère elle est située au-dessous de la terre, à une distance égale à celle qui la sépare du ciel. C'était la prison des dieux. Les Titans y étaient enfermés. Ce lieu était fermé par des portes d'airain. Hésiode, dans la Théogonie, le représente de la même manière : " une enclume, dit-il, lancée du ciel, tombera neuf jours et neuf nuits avant d'arriver sur la terre; lancée de la terre, elle tombera pendant le même espace de temps pour atteindre le Tartare ". " Un rempart d'airain muni de portes de fer et une triple nuit protègent cette région formidable, où plongent les racines de la terre et de la mer. C'est là que Zeus a emprisonné les Titans, qu'il fait garder par Gygès, Cottus et Briarée. " Dans le Bouclier d'Heraclès, le Tartare est déjà confondu avec Hadès : plus tard, ce nom désigna exclusivement la partie de l'enfer où les méchants, séparés des bons, subissaient de rigoureux chàtiments. Mais cette attribution spéciale n'appartient nullement à la haute antiquité. En général, les premières légendes des peuples sont extrêmement vagues et contradictoires, surtout en ce qui regarde la délimitation des contrées, mythologiques ou réelles. Ainsi, dans l'Iliade et dans l'Odyssée, on voit qu'Homère reconnaît un enfer (Hadès), situé à le limite occidentale du monde; cet enfer (ou Érèbe) est cependant placé sous la terre, puis qu'Heraclès y descend pour enlever Cerbère; il y a de plus un Tartare, perdu dans les profondeurs de l'Empyrée, puis un Élysée, séjour des âmes heureuses, et situé à l'opposé de l'Hadès. Cependant Ulysse, en sa rendant dans ce dernier lieu, y voit les principaux héros de l'armée grecque, Agamemnon, Achille, Ajax, à côté des grands criminels; Ils viennent, pour lui parler, non de la région du Levant, mais de la prairie d'Asphodèle, située sur la rive occidentale de l'Océan : on voit aussi en ce lieu, d'ailleurs, Orion, qui s'amuse à y chasser, et l'ombre d'Heraclès. Dans Virgile, les contradictions s'effacent. On entre aux enfers, dit ce poète, par l'Averne. D'abord un parcourt une gorge solitaire et ténébreuse qui conduit à l'entrée de l'Oreus, où siègent le Chagrin, les Soucis, les Furies, la Discorde, et divers autres personnages hideux. De là, on arrive à l'Achéron, fleuve aux eaux croupies et marécageuses, dont Charon écarte les ombres qui n'ont pas reçu de sépulture ou qui ont péri dans les flots : elles doivent errer cent ans sur ce rivage avant d'être admises dans les enfers. En deçà du fleuve, Cerbère garde le chemin. On y rencontre d'abord les âmes des enfants, puis celles des Innocents qui ont péri par le fer, celles des suicidés, et enfin celles des guerriers. La route, qui se bifurque, conduit alors à droite au palais de Pluton et à gauche au Tartare, séjour des criminels, entouré d'un triple mur, lavé par les flots circulaires du Phlégethon, et dont l'avenue est fermée par une porte de diamant. Au delà du palais de Pluton sont les Champs-Élysées, séjour des ombres vertueuses et des âmes qui n'ont pas revêtu de corps ou doi vent renaître. Hésiode, qui personnifie le Tartare, le fait fils de l'Éther et de la Terre, et père des Géants et de Typhée. Apollodore ajoute à cette liste Échidna; et Hygin, les Géants Encelade, Coeos, Clytus, etc. On donnait quelquefois à Pluton l'épithète de Pater Tartarus. (A. Bertrand : Th. Bernard). | |