Jalons |
Mais
toujours des fantasmes...
La comète du
Déluge.
Le ralliement des comètes à la physique
ordinaire, depuis Halley et Newton,
ne les a pas empêché de continuer à alimenter l'imaginaire de frayeurs
ou de frissons plus ou moins délicieux. Simplement, désormais, on pourra
les justifier par des considérations scientifiques... Il n'y a pas de
fantasme plus pernicieux que celui que l'on peut croire raisonnable! Ainsi
déjà la comète de Newton a eu, au XVIIIe
siècle (et au
XIXe) une importance que l'on
a aujourd'hui largement oubliée. Le responsable en est en grande partie
William Whiston. Ce mathématicien et théologien
avait publié dès 1696, une Nouvelle
Théorie de la Terre où, dans un premier temps, il s'intéresse aux
anciens passages de cet astre, auquel il attribue, Ã la suite de Halley,
une période (erronée) de 575 ans. Il trouve ainsi
qu'elle a été vue en 1106 et 531 de notre ère, 44 ans av. J.-C., Ã
la mort de Jules César; et la septième période
tombe période tombe dans l'année où l'on croit alors pouvoir placer
le Déluge
de la Genèse .
Reste
maintenant à Whiston à expliquer à la lumière de la physique comment
cette comète a pu d'abord
exterminer l'humanité par l'eau et pourra Ã
l'avenir la détruire par le feu. La comète de Newton devient ainsi la
comète du Déluge, et peut-être celle de l'Apocalypse...
Tout commence
avec le péché originel. Une petite comète s'approche alors de la Terre
et finit par venir couper obliquement le plan de son orbite. Nous sommes
le vendredi 28 novembre de l'an de péché 2349 (ou, si l'on préfère,
le 2 décembre 2926 avant J.-C.). Il est midi au méridien de Pékin,
qui est le pays de Noé ,
et l'objet se situe alors à une distance de 3614 lieues. Une marée
immense soulève les océans submerge la totalité des terres. Situées
au point le plus proche de la comète, les montagnes d'Arménie sont brisée
par l'attraction gravitationnelle de l'astre errant. L'atmosphère et la
queue des comètes contenant de l'eau (comme l'avait déjà admis Newton,
on l'a vu), on observe, outre une montée des eaux due aux marées, des
pluies diluviennes. Quarante jours humides. Mais la Bible
prédit aussi une destruction du monde par le feu. Comment s'en sortir
cette fois? Toujours par l'attraction universelle et la dynamique newtonienne,
bien sûr, et toujours aussi au bénéfice d'une large surévaluation de
la masse d'une comète. Dans le futur, la comète arrivera donc à l'arrière
de la Terre sur son orbite. Elle en retardera alors le mouvement de révolution.
Conséquence, sa distance au Soleil diminuera. A proximité du Soleil,
la chaleur sera telle qu'une déluge de feu ne pourra que s'abattre sur
les derniers des hommes. Après les mille ans, où les anges régneront
sur la Terre, la comète reviendra, heurtera notre planète et l'enverra
sur une orbite très allongée, faisant ainsi d'elle une nouvelle comète...
La
Comète du Déluge.
(Illustration
de la Théorie de la Terre de Whiston).
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Whiston a éveillé
le spectre de la collision, et il n'est pas près de se rendormir. Ainsi,
c'est après avoir parlé des opinions des Anciens que
Maupertuis
exprime la sienne, dans ces Lettres sur la comète de 1742 :
«
Le cours règle des comètes ne permet plus de les considérer comme des
présages, ni comme des flambeaux allumés pour menacer la Terre. Mais
quoiqu'une connaissance plus parfaite que celle qu'en avaient les anciens
nous empêche de les regarder comme des présages surnaturels, elle nous
apprend qu'elles pourraient être les causes physiques de grands événements.
»
Et en effet, il redoute pour la Terre l'approche
des astres chevelus. Dans la variété de leurs mouvements, il voit la
possibilité d'une rencontre avec quelques planètes, et par conséquent
avec la Terre.
« On ne
petit douter, continue-t-il, qu'il n'arrivât alors de terribles accidents.
A la simple approche ces deux corps, il se ferait de grands changements
dans leurs mouvements, soit que ces changements fussent causés par l'attraction
qu'ils exerceraient l'un sur l'autre, soit qu'ils fussent causes par quelque
fluide resserré entre eux. Le moindre de ces mouvements n'irait à rien
moins qu'il changer la situation de l'axe et des pôles de la Terre. Telle
partie du globe qui auparavant était vers l'équateur se trouverait après
un tel événement vers les pôles, et telle qui était vers les pôles
se trouverait vers l'équateur. L'approche d'une comète, ajoute-t-on,
pourrait avoir d'autres suites encore plus funestes. Je ne vous ai point
encore parlé des queues des comètes. Il y a sur ces queues, aussi bien
que sur les comètes, d'étranges opinions; mais la plus probable est que
ce sont des torrents immenses, d'exhalaisons et de vapeurs que l'ardeur
du Soleil fait sortir de leur corps. Une comète accompagnée d'une queue
peut passer si près de la Terre que nous nous trouverions noyés dans
ce torrent qu'elle traire avec elle... »
Telle est la perspective où nous conduit
peu à peu notre physicien; mais il nous donne une singulière consolation.
Comme le genre humain périrait tout entier dans cette catastrophe, englouti
sous l'eau bouillante ou empoisonné par les gaz méphitiques, et
qu'il ne resterait plus personne pour pleurer sur l'agonie de la Terre,
il nous dit qu'il nous est facile de nous en consoler.
« Un malheur
commun n'est presque pas un malheur... Ce serait celui qu'un tempérament
mal à propos trop robuste ferait survivre seul â un accident qui aurait
détruit tout le genre humain qui serait à plaindre! Roi de la Terre entière,
possesseur de tous ses trésors, il périrait de tristesse et d'ennui :
toute sa vie ne vaudrait pas le dernier moment de celui qui meurt avec
ce qu'il aime. »
En 1736,
Lalande,
s'était voulu moins alarmiste, mais lui aussi avait évoqué cette possibilité
dans un mémoire intitulé Réflexions sur les comètes. Et l'astronome
mal lu, mal compris, était très vite devenu prophète de malheur. La
fin du monde serait-elle proche? Le roi somma Lalande de s'expliquer, l'astronome
s'expliqua et tout rentra finalement dans l'ordre... jusqu'à la génération
suivante. Cette fois là , comme chaque fois, ce sera à la fois par l'humour
et le calcul que l'on cherchera à conjurer ses peurs. Ainsi, la littérature
toujours prompte à rire de nos angoisses, gardera encore longtemps l'oeil
ouvert sur celle-ci. Restif de la Bretonne s'amuse
du sujet. Il écrit :
« Une puissante
comète, déjà plus grosse, que Jupiter, s'est encore augmentée dans
sa route en s'amalgamant, six autres comètes languissantes. Ainsi dérangée
de sa route ordinaire par ces petits chocs, elle n'enfila pas juste son
orbite elliptique, de sorte que cette infortunée, vint se précipiter
dans le centre dévorant du Soleil... On prétend, ajoutait-il que la pauvre
comète, brûlée vive, poussait des cris épouvantables. »
Et, côté calculs, c'est Ã
Olbers
(1758-1840) qu'il reviendra de jouer
les (inquiétants) exorcistes. En examinant cette même question, il croira
ainsi pouvoir affirmer que, dans 88000 ans, une comète pourra venir aussi
près de nous que la Lune ,
que dans quatre millions d'années une autre pourra se rapprocher jusqu'Ã
2566 lieues de notre globe, enfin que dans deux cent vingt millions d'années
une troisième pourrait venir choquer la Terre [1].
Mais ces prédictions, empruntées au calcul des probabilités, n'ont rien
et inquiétant s'empressera-t-on de montrer, non seulement à cause de
leur éloignement, mais à raison de l'extrême ténuité de la masse cométaire
[2]. |
[1]
Correspondance
mensuelle de Zach, année 1810, et Bibliothèque universelle de
Genève, mai 1828.).
[2] Arago,
Astronomie
populaire, t. II, p. 293 et suiv. : Un choc entre une comète et
la Terre n'est pas impossible. Mais si la possibilité est incontestable,
la probabilité est extrêmement petite : sur 281 millions de chances il
n'y en a qu'une qui puisse amener une pareille rencontre. |
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Comètes
polluantes.
Les Anciens, on l'a dit, croyaient que
l'apparition d'une comète présageait de grands malheurs pour les hommes.
La connaissance accrue de ces astres, acquise au fil des siècle n'a pas
vraiment mis fin aux peurs qu'ils suscitent. Contrairement à l'idée hérité
du XVIIe siècle,
et consolidée de la façon la plus péremptoire
au XIXe siècle
selon laquelle les sciences sont un antidote aux superstitions .
Elles ne servent jamais qu'à déplacer le centre de gravité de nos peurs
et de nos fantasmes. Activité rémunératrice pour certains, dans le pire
des cas, qui du haut de leur sciences ne sécrètent au fond que de l'idéologie.
Et dans le meilleur des cas, cela donne un genre littéraire qui s'est
même largement construit sur l'exploitation de ce ressort, c'est la science-fiction.
Les comètes ne fournissent qu'une occasion
parmi d'autre de faire ce constat. Ainsi, avec l'amélioration des procédés
d'observation, le nombre des comètes connues a considérablement augmenté;
et on a sans mal pu imaginer qu'il existe en fait des milliards de comètes
décrivant dans le ciel des orbites elliptiques, paraboliques ou hyperboliques,
sous toutes les inclinaisons. Difficile alors de ne pas se préoccuper,
comme cela a été fait à diverses reprises, de la possibilité d'une
rencontre entre la Terre et une comète. On a vu ce que cela donnait avec
Whiston et consorts. Par la suite, Arago a montré que c'était un événement
possible mais très improbable. Si un choc se produisait, notait-il cependant,
la croûte terrestre serait plus ou moins endommagée selon le noyau et
la masse de la comète.
Le risque était ailleurs : si la comète
était dépourvue de noyau et possédait une atmosphère très étendue,
notait ainsi l'astronome, il faut tenir compte de la nature des gaz : s'ils
étaient délétères, l'atmosphère terrestre
pourrait devenir irrespirable; et si la masse gazeuse de la comète était
considérable, en raison de la vitesse avec laquelle elle se déplace,
il pourrait se produire un cyclone épouvantable. Déjà en son temps Newton
n'était pas éloigné d'admettre que
« les
exhalaisons, dont les queues des comètes se composent, peuvent tomber
dans l'atmosphère de la Terre, s'y condenser et produire toutes sortes
de réactions chimiques.-»
Si, donc, la collision avec une comète n'est
pas tellement à redouter, s'est-on mis à penser au
XIXe
siècle, la rencontre de la Terre avec sa queue est non seulement
possible, mais de nature à se reproduire assez fréquemment. C'est ainsi
que lord Byron dans son poème Manfred,
cédera, après le passage de la comète de 1811,
aux vieux démons que ces astres toujours inspirent. Ici ce sera le
auquel le septième esprit qui lui adressera les paroles suivantes
:
« L'astre
qui préside à ta destinée était dirigé par moi, avant que la Terre
fût créée. Jamais planète plus belle n'avait erré autour dix Soleil.
Son cours était libre et régulier, et nul astre plus beau n'avait été
bercé dans le sein de l'espace. L'heure fatale arriva. Cet astre devint
une masse errante de flamme informe, une comète vagabonde, malédiction
et menace de l'univers, roulant toujours par sa force innée, mais ayant
perdu son titre de monde et son cours harmonieux. Horreur brillante des
régions du ciel !, monstre difforme parmi les constellations! »
C'est ainsi encore que les astronomes essayé
d'expliquer vers la même époque certains brouillards fétides, phosphorescents,
par des queues de comètes; encore que, sans recourir à cette hypothèse,
on puisse comme l'a également montré Arago, en attribuer la cause Ã
des émanations volcaniques ou à des pluies extrêmement fines d'aérolithes.
Ce même astronome essaya par ailleurs de rassurer les hommes sur les dangers
qui pourraient résulter du passage de notre globe à travers la traînée
vaporeuse d'une comète. Il s'attacha à combattre les idées de Gregory,
de Sydenham, de
Lubinietski et surtout de Forster
qui, dans un ouvrage spécial (Illustration of the astronomical origin
of epidemic diseases, Chelmsford, 1829), avait voulut prouver
« que depuis
l'ère chrétienne les périodes les plus insalubres sont celles qui ont
été marquées par l'apparition de quelque grande comète, que l'apparition
de ces astres était en outre accompagnée de tremblements de terre, d'éruptions
de volcans et du commotions atmosphériques.».
On va voir au XXe
siècle quel écho rencontreront encore
ces thèmes.-
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Les
fantasmes du XXe siècle.
Le retour de la
comète de Halley en 1910
a encore été l'occasion de s'offrir le grand frisson. On craint l'intoxication
au cyanogène, et puis on survit à sa peur... Reste que l'émoi qui accompagne
les visiteurs du ciel ne s'est pas éteint depuis. Et, parce que l'on s'imagine
pouvoir prêter plus de foi à la Science (conçue comme la divinité d'un
monothéisme, et donc au singulier et portant majuscule) d'aujourd'hui
qu'aux superstitions d'antan, on pourrait même dire qu'il n'y a jamais
eu autant de bonnes raisons qu'en cette fin de millénaire pour craindre
la venue d'une comète. La différence avec le passé, c'est que les foules
ne vibrent plus désormais à l'unisson des débats scientifiques. N'y
aurait-il plus de scientistes que les scientifiques
eux-mêmes ou le principe d'autorité a-t-il enfin du plomb dans l'aile?
Il y a quand même les statistiques. Celles dont on sait qu'elles sont
déjà redoutables par ce qu'on peut leur faire dire. Il y a quand même
aussi le calcul des probabilités qui parle d'avenir et donc toujours davantage
à notre affectivité qu'à notre raison, surtout quand c'est pour dire
que les chances de collision avec un noyau cométaire ne sont pas nulles.
Certes, sur notre vaisseau Terre, nous vivons à l'écart du territoire
de chasse habituel des comètes, mais comment oublier que nous tout seuls
et qu'il y a des milliards et des milliards de comètes? Après tout, ce
qui nous effraie par dessus tout c'est la multitude, comme remarquait le
philosophe Gilles Deleuze, et la foule menaçante des barbares campe toujours
aux frontières de l'Empire...
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Infection
cosmique
Des molécules empoisonneuses
apportées par les comètes pourraient n'être qu'un moindre mal. Car,
on pourrait aussi avoir affaire à des organismes vivants, tels que des
bactéries et plus encore les virus. L'idée n'est pas nouvelle, et Maupertuis
(que l'on a pourtant connu plus alarmiste!) s'en moquait déjà , qui écrivait
dans ses Lettres sur la comète de 1742 :
« Ces astres
[les comètes], après avoir été si longtemps la terreur du monde, sont
tombés tout à coup dans un tel discrédit, qu'on ne les croit plus capables
de causer que des rhumes. »
N'empêche, au début
du XXe siècle, le chimiste
Svante
Arrhenius avait évoqué (à la suite d'auteurs qui avaient abordé
le sujet dans une perspective moins scientifique) la possibilité que la
vie put venir être venue de l'espace. Et Beaucoup plus tard, à la fin
des années 1970, Fred Hoyle, étudia de nouveau
la question à la lumière des acquis de la biologie moderne. Au terme
de son enquête sur Les maladies de l'Espace (1979), la réponse
vient sans ambiguïté : certaines maladies comme la peste ( Les
pestes au Moyen âge ),
la grippe ou le coryza, viennent de l'espace et sont apportées par les
comètes.
Selon Hoyle, les
abondances relatives des éléments chimiques présents correspondent bien
davantage à celles des organismes vivants qu'à celles de la Terre. Par
ailleurs, ni le froid de l'espace ni les rayonnements, explique-t-il, ne
peuvent venir à bout de certaines formes de vie possibles. Et, au total,
la contamination de la Terre par du matériau cométaire plus ou moins
vivant est loin d'apparaître comme une absurdité.
Il y a des luttes
inégales, et dans la bataille qui oppose le possible à l'improbable,
le possible appelle souvent à la rescousse le déjà réalisé. Hoyle
va donc, lui aussi, chercher dans l'Histoire des exemples d'épidémies
dont l'origine peut être imputée à des comètes. La variole pourrait
faire un bon candidat. Cette maladie n'est pas attestée avant le VIe
siècle. Où était donc tapi le virus auparavant? Dans les confins de
l'espace, bien sûr! Même constatation avec la peste, déjà associée
aux comètes par les Romains. Avec Hoyle - en ceci, à la fois, Aristote
et Whiston moderne - l'ennemi, reste donc l'alien, l'étranger,
désormais microscopique et extra-terrestre, mais toujours transporté
par quelque chose de chevelu et barbu, comme le Barbare d'antan. |
Un jour où l'autre
ce qui peut arriver arrivera. Pour donner aux chiffres qui prétendent
parler pour demain encore plus de crédibilité, on peut aussi exhiber
les belles réalisations du passé. Il n'est pas nécessaire pour cela
de remonter au temps des dinosaures
et de leur disparition, sous les probables foudres célestes, ni même
d'invoquer les cratères qui criblent la Lune. C'était là d'autres époques,
plus dangereuses. De tonitruantes rencontres se sont produites pas plus
loin qu'hier, ou presque. Les astronomes en ont observée une en 1994 :
les fragments de la comète Shoemaker-Levy 9 contre Jupiter. Résultat
: des explosions d'une puissance de plusieurs mégatonnes. Certes, Jupiter,
c'est Jupiter. C'est-à -dire un champ de gravitation géant propre à provoquer
les collisions tragiques. Mais que s'est il donc passé le 30 juin 1908,
dans la moyenne vallée de la Tunguska, taïga sibérienne, planète Terre?
Des milliers d'arbres abattus dans un rayon de 35 kilomètres, un bon millier
de rennes tués, une explosion entendue à des centaines de kilomètres
à la ronde. Explication la plus souvent évoquée : un fragment de comète
(peut-être détaché du noyau de la comète de Encke, auquel est aussi
associé l'essaim de Zêta Perséides, actif en juin) d'une soixantaine
de mètres de diamètre seulement pénètre dans l'atmosphère et se volatilise
avant même d'avoir touché le sol dans une explosion cataclysmique.
On pourrait aussi
mentionner nombre d'exemples où c'était moins une. De redoutables rochers
de l'espace qui viennent dangereusement renifler la Terre, on en repère
pratiquement tous les mois. Il en est aussi quantité d'autres qui nous
percutent pour de bon, à coup de kilotonnes dispersés dans l'atmosphère.
Cela ce sont les rapports militaires, quand ils finissent par être rendus
publics, qui nous l'apprennent. De quoi nous procurer alors, peut-être
à dessein, de belles frousses rétrospectives. Qu'il s'agissent plus souvent
de météorites faits de roches que de comètes faites de glace ne change
rien pour qui en recevra une sur le crâne. C'est arrivé, cela arrivera
encore. Et qui nous garantit que cela ne se passera pas la prochaine fois
sur Paris, Mexico, Tokyo ou Le Caire? Et qui
nous assure que telle apocalypse n'aura pas lieu avant la fin du millénaire?
Pas les statistiques en tout cas.
Le spectre récurrent
d'une collision semble donc appelé à nous hanter longtemps. On y reviendra.
Mais croira-t-on que l'empoisonnement par une comète a cessé d'être
crédible? Certes, la Science majuscule ricane devant pareille éventualité.
D'un côté les chiffres disent que quelques molécules du pire cyanure
disséminées dans notre atmosphère par une queue de comète pèseraient
d'un bien dérisoire poids à côté des poisons que l'industrie humaine
se charge d'injecter massivement dans l'air que nous respirons. Mais d'un
autre côté, les comètes sont aujourd'hui perçues comme des boules de
neige, certes, mais des boules de neige sale. Et l'on sait même, depuis
l'étude rapprochée de Halley par les sondes spatiales, que les comètes
sont vraiment très sales... Leur connotation négative persiste toujours
en filigrane. L'heure venue, elle saura encore ensemencer notre imaginaire. |
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