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C'est à l'alphabet phénicien, on le sait, qu'il faut remonter pour trouver la forme primitive qu'ont eue les lettres de tous les alphabets en usage aujourd'hui. L'alphabet phénicien ne connaissant pas de voyelles, le signe d'où dérive notre lettre A n'y avait pas cette valeur. La forme de ce signe est elle-même dérivée de l'un de ceux que les hiérogrammates égyptiens de l'Ancien empire employaient pour rendre le phonèmes sémitiques. Du signe phénicien dérivent tous les caractères par lesquels l'A a été représenté dans les divers groupes linguistiques qui ont emprunté leur alphabet aux Phéniciens : les autres populations sémitiques, les Grecs, les Italiens, les anciens habitants de l'Espagne, les peuples germaniques et scandinaves, et enfin les Indiens. -
Voici quelles ont été les principales transformations de la lettre A, d'abord chez les Grecs et en Italie, puis dans les écritures latines de l'occident. Le premier tableau fait voir comment l'A de l'alphabet dit cadméen est dérivé du phénicien et a donné à son tour naissance à la même lettre des anciens alphabets grecs. On sait que de ces divers alphabets, c'est l'ionien qui a fini par prévaloir, et qui, dans sa forme la plus régulière, est devenu l'alphabet de tous les Grecs au commencement du IVe siècle avant notre ère. Il est inutile de montrer ici les formes onciales et minuscules de l'A grec, ces transformations ayant été à bien peu près les mêmes que celles de l'A latin dont on verra plus loin des exemples. Quant à la forme de l'a minuscule qui a fini par prévaloir, et qui de l'écriture a passé dans la typographie, on sait que ce n'est pas autre chose que l' de l'écriture de Lascaris qui a servi de type pour la gravure des premiers caractères grecs. 1- Origine et dérivations de l'A grec. Le deuxième tableau montre la transformation de la même lettre dans les écritures des divers idiomes de l'ltalie ancienne et dans l'alphabet latin. De l'A latin dérivent toutes les formes de la comme lettre qui ont été en usage chez les peuples de l'occident de l'Europe. L'A capital de nos caractères d'imprimerie est exactement le même que celui que traçaient les lapicides de l'ancienne Rome. Mais il ne faudrait pas croire que sa forme n'ait subi aucune altération à travers les âges. Dans les manuscrits où on le trouve tracé avec sa forme normale, et même dans les plus anciens, comme le Virgile de Saint-Gall, dans les imitations carolingiennes, dans les titres et les initiales des manuscrits postérieurs, cette forme est artificielle et ne persiste exceptionnellement que sous la plume de quelques calligraphes qui dessinent plutôt qu'ils ne tracent une forme de caractère depuis longtemps tombée en désuétude dans l'écriture ordinaire. Dès l'Antiquité, la nécessité d'écrire plus rapidement avait fait subir à l'A comme aux autres lettres des altérations dont on peut juger par les inscriptions tracées à la pointe sur les murs de Pompéi, connues sous le nom de graffiti, et par les tablettes de cire et les rouleaux de papyrus qui se sont conservés à Herculanum, à Pompéi, et dans quelques autres lieux. La 2e et la 3e colonne du tableau suivant en montrent des spécimens. Les copistes, même lorsqu'ils écrivaient des manuscrits entiers en capitales, n'ont pas conservé à l'A sa forme normale. L'A de l'écriture cursive la plus ancienne présente une analogie très sensible avec l'A de l'écriture capitale rustique; c'est d'abord une sorte de capitale cursive, mais la panse qui y représente l'ancien montant de gauche uni à la barre ne tarde pas à prendre plus d'importance que le montant de droite. De la liaison des caractères entre eux qui est un trait distinctif de la cursive, il résulte que cette panse reste ouverte par en haut. Cet ouvert, qui se confond facilement avec l'u, s'est longtemps conservé dans l'écriture cursive où il a coexisté avec l'a et l', et où on le trouve jusqu'au XIIIe siècle, tout au moins dans les lettres suscrites. 2- Origine et dérivations de l'A des écritures de l'Italie. L'A des différentes écritures dites nationales ne présente pas de particularités qu'il soit nécessaire d'expliquer. L'examen du tableau que nous en donnons fera mieux juger de la forme spéciale qu'affecte ce caractère dans les diverses écritures que tout ce que nous en pourrions dire. La double forme que nous avons vue à l' minuscule dans les écritures de la première époque persiste dans les écritures gothiques. A côté de l', dérivé de la forme onciale, se maintient l'a dérivé de la cursive. Il s'y ajoute une troisième forme, celle de l' proprement gothique, dérivé du premier. Ces trois formes de l'A se sont maintenues à l'époque moderne et ont passé dans les caractères d'imprimerie. L' gothique a fourni le modèle des premiers caractères gothiques; c'est celui des incunables et des éditions dites gothiques. Le caractère dit romain a imité l'ancien a minuscule; et enfin, quand Alde Manuce a fait graver les caractères connus aujourd'hui sous le nom d'italiques, c'est l' cursif de la belle écriture de Pétrarque, que François de Bologne (l'orfèvre Franceseo Raibolini, dit Francia) a reproduit. 3- Ecritures de la première période du Moyen âge. Il serait oiseux et du reste impraticable de vouloir décrire les formes diverses qu'a su donner à l'A initial la fantaisie des calligraphes et des enlumineurs du Moyen âge et de la Renaissance. Ces compositions souvent très compliquées échappent à toute analyse. Nous avons groupé dans notre frontispice (au début de cette page) douze types différents empruntés à des manuscrits, qui nous ont paru caractériser le mieux le style des diverses époques et des diférents pays de l'Europe depuis le VIe jusqu'au XVIe siècle. (GE). 4- Ecritures dites nationales. 5 - Ecritures gothiques. 6 - Ecritures modernes. |
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