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Improvisation,
n. f. - Composition imaginée ou développée par un
virtuose au fur et à mesure de l'exécution,
sur un sujet donné ou en se livrant entièrement à
sa fantaisie. Au Moyen âge, l'organum
était souvent improvisé par le chanteur chargé de
cette partie. L'improvisation fut de tout temps particulièrement
pratiquée et goûtée en Italie;
à l'époque du style polyphonique, elle se manifestait par
les ornements vocaux insérés déjà à
profusion dans leur partie par les habiles chanteurs; à l'époque
de la monodie et du style accompagné, elle devint une obligation
pour l'instrumentiste chargé de la basse
continue et même pour ceux qui formaient, dans l'orchestre,
le petit groupe chargé de compléter ou d'embellir le canevas
tracé par le compositeur, en ajoutant à la symphonie
des passages et des scherzi.
Cerreto (vers 1550) parle de la nécessité
qu'il y a pour un bon joueur de cornet ou
de trombone, de connaître l'art du
contrepoint, afin de réussir les
passages improvisés. Agazzari (1608) fait la même remarque
à propos du violon. Cette coutume,
devint bientôt plus nuisible qu'utile; la vanité des instrumentistes
les portait à renchérir les uns sur les autres et ils arrivaient
à surcharger l'accompagnement
d'improvisations perpétuelles qui, au dire de Doni (1593-1647),
engendraient la confusion. On fut conduit par cet abus, à noter
au long la basse et les parties accessoires. L'improvisation se réfugia
dans le jeu en solo, où elle fut souvent pratiquée par les
maîtres d'une manière extraordinaire.
Les biographies de Bach,
de Haendel, de Beethoven,
offrent des anecdotes typiques à cet égard. Bach en 1725,
à Hambourg, joua « de tête
», pendant plus de 2 heures, des variations
improvisées sur le choral Am Wasserflüssen Babylon.
Beethoven épanchait dans ses improvisations non seulement le flot
de son invention musicale, mais l'expression de ses pensées intimes.
Ce fut en s'asseyant au piano,
sans mot dire, et en donnant libre cours à son génie, qu'il
sut parler à une mère cruellement affligée le langage
du coeur et, en la partageant, apaiser sa souffrance. Mendelssohn
faisait de l'improvisation un « jeu d'esprit » et se plaisait
à émerveiller le public en brodant à quatre mains
des variations improvisées. Le souvenir des improvisations de César
Franck, à l'orgue de Sainte-Clotilde,
est resté ineffaçable dans la mémoire de ceux qui
ont pu en être témoins.
On regarde habituellement comme une obligation
pour l'organiste de savoir improviser et, en effet, nulle part ce genre
de talent n'est d'une application plus fréquente, puisque la durée
d'une pièce doit souvent se régler sur celle d'une cérémonie.
Les organistes studieux s'exercent donc à l'improvisation par l'étude
des oeuvres des maîtres et par la pratique de la variation et de
l'ornementation d'un thème fixé. De fait l'improvisation
n'est jamais une création ex nihilo, mais cela ne signifie
pas que l'art de l'improvisation consiste d'ordinaire en réminiscences
et en formules plus ou moins dissimulées. Une improvisation est
nécessairement préparée par une grande expérience
et un sens muscial exercé.
On a donné quelquefois le titre
d'improvisation à des compositions écrites dans des formes
très libres et de courtes dimensions. (Prélude).
(Michel Brenet). |
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