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et les îles Pélagiennes |
On donne le nom d'îles Pélagiques ou Pélagiennes (Isole Pelagie) au groupe de petites îles formé par Lampedusa, Linosa et Lampione. Ces îles, situées dans la Mer Méditerranée, entre la Tunisie et la Sicile, appartiennent à l'Italie. On reconnaît dans les noms de Lampedusa et de Lampione la même étymologie, elle se réfère a aux lampes ou feux qu'y allumaient au Moyen âge des ermites, pour guider les navigateurs. Un phare éclaire le port de Lampedusa. - L'ile de Lampedusa vue du ciel. Photo : Luca Siragusa, licence : Creative commons. LampedusaLampedusa, la plus grande des trois îles, se situe à 210 km (114 milles nautiques) de la côte sicilienne et seulement à 130 km (70 milles nautiques) de la côte tunisienne, et à 145 km (78 milles nautiques) au Sud-Sud-Est de la Pantelleria. Elle s'étend de l'Est à l'Ouest sur une longueur de 11 kilomètres, n'ayant guère qu'un 1,8 km de large dans sa partie occidentale, et n'atteignant même pas trois kilomètres dans sa plus grande largeur, qui est vers l'Est. Population : environ 5500 habitants, vivant de l'agriculture, de la pêche et du tourisme.Bien que plus rapprochée de l'Afrique que de l'Italie, elle a été acquise en 1843 par le roi des Deux-Siciles; elle fut ensuite rattachée administrativement à la province de Girgenti. Son périmètre est de 30 km seulement. Ce fut pendant longtemps un repaire de pirates barbaresques. Le tsar Paul ler chercha à y fonder une station maritime rivale de celle de Malte. Aujourd'hui, l'île est surtout connue par la tragédie des réfugiés économiques du Sud, qui viennent y échouer en tentant de gagner l'Europe depuis les côtes d'Afrique du Nord.Lampedusa est un long plateau abrupt, se terminant à la mer en falaises escarpées, sauf au Sud-Est où il descend par degrés d'une hauteur de plus de cent mètres, jusqu'à une place basse découpée en une multitude d'anses ou de baies, dont la principale est appelée le Havre ou le Port. Le cap du Ponent est une montagne pittoresque, escarpée, verticale, ofrant le point le plus élevé de toute l'île; une côte très accore s'étend de là, en regardant le Nord, jusqu'au capo Grecale, d'où elle se continue, en tirant au Sud, jusqu'à la Punta Sottille, ainsi nommée de sa forme aiguë; au milieu de ses replis, cette partie de la côte ouvre à la mer une entrée assez profonde, où les hautes falaises s'écartent pour laisser arrivera une plage sablonneuse, appelée la Cala Piscina. Après la Punta Sottile, en retournant vers l'Ouest, on rencontre d'abord la baie Française, puis le Port ou Havre, compris entre la pointe du Cheval blanc et celle de la Vigie; ensuite se succèdent les pointes della Croce, della Madonna, dei Greci, della Galera; après quoi l'on arrive à un petit groupe de rochers appelés le Lapin et les Lapereaux, qui sont exactement à moitié chemin entre le Havre et le cap du Ponent : la stratification de ces îlots, aussi bien que leur forme, les rattachent tellement aux blanches montagnes de l'île principale, qu'on a peine les en distinguer. De là jusqu'au cap du Ponent la côte redevient accore et inabordable : on raconte qu'Andrea Doria, après un engagement avec les Turcs, étant venu chercher à Lampedusa un refuge contre la tempête, plusieurs de ses vaisseaux, entraînés de ce côté, eurent beaucoup à souffrir, tandis que ceux qui accostèrent vers l'Est s'en trouvèrent mieux : au surplus, l'infatigable marin parvint à réparer ses avaries dans l'île même, de manière à pouvoir reprendre aussitôt la mer. Carte de l'île de Lampedusa. (Source : Contributeurs d'OpenStreetMap). Le port est au fond d'une baie où les bateaux peuvent trouver un excellent abri contre tous les vents; celui du Sud-Sud-Ouest y cause néanmoins beaucoup de ressac. La baie est intérieurement partagée par deux pointes de terre en trois petites anses où le rivage offre une étroite plage sablonneuse. L'île contient plusieurs sources d'eau douce, mais peu considérables, placées dans de petites baies incommodes, où l'on ne peut même quelquefois s'en approvisionner qu'en creusant profondément. Les Anglais avaient mis la terre en culture Lampedusa. La vigne, le figuier, le caroubier, le sumac y viennent bien. La partie occidentale de Lampedusa est couverte d'oliviers rabougris et d'une végétation très variée; ses forêts ont fourni au cours de l'histoire beaucoup de bois de chauffage pour la consommaton de Malte et de Tripoli. Au milieu de ces fourrés vivent en grand nombre des chèvres sauvages et des lapins, double fléau des cultures essayées dans la partie orientale de l'île, et contre lequel il a fallu se défendre par des murs de clôture; mais il en est un troisième contre lequel les murs sont impuissants : c'est la grue de Numidie, que son port gracieux a fait appeler la Demoiselle, qui arrive au mois de mai, s'abattant sur les légumes, dont elle fait ses délices, pendant que des sentinelles veillent tour à tour à la sécurité commune de toute la troupe ailée. LampioneA l'Ouest-Nord-Ouest du cap de Ponent de l'île de Lampedusa, à 18 km (près de 10 milles nautiques) de distance, surgit du sein des eaux Lampione (le Lampion), une montagne tabulaire, haute d'environ quarante-cinq mètres, coupée à pic sur presque toutes ses faces, sauf à l'Est où elle s'abaisse par étages jusqu'à une pointe basse qui se prolonge en écueil l'espace de deux cents mètres. L'île elle-même n'a guère, dans sa plus grande dimension, que sept cents mètres du nord au sud, sur cent quatre-vingts mètres de largeur. La mer offre partout, autour de ce rocher et de son appendice oriental, une profondeur d'au moins cinquante mètres. Quand on l'aperçoit du Nord-Ouest, ses falaises escarpées offrent l'aspect d'une muraille absolument verticale.Et cependant le plateau est couronné de quelques restes de constructions d'une date évidemment ancienne, occupant un espace de près de vingt mètres en carré, dont une partie conserve un toit, soutenu par une arcade bien bâtie, qui subsiste encore; les parois, ainsi que le sol, sont couverts d'un excellent ciment agréablement coloré; en d'autres endroits sont quelques fragments d'un pavé de mosaïque formé de cubes irréguliers d'un marbre grossier. Sanuto suppose que sa petite île de Schola fut appelée par les anciens Misinua et Demonèsos; par le premier de ces noms il veut incontestablement rappeler l'île Misynos ou Misyos de Ptolémée, qu'il faut chercher bien loin d'ici, dans la grande Syrte; et quant à Demonèsos, c'est une île d'Asie, qu'une mauvaise leçon du livre aristotélique des Ouï-dires merveilleux transportait auprès de Carthage, tandis qu'il s'agissait en réalité de Chalcédoine. Nous ne croyons pas qu'une autre synonymie ait été proposée parmi les noms que nous offre la géographie classique ancienne; et cependant il en est une qui nous paraît fournie très naturellement par les tables de Ptolémée, dont malheureusement il n'a été fait, sur ce point, qu'une application fautive. Nous voulons parler de son île Aithousa ou resplendissante, dont la dénomination cadre si bien avec celle de Lampion qui la remplace au-jourd'hui : tandis que les auteurs ont longtemps attribué ce nom d'Aithousa à la moderne Linosa, sans prendre garde que celle-ci avait, dans la même liste, une synonymie mieux établie avec l'île Anemousa ainsi que nous le montrerons plus bas en traitant de Linosa. Pline, qui nomme également Aethusa près de Lopadusa, dit qu'elle était quelquefois appelée Aegusa (ce qui signifierait l'île aux Chèvres), et elle se retrouve sous cette forme dans Étienne de Byzance avec une annotation particulière : « Aigousa, dit le compilateur grec, est une île de Libye, appelée par les Libyens Katria.-»Voila encore une synonymie onomastique pour notre îlot; et Abraham Berkel, le commentateur du Byzantin, tirait argument d'une étymologie punique proposée par Bochart pour faire préférer la dénomination d'Aithousa à celle d'Aigousa cette étymologie est fournie par la racine qathar, dont le sens est analogue à celui du verbe grec aithô; mais Bochart lui-même nous offre les éléments d'une étymologie plus prochae et plus simple, ce nous semble, dans qatary, pierres, en sorte que Qataryah signifierait la Rocheuse. Quoi qu'il en soit, l'Édrisi nous a conservé le nom que les Arabes donnaient, au XIIe siècle, à cet écueil, et ce nom a quelque rapport de forme avec celui que nous révèle Étienne de Byzance, et pourrait y âtre aisément ramené si l'on supposait quelque incertitude dans la lecture des manuscrits : « A cinq milles au Nord-Ouest de Lanbadousah, dit le géographe, est une jolie île qu'on nomme Gezyret el-Ketâb, et qui est très agréable. »Rien ne serait plus facile que de lire el-Ketâr au lieu d'el-Ketâb, et de retrouver ainsi une appellation ancienne, au lieu d'un synonyme nouveau signifiant l'île du lien, dont nous ignorons l'origine et la légitimité. LinosaA 43 kilomètres (23 milles nautiques) au Nord-Est de Lampedusa, et à 59 km (32 mn) de Lampione, se montre la déserte Linosa, qui de loin offre l'aspect de deux îlots accolés, mais qu'en approchant on reconnaît ne former qu'une seule masse arrondie, du sol de laquelle surgissent plusieurs cônes; le plus élevé, qui est dans la partie du Sud-Est, mesure une hauteur d'environ cent soixante mètres.Cette île, de forme vaguement trapézoïdale, a environ 230 m sur 140 m, offrant successivement sur sa périphérie une série de pointes, dont la plus saillante est la punta del Strepito, au Sud-Est; les autres portent respectivement, en contournant la côte de l'Est a l'Ouest par le Nord, les dénominations de Mora, Vergogna, Lava, Pecora, Ricovero, et Sciarazza. L'île paraît de formation entièrement volcanique : un grand cratère éteint et trois autres cratères plus petits, mais également remarquables, y sont disséminés. Les éruptions en doivent avoir été très intenses, car les pierres ponces, ainsi que les vitrifications les plus parfaites et les plus dures, se rencontrent au milieu des laves. Les reliefs généraux du terrain, ayant leur noeud principal au Sud-Est, se ramifient en trois rangées de coteaux qui se dirigent, en s'épanouissant, vers le Nord-Ouest, laissant entre eux d'agréables vallées, couvertes d'une végétation spontanée dont la vigueur et la riche variété témoignent de la fécondité du sol. Le capitaine Smyth , dans une première visite à Linosa, ne put découvrir le moindre indice de l'existence de quelque quadrupède sur ce sol désert; les seuls êtres vivants qu'il y rencontra étaient de nombreux faucons. Dans une visite subséquente, il y débarqua quelques chèvres et quelques lapins, et y sema des pois, des fèves, et divers herbages; il y jeta aussi du froment et de l'orge dans toutes les directions, et sema du tabac et du ricin sur les flancs du cratère et des coteaux voisins. Quand il y revint une dernière fois, il trouva ses essais de jardinage gravement endommagés par les lapins; mais il eut la satisfaction de voir que sa petite colonie s'était beaucoup accrue. L'histoire se tait sur les habitants qu'elle peut avoir eus. Dapper nous dit que les Turcs avaient souvent tenté de s'en emparer, aussi bien que des autres possessions de l'ordre de Malte, mais que tous leurs efforts avaient été inutiles. L'opinion est parfois émise que Linosa représente aujourd'hui l'île Aithousa de Ptolémée et de Pline; mais cette ancienne dénomination devait propbablement être réservée pour l'îlot du Lampion. Quant à Linosa, c'est une autre synonymie que nous lui trouvons, et qui nous semble justifiée par la dérivation étymologique du nom actuel. Ce nom de Linosa, en effet, est une corruption toute moderne de celui de Limoza ou Limosa, que nous donnent Livio Sanuto et les autorités plus anciennes en remontant jusqu'à la carte catalane de la bibliothèque du roi Charles V, au XIVe siècle. Cette forme elle-même était une altération de celle que deux siècles auparavant avait employée le Edrisi en décrivant cette même île : « De Gezyret el-Kétâb, dit-il , en se dirigeant au Nord-Est, on compte trente milles jusqu'à Némousah, où il n'existe ni port ni arbres , mais seulement quelques champs ensemencés et un mouillage dangereux. »Or, de la forme Némousah on remonte immédiatement à la dénomination primitive d'Anémousa ou la Venteuse, que nous a conservée Ptolémée, et qui désigne bien, dans ses Tables, une île placée à l'égard de Lopadousa dans la situation relative où est Linosa à l'égard de Lampédusa; de sorte qu'il ne peut rester aucun doute sur la parfaite justesse de la synonymie que nous venons d'exposer, entre l'ancienne Anémousa et la moderne Linosa. (D'Avezac). |
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