|
Procédés
généraux de fabrication
Les procédés de fabrication
de la bijouterie ont beaucoup d'analogie avec ceux de l'orfèvrerie
et s'y rattachent intimement; nous ne parlerons donc que des particularités
que présente la confection des bijoux proprement dits. On peut distinguer
deux sortes de travaux, l'un qu'on peut appeler le travail à la
main, qui a été incontestablement le seul employé
dès la plus haute antiquité et le travail mécanique
qui ne date que de nos jours, grâce aux perfectionnements de tons
genres apportés aux machines. Sans remplacer le travail à
la main, le travail mécanique est venu s'y adjoindre, prenant bientôt
un développement beaucoup plus considérable que le premier
et qui a permis à la bijouterie de produire à des prix relativement
peu élevés des bijoux de toute nature dont l'usage s'est
tant vulgarisé. En général, les bijoux se fabriquent
avec des plaques, des rubans, des fils d'or et d'argent, martelés,
ciselés, repoussés d'après des dessins on la fantaisie
d'artistes habiles. Sans pouvoir entrer dans le détail d'exécution
de toutes les pièces que l'on peut produire, il est aisé
pourtant de se rendre compte des diverses opérations qu'exécute
un bijoutier pour établir un bijou; ayant découpé
dans une plaque, de métal, une pièce de grandeur convenable,
ou ayant choisi un ruban, un fil en rapport avec les éléments
du modèle, oui consistera en un dessin ou en un objet modelé
en plâtre, l'ouvrier met ces pièces en ciment, c.-à-d.
les fixe sur une plaque de ciment contenu dans le creux d'une pièce
en fer, ordinairement de la forme d'une calotte sphérique creuse,
forme qui lui permet d'installer cet appareil sur un bourrelet, sur son
établi et de le tourner en tous sens suivant les besoins du travail.
Puis, empruntant aux divers arts de l'estampage fait à la' main
ou à la mécanique, de la ciselure
et de la gravure, leurs ressources et leurs procédés, il
couvre ces parties de métal d'ornements de toute nature.
La plupart des bijoux se composent de différentes
parties qu'on prépare séparément et qui seront ensuite
réunies, soit d'une manière fixe, soit par des attaches conservant
la mobilité relative de ces diverses parties. Cette dernière
partie du travail consiste dans la monture, pour laquelle le procédé
le plus général est la soudure qui permet de lier invariablement
entre elles les diverses parties ou d'y fixer des anneaux entre lesquels
on dispose des crochets, des anneaux brisés ou toute autre disposition
reliant tout l'ensemble, mais en laissant du jeu entre les parties principales
de l'ouvrage. Aujourd'hui, la ciselure est moins employée qu'autrefois,
l'emploi des machines assure une fabrication bien plus prompte et à
bien meilleur marché; ainsi la plupart des bijoux offrant des dessins
en relief sont frappés dans un moulematrice représentant
les objets qu'on veut avoir. Les laminoirs permettent de contourner suivant
des formes définies, sur ruban ou sur plaque de métal, plus
facilement que le martelage. Il est même dans la classe de la bijouterie
une classe spéciale de façonniers désignés
sous le nom d'estampeurs, qui ne font que frapper ces objets au moyen d'un
balancier ou d'un mouton; un bijou peut ainsi étire obtenu à
l'aide de feuilles excessivement minces et qui seraient incapables de résister
à l'usage si elles n'étaient remplies intérieurement
d'une substance résineuse qui s'oppose à leur écrasement
pendant les manipulations du travail. La soudure est d'une importance capitale
dans le travail de la bijouterie, elle assure seule mie jonction convenable
et durable vies diverses portions d'un bijou.
--
Moulage d'objets
pour bijoux.
Un
procédé de moulage dû à Karmarsch peut rendre
des services aux bijoutiers dans la fabrication des bijoux dits de fantaisie;
il s'applique surtout à la décoration des broches et des
coffrets
riches que le bijoutier peut avoir à garnir extérieurement.
Les objets naturels, plantes, insectes, etc., servent eux-mêmes de
modèles; voici comment il convient d'opérer : on suspend
le modèle dans une petite caisse en bois ou en carton, et on l'y
fixe à l'aide de quelques tours d'un fil fin en métal. D'autres
fils d'un plus fort diamètre et qu'on retire plus tard, sont disposés,
pour constituer les évents. Sur le point le plus élevé
de l'objet, on pose une petite pièce de bois conique pour servir
de canal de coulée lors du moulage, puis on remplit avec précaution
la petite caisse avec Une bouillie composée avec trois parties de
plâtre, une de poussière très fine de brique et une
solution d'alun ou de sel ammoniac, d'abord en enduisant la petite pièce
conique, puis en coulant. Lorsque la bouillie est prise on enlève
la caisse, on chauffe la forme modérément, ce qui réduit
le modèle en cendres que l'on enlève en lavant l'intérieur
avec du mercure, on chauffe la forme une seconde fois et l'on coule. Pour
démouler, on mouille la forme, ce qui la ramollit, et on l'enlève
avec précaution par parties. Ce moulage se fait eu or et en argent
en vue d'orner un bijou vrai ou un objet de valeur; il peut se faire avec
un alliage d'une valeur moindre et servir à la décoration
du bijou faux. |
Bien que l'exécution des soudures
des bijoux se fasse en se conformant aux règles générales
qui président à ce genre de travail, on comprend que par
suite de la ténuité qu'offrent souvent les pièces
à réunir, le contour sinueux des assemblages, la nécessité
d'obtenir une jonction exacte sans laisser de points vides, l'opération
de la soudure est très délicate et exige une grande habileté.
L'emploi du chalumeau est général, il permet de chauffer
au degré voulu des parties très restreintes et d'assurer
la fusion de la soudure, tout en pouvant suivre la marche plus aisément
que sur un grand feu. La soudure ne doit pas être prodiguée,
car au point de vue de la valeur vénale des objets fabriqués,
l'introduction de la soudure qui, pour être plus fusible que les
matières à réunir, est toujours à un titre
bien inférieur, augmente le poids de la pièce, et cette addition
ne peut être comptée dans les transactions à la valeur
du métal qui constitue l'objet proprement dit. Dans la bijouterie
fine, on ne fait guère usage que de trois sortes de soudure, désignées
sous les noms de soudure au quart, au tiers, à deux, suivant la
proportion de métal fin et d'alliage, on de cuivre employé.
L'alliage employé est ordinairement uniforme et se compose de 2/3
d'argent fin et de 1/3 de cuivre. Les soudures doivent être bien
homogènes, résultat qu'on ne peut obtenir qu'on les faisant
fondre à plusieurs reprises avant d'être employées;
le fondant dans ce cas est toujours le borax.
En France, l'or employé par les
bijoutiers est à 750 mil. lièmes, c.-à-d. qu'il contient
750 parties d'or au sur 250 d'alliage. Dans presque tous les autres pays
les bijoutiers sont libres de fabriquer à des titres inférieurs;
aussi sur les marchés étrangers se sert-on de l'appellation
or français pour distinguer nos produits de ceux des autres nations.
Il y a deux titres pour les bijoux d'argent premier titre 950 de fin et
50 d'alliage; deuxième titre 800 de fin et 200 d'alliage. Le poinçonnage
indique le titre particulier de chaque bijou. La couleur du bijou diffère
sensiblement d'aspect avec l'or pur; elle serait même moins agréable
à l'ail que les bijoux dorés. Aussi s'est-on préoccupé
de corriger cet inconvénient, en passant les objets dans des liquides
corrosifs qui n'agissent qu'à la superficie, dissolvent la cuivre
et mettent l'or cri relief; c'est là ce qu'on nomme la mise en couleur.
La belle couleur jaune mat est due à l'action de trois sels qui
constituent la couleur à bijoux et, qui entrent dans la composition
dans les proportions suivantes : salpêtre 40 parties, chlorure de
sodium 35 parties et alun 29 parties.
Les objets à mettre en couleur sont
préalablement recuits et dérochés dans de l'eau additionnée
d'un peu d'eau forte et plongés ensuite dans une dissolution contenant
800 grammes de la couleur à bijoux dissous dans un litre et demi
d'eau pour 100 grammes de bijoux, et amenés à l'état
d'ébullition. On retire du feu le vase contenant le liquide et on
y plonge alternativement et on en sort les bijoux suspendus à un
fil d'or, jusqu'à ce que la couleur commence à se sécher
sur les objets en travail. Une seconde opération semblable est souvent
nécessaire, mais l'emploi de l'eau régale en proportion de
25 grammes pour les doses précédentes, permet d'obtenir le
résultat cherché, en une seule fois. Les bijoux rincés
à l'eau tiède sont séchés dans la sciure de
bois. D'autres formules ont été proposées et employées
pour mettre les bijoux en couleur, ammoniaque liquidé étendue
d'eau, azotates alcalins et sel marin, bromure,
etc. La mise en couleur peut avoir quelquefois un but complètement
opposé au précédent et doit donner aux bijoux un aspect
moins terne et moins pale que celui de l'or vierge; c'est ce qu'on nomme
rehausser la couleur. On y parvient en les étamant avec des cires
ou des céments et en les lavant dans des liqueurs chaudes que les
orfèvres appellent sauces et que chacun d'eux compose à sa
manière. Ces cires et sauces sont des mélanges de terres
bolaires, de sel marin, d'alun calciné et de vert-de-gris; c'est
à la revivification du cuivre de ce dernier ingrédient que
ces sauces doivent leur propriété de rehausser l'éclat
de l'or, par la belle couleur rouge qu'elles lui donnent. (L.
Knab, c. 1900). |
|