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Types
de bijoux
Bijouterie d'or. - Dans le bijou, la monture joue le rôle principal; la matière se découpe, se contourne, se régie, les ornements se superposent et le bijou apparaît. La gravure, la ciselure, l'émail, les pierres de couleur et les diamants viennent ensuite en rehausser la valeur et l'effet. La matière première, l'or est soumis en France aux trois titres légaux de 920, 840 et 750 millièmes, c'est ce dernier qu'on emploie de préférence, comme nous l'avons dit ; suffisamment malléable, il offre plus de consistance et est susceptible d'un beau poli. La bijouterie d'or proprement dite traverse en ce moment une crise qui en arrête les progrès; l'invasion des diamants du Cap en est certainement la cause principale. Le public préfère du diamant dont le prix est devenu plus abordable et qui lui représente une valeur, à des bijoux appelés à se démoder d'une année à l'autre; par suite, beaucoup de maisons de bijouterie ont complètement changé leur fabrication et ont été amenées à faire de la joaillerie. Pourtant il nous reste encore dans la bijouterie de style bien des fabricants gardiens des bonnes traditions, cherchant le progrès. La mode est à l'or rouge, dont le ton n'est pas plus séduisant que les formes unies dans lesquelles se tient en général la fabrique. Il y a lieu de distinguer entre la bijouterie riche proprement dite et celle où tout en n'employant que l'or, par divers artifices, tels que de faire les bijoux creux, on ne produit que des objets de peu de valeur. Quant aux bijoux entièrement pleins, on n'en fabrique qu'un très petit nombre, soit pour des anneaux de doigt, des bracelets, des maillons do chaînes, mais on comprend que par suite du poids relatif élevé de l'or, en dehors de la dépense même qu'entraîne l'emploi du métal, le poids de la pièce peut offrir une certaine gêne quand il s'agit de le porter. La bijouterie, en outre des alliages aux titres légaux qui servent à fabriquer la bijouterie d'or proprement dite, emploie encore divers alliages destinés soit à fournir des métaux de coloration différente, soit à fabriquer de la bijouterie plus commune, destinée à l'exportation et dont les titres inférieurs aux titres légaux constituent des objets rentrant dans la bijouterie d'imitation. On distingue ces alliages par leurs couleurs. La fabrication du bijou vrai, tout en ayant
su tirer un grand profit. de tous les perfectionnements mécaniques
modernes, st. celle qui a cependant conservé le plus des anciens
procédés de travail manuel exclusivement employés
autrefois. La transformation mécanique, éminemment intéressante
au point de vue économique et commercial, est naturellement peu
favorable au côté artistique, car seul le travail manuel peut
se plier au goût, à l'inspiration de l'artiste. Les deux arts
de la gravure et de la ciselure sont intimement liés à celui
de la bijouterie et lui permettent de décorer des façons
les plus multipliées des objets se rapportant au même type
comme forme primitive, mais différant pourtant considérablement
d'aspect. Si lorsqu'il s'agit de contourner une bande de métal,
de découper une pièce de profil déterminé dans
une plaque, en un mot d'exécuter les opérations fondamentales
de
Enfin et ce qui constitue particulièrement cette branche de cet art, c'est la variété des modèles qu'elle produit; alors que dans les autres variétés dont nous parlons plus loin, un même modèle sert à fabriquer un nombre considérable de pièces identiques, cette répétition est beaucoup moins fréquente dans les bijoux riches, dont le prix plus élevé, en dehors de la valeur même du métal employé, permet aux fabricants de choisir des types plus compliqués et plus difficiles à établir. C'est ici qu'intervient le rôle de l'artiste proprement dit, du compositeur qui imagine une nouvelle forme de bijoux et qui, tout en cherchant de nouveaux modèles, ne doit jamais, dans ses conceptions, perdre de vue les applications particulières de l'objet qu'il s'agit d'établir, et ne pas oublier les conditions nécessaires matérielles pour que l'on puisse exécuter son invention avec les moyens dont dispose le fabricant. Dans un atelier de bijouterie, tous les ouvriers ne sont pas tenus de posséder à ce point de vue une éducation très développée, il leur suffit ordinairement de bien savoir lire un dessin; mais si ces connaissances complètes ne sont pas indispensables à la généralité des ouvriers, elles le sont pour ceux en petit nombre qui ont la direction des travaux, et c'est de là que résulte le prestige qu'a toujours présenté cette industrie classée avec raison parmi les plus élevées. Bijouterie d'argent. - Les titres légaux sont, comme nous l'avons dit, au nombre de deux : 950 et 800 millièmes. La bijouterie d'argent se prête à tous les genres de bijoux ; mais elle se distingue particulièrement depuis quelques années dans les articles de fumeur, où l'on trouve des étuis soit niellés (V. Nielles), soit à dorure polychrome d'un heureux effet et de formes heureusement appropriées à l'usage. Elle produit également en grande quantité l'article religion. Les procédés de fabrication sont les mêmes que pour la bijouterie d'or. Bijouterie de platine. - Sans avoir la valeur intrinsèque de l'or, le platine en a une bien supérieure à l'argent. On en fait divers bijoux, tels que boucles, chaînes, bracelets, etc. Ces bijoux sont d'un éclat argentin un peu bleuàtre, qu'ils conservent longtemps, parce que le platine est bien moins oxydable que l'argent et l'or. Les procédés de fabrication sont ceux que nous avons indiqués pour la bijouterie d'or. Nous signalerons une fraude sur laquelle nous appelons l'attention de nos lecteurs : ou trouve dans le commerce des tabatières et divers petits objets, dits Articles de Paris, décorés au moyen du niellage, qui sont offerts comme étant en platine, tandis qu'ils ne sont réellement qu'en argent niellé. L'acheteur, s'il n'y prend garde, paie ce dernier métal au prix du platine, qui est beaucoup plus élevé. Bijoux creux. - Depuis longtemps on fabrique des bijoux creux en or et en argent. Les bijoux creux en argent ne sont que la réunion de deux coquilles réunies par l'estampage, reliées ensemble par la soudure. Ce procédé peut s'appliquer également pour les bijoux en or, mais il existe pour celte seconde classe un autre procédé qui permet de les établir sous une épaisseur très faible, épaisseur sans laquelle le métal résisterait mal au travail de l'estampage ; il consiste à prendre un cylindre creux en or, à le remplir d'un noyau de cuivre ou de laiton et à allonger ce bloc, soit à la filière, soit par le laminoir ou tout autre procédé, de manière à obtenir une matière suffisamment résistante et où cependant l'or n'existe qu'à l'état d'une couche très mince. On contourne ensuite cette matière, on la coupe, on la divise, on la prépare en pièces qui, soudées ensemble, formeront le bijou qu'il s'agit de fabriquer ; mais avant de pratiquer la soudure, il faut enlever la doublure intérieure de l'or, ce qui est facile grâce à la propriété qu'offre l'acide nitrique de dissoudre le cuivre sans agir sur l'or. La bijouterie creuse d'argent, ainsi que celle du doublé en or, ne possédait pas cette ressource si précieuse; Payen a indiqué un procédé qui permet d'arriver à un excellent résultat pour ces bijoux, tout en laissant à la bijouterie creuse d'or elle-même une doublure intérieure en cuivre, à l'aide de laquelle on a pu diminuer encore l'épaisseur de la surface en or véritable sans compromettre la solidité des bijoux. L'artifice imaginé consiste à remplacer, dans la bijouterie creuse en argent, le noyau de cuivre ou de laiton par un noyau en fer, et dans les deux sortes de bijouterie en or, à introduire un noyau de fer intérieur que recouvre d'abord la couche de cuivre, puis ensuite celle de l'or. Ce noyau de fer, une fois les pièces préparées, se détruit aisément par l'acide sulfurique étendu d'eau, sans que pour cela l'or, l'argent ou le cuivre soient attaqués. Bijoux en filigrane. - On appelle bijoux en filigrane ceux qui sont faits avec des fils d'or ou d'argent; ce qui les distingue surtout, c'est leur grande légèreté, aussi sont-ils très appréciés dans tous les pays chauds. C'est le genre adopté surtout par les peuples orientaux, en Turquie, aux Indes, en Afrique, en Amérique, où les ouvriers de ces pays jouissent d'une habileté remarquable pour ce genre de travail. Le filigrane fut fort en honneur au moyen âge et l'on en trouve de nombreux exemples dans les objets précieux de cette époque qui sont parvenus jusqu'à nous, notamment dans l'orfèvrerie religieuse. L'Italie et surtout Venise ont fabriqué de très beaux bijoux en ce genre qui, sous le rapport technique, n'offre pas de grandes difficultés, mais exige beaucoup de dextérité et de goût. Benvenuto Cellini a donné une description complète de cette fabrication, et ses procédés sont encore, sauf quelques modifications, ceux que l'on emploie de nos jours. Les matières employées sont des fils d'or ou d'argent, de différentes grosseurs, et des grenailles obtenues en, versant l'or ou l'argent en fusion dans un petit vase rempli de charbon en poudre. La soudure est au tiers, elle se compose de deux parties d'argent et d'une de cuivre rouge. La France tient encore la première
place pour la fabrication du filigrane, non pas tant par les procédés
spéciaux de fabrication, que par le gent apporté dans la
confection de ces objets et surtout par l'heureuse alliance du filigrane
proprement dit avec les matériaux ordinaires de la bijourie, qui
donnent alors à ces bijoux un caractère vraiment original.
C'est ainsi que la combinaison de parties en filigranes et de pièces
pleines, mais très légères, obtenues par le repoussé
ou l'estampage, ainsi que l'addition de parties colorées, soit par
incrustation de pierres ou par émaillage permettent de varier les
effets à l'infini. Les filigranes de Gênes,
de Naples
et de Rome, véritables toiles d'araignées,
ont conservé leur art merveilleux tout en restant d'un grand bon
marché. Le Danemark fabrique des objets en filigrane d'argent dont
le travail, d'une grande finesse, se rattache à une nervure solide
offrant une décoration d'un excellent effet. En Norvège,
les bijoux en filigrane d'argent ont un cachet tout spécial au pays,
c'est une foule de petites pampilles, rondelles concaves, croix de Malte,
découpures diverses suspendues à des anneaux, qui, polies,
scintillent en se balançant sur la surface entière du bijou
dont le fond est de filigrane.
Les nécessités de la Production et de la concurrence ont fait chercher à employer dans cette fabrication les moyens mécaniques afin d'en abaisser le prix de revient; divers procédés ont été imaginés à cet effet. Ainsi pour faire une feuille un peu étendue, on commençait par en établir le contour et les nervures principales, puis à l'aide d'un mandrin conique, sur lequel on enroulait un fil, on obtenait une série d'anneaux de diamètre décroissant se présentant chacun en deux pièces qui avaient à remplir les nervures d'une façon très agréable à l'oeil. On a fabriqué aussi une sorte de toile à jour en fil d'or ou d'argent, dont il suffisait de découper une portion suivant le patron de la feuille et qu'on soudait après la carcasse. C'est ce procédé qui, au point de vue du bon marché, est le plus avantageux. Bijouterie en doublé. - Dans cette partie le fabricant prépare presque toujours lui-même le métal qu'il emploie. Ce métal est formé d'une feuille d'or très mince, au titre ordinaire du bijou d'or et au besoin d'une coloration différente obtenue par l'alliage, que, par une pression énergique à chaud, on fait adhérer à une plaque beaucoup plus épaisse d'un métal composé de cuivre, de zinc, d'étain et de nickel, appelé chrysocale . On fait aussi du doublé d'or sur argent par les mêmes procédés, on lamine ensuite et la feule de doublé amenée au point désirable, puis polie à un certain degré, subit au moyen de moutons, de découpoirs, de matrices, les transformations que nécessite la fabrication. La lamelle d'or excessivement mince qui recouvre toujours la surface du bijou reproduit toutes les finesses du travail des matrices, et susceptible d'un beau poli, elle ne laisse pas soupçonner l'existence du métal secondaire qu'elle recouvre. Cette branche d'industrie toute française et éminemment parisienne ne remonte pas au delà de l'année 1828; à cette époque Huart mit à profit des essais tentés avant lui et il commença à fabriquer en doublé quelques bagues, croix, cours et pendants d'oreilles ronds. Sa fabrication fut entravée par la longue lutte qu'il eut à soutenir avec le service de la garantie qui s'opposait à la fabrication des bijoux en doublé dont la similitude avec ceux en or devait, selon lui, encourager la fraude; enfin Huart obtint gain de cause et le doublé put se produire au grand jour. La fabrication du bijou en doublé a eu un moment de défaveur parce que la couche d'or qui revêtait le cuivre était tellement mince que le bijou n'avait pour ainsi dire pas plus de valeur réelle que le cuivre, l'aspect seul étant modifié. Mais plusieurs industriels, en tête desquels il faut citer Savard, par des travaux persévérants, n'ont pas tardé à relever cette fabrication en France et non seulement ont pu lutter avec la concurrence étrangère, mais encore l'ont rapidement dépassée. Mais ce qui fut polir le doublé le commencement d'une ère de grande prospérité, ce fut l'application à sa fabrication de l'estampage par la matrice en acier, substituée à l'estampage par le poinçon en fer sur le plomb. Ce système appliqué par Savard, de 1845 à 1850, diminuait des cinq sixièmes au moins le prix de revient en perfectionnant le travail, aussi valut-t-il à son auteur de longues et préjudiciables grèves. Le système toutefois triompha et depuis lors il est adopté par tous les fabricants de doublé, toute concurrence devenant impossible dans son emploi. Cette branche d'industrie a pris en peu d'années une très grande importance ; sa production peut atteindre de sept à huit millions pour une quinzaine de maisons; elle occupe de trois à quatre mille ouvriers, y compris les femmes qui ont dans cette fabrication la spécialité du polissage. Ces grandes fabriques sont do véritables usines, dont l'outillage est fort important; des machines à vapeur mettent en mouvement: laminoirs, tours à polir, découpoirs, bancs à tirer, tours de mécanicien. Ces moyens d'exécution mécanique permettent d'établir, avec un degré de perfection difficile à dépasser, des objets d'un extrême bon marché, susceptibles de lutter avec succès contre l'industrie allemande, malgré l'avantage que donnent à celle-ci le bas prix de la main-d'oeuvre et celui de l'or à bas titre. Pendant longtemps la bijouterie en doublé n'avait utilisé que l'or et l'argent, alors quo dans l'industrie du bijou en plein, le platine, métal précieux par son inoxydabilité, offrait des ressources considérables. Savard a comblé cette lacune et le doublé de platine peut s'obtenir à froid ou à chaud. Pour doubler le platine avec du cuivre par exemple, on commence par nettoyer aussi bien que possible une série de feuilles de ces métaux, puis on les dispose l'une sur l'autre en formant ainsi un seul paquet où toutes les feuilles sont de même dimension, et en interposant entre toutes les feuilles de cuivre en contact, des plaques de tôle préalablement frottées d'ail pour empêcher l'adhérence. Le tout est solidement fixé entre deux plaques de fer ou d'acier et la masse est fortement chauffée dans un fourneau jusqu'au rouge, et soumise à l'action d'une presse énergique fonctionnant par pression et par percussion. Les feuilles de platine doublées sont ensuite laminées et travaillées, comme si elles n'étaient formées que d'un seul métal. Le travail à froid exige des presses dont l'action est beaucoup plus considérable. Les chaînes de montres ou autres en doublé sont fabriquées avec un fil plaqué d'or; toutefois il existe dans ce plaquage une circonstance embarrassante, qui consiste en ce que le cuivre ne se laisse pas plaquer avec l'or, parce qu'à la température qu'il est nécessaire d'atteindre, le cuivre seul ou le cuivre allié à l'argent ont leur surface convertie en oxyde noir, mettant obstacle à l'union de l'or avec le cuivre ou l'argent allié. Voici alors comment on procède : on coule de petites baguettes rondes d'argent fin, ou bien on prend un fil de cuivre bien argenté ; on porte ce fil ou ces baguettes à la chaleur rouge et on les introduit en cet état dans une forme appropriée et osée verticalement et l'on verse aussitôt dans la forme alliage d'or qu'on avait pendant ce temps porté au point de fusion. Cet alliage entoure le fil on les baguettes et y produit un plaqué très uniforme, très adhérent d'or allié dont l'épaisseur dépend de l'espace libre qu'on avait réservé dans la forme. Après refroidissement, les baguettes plaquées d'or sont tirées au blanc à la manière ordinaire pour les amener au diamètre voulu. Aujourd'hui on préfère souvent opérer autrement : le fil doublé est obtenu au moyen d'un tube en plané fort ayant une légère couche de soudure à l'intérieur. Ce plané est obtenu en terminant une plaque de doublé de manière à en former un ruban. On introduit dans le tube de plané une baguette de chryso le remplissant complètement ; ces deux pièces, tube et baguette, sont soudées par la fusion de la soudure qui revêt l'intérieur du tube. Bijouterie en doré ou en argenté. - Dans la bijouterie en doré, comme dans la bijouterie en doublé d'or, le chrysocale fait le fond du bijou; mais les moyens sont tout différents pour la fabrication : car la couche d'or, pour le bijou doré, n'est appliquée au moyen de la dorure qu'après l'exécution. complète; dès lors la matière première peut se tourner, se modeler à la lime, à la tenaille, à toutes les formes que comporte l'objet mis en oeuvre, sans tous les ménagements que nécessite absolument le doublé. L'habileté de la main, le goût peuvent amener le bijou doré à un grand degré de perfection, et on rencontre dans les fabriques françaises des pièces qui rivalisent avec les meilleurs travaux de la bijouterie d'or. Les apprêts des graveurs-estampeurs permettent de livrer des bijoux d'imitation aux prix les plus modiques et pourtant d'une assez bonne exécution. Il se fait, outre le bijou doré, des bijoux en métal argenté ou nickelé. La bijouterie dorée, qui remonte à la plus haute antiquité, est entrée aujourd'hui dans les parures des femmes de toutes les classes de la société; l'industrie parisienne qui excelle dans lafabrication des objets où le goût doit dominer, a pu par des efforts successifs donner, comme nous l'avons dit, à l'imitation un cachet, un fini susceptible de tromper quelquefois l'oeil le plus exercé. Quelques bijoutiers artistes, et Parmi eux Piel, ont su faire faire de notables progrès à a bijouterie dorée par une constante préoccupation de la forme artistique. L'Angleterre, l'Allemagne et l'Amérique nous font une concurrence acharnée ; mais c'est en copiant nos modèles, c'est en tirant de chez nous les graveurs-estampeurs, les bâtes préparées ou les cuivres frappés, qu'ils peuvent entamer notre chiffre d'exportation toujours considérable; il y a là cependant un danger contre lequel la bijouterie doit lutter sans relâche, et ce sont les écoles de dessin seules qui peuvent fournir les armes, car elles développeront chaules jeunes générations les grandes qualités qui font la supériorité de notre pays dans les industries d'art. La bijouterie d'imitation occupe à paris seulement un grand nombre d'ouvriers et d'ouvrières ; les graveurs, estampeurs, doreurs, sertisseurs, lapidaires, reperceuses, peintres en miniature, brunisseuses, polisseuses et graveurs-ciseleurs, forment environ lin total de cinq mille personnes, dont les salaires varient de 3 fr. 50 à 5 francs pour les femmes, et de 5 à 8 francs pour les hommes. Quant aux procédés généraux du travail, ils sont assez simples: c'est surtout par l'application des méthodes d'estampage, de repoussage, de découpage, etc., qu'on obtient facilement, soit avec des feuilles de cuivre, soit avec des feuilles de certains alliages, les diverses parties d'un même bijou. Celles-ci, réunies ensuite par la soudure, forment les objets définitifs qu'il n'y a plus qu'à passer dans les bains de dorure, à mettre en couleur, à brunir. Les alliages permettent d'obtenir un métal d'une couleur naturelle analogue à celle de l'or, offrant d'ailleurs des qualités sous le rapport de la ductilité, qui en rendent le travail aussi aisé que s'il s'agissait de l'or lui-même. Ces dernières matières permettent à la rigueur de se passer de la dorure, mais on comprend aisément que de tels bijoux s'altèrent toujours assez promptement à l'air, ce qui en rend la production limitée. Voici trois alliages de platine qui ressemblent à l'or sous le rapport de la couleur, de l'éclat, de la durée et très employés dans la bijouterie d'imitation : 1° platine 3 parties, cuivre 13 parties;Les alliages de cuivre et de zinc, analogues d'ailleurs au bronze jaune employé dans la fabrication des bronzes d'art lorsqu'on a en vue d'établir des pièces dorées, sont très nombreux. Il est bien établi que le cuivre ainsi allié est plus apte à bien prendre la dorure que le cuivre pur ou que le cuivre rouge. On fabrique en Angleterre un alliage connu sous le nom d'or de Manheim et qui se compose de cuivre 3 parties, zinc 1 partie, étain en très petite quantité. On a découvert en Angleterre que l'or au titre de douze carats et au-dessous, allié avec du zinc au lieu de l'être avec une quantité convenable d'argent, présentait une couleur à peu près semblable à celle de l'or à 2 1/2 ou 3 carats audessus. Il en résulte qu'on a fabriqué une quantité considérable de bijoux avec l'or ainsi allié, et que ces bijoux ont été mis dans le commerce au grand détriment des marchands et du public. Toutefois il se produit, au bout d'un certain temps, une action galvanique chez l'or allié de cette façon ; il arrive que le métal se divise ou se sépare en portions distinctes et que les pièces ainsi fabriquées sont mises hors de service. Les alliages imitant l'argent sont nombreux, un des plus connus a la composition suivante : sur 100 parties, cuivre 71, nickel 16,50. cobalt 1,75, étain 2,50, fer 1,25, zinc 7. Les avantages de cet alliage sont, à ce qu'on assure, principalement dus au cobalt qui lui donne un éclat argentin particulier. Garker a donné quelques formules pour les compositions d'alliages imitant l'argent; l'une d'elles, qui offre l'avantage de se laisser buriner et marteler à chaud, est celle-ci : cuivre 70, manganèse 30, zinc 25 à 35. Nous ne nous étendrons pas sur la composition des divers alliages, dits métal blanc. Le décor des bijoux en métal autre que l'or et l'argent ressort des opérations ordinaires du doreur-argenteur. Il y a trois sortes de dorure : la dorure au mercure, la dorure par immersion et enfin la dorure par les procédés électro-chimiques à l'aide de la pile. Les deux premiers sont les plus employés pour le travail de la bijouterie, et encore sont-ils une variété de la dorure au mercure à laquelle on a généralement recours, dite dorure au santé. L'adhérence de l'amalgame d'or n'aura lien qu'autant que la surface du métal à dorer sera parfaitement nette; la première opération est donc de mettre à nu les surfaces métalliques que l'on veut dorer, c'est ce que l'on nomme le décapage. Pour décaper une pièce, on la trempe dans un baquet contenant de l'acide sulfurique étendu d'eau et on l'y frotte avec une brosse afin de dissoudre et d'enlever la couche d'oxyde formée par l'action de la chaleur. La pièce décapée est lavée et séchée; sa surface est encore irisée. On la trempe alors dans de l'acide nitrique à 36 degrés et on l'y frotte avec un pinceau à longs poils. Pour rendre ensuite le métal blanc, comme on dit dans le métier, on passe enfin la pièce dans un bain d'acide nitrique à 36 degrés auquel on ajoute un peu de suie ordinaire et du sel marin. Quand la pièce est bien dérochée, on la lave à plusieurs eaux, on l'essuie avec un linge fin et on la fait sécher dans du son, de la sciure de bois ou de la tannée sèche afin d'éviter l'oxydation. La pièce ainsi préparée doit avoir une belle teinte jaune pâle, et sa surface doit être légèrement dépolie et un peu grenue, afin que l'or puisse mieux y adhérer. Les pièces décapées sont passées immédiatement dans des bains spéciaux, avant de procéder à la dorure, suivant qu'on voudra obtenir une dorure brillante ou une dorure mate, d'où les noms de bains, à brillanter et de bains à mater. Pour le premier : on emploie acide sulfurique 40 parties, acide nitrique 40 parties, sel marin 1 partie. Le bain à mater est formé de parties égales d'acide sulfurique et nitrique, avec addition d'un peu de sulfate de zinc. Au sortir des bains, on lave à l'eau pure et on procède à la dorure. Nous ne parlerons pas de la façon dont on prépare l'amalgame; nous dirons seulement que cet amalgame doit contenir 33 par. ties de mercure et 67 parties d'or. Les objets à dorer et l'amalgame sont placés dans une terrine en bois ou en fer, puis on les saute, c.-à-d. qu'on les secoue pour amener un contact parfait de toutes les parties du bijou et de l'amalgame. Lorsqu'on juge que les objets sont convenablement couverts, on les retire, on les rince à l'eau pure et on les dépose dans une passoire en cuivre rouge où ils sont sautés de nouveau au-dessus d'un feu de charbon, jusqu'à ce que tout le mercure soit volatilisé. Quand les objets ont une teinte d'un jaune terreux. on les passe dans de l'eau contenant 1/10e d'acide sulfurique, puis après les avoir brossés et séchés, on les brillante soit par le gratte-brossage, soit par le brunissage, soit par le sassage, quand les objets seront de si petites dimensions, que les opérations précédentes seraient impraticables. Ce sassage s'obtient en mettant les bijoux dans un sac qu'on tient par les deux bouts et auquel on donne un mouvement de va-et-vient. La dorure par immersion ou au trempé est basée sur cette propriété que si dans nue dissolution de sel d'or, on vient à plonger un morceau de cuivre par exemple, une certaine portion de ce cuivre est dissoute et en même temps il se précipite sur la surface du cuivre, de l'or qui reste adhérent. La dorure ainsi obtenue est bien inférieure à la première; les bijoux décapés, brillantés ou matés sont plongés dans la dissolution suivante chauffée à environ 100 degrés : eau 10 litres, pyrophosphate de soude 800 gr., acide cyanhydrique 8 gr., or laminé 10 gr. Les procédés employés pour obtenir différentes tonalités de l'or sont les mêmes que pour les bijoux vrais. L'argenture se pratique peu en bijouterie;
on comprend en effet que la valeur des bijoux en argent vrai est déjà
si peu élevée que les bijoux faux trouveraient peu de débouchés,
d'autant plus que cette nature de bijoux noircit rapidement. L'on opère
en général par la méthode d'immersion; la pièce
de cuivre décapée est plongée dans un bain de nitrate
d'argent dissous dans l'eau. Quand on juge la précipitation complète;
on retire la pièce, on l'essuie avec un linge fin et on la frotte
avec un morceau de peau imbibé d'une poudre composée de :
eau O kil. 975, crème de tartre 3 kil. 55, sel marin 3 kil. 540,
alun 4 kil. 950. La pièce suffisamment chargée, on la plonge
dans de l'eau tiède, tenant en solution un peu de cendre gravelle
qui sert à faire développer l'argenture;' on la lave ensuite
promptement et successivement dans l'eau tiède et dans l'eau froide
et on l'essuie soigneusement avec un linge bien fin.
Bijouterie en acier. - La bijouterie d'acier, dont la vogue fut si grande au XVIIIe siècle, avait repris faveur à la fin du siècle suivant, mais les changements de la mode paraissent avoir ensuite ralenti cette fabrication si intéressante. L'acier, grâce à sa dureté, est susceptible d'un beau poli ; un en forme des demi-perles très finement facettées, et ces pointes d'acier sont rivées les unes contre les autres sur des plaques de cuivre argenté percées de mille trous, qui reproduisent en silhouette les dispositions que l'on veut exécuter. On obtient ainsi de l'éclat et du scintillement; pourtant on reproche à ces milliers de petites pointes facettées de ne refléter la lumière que d'une façon monotone; il faudrait peut-être chercher la silhouette heureuse et les effets distincts par des dessins plus amples et moins confus. Les bijoux d'acier que l'on fabrique actuellement n'atteignent pas tout le fini que l'on trouvait dans les ouvrages du XVIIIe siècle (boutons, gardes d'épée, chaînes de montre, etc.) ; mais il faut tenir compte de ce fait qu'aujourd'hui cette industrie, restée toute française, est soumise aux caprices de la mode et qu'en temps ordinaire sa production est forcément limitée, tandis que, vienne la vogue, elle prend une extension considérable et doit produire vite et à bon marché; les moyens de fabrication se sont perfectionnés dans ce but. Pour obtenir la bijouterie et autres petits objets d'acier on se sert ou de fer malléable dont on trempe et on acière la surface, ou d'acier qu'on adoucit avant le travail et on durcit par cémentation quand le bijou est terminé. a laminoirs portant en creux l'empreinte des reliefs, et des matrices d'acier trempé sont les principaux outils de cette fabrication. Les menus objets découpés dans des tôles de fer ou d'acier sont amenés à la forme voulue par estampage; on ébarbe et on termine à la lime ou plus communément à la meule artificielle composée de deux parties essentielles, l'agglomérant et le mordant qui dans ce cas particulier est l'émeri de Naxos bien pulvérisé. On emploie surtout la meule pour obtenir les pointes de diamant. II faut alors procéder au polissage afin d'arriver à l'éclat indispensable à cette fabrication. Pendant longtemps on se servait pour les parties saillantes de moules de bois et d'étain portant de l'émeri pulvérisé pour donner le premier poli et du rouge d'Angleterre pour parachever. Les parties creuses se frottaient avec des brosses rudes trempées dans de l'émeri délayé à l'eau. Aujourd'hui en emploie le polissage mécanique plus rapide et surtout moins coûteux. Les objets à polir sont introduits dans un cylindre creux animé d'un mouvement de rotation peu rapide et contenant un mordant mélangé à de l'eau pour former une pâte molle. Le mordant employé est de l'émeri de Naxos ou de l'émeri corindon extrait des sables de Bretagne ou encore de la bauxite cuite au four Siemens et contenant 60 % d'alumine. Par une rotation prolongée et tente de 48 à 72 heures, les objets ont pris un assez beau poli; on termine en lavant et en introduisant dans un autre cylindre contenant du rouge d'Angleterre. Dans la bijouterie d'acier les ouvriers se divisent en blantiers qui soudent et préparent les carcasses, en riveurs qui couvrent ces carcasses de petites pointes à facettes d'acier poli, en monteurs qui assemblent toutes ces pièces, et en polisseurs. En 1878 on comptait près de 1 500 ouvriers occupés à cette fabrication. Bijouterie de fonte. - Les bijoux, les ornements et les autres articles de luxe obtenus par le moulage de la fonte de fer et désignés sous le nom de bijouterie en fonte de Berlin sont obtenus par des procédés qui n'ont rien de particulier et ressortissent de la fonderie ordinaire; ils se moulent en sable gras afin que les empreintes soient parfaitement nettes, que la fonte ne se fige pas trop promptement, qu'elle remplisse bien toutes les parties du moule, qu'elle ne devienne pas aigre et ne se fissure pas en se refroidissant. Il faut d'habiles mouleurs pour obtenir des arêtes de même vivacité que celles du modèle, ils commencent par saupoudrer le modèle avec la terre la plus fine de manière à le couvrir en entier, ils remplissent ensuite le châssis de terre ordinaire ou de sable de Fontenay-aux-Roses auquel on a mélangé 1/8e de charbon, et noircissent à l'instant même les empreintes obtenues en les tenant au-dessus de la flamme d'un morceau de bois de pin dont la fumée se dépose sur le sable. Les moules sont desséchés si fortement que frappés avec le doigt ils rendent un son très clair. Pour obtenir une grande netteté il faut chauffer le moule au moment de s'en servir, et couler le métal à une température fort élevée; les fontes contenant une certaine proportion de phosphore prennent admirablement les empreintes. On a la précaution de détacher les jets lorsqu'ils sont encore rouges. Bijouterie de corail. - Ce genre de bijouterie est soumis aux fluctuations de la mode, mais il jouit pourtant toujours d'une certaine faveur. Le corail est susceptible d'un beau poli et se prête bien à la sculpture; on en façonne des colliers, des bracelets, des broches, des pendants, d'oreilles. Ce bijou se distingue par son élégance, sa légèreté, sa solidité dans le collage et la façon de le fixer dans les montures; on l'accompagne de perles fines, d'émaux ou de diamants. Les Italiens, qui ont presque le monopole de la pêche du corail, ont aussi la spécialité de la taille; c'est à Naples surtout et dans les environs que le corail est façonné pour l'usage de la bijouterie; on l'expédie de là sur les grands marchés européens, principalement à Paris et à Londres; en France, d est monté à Paris, à Lyon et à Marseille. Dans les bijoux anglais, le corail est monté solidement, mais sans grâce; en Allemagne les fabricants copient le genre français. Bijouterie de deuil. - Les matières employées et la fabrication sont de différentes natures. Le jais naturel se travaille hors de France; il est au contraire fort employé en Angleterre, principalement pour en faire des colliers de boules facettées. En France on se sert d'une imitation de jais en émail ou en verre; on la prépare en appliques de formes diverses, taillées à facettes ou à biseaux, plates en dessous, qu'on fixe avec de la cire noire sur des fonds en fer découpé; on arrive à exécuter, en les juxtaposant, des dessins très variés et l'éclat miroitant de cette bijouterie relève heureusement la monotonie d'une toilette entièrement noire. Ces morceaux de verre, dont la valeur est faible, sont taillés et façonnés par les mêmes procédés que ceux employés pour le, jais, de manière à leur en donner l'apparence. Le bas prix auquel on livre ces parures au public peut déjà les faire reconnaître par l'acheteur, mais indépendamment de ce moyen de les différencier de la matière qu'on a cherché à imiter, la taille peut encore les faire reconnaître. En effet, elle est beaucoup moins soignée, 'en raison du bénéfice qui doit être assez faible pour faire préférer l'objet imité à la pierre vraie. Un oeil assez exercé ne s'y méprendra pas. Le même moyen de contrôle peut servir à différencier les objets autres que les bijoux de deuil et les parures pour lesquels on a employé le verre, au lieu du jais véritable. L'emploi de la corne de buffle, matière très malléable, a pris une grande extension, surtout pour la fabrication des chaînes qui, en se substituant aux chaînes en caoutchouc étrangères et même au jais anglais, est devenue l'objet d'une exportation assez importante. Enfin on utilise encore le bois durci, composé de sciure de bois et d'albumine, principalement de palissandre et de sang de boeuf, qui se moule comme l'écaille. Bijouterie en cheveux. - L'usage
des bijoux en cheveux parait remonter seulement à la Renaissance,
et c'est au XVIe siècle qu'on voit
paraître pour la première fois, les bracelets de cheveux portés
indistinctement par les hommes et par les femmes. On trouve à ce
sujet dans les Mémoires de d'Aubigné un trait caractéristique;
durant les guerres de Henri IV, d'Aubigné,
dans une bataille combattait corps à corps contre le capitaine Dubourg.
Au plus fort de l'action, d'Aubigné s'aperrut qu'une arquebusade
avait mis le feu à un brâcclet des cheveux de sa maîtresse,
qu'il portait à son bras; aussitôt, sans songer à l'avantage
qu'il donnait à son adversaire, il ne s'occupa que d'éteindre
le feu et de sauver ce précieux bracelet qui lui était plus
cher que la liberté et la vie. Le capitaine Dubourg, touché
de ce sentiment, le respecta; il suspendit ses coups, baissa la pointe
de son épée et se mit à tracer sur le sable un globe
surmonté d'une croix. Tallemant des Réaux
parle des bijoux en cheveux dans plusieurs de ses Historiettes.
Mais c'est à partir du XIXe siècle
que la bijouterie en
"Notre époque est si sentimentale, disait à ce sujet Genlis, dans son Dictionnaire des étiquettes, qu'il n'y en a certainement jamais eu où l'on ait tant fait de bracelets, de bagues, de chiffres, de chaînes de cheveux. On a vu des femmes porter des ceintures de cheveux de leurs amants. Nos grands-pères et nos grand'mères étaient loin de cette touchante prodigalité de cheveux. "La mode de porter, par affection ou par superstition, des bracelets de toute sorte est assez ordinaire en Russie parmi les hommes, beaucoup portent des bracelets en cheveux; ces bracelets sont simplement tressés et ont un fermoir en or. Les bagues en cheveux ont en général la forme des bagues celliers de chien, mais plus étroite; dans la concavité que présente tout le tour, on colle une liasse mince de cheveux. Elle est aussi unie qu'une plaque. Il en est qui sont montées en chevalières et qui ont au-dessus une plaque à charnière qui s'ouvre afin de pouvoir placer des cheveux au dedans. (L. Knab, c. 1900). |
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