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Pendant que l'empereur
Héraclius,
qui a vengé sur le cruel Phocas la mort de Maurice,
est aux prises avec les Perses et avec les
Avars, et qu'à la façon de
Trajan il pénètre jusque dans les
provinces qui sont au delà du Tigre,
un Arabe de La Mecque, Mahomet,
passionné et enthousiaste et fanatique, tel qu'il convient d'être
pour subjuguer les peuples, fonde l'an 622 (date de l'hégire) une
religion nouvelle, et un nouvel empire. La croyance en un Dieu unique,
que proclame le prophète, n'empêche pas ses sectaires de frapper
les chrétiens aussi bien que les Perses : l'empire des Sassanides
tombe sous le joug des musulmans. L'invasion sortait des flancs de l'Arabie
ignorée, comme deux siècles auparavant. La guerre porte le
Coran
des extrémités orientales de la Perse jusqu'au pays des Maures
africains, et les Grecs, en Orient, sont réduits à l'Asie
Mineure.
Mais le Bas-Empire, qui présentait
un si hideux spectacle sous les Héraclides, est sauvé d'une
ruine complète par les discordes que le fanatisme et l'ambition
entretiennent chez les musulmans, même après l'avènement
des Omeyyades au califat héréditaire
de Damas il y a schisme entre les disciples
de Mahomet.
Le peu que les Grecs ont en Italie
appartient à des exarques indépendants. Les progrès
des Lombards sont ralentis par les dissensions
qu'engendre l'oligarchie, militaire. Une heureuse
position maritime, un gouvernement libre sous un chef électif et
à vie, appelé duc ou doge, placent Venise
en dehors des prétentions des Lombards et des Grecs
qui ont également besoin de ses vaisseaux et de son industrie.
Les peuples
germaniques rédigent ou modifient leurs lois qui dureront plus
longtemps que leur puissance militaire. L'Europe a vu surgir presque autant
de codes qu'il y a eu de déplacements de peuples barbares. Le droit
romain cependant ne périt pas.
Les Francs
sont ceux qui ont subi la révolution intérieure la plus décisive.
Le pouvoir passe, après Dagobert, des
mains des rois fainéants aux maires
du palais : d'intendants de la maison du roi, ces maires deviennent
ministres et généraux d'armées; ils sont plus que
les rois à la fin du siècle
Les luttes civiles de la Neustrie
et de la Bourgogne font tomber le pouvoir
suprême aux mains d'un duc austrasien de la maison d'Héristal.
Avant que la dynastie mérovingienne
aille finir dans le cloître où Pépin
l'enfermera, le moine Marculfe recueille les
formules des actes ecclésiastiques et civils, et contribue ainsi
à nous faire connaître l'histoire, les lois,
les moeurs et la langue de la Gaule franque.
Les progrès du catholicisme sur
les anciennes religions ou sur l'arianisme,
accroissement des privilèges de l'Église qui, en Espagne,
s'élève même jusqu'à la puissance politique,
dominent l'histoire des Anglo-Saxons, des Wisigoths
et des Lombards. Les moines de l'Irlande auront des émules dans
ceux de la Grande-Bretagne; et il ne sera pas rare que des rois germains
préfèrent le couvent au trône. Bède
le Vénérable va bientôt écrire l'histoire
ecclésiastique de l'Angleterre.
L'hérésie est le point de
contact, non le lien, entre l'Occident et l'Orient. Le monothélisme
fut la grande affaire ecclésiastique de ce siècle. Il s'agissait
de savoir si Jésus n'étant qu'une
personne, mais ayant deux natures, l'une divine, l'autre humaine, il fallait
reconnaître en lui une unique ou une double volonté. Un tel
sujet occupa, durant plus de cent ans, les moines, les docteurs, les conciles,
les papes et les rois. Jeux de pouvoirs interminables
qui bénéficieront au final à l'Eglise de Rome et contribueront
encore à compliquer davantage la théologie chrétienne.
L'Ecthèse d'Héraclius, et le Type de l'empereur
Constant, furent condamnés par les papes. La dispute dura jusqu'après
le sixième concile général, troisième de Constantinople,
qui, en 681, anathématisa le monothélisme, suivant le voeu
du Saint-siège.
La médecine, l'histoire, fournissent
chez les Grecs quelques noms qui méritent peu de sortir de l'obscurité.
(Ch.
Dreyss). |
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