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Verdun

Verdun ou Verdun-sur-Meuse est une commune de la France, dans le département de la Meuse, sur les deux rives de la Meuse qui s'y partage en cinq bras, entourée de collines. Population : 19 700 habitants (2012). 

La Notre-dame de Verdun.
Cette église cathédrale, après avoir été l'un des monuments les plus intéressants de France, est devenue un déplorable témoignage des aberrations auxquelles le goût peut être entraîné. Bâtie dans les premières années du XIIe siècle par un architecte nommé Garin, dédiée en 1147, elle offrait le même plan que les églises métropolitaines de Trèves et de Mayence. Elle avait deux choeurs, l'un à l'Orient, l'autre à l'Occident; l'entrée était sur le flanc septentrional de l'édifice, au milieu de sa longueur. Chacun des deux choeurs avait son transept, et chaque abside était flanquée de deux tours. Au lieu d'être prolongés en déambulatoires, les bas côtés se terminaient aux deux extrémités par des absides accessoires. Des cryptes étaient pratiquées au-dessous des deux choeurs. Le choeur oriental était environné de murs qui en cachaient la vue, et fermé par un jubé; le choeur occidental, élevé de 12 degrés au-dessus de son transept, était pavé d'une grande mosaïque exécutée en 1200, et représentant un évêque au milieu d'une vigne. Dans toute l'église, on admirait des tombeaux et des dalles sépulcrales. 

Vers 1380, le chœur oriental, construit en style roman, fut remplacé par le choeur actuel, d'architecture gothique, et plus élevé que l'ancien; l'architecte fut Jean Vautrec. A la même époque, on fit disparaître le toit de la nef, qui reposait sur des poutres travaillées et dorées, et l'on construisit des voûtes : les étroites fenêtres romanes à plein cintre ayant été fermées par la naissance de ces voûtes, on en ouvrit de nouvelles, qui sont également peu étendues, mais de forme ogivale; en sorte qu'il ne subsista de la construction romano-byzantine primitive que les piliers carrés, les arcades semi-circulaires de la nef, et quelques parties des collatéraux. A la suite d'un incendie qui consuma la toiture en 1755, le chapitre entreprit d'embellir la cathédrale. On abattit donc les quatre tours surmontées de flèches, et on construisit, à l'occident, les deux tours lourdes et écrasées que l'on voit aujourd'hui; on enfonça les fenêtres ogivales, avec leurs meneaux et leurs verrières, pour les remplacer par de grandes ouvertures circulaires à vitres blanches : on combla la crypte du choeur oriental et on en fit disparaître les voûtes pour abaisser le sol trop élevé; on détruisit le choeur occidental et sa crypte, et à la place on mit les orgues et les fonts baptismaux; on enleva les mausolées et les pierres funéraires, afin de poser un pavé neuf; on alla jusqu'à dégrossir les piliers romans, à les creuser de cannelures et à les charger d'affreux ornements; des portes exécutées dans le même goût furent placées aux extrémités des transepts. 

Tel est l'état dans lequel des remaniements inintelligents nous ont laissé la cathédrale de Verdun. L'ancienne sacristie, convertie en chapelle du catéchisme, est une belle salle du XIIIe siècle, dont les voûtes semblent reposer sur un pilier central entouré de légères colonnettes. Sur le côté méridional de l'église est un beau cloître de style flamboyant, dont on a malheureusement badigeonné les murailles et enlevé les dalles funéraires.

Les autres monuments.
Bel hôtel de ville du XVIIIe siècle; palais épiscopal du XVIIIe siècle, bâti par Robert de Cotte; statue du général de Chevert sur la place Sainte-Croix. Verdun se compose de deux parties séparées par la Meuse : sur la rive gauche, au Nord-Ouest, la ville ancienne aux rues tortueuses et montantes que couronne la citadelle (qui renferme les restes de l'abbaye de Saint-Vanne, centre d'une réforme de l'institut bénédictin en 1600); sur la rive droite, au Sud-Est, la ville nouvelle, de la fin du Moyen âge et des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Il subsiste de l'enceinte du Moyen âge deux portes dont une, la porte de la Chaussée, date du XVe siècle, avec deux tours. 
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Verdun : la porte de la Chaussée.
La porte de la Chaussée, à Verdun.

Histoire de Verdun.
Verdun était autrefois une place forte de premier ordre; étroitement enfermée dans son enceinte, dominée par sa citadelle, défendue par l'ouvrage Saint-Victor, elle empruntait son importance au fait qu'elle était l'aile gauche de la ligne Toul-Verdun; une ceinture de forts, élevés à partir de 1874, en faisait une place d'armes très puissante : sur la rive gauche de la Meuse, elle était protégée : en première ligne, par quatre ouvrages disposés en demi-cercle sur 6 km (Bois de Chapitre, Baleycourt, Bois de Sartelles et Germanille), appuyés en outre au Sud et à l'Ouest; en seconde ligne, par les forts Regret et Chaume et deux autres ouvrages. Sur la rive droite de la Meuse se développait la ligne de défense intérieure avec 7 forts, et la ligne extérieure avec 7 autres forts, et 11 batteries disposées sur 9 km de long. Au Nord, elle était reliée à la Meuse par le fort Donaumont-Côte de Froide et 11 ouvrages. L'ensemble de ces défenses couvrait 48 km. Les 53 km de Verdun à Toul étaient couverts par la chaîne des forts de Génicourt, Troyen, Les Paroches, Camp des Romains, Liouville, Gironville, Jouy-sous-les-Côtes. Toutes ces défenses n'empêcheront pas la tragédie qui se déroulera à Verdun et dans ses environs lors de la Première Guerre mondiale.

Verdun est l'ancien Verodunum; au Moyen âge, la ville était la propriété temporelle de ses évêques; en août 843, le traité de Verdun régla le partage de l'Empire carolingien entre les fils de Louis le Pieux, l'empereur Lothaire Ier, Louis l'Allemand et Charles le Chauve, et sépara complètement la Francede la Germanie. Verdun, comme toute la Lorraine, passa à l'Empire germanique. La guerre de Henri II et de Charles-Quint ramena Verdun à la France (1552), mais elle ne fut définitivement cédée avec son territoire, avec Metz et Toul, qu'au traité de Westphalie. Vauban fortifa Verdun. La ville subit deux sièges mémorables en 1792, contre les Prussiens; et en 1870, Verdun, cernée le 25 septembre, assiégée le 13 octobre, se rendit le 8.novembre. 
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Verdun : la Meuse.
La Meuse à Verdun, vers 1900.

La bataille de Verdun.
Au cours de la Grande Guerre, la ville de Verdun et ses environs furent, entre février 1916 et octobre 1917, le lieu de combats terribles, qui firent 800 000 morts, français et allemands. On ne détaillera ici que la première phase de ces batailles, qui représente le prélude de la bataille de la Somme. 

La région fortifiée de Verdun, placée sous les ordres du général Herr, s'étendait de Saint-Mihiel à Avocourt. Pour discrets qu'aient été les préparatifs d'attaque allemands, ils n'échappèrent pas entièrement aux Français. Aussi, dès la mi-janvier 1916, le général Herr obtint-il des renforcements successifs. Au 21 février, il disposait de 138 bataillons (130 000 hommes), 388 pièces de campagne et 244 pièces lourdes pour défendre un front de 112 kilomètres. De son côté, le général en chef, tout en se réservant la possibilité de réagir sur d'autres points du front où se décelaient de sérieux indices d'attaque, et comme des prodromes d'offensive, rapprocha des corps d'armée de la région fortifiée de Verdun.
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Bataille de Verdun.
Carte de la bataille de Verdun.

Le 21 février, à 7 heures, le temps, affreux pendant les dix jours précédents, s'étant mis à la gelée, un formidable tir d'artillerie allemande se déchaînait sur le front nord-est de Verdun. A 17 heures, 3 corps d'armée passaient à l'attaque sur un front s'étendant de la Meuse, de Consenvoye à Ornes. La première ligne française tenue par 3 divisions était submergée le 22. Le 24, la situation paraissait grave sinon désespérée. Le général de Langle, commandant le groupe d'armées du centre faisait évacuer la Woevre, dont les défenseurs risquaient d'être pris à revers.

Mais, sur l'ordre du commandant en chef, le général Castelnau, chef d'état-major général, accourait. D'un premier geste, il interdisait tout repli volontaire, puis il transférait la direction de la bataille au général Pétain, commandant de la IIe armée. Le 25 et le 26, les Allemands s'emparaient de la côte du Poivre, de celle de Talou et du fort de Douaumont. Mais le 27, les défenseurs, sous l'impulsion énergique et lucide de leur nouveau chef arrêtaient l'adversaire. La première phase était terminée. Elle marquait, du côté français, la ferme volonté d'accepter la bataille.

A partir de ce moment, la lutte change de caractère. Avec des variations d'intensité, elle va durer quatre mois d'une tragique monotonie. Le commandement allemand (Falkenhayn, von Lochow) qui cherche à user les forces françaises, élargit son attaque sur la rive gauche, et il frappe alternativement sur les deux fronts. Mais, il ne s'use pas sans s'user lui-même. Quant au commandement français, il s'efforce de mener la lutte économiquement. Il marchande les forces au général Pétain parce qu'il prépare sur la Somme la bataille franco-anglaise prévue aux accords de Chantilly.

Mais les Allemands dans leurs coups de bélier successifs ont atteint le 22 juin les abords de Souville, la dernière barrière qui défend la ville. Le 23, le général Pétain télégraphie qu'il prévoit l'abandon de la rive droite. Joffre maintient sa décision de continuer la lutte pied à pied, au risque de perdre l'artillerie de la rive droite. Il risque et il gagne. Le 24, la préparation d'artillerie commence sur la Somme.

Malgré quelques soubresauts, l'attaque allemande s'arrête peu à peu. Bataille toute en intensité, immobile, qui laisse la France haletante, l'Allemagne atterrée et le monde étonné.  Elle se solde pour l'Allemagne par un échec stratégique, puisqu'elle n'a pu empêcher l'armée française de participer à la bataille de la Somme (1er juillet-début octobre). (GE / HGP).



Bernard Pernès, Verdun sans retour, Publibook, 2009.- Certains noms de lieu seront, tant que mémoire vivra, indissociables de l’horreur qui s’y déroula. Ce sont des noms à l’histoire noire et plombée, déformés par une humanité qui s’y révéla dans toute sa sauvagerie, dans toutes ses promesses. Verdun appartient à ceux-ci. Verdun : un nom de boue, sillonné de tranchées, éventré d’obus, hanté par les gueules cassés. Un nom de terre retournée et pulvérisée. Un nom que fouille Bernard Pernès. Afin d’en dégager les événements majeurs. Afin, aussi et surtout, d’en excaver les voix engouffrées, enfouies, inhumées. D’en remonter les témoignages oubliés, ceux des soldats et des quidams tombés au front. De faire pénétrer dans l’Histoire, dans nos consciences, leurs lettres d’adieux, leurs poèmes, leurs suppliques, leurs tremblements, leur héroïsme. (couv.).
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Dictionnaire Villes et monuments
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