| Liverpool (celtique Llyrpwl) est une grande ville maritime du Royaume-Uni, à l'Ouest de l'Angleterre, comté de Lancastre, sur la rive Nord de l'estuaire de la Mersey. Elle compte 435.000 habitants, ce qui en fait la cinquième ville d'Angleterre; l'agglomération, quant à elle, compte 820 000 habitants. La ville s'étend en amphithéâtre sur les pentes douces d'une colline de grès; la Mersey forme la corde de ce demi-cercle. Sur 10 kilomètres, le fleuve, est bordé des quais, des bassins, des docks du port. La Mersey est large ici de 700 m, mais en amont et en aval elle l'est davantage, jusqu'à 3 kilomètres. Le bateau-phare le plus septentrional de la ville (Formby light) est à 14 kilomètres de la mer d'Irlande. L'embouchure est obstruée par des bancs de sable entre lesquels serpentent les chenaux dont le principal est celui de Crosby. Autour de la ville se développent de grands faubourgs avec de nombreuses villas et des jardins. Des fortifications récemment aménagées défendent la ville du côté de la mer. - Saint Georges's Hall, à Liverpool, vers 1900. La vieille cité de Liverpool, avec ses rues étroites et ses masures, a disparu, et la cité moderne peut rivaliser d'élégance avec Londres. Ses édifices imitent le style de la Renaissance italienne. Cependant, à côté des larges rues Dale, Bord, Castle, Lord, Scotland road, se trouvent encore des ruelles étranglées, des impasses et des cours dont souvent l'accès est voûté. On regarde comme le centre de la ville la place irrégulière de Lime hill où s'élève Saint-George's hall, vaste édifice destiné aux réunions de toute nature; il fut bâti de 1841 à 1855 par Elmes, en forme de temple grec; il mesure 183 m sur 52; le portique occidental est orné de seize colonnes corinthiennes de 14m de haut; au centre, la grande salle a 50 m de long, 27 de large, 23 de haut. Auprès sont les monuments de Stephenson, du prince Albert et de Victoria, la colonne de Wellington (41 m). L'hôtel de ville (Town hall), édifié en 1754, a été rebâti eu style corinthien par Foster (1795) avec portique corinthien et coupole de 32 m de haut; la Bourse est contiguë et forme les trois autres côtés d'un carré. Elle est du style Renaissance avec coupole; entre ces deux palais est une place à arcades avec monument de Nelson. Le long de la rue Dale est le palais municipal (Municipal offices), avec sa tour de 61 m. L'hôtel des finances (Revenue building) dresse près des docks sa façade de 142 m et sa coupole. Aucune des 150 églises de Liverpool n'a de valeur architecturale. La plus ancienne est Saint-Nicholas; Saint-George remplace le fort de Henri II, elle a été rebâtie en 1810. De grands travaux ont été effectués au XIXe siècle pour approvisionner la population d'eau potable; le premier aqueduc part de Rivington, à 32 km au Nord; le second du lac Bala (pays de Galles), aux sources du Vyrnwy, affluent de la Severn; il a 108 km de long, par Oswestry et Prescot. Liverpool a longtemps été presque exclusivement une place commerciale, le grand port d'exportation de l'Angleterre, débouché des usines du Lancashire et du Yorkshire, c.-à-d. du district manufacturier qui est resté pendant plusieurs décennies le plus considérable de la planète. C'était aussi le port d'importation des produits de l'Irlande (viande, beurre, toile) et de ceux des Etats-Unis (coton, tabac, pétrole). L'industrie principale était naguère celle des constructions navales; la fabrication des machines et la métallurgie se sont développées à côté. La ville, déjà en déclin depuis les années 1950, a beaucoup souffert de la désindustrialisation dans les années 1980. Elle a connu depuis un renouveau, surtout grâce au développement du secteur des services, et particulièrement du tourisme, lui-même beaucoup lié à un politique vigoureuse de mise en valeur du patrimoine cultrel de Liverpool. Les docks de Liverpool ont été classés au patrimoine mondial de l'Unesco en 2004. Histoire. Le nom de Liverpul ou Litherpool paraît pour la première fois en 1190 sous le règne de Richard Ier. Jean sans Terre, voyant le port de Chester s'envaser, fonda ici un château, puis une ville à laquelle il donna une charte (1209). Henri III en fit un bourg ou ville libre (borough) en 1229. Elle ne grandit pas vite, car sous Edouard III on ne lui demandait, pour une flotte de 700 navires et 14.141 marins, qu'une barque avec six matelots. Elle passa aux mains de la maison de Lancastre et fut réunie à la couronne avec ses domaines. Sous Elisabeth I, elle ne comptait encore que 1500 habitants. En 1644, les habitants, derrière leur mur de terre, résistèrent bravement aux royalistes du prince Robert qui les pillèrent. Vinrent ensuite la peste et la famine. La révolution de 1688 marque le début de la fortune de Liverpool. En 1699, quand on l'érige en diocèse distinct, elle avait déjà 5000 habitants. En 1709, Thomas Steer creuse le premier dock. Les traités d'Utrecht enrichissent la ville, devient le centre du commerce des esclaves. Les négriers de la Mersey font d'énormes bénéfices, ouvrant à leur commerce des débouchés pour le fer, l'acier, les lainages, qu'ils exportent; le rhum, le sucre, le tabac, qu'ils rapportent des Antilles; le bétail humain procure encore plus de profits en onze années, ils transportent aux Antilles 304,000 Noirs. En 1765, on comptait dans la ville 86 marchands négriers; en 1807, la traite y employait 185 vaisseaux transportant annuellement 45,750 esclaves. Les négociants furent assez habiles pour ne pas se borner à ce trafic, si bien que son interruption ne fut pas très préjudiciable à Liverpool, d'autant qu'il coïncida avec l'expansion des manufactures anglaises. Arrêtés vers l'Asie par le monopole de la Compagnie des Indes, les négociants se tournèrent vers les Etats-Unis; ils purent résister à la "famine du coton", qui résulta de la guerre de la Sécession, par des ventes d'armes et la contrebande avec les Confédérés. Le mouvement des entrées du port était en 1800 de 450,000 tonnes. Jusqu'à cette épque, près de 40% du commerce mondial transitait encore par les docks de Liverpool. (A.-M. B.). | |