 |
L'Algérie
avant l'Islam
La Préhistoire.
L'Algérie possède
des vestiges archéologiques parmi les plus anciens d'Afrique du Nord.
Les premiers habitants datent de plus de 1,8 million d'années, comme en
témoignent les outils de pierre découverts sur divers sites, notamment
à Ain Hanech près de Sétif. Ces vestiges appartiennent à l'Acheuléen,
une culture paléolithique.
Au Néolithique (environ
6000-2000 av. JC), des communautés commencent à se sédentariser et Ã
pratiquer l'agriculture et l'élevage. Des gravures rupestres trouvées
dans les montagnes du Tassili n'Ajjer, dans le Sahara algérien, montrent
une société pastorale développée avec des scènes de chasse, des animaux
domestiqués et des activités sociales. Ces gravures indiquent une époque
où le Sahara était une région fertile avant de se désertifier progressivement.
Les populations berbères,
appelées Imazighen, sont considérées comme les descendants des premiers
habitants de l'Algérie. Ils développent des cultures distinctes, notamment
la culture capsienne (vers 8000 - 2000 av. J.-C.), qui s'étend de l'Algérie
à la Tunisie actuelle. Cette culture est caractérisée par ses outils
microlithiques, ses industries osseuses et ses pratiques funéraires.
Les Berbères commencent
à se structurer en tribus et en royaumes. Leur langue, la langue berbère
ou tamazight, s'impose comme un élément fondamental de leur identité.
Ils vivent principalement de l'agriculture, de l'élevage et du commerce
transsaharien.
L'Antiquité.
L'influence
phénicienne et carthaginoise.
À partir du XIIe
siècle av. JC, les Phéniciens, établissent
des comptoirs commerciaux le long de la côte méditerranéenne de l'Afrique
du Nord. Parmi eux, Carthage, fondée au
IXe siècle av. JC dans l'actuelle Tunisie,
devient une puissance régionale influente.
Les Phéniciens et
Carthaginois
établissent plusieurs colonies le long de la côte algérienne actuelle,
telles qu'Hippo Regius (Hippone, Annaba) et Icosium (Alger).
Ces comptoirs deviennent des centres de commerce où s'échangent des produits
comme les métaux, les céréales, et les esclaves.
Les Berbères locaux sont en contact étroit avec ces colons et adoptent
certains aspects de leur culture, tout en maintenant leurs structures sociales
et politiques.
Les
royaumes numides.
Vers le IVe
siècle av. JC, les tribus berbères de l'intérieur se structurent en
royaumes organisés, les plus importants étant les royaumes numides de
Massyles et de Masaesyles. Les Massyles, à l'est, sont dirigés par Massinissa,
tandis que les Masaesyles, à l'ouest, sont gouvernés par Syphax.
Les Numides
sont à la fois des agriculteurs et des cavaliers nomades réputés. Massinissa,
roi des Massyles, parvient à unifier les tribus numides après la Seconde
Guerre punique (218-201 av. JC) en s'alliant avec Rome
contre Carthage. Son règne marque un tournant dans l'histoire de la région,
avec l'émergence d'un royaume numide puissant et organisé, centré sur
Cirta
(l'actuelle Constantine). Massinissa
établit une administration centralisée et développe l'agriculture, favorisant
la sédentarisation. Son royaume devient un partenaire clé de Rome tout
en préservant une certaine autonomie.
Sous les successeurs
de Massinissa, Rome occupa un certain nombre de points de l'Algérie et
prit une influence de plus en plus prépondérante sur les destinées du
royaume qu'elle avait aidé à créer.
Jugurtha,
petit-fils de Massinissa, essaya vainement d'arrêter les empiétements
des Romains et de rendre l'indépendance à son pays. Vaincu par Marius
après une lutte héroïque, Jugurtha fut livré à ses ennemis par le
roi Bocchus (106 av. J.-C.) et périt à Rome,
dans un cachot.
L'Algérie
romaine et byzantine.
Dès cette époque,
Rome fut véritablement maîtresse du sort de l'Algérie : les princes
numides qui continuèrent à la gouverner ne furent plus, pour ainsi dire,
que des fonctionnaires romains. Quelques indigènes, entre autres Tacfarinas
(17 av. J.-C. tentèrent en vain de reprendre le rôle de Jugurtha
et de chasser l'étranger de leur pays; toutes ces tentatives de révolte
furent étouffées et, en l'an 43, l'Algérie fut réduite en province
romaine. En 429, les Vandales appelés
en Afrique par le comte Boniface n'eurent
pas de peine à s'emparer du pays, favorisés qu'ils furent, à la fois
par la haine sourde que les Numides
portaient aux Romains et par les querelles religieuses qui divisaient les
nouveaux chrétiens. Conduits par Genséric,
les Vandales s'établirent sur tout le littoral qui renfermait les plus
riches possessions des Romains et ne se répandirent que très peu sur
les territoires occupés par les indigènes. Les quatre successeurs de
Genséric ne surent pas organiser le pays qu'ils avaient conquis et, quand
Hilderik eut été renversé du trône par Gélimer, l'empereur Justinien
put profiter de cette circonstance pour s'emparer de l'Afrique (533) avec
une simple armée de 30 000 hommes conduite par Bélisaire.
Les Byzantins
eurent facilement raison des Vandales, mais ils ne réussirent pas à dompter
les populations indigènes et les victoires de Salomon dans l'Aurès et
dans les montagnes qui avoisinent Sétif ne produisirent pas de résultats
durables. La domination byzantine resta confinée sur un territoire restreint
aux environs des grandes villes et il ne fallut pas de bien grands efforts
aux Arabes pour chasser du continent africain pour de longues années les
conquérants européens.
Les
Arabes et les Turcs
L'invasion musulmane
qui, pour la première fois, pénétra dans le Maghreb
en 646 eut à soutenir une lutte sanglante contre les indigènes; une femme
berbère, la Kâhina, organisa et dirigea la résistance contre les Arabes;
mais ceux-ci triomphèrent de tous les obstacles et, en 711, les Berbères
convertis à l'islam
combattirent côte à côte avec les Arabes sur les bords du Guadalete
et contribuèrent à la victoire qui fit de l'Espagne une province de l'empire
des Califes. Aux dynasties arabes des Aghlabites
et des Fatimides succédèrent bientôt les
dynasties berbères des Zirites et des Hammadites ( Les
dynasties musulmanes au Moyen âge), car, malgré l'invasion hilalienne
qui vint au XIe siècle amener dans le
Maghreb un fort contingent de tribus arabes, la prépondérance fut définitivement
acquise aux Berbères qui avaient, il est vrai, adopté la religion et
en partie la langue et les moeurs des Arabes. Les Almoravides ne possédèrent
que la partie orientale de l'Algérie; toute la contrée fut ensuite soumise
à l'autorité des Almohades, puis elle se trouva de nouveau partiellement
occupée par les Mérinides, les Beni Zian ou Abdelouadites et les Hafsides.
Jusqu'en 1515, l'Algérie
n'avait pas formé une unité politique : c'est seulement à cette époque
que deux corsaires, Baba-Aroudj et son frère Kheir-ed-Din (les
frères Barberousse), fondèrent un véritable royaume dont les limites
(abstraction faite des confins sahariens) furent sensiblement les mêmes
que celles de l'Algérie actuelle. Dès 1518, Kheir-ed-Din plaça
le nouvel État sous le protectorat du sultan de Constantinople,
Sélim
Ier ( Le
Siècle de Soliman )
et jusqu'en 1711 le pacha d'Alger fut nommé
par le sultan. Déjà en 1658 l'autorité du pacha n'avait été acceptée
qu'à la condition qu'il la partagerait avec un agha élu par la milice
d'Alger; plus tard l'agha fut remplacé par un dey, mais, en 1711, celui-ci
refusa de partager le pouvoir avec un pacha et réunit les deux fonctions.
Depuis cette époque le dey ou pacha-dey eut seul l'autorité, et l'investiture
de la Porte devint une simple formalité, Tandis que les beys de Titeri,
de Constantine
et de Mascara administraient les tribus indigènes, le pacha, à l'aide
de colonnes mobiles chargées du recouvrement des impôts, se contentait
d'assurer la tranquillité générale du pays, et de faciliter l'exercice
de la piraterie à de nombreux corsaires. Les déprédations commises par
ces audacieux forbans s'élevèrent parfois jusqu'à 20 000 000 de livres
en une seule année. Aucune nation n'échappa à leurs brigandages et ni
les redevances annuelles, ni les bombardements ne ralentirent les courses
de ces écumeurs de mer.
La
conquête française
En 1827, une insulte
publique, faite au consul français par le dey Hossein,
fut le prétexte choisi par la France pour intervenir militairement en
Algérie. Outre l'occasion de venger l'offense qu'elle venait de recevoir,
elle y voyait aussi celle de détruire la bande de pirates qui infestaient
la mer Méditerranée, et surtout celle de détourner l'opinion de
la crise de régime dans laquelle le pays se débattait par une guerre
extérieure. Le 14 juin 1830, une flotte française sous les ordres de
l'amiral Duperré débarqua à Sidi-Ferruch une armée de 30 000 hommes.
Le général de Bourmont qui commandait l'expédition culbuta les Turcs
et les Arabes dans la plaine de Staouéli, s'empara du fort de l'Empereur
qui dominait la ville d'Alger et obligea le
dey à capituler. L'armée française entra dans Alger le 5 juillet. L'occupation
fut d'abord restreinte à quelques points du littoral et à une petite
zone entourant Alger; bientôt on comprit qu'il serait impossible de se
maintenir dans ces positions si l'on ne se décidait à entreprendre la
conquête de tout le pays et la résistance des tribus n'aurait probablement
pas donné lieu à une lutte bien longue si l'on n'avait fait la faute
de considérer l'émir Abd-el-Kâder comme une sorte de souverain de certaines
provinces de l'Ouest. De 1834 à 1847 tous les efforts de l'armée furent
consacrés à combattre l'émir que les deux traités signés, le premier
par le général Desmichels (1834), le second par le général Bugeaud
(1837, traité de la Tafna), avaient, aux yeux des tribus, élevé au rang
de chef de la guerre sainte contre les infidèles. La reddition d'Abd-et-Kâder
mit fin à la résistance générale des indigènes; depuis ce moment il
n'y eut plus guère à compter qu'avec quelques groupes isolés qui furent
définitivement soumis en 1857, époque de la conquête de la grande Kabylie .
Les insurrections qui depuis 1857 ont répondu à l'expansion de la colonisation
n'ont jamais créé un danger sérieux pour l'occupation française. La
révolte des Kabyles en 1871 eût été sans gravité si les troupes habituées
à la guerre contre les indigènes n'eussent été à ce moment employées
en Europe. La création d'un réseau de chemin de fer rendit à partir
de cette époque ces insurrections plus difficiles et presque inoffensives.
Voici par ordre chronologique
les principaux faits qui ont marqué la conquête de l'Algérie par la
France :
1830.
Prise d Alger; tentative d'occupation des villes
de Blida, Médéa, Mers-el-Kébir, Oran et Bône (Annaba).
1831. Occupation
définitive d'Oran qui avait été d'abord cédé au frère du bey de Tunis;
première occupation de Bône
1832. Occupation
définitive de Bône et du Sahel d'Alger. Reconnaissance de l'émir Abd-el-Kâder
par les tribus de la pleine d'Eghris
1833. Attaque
d'Oran par Abd-el-Kâder. Prise d'Arzew ,
de Mostaganem et de Bougie
(Béjaia)
1834. Traité
du général Desmichels avec Abd-el-Kâder.
1835. Expédition
dans la plaine de la Métidja. Combats de Mostaganem. Occupation de Rachgoun;
expédition de Mascara.
1836. Première
occupation de Tlemcen; expédition dans la province de Titeri; combat de
la Sikkak; occupation de la Galle. Première expédition de Constantine .
1837. Traité
de la Tafna; deuxième expédition de Constantine, prise de cette ville.
1838. Établissement
de camps près de Koléa, Blida et El-Harrouch. Création de Philippeville
(Skikda).
1839. Occupation
de Blida; prise de Djidjelli. Expédition des Portes de fer. Défaite des
lieutenants d'Abd el-Kâder à la Chifa.
1840. Défense
héroïque de Mazagran. Prise de Cherchell ,
de Médéa, de Miliana
1841. Combat
du Sig. Destruction des villes de l'émir, Boghar et Taza. Expéditions
de Takdemt et de Mascara. Occupation de Mila.
1842. Destruction
de Sebdou. Occupation de Tlemcen. Expédition de Kabylie et entre le Chélif
et la Mina. Reconnaissance sur Tébessa.
1843. Expédition
chez les Beni-Menasser et les Beni-Monad. Fondation de Téniet-el-Had,
de Tiaret, d'Orléansville et de Ténès. Expédition dans l'Ouarsenis.
Prise de la smala d'Abd-el-Kader. Nombreux combats contre l'émir dans
la province d'Oran. Expéditions dans le Sud, au djebel Amour et chez les
Oulad-Sidi-Cheikh.
1844. Prise
de Biskra et de Dellys. Création de Batna, soumission des Flitta et des
Amraoua. Expédition de Laghouat. Bataille d'Isly gagnée sur les troupes
marocaines.
1845. Insurrection
du Dahra réprimée par le colonel Pélissier. Soumission de l'Ouarsenis.
Expédition dans l'Aurès. Massacre de la colonne Montagnac à Sidi Brahim.
Soumission des Hachem-Gharaba et du Hodna. Expédition chez les Trara.
1846. Soumission
des Flitta. Défaite de Bou-Maza près de Ténès. Abd-el-Kâder est repoussé
de la Kabylie. Fondation d'Aumale.
1847. Défaite
des Oulad-Dlellal, soumission des Nemencha. Reddition de Bou-Maza. Expédition
entre Mila et Collo .
Reddition d'Abd eI-Kâder (23 décembre).
1848. Soumission
de Moulay-Mohammed et de Ahmed, ex-bey de Constantine. Expédition chez
les Beni-Senous.
1849. Siège
et prise de Zaatcha. Soumission de Bou-Saâda. - 1850. Expédition en Kabylie
et dans l'Aurès
1851. Bou-Baghla
se soulève en Kabylie. Expédition entre Béjaia et Collo.
1852. Création
de Djelfa. Prise de Laghouat.
1833. Expédition
en Kabylie et à Ouargla. Bou-Baghla est tué chez les Beni-Mellikech.
1854. Expédition
en Kabylie.
1856. Expédition
à Dra-el-Mizan
1857. Soumission
de la grande Kabylie
1857. Expédition
sur la frontière du Maroc.
1860. Insurrection
du Hodna. Pacification de la Kabylie orientale.
1862. Prise
du Chérif Mohammed ben Abdallah à Ouargla.
1864. Insurrection
des Oulad-Sidi-Cheïkh de Si-Lazreg, dans la province d'Oran, et de Si-Lala
dans le Sud de la province d'Alger. Insurrection dans la Kabylie orientale.
1865. Soumission
des Oulad-Sidi-Cheikh.
1868. Insurrection
dans le Sud de la province de Constantine
1871. Grande
insurrection des Kabyles de la province d'Alger et de celle de Constantine
1876. Insurrection
d'EI Amri.
1881. Insurrection
de Bou-Amama dans le Sud-Ouest de la province d'Oran.
L'époque
coloniale
Après la reddition d'Abd el-Kader, et
l'étouffement des derniers points de résistance en Grande Kabylie ,
la résistance s'était essoufflée. Cela ne signifie pas que la position
de la France ait été très claire. Les motifs qui avaient
conduit à la prise d'Alger ne relevaient que
de considérations à très court terme. La question de savoir quoi faire
de l'Algérie se posa assez rapidement. On songea d'abord à remettre le
pays entre les mains du Pacha d'Égypte, allié de la France, puis il fut
question de le restituer directement à la Porte ottomane, en échange
de certains bénéfices qui auraient été acquis au détriment de l'Angleterre.
L'option de la colonisation ne vint qu'ensuite, mais pour devenir alors
la carte maîtresse de la politique de colonisation de l'Afrique qu'allait
mener la France dans la seconde moitié du XIXe
siècle.
Jusqu'en 1870, l'Algérie
n'était restée essentiellement qu'un territoire militaire, dont l'administration
chaotiques reflétait l'indécision qui régnait en France sur le statut
du pays. Elle fut régie d'abord par des généraux en chef : Bourmont,
Clauzel, Berthezène, Savary, Voirol (1830-34); puis par des gouverneurs
: d'Erlon, Clauzel, Damrémont, Valée, Bugeaud, Cavaignac, Changarnier,
Charon, d'Hautpoul, le maréchal Randon; ensuite par un ministre de l'Algérie
et des colonies, Pierre-Napoléon (1858), Prosper
de Chasseloup-Laubat (1859); enfin, après 1861, par un gouvernement
général : le maréchal Pelissier, le maréchal Mac-Mahon, le général
Chanzy.
-
L'émir
Abd-el-Kader (1808-1883).
Tableau
d'Ange Tissier, 1852.
La colonisation.
Les principales mesures de colonisation
ont été la création de centres européens et la concession gratuite
de terres. Un arrêté du gouverneur général du
18 avril 1841 des ordonnances des 21 juillet et 9 décembre 1845, avaient
établi le système des concessions sous condition suspensive, le concessionnaire
ne pouvant, à peine de déchéance, hypothéquer les biens concédés
provisoirement et les transmettre à des tiers qu'avec l'autorisation de
l'administration. Un décret du 26 avril 1851 modifia ce système et y
substitua celui des concessions sous condition résolutoire. Cette modification
n'ayant pas produit les résultats attendus, un décret du 25 juillet 1860
décida que la vente à prix fixe ou aux enchères publiques, ou même
de gré à gré dans certains cas, serait dorénavant la règle pour l'aliénation
des terres domaniales. Les concessions furent supprimées par le décret
du 31 décembre 1864. Le nouveau régime de colonisation rendait nécessaire
I'allotissement préalable des terres à vendre et le décret de 1860 avait
déjà ordonné que la fixation de périmètres de colonisation précéderait
la distribution des terres domaniales.
Après l'insurrection
de 1871, plus de six cent mille hectares de terres étant entrés dans
le domaine de l'État par suite d'appositions de séquestre, des mesures
nouvelles furent prises pour la création de centres et la distribution
des terres (Décrets des 10 octobre 1872 et 15 juillet 1874). Les lois
des 21 juin 1871, 15 septembre 1871 et le décret du 16 octobre 1871 ont
concédé des terres aux AIsaciens-Lorrains et leur ont fourni des ressources
pécuniaires pour l'installation.
De 1871 Ã 1881,
la superficie des terres concédées aux immigrants et aux colons a été
de 457 120 hectares; la valeur de ces terres s'élève à 41 589 923 F.
Les dépenses d'installation des colons sont évaluées à 14 939 135 F.
7339 familles, comprenant 27981 personnes, résidaient, au 31 décembre
1881, sur ces concessions. Il y a 7764 concessions de lots de villages;
1241 de lots de fermes et 1175 de lots industriels (terres impropres Ã
la culture). A cette époque, la population européenne de l'Algérie comprend
des Français, plus nombreux à eux seuls que le reste de la population
d'origine européenne. Ils sont colons pour la plupart, ont émigré surtout
de la France méridionale, du bassin de la Garonne, de l'Alsace et de la
Lorraine. Les Espagnols (Andalous ,
Murciens, Valenciens, Catalans ,
Baléares )
sont maraîchers, alfatiers, bûcherons, défricheurs, et sont très répandus
dans le département d'Oran. Les Italiens se sont fixés de préférence,
ainsi que les Maltais ,
dans le département de Constantine .
On compte en Algérie quelques milliers de Suisses et d'Allemands dispersés
dans tout le Tell.
Voici le mode
de groupement des Arabes : une réunion de tentes abritant plus ou moins
de familles est un douar, sorte de grande commune; l'ensemble de plusieurs
douars constitue une ferka, administrée par un cheikh. Un certain nombre
de ferkas composent la tribu, à la tête de laquelle est un caïd. Les
tribus se groupent en aghaliks, ayant pour chef un agha. A partir de 1881,
un code de l'indigénat, très défavorable aux musulmans est promulgué.
Il réduit notamment le droit de circulation, et définit un statut fiscal
alourdi.
Le territoire algérien se partage à l'époque
en trois départements, à savoir :
1° Le département d'Oran, chef-lieu
Oran. Sous-préfectures : Mascara, Mostaganem. Sidi-bel-Abbes et Tlemcen.
2° Le département d'Alger,
chef-lieu Alger, capitale de toute la colonie. Sous-préfectures : Mécléa,
Miliana, Orléansville (el-Asnam) et Tizi-0uzou.
3°Le département de Constantine ,
chef-lieu Constantine. Sous-préfectures Bône, Bougie, Gulema, Philippeville
(Skikda), Sétif.
Chaque département se partage en un territoire
civil, dont l'administration est absolument la même que celle qui existe
pour les départements de la France, et en un territoire militaire, administré
par un commandant, et par les bureaux arabes. On distingue en Algérie,
trois sortes de communes :
1° les communes de plein exercice,
qui n'existent qu'en territoire civil et sont administrées par un maire
assisté d'un conseil municipal;
2° les communes mixtes, dont les unes
sont en territoire civil et les autres en territoire militaire; elles comprennent
une faible population européenne et une population indigène prédominante.
Elles sont administrées par I'autorité militaire;
3° les communes indigènes, formées de
tribus dans lesquelles l'élément européen n'a pas encore pénétré.
Elles sont administrées par des commissions mi-partie indigènes et mi-partie
européennes fonctionnant sous la surveillance de généraux de brigade.
Ces communes indigènes sont toutes en territoire militaire.
Vers l'indépendance.
La situation des colons et des musulmans
est sans doute différente, mais aussi celle entre les villes et les campagnes.
Dans ces dernières, ce sont assurément les Européens qui confisquent
tous les privilèges. Dans les villes la situation est plus contrastée.
Beaucoup d'Européens se prolétarisent, en même temps qu'une fraction
de la population musulmane accède à l'éducation
et s'enrichit. C'est au sein de cette bourgeoisie arabe urbaine que naissent
les premières velléités d'indépendance entre les deux guerres mondiales,
notamment avec le parti de Ferhat Abbas
et Ben Djelloul. Une ordonnance signée en 1944 accorde enfin aux musulmans
les mêmes droits qu'aux Européens, mais trop tard. Le mouvement indépendantiste
gagne en puissance. La guerre d'indépendance, conduite, côté Algérie,
sous la direction du Front de libération nationale (FLN) commence en 1954.
Elle se terminera par la signature le 18 mars 1962 des accords d'Evian,
par lesquels la France reconnaît à l'Algérie sa souveraineté.
-
Arrestation
en octobre 1956 de Ahmed Ben Bella, l'un des principaux dirigeants du FLN.
L'Algérie indépendante
Ben
Bella et Bomédiène.
Après l'indépendance,
le principal parti politique algérien, le FLN, a largement dominé
la vie politique. Ahmed Ben Bella devient le premier président de
la République algérienneet instaure un régime à parti unique. Il met
en place une politique de nationalisation des terres et des entreprises,
avec une économie orientée vers le socialisme. Le 19 juin 1965, Ben Bella
est renversé par Houari Boumédiène, ministre de la Défense, qui prend
le pouvoir. et instaure un régime militaire stable, caractérisé par
une concentration du pouvoir et une répression des opposants politiques.
S
ous Boumédiène,
l'État prend le contrôle des secteurs clés de l'économie, à commencer
par les hydrocarbures. L'Algérie investit massivement dans l'industrialisation,
notamment grâce aux revenus pétroliers. L'Algérie devient un acteur
majeur dans le mouvement des non-alignés et soutient divers mouvements
de libération en Afrique et au Moyen-Orient. En décembre 1978, Boumédiène
décède après une longue maladie. Son règne laisse un pays stable mais
avec des tensions politiques latentes.
L'ère
Chadli Bendjedid.
Chadli Bendjedid,
élu président en 1979, amorce une ouverture économique en abandonnant
progressivement les politiques socialistes rigides. Une certaine libéralisation
politique est aussi engagée. La chute des prix du pétrole dans les années
1980 provoque une crise économique, accompagnée d'une forte hausse du
chômage et de la pauvreté. En octobre 1988, des émeutes éclatent Ã
Alger et dans d'autres villes, réprimées brutalement par l'armée.
Face à la pression
populaire, une nouvelle constitution est adoptée en 1989 qui introduit
le multipartisme. Le Front Islamique du Salut (FIS) devient la principale
force d'opposition et remporte les élections locales en 1990. Le FIS est
en tête du premier tour des législatives de 1991, mais le processus électoral
est interrompu par un coup d'État militaire en janvier 1992, qui reporte
reporte le second tour du scrutin afin d'empêcher l'accession au pouvoir
d'un gouvernement dirigé par des extrémistes religieux. Chadli Bendjedid
démissionne, et un Haut Comité d'État est formé pour diriger le pays.
La
Guerre civile (1991-2002).
L'annulation des
élections déclenche une insurrection armée islamiste, menée principalement
par le Groupe Islamique Armé (GIA). Le pays sombre dans une violence extrême,
marquée par des massacres, des attentats et des exactions de toutes parts.
On comptera au final plus de 100 000 morts, dont beaucoup sont attribués
aux massacres aveugles de villageois par des extrémistes. Liamine Zéroual
est est nommé président en 1994 et tente d'ouvrir des négociations avec
certains groupes islamistes tout en menant une répression sévère contre
les autres. Il organise des élections présidentielles en 1995, qu'il
remporte. En 1997, les Accords de Sant’Egidio sont signés, mais ne mettent
pas fin immédiatement au conflit. Néanmoins, les groupes armés s'affaiblissent
progressivement.
L'ère
Bouteflika.
En 1999, des
élections, boycottées par plusieurs candidats protestant contre une fraude
présumée, ont porté à la présidence Abdelaziz Bouteflika, le candidat
qui bénéficiait du soutien de l'armée. L'Algérie entre dans une phase
de reconstruction. Bouteflika met en oeuvre une politique de réconciliation
nationale, symbolisée par la Charte pour la paix et la réconciliation
nationale adoptée par référendum en 2005. Cette charte propose l'amnistie
pour les islamistes qui déposent les armes, mais elle est critiquée pour
son manque de justice pour les victimes.
Grâce aux recettes
tirées du pétrole et du gaz, l'Algérie connaît une croissance économique
soutenue dans les années 2000. Le pays rembourse sa dette extérieure
et accumule des réserves de change. Cependant, l'économie reste largement
dépendante des hydrocarbures, avec peu de diversification. Malgré ses
promesses de réformes politiques et économiques, Bouteflika se concentre
sur le renforcement de son contrôle sur le pouvoir. En 2008, il fait modifier
la Constitution pour supprimer la limitation du nombre de mandats présidentiels,
ce qui lui permet de briguer un troisième mandat en 2009.
En 2011, l'Algérie,
comme d'autres pays arabes, est touchée par des mouvements de protestation
inspirés par le Printemps arabe. Les manifestations en Algérie
sont alimentées par la colère face au chômage, aux inégalités et Ã
la corruption. Pour désamorcer la situation, le gouvernement prend des
mesures : augmentation des salaires, subventions pour les produits de base,
augmentation des quotas de femmes dans les assemblées élues et levée
de l'état d'urgence en vigueur depuis 1992.
Contrairement Ã
d'autres pays, ces mesures permettent au régime de contenir les protestations
sans changements majeurs.
En 2013, Bouteflika
est victime d'un AVC qui affaiblit sérieusement sa capacité à gouverner.
Malgré son état de santé, il se présente pour un quatrième mandat
en 2014 et remporte l'élection, mais il apparaît rarement en public.
Sa réélection accentue les tensions politiques, et la population exprime
de plus en plus son mécontentement face à un régime perçu comme corrompu
et sclérosé. En février 2019, l'annonce de la candidature de Bouteflika
pour un cinquième mandat déclenche une vague de protestations massives,
connues sous le nom de hirak. Chaque vendredi, des millions d'Algériens
manifestent pacifiquement pour demander un changement radical du système
politique. Face à la pression populaire et à l'armée qui retire son
soutien, Bouteflika démissionne le 2 avril 2019 après 20 ans au pouvoir.
Le hirak
Le hirak est
un mouvement populaire pacifique qui a émergé en Algérie en février
2019 dans un contexte de mécontentement général lié à la stagnation
économique, au chômage, aux inégalités sociales et à une corruption
généralisée au sein des institutions publiques. Ce mouvement s'est déclenché
après l'annonce de la candidature du président Abdelaziz Bouteflika Ã
un cinquième mandat, malgré son état de santé dégradé et son incapacité
à s'adresser directement à la population. Bouteflika, au pouvoir depuis
1999, était considéré comme le symbole d'un système politique rigide
et corrompu, suscitant un rejet massif à travers tout le pays.
Le 22 février 2019,
des milliers d'Algériens ont envahi les rues pour exprimer leur opposition
à ce cinquième mandat. Les manifestations ont rapidement pris de l'ampleur,
devenant un mouvement national unifié sous le slogan « Système dégage!
» (en arabe : "يتنØاو قاع"), exprimant un désir
profond de changement politique et social. La pression populaire croissante,
combinée à l'intervention de l'armée dirigée par le général Ahmed
Gaïd Salah, a conduit à la démission d'Abdelaziz Bouteflika le 2 avril
2019. Cependant, les manifestants ont poursuivi leur mobilisation, réclamant
non seulement la chute de Bouteflika mais aussi un renouvellement complet
du système politique.
Malgré l'organisation
d'élections présidentielles en décembre 2019, largement boycottées
par les citoyens, Abdelmadjid Tebboune a été élu président, ce qui
n'a pas apaisé les tensions. Le hirak a rejeté ces élections,
les percevant comme une tentative de perpétuer le régime en place sans
apporter de réels changements. En 2020, la pandémie de covid-19 a temporairement
interrompu les manifestations de rue, mais le mouvement a continué Ã
s'exprimer sur les réseaux sociaux et à travers des actions symboliques.
Caractérisé par
son pacifisme, son unité nationale et des revendications claires, le hirak
a rassemblé des Algériens de toutes origines, régions et classes sociales
autour d'un objectif commun : instaurer un État de droit, une véritable
démocratie et mettre fin à la corruption et à l'impunité. Le gouvernement
a utilisé plusieurs stratégies pour affaiblir le mouvement : arrestations
de figures du hirak et de journalistes, répression des manifestations,
tentatives de division entre les manifestants. Cependant, le Hirak a persisté,
devenant une force majeure dans la vie politique algérienne.
Le hirak a
marqué un tournant historique en Algérie, révélant une prise de conscience
politique collective et une volonté inébranlable de changement. Bien
que le système politique reste largement inchangé, ce mouvement a renforcé
la demande populaire pour une gouvernance plus juste et transparente, et
a posé les bases pour de futures réformes et un éventuel renouveau démocratique. |
La
présidence Tebboune.
Après la démission
de Bouteflika, l'Algérie traverse une période de transition incertaine.
Les manifestations se poursuivent, les manifestants exigeant un démantèlement
complet du "système". Le président de la chambre haute du parlement,
Abdelkader Bensalah, est devenu chef de l'État par intérim le 9 avril.
Bensalah est resté en fonction au-delà de la limite constitutionnelle
de 90 jours jusqu'à ce que les Algériens élisent l'ancien Premier ministre
Abdelmadjid Tebboune comme nouveau président du pays en décembre 2019,
dans un contexte de faible participation et de contestation généralisée.
Tebboune, ancien ministre sous Bouteflika, est perçu par de nombreux manifestants
comme un représentant de l'ancien régime.
Tebboune promet des
réformes et propose une nouvelle Constitution, adoptée par référendum
en novembre 2020, mais avec une faible participation électorale. Le hirak
continue d'exiger des réformes plus profondes et une véritable rupture
avec le passé. La pandémie de covid-19 aggrave
la situation socio-économique déjà difficile en Algérie. La chute des
prix du pétrole met en lumière la dépendance excessive de l'économie
algérienne aux hydrocarbures. Le chômage, surtout chez les jeunes, reste
élevé, et les tensions sociales persistent.
Les autorités tentent
de contrôler les manifestations en imposant des restrictions sanitaires,
mais la contestation continue sporadiquement. Le gouvernement adopte des
mesures pour attirer les investissements étrangers et diversifier l'économie,
mais les réformes sont lentes. Le pays reste confronté à des défis
structurels majeurs : une économie peu diversifiée, une jeunesse en quête
de perspectives, et une gouvernance marquée par l'héritage du régime
autoritaire. Le hirak a montré une aspiration profonde à un changement
démocratique, mais la transition vers une nouvelle ère reste incertaine,
avec une élite politique toujours largement issue de l'ancien régime.
Preuve en est la reconduction de Tebboune à la suite d'un scrutin d'affichage
qui s'est tenu le 8 septembre 2024.
Les
relations internationales et la position régionale.
Depuis 2000, l'Algérie
maintient une position diplomatique prudente. Elle joue un rôle clé en
Afrique du Nord et dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Ses relations
avec la France sont souvent tendues, notamment en raison des questions
mémorielles liées à la colonisation. L'Algérie renforce également
ses relations avec des puissances comme la Chine
et la Russie.
 |
Karim
Rahem, Le
sillage de la tribu, Riveneuve, 2008. - La
crise que traverse l'Algérie ne peut se réduire à l'antagonisme entre
deux projets de société, l'un incarné par des démocrates
nationalistes et l'autre par des islamistes, par l'opposition d'un modèle
occidental ou "moderniste" à un autre, oriental et réactionnaire. En
filigrane, transparaît le fantôme de valeurs segmentaires, lesquelles
structurent l'imaginaire collectif et les inconscients individuels. En
ce sens, l'origine de la crise est d'ordre culturel, car elle ne peut se
réduire à des conflits mécaniquement corrélatifs à la structure sociale
contemporaine. C'est en interrogeant le passé qu'il faut tenter de dévoiler
les dynamiques en oeuvre et leur impact sur le présent. C'est dans une
histoire contemporaine douloureuse, qui vit le démantèlement des solidarités
lignagères et l'atomisation des groupes sociaux, processus commencé lors
de la conquête et poursuivi par l'Etat indépendant,
dans le différentiel entre ethos et réalité sociale, entre culture et
structure de la société, entre valeurs du passé et nouvelles formes
d'échange, que se trouve la clef de l'explication de l'anomie et de l'aliénation
de la société algérienne. C'est le passage de la tribu, oubliée un
peu vite par des historiographes, pour des raisons liées en partie au
passé colonial, à l'Etat qu'il faut décrire pour tenter d'éclairer
le présent. Le postulat de l'ouvrage est que l'Algérie actuelle est le
fruit de confrontations culturelles issues de son histoire contemporaine,
c'est-à -dire depuis les débuts de la période coloniale, se déployant
dans le temps et qui ont imposé leurs marques, non pas de manière contingente,
mais comme contraintes dans la formation des imaginaires politiques. (couv).
-
Jean-Pierre
Vittori , On
a torturé en Algérie, Ramsay, 2007.- "Cent
fois, j'ai eu la tentation de me dédouaner totalement en prenant mes distances
avec cet ancien tortionnaire, de clamer ma haine de la torture, de multiplier
les précautions de langage (...). Mais je préfère finalement laisser
brut ce document qui dénonce moins les hommes de main que ceux qui les
utilisèrent pour parvenir à leurs fins." Jean-Pierre Vittori, journaliste,
écrivain, s'était fait connaître par un premier ouvrage, Nous, les
appelés d'Algérie, dont un chapitre était consacré à la torture.
Après sa parution, il reçoit une lettre dont l'auteur lui confie : "C'est
vrai, j'ai moi-même torturé." Le journaliste rencontre l'homme, un ancien
militaire. Celui-ci, pendant cinq ans, a servi dans un des centres d'interrogatoire
qui quadrillaient le territoire algérien. Dix cassettes d'entretiens seront
enregistrées. (couv.).
Franck
Laurent, Le
voyage en Algérie (anthologie de voyageurs français dans l'Algérie coloniale
- 1830-1930), Robert laffont, 2008. -
De
1830, date du débarquement français à Sidi-Ferruch, jusqu'aux grandes
fêtes
du centenaire de l'Algérie en France en
1930. Le principe chronologique permet de rendre sensible la profondeur
des mutations dont l'Algérie coloniale est le cadre en un siècle, ainsi
que les variations des représentations de la colonie en Métropole. Ainsi
suivra-t-on d'abord la conquête et les descriptions, l'Algérie vue comme
"objet littéraire", puis comme destination touristique, l'appel du désert
mais aussi les récits réalistes, et, au début du XXe, l'apogée de cette
Algérie coloniale qui commence à se rêver éternelle... (couv.).
Jeannine
Verdès-Leroux, L'Algérie
et la France, Robert Laffont, 2009. - Plus
de trente-cinq ans après la signature des accords d'Évian, ce dictionnaire
s'attache à faire revivre les relations - toujours passionnelles - entre
la France et l'Algérie. Des royaumes berbères
à l'indépendance du pays (juillet 1962) et à l'exode des "Pieds noirs",
cet ouvrage met au jour des moments et des terrains restés jusqu'ici inexplorés.
Il montre ce qui rapproche ces mémoires entrelacées depuis cent trente
ans. Ont été réunis cent soixante collaborateurs (historiens, littéraires,
écrivains, anthropologues, juristes, linguistes, médecins, physiciens,
urbanistes, économistes) dont les opinions, les regards et les langages
multiples forment une mosaïque, afin de faire revivre un passé qui n'est
pas "éteint" : celui de l'Algérie. (couv.).
René
Gallissot, La
République française et les indigènes, L'Atelier, 2007.-
Les
Français redécouvrent le sort qui fut réservé aux indigènes de leur
ancien empire colonial. L'indignation rétrospective ne suffit pas à comprendre
les raisons pour lesquelles des hommes et des femmes ont pu être ravalés,
pendant des décennies, au rang de sous citoyens par une République qui
se proclamait patrie des droits de l'homme. Dans une fresque consacrée
à l'histoire sociale de l'Algérie de 1870 à 1962, René Gallissot raconte
comment le socialisme républicain, d'abord marqué par l'antisémitisme,
s'avère incapable de reconnaître la citoyenneté des autochtones colonisés.
Cantonnés dans un statut musulman, ces derniers
sont mobilisés en masse sur les champs de bataille de la Première
Guerre mondiale. Dès la fin du conflit, en métropole et en
Algérie, des indigènes trouvent dans le syndicalisme et le communisme
des lieux d'apprentissages du militantisme.
Revendications
sociales et aspiration à l'indépendance se croisent, convergent un moment
avant de diverger. Dès lors, après 1945, l'affrontement armé pour une
Algérie indépendante devient inévitable. Le parti socialiste, arcbouté
dans la défense de l'empire républicain, et le parti communiste qui,
dominé par des préséances internationales, ne sait pas reconnaître
la nation algérienne, sont tragiquement absents d'un combat qui aboutira
à l'autodétermination de l'Algérie en 1962. L'engagement courageux de
militants contrevenants aux consignes et le combat syndical commun ne suffiront
pas à sauver le rêve d'une Algérie algérienne qui aurait pu rassembler,
à égalité de droits et de devoirs, descendants de colonisés et de colons
dans une république démocratique, sociale et laïque. (couv.).
Pierre
Montagnon, Histoire
de l'Algérie, Pygmalion, 2006.
|
|