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Les Chèvres et les Bouquetins Le genre Capra |
Les
Chèvres et les Bouquetins constituent le genre Capra,
de la sous-famille des Caprinae, qui fait partie
des Bovidae, c. -à-d. des Mammifères
'Ruminants dont
les cornes sont persistantes, creuses et soutenues
par un axe osseux prolongement des os frontaux. Les dents
et l'organisation interne ne diffèrent pas de celles des Bovinés
(Boeufs), des Antilopes et surtout des Moutons.
Chèvres et
Bouquetins sont caractérisées par leur museau entièrement
velu et sans maille, leurs cornes grandes, surtout chez le mâle où
elles sont généralement souvent noueuses sur leur face
antérieure et recourbées en demi-cercle en arrière,
à coupe prismatique ou elliptique, rarement contournées;
le chanfrein est droit et non busqué comme chez les Moutons. Elle
sont contenues à l'intérieur par des axes osseux plus ou
moins celluleux. Les cornes de la femelle sont plus courtes, sans nodosités.
Le pelage est dur ou soyeux, formant une
barbiche sous le menton des mâles; les narines ont rarement un muffle;
la queue est courte, horizontale et non rabattue entre les jambes; les
pieds plus trapus que ceux des Moutons. Les femelles ont deux mamelles.
Chèvre (Bouc) du Cachemire et, à droite, Bouquetin d'Afrique. Mais ce qui caractérise encore mieux ce genre, c'est leur mode de vie : tous les représentants de ce type, habitent les montagnes et de préférence les sommets les plus rocheux et les plus escarpés où ils se meuvent avec une agilité et une sûreté remarquables. On les rencontre dans les différentes chaîne de la région paléarctique (Europe, Asie, Afrique), jusqu'en Ethiopie et en Inde, pays qui limitent au Sud la sous-région méditerranéenne. Chaque chaîne distincte parait posséder une race particulière élevée au rang d'espèces d'après des caractères souvent très variables : ce résultat, dû à la ségrégation de types ayant une origine commune, se reproduit pour tous les Mammifères à moeurs montagnardes (Ours, Marmottes, Mouflons, etc.), animaux qui ne s'aventurent jamais bien loin dans les plaines, et se trouvent isolés sur leurs montagnes comme sur de véritables îles. Chèvres et Bouquetins vivent comme les autres Ruminants, par petits troupeaux sous la conduite d'une femelle âgée : les mâles, paraît-il, vivent isolés, en dehors du temps de la reproduction. Leur voix est un bêlement tremblé (d'où le mot chevrotement), et l'odeur que répandent les mâles est particulièrement forte et désagréable. Classification
des espèces et sous-espèces du genre Capra.
Les BouquetinsBouquetins d'Europe occidentale.On rencontre dans les régions montagneuses de l'Europe occidentale (Alpes, hauteurs de la Péninsule ibérique) deux espèces de Bouquetins : Capra ibex, le bouquetin des Alpes, et Capra pyrenaica, le Bouquetin d'Espagne, dont la sous espèce Capra pyrenaica pyrenaica (Bouquetin des Pyrénées) a disparu récemment. Les moeurs des deux espèces sont identiques. Ces animaux vivent, à la limite des neiges éternelles et des glaciers, par petits troupeaux dont les mâles semblent exclus. Ceux-ci recherchent quelque pointe escarpée où ils se tiennent immobiles des journées entières, surveillant l'horizon. Les femelles et les jeunes se tiennent plus bas, dans un endroit plus praticable : la nuit, ils descendent à la limite des forêts et remontent au lever du soleil : ils fuient la trop grande chaleur, supportant plutôt le froid et la tempête. Leur agilité égale celle du Chamois. Leur course est rapide et soutenue, et dans les rochers, la moindre saillie leur sert à s'accrocher, les quatre pieds placés dans un espace de quelques centimètres carrés. En sautant, ils semblent toucher à peine le point d'appui et bondissent comme une balle. Leur cri habituel est un sifflement semblable à celui du Chamois, mais plus prolongé. Effrayés, ils font entendre une sorte d'éternuement, et quand ils sont en colère, ils soufflent bruyamment. Les jeunes bêlent comme les chevreaux. Leur nourriture consiste en rhododendrons, fenouil, absinthe, bourgeons de saules nains et de bouleaux. Le rut commence en janvier. Les mâles se livrent de furieux combats, se dressant sur leurs jambes de derrière et entrechoquant leurs cornes. Cinq mois après (juin-juillet) la femelle met bas un seul petit qui la suit presque aussitôt, et qu'elle défend au besoin avec ses cornes contre l'attaque des Aigles et des Gypaètes; tant qu'il est trop faible pour la suivre, le jeune se cache derrière une pierre ou dans une fente de rochers pendant que la mère détourne l'attention du chasseur en s'enfuyant vers les escarpements impraticables : le danger passé, elle revient à son petit. Bouquetin
des Alpes.
Bouquetin des Alpes (Capra ibex). Bouquetin
d'Espagne.
Bouquetins du
Caucase.
Bouquetin de Nubie
et Bouquetin Walie.
Sur les hauts plateaux
de l'Abyssinie (Ethiopie), il est remplacé par le Bouquetin Walie
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Espèces
d'Asie centrale et septentrionale.
Les
Markhors.
Les ChèvresChèvres sauvages.Une espèce plus facile à distinguer est l'Egagre (Capra aegagrus), inférieure par la taille au Bouquetin des Alpes, mais dont toutes les sous-espèces sont plus grandes que la Chèvre domestique (Capra hircus ou Capra aegagrus hircus). Son pelage est assez varié, brun roux avec la face et le devant des jambes marqués de noir, tandis que le reste des parties inférieures est blanc. Cette espèce habite le versant méridional du Caucase, le Taurus et les autres montagnes de l'Asie Mineure et de l'Iran (Capra aegagrus aegagrus ou Chèvre à bézoar), jusqu'au Sindh (Capra aegagrus blythi), l'Afghanistan et le Bélouchistan (Capra aegagrus turcmenica); elle habitait autrefois la Grèce et se trouverait encore dans le Péloponnèse, dans les îles de la mer Egée et dans l'île de Crète (Capra aegagrus creticus ou Kri-Kri). L'Egagre est le Pasang des Iraniens : c'est de cette espèce que l'on retire le bézoar, si recherché des Orientaux. - Egagre (Chèvre à bézoar). Origine des races
domestiques; hybrides.
La Chèvre
domestique se croise d'ailleurs très facilement, non seulement avec
les espèces sauvages du même genre (Bouquetins), mais encore
avec le Mouflon de Corse (Ovis orientalis musimon), et le produit serait
fécond, d'après Ch. Bonaparte. Les hybrides
du Bouc et de la Brebis domestique, désignés sous le nom
de Chabins, constituent une race distincte très recherchée
dans certains pays. Enfin Hodgson a affirmé que le Kemas jemlaicus
s'est croisé en Inde avec une femelle de Cerf (Axis), et que le
produit, plus semblable à la mère, devint en se développant
un très bel animal. Si le fait est exact, ce serait le premier exemple
authentique d'une union féconde entre des Mammifères appartenant
à deux familles bien distinctes.
En Asie on utilise le poil; mais en Europe le lait, les chevreaux, la viande et le cuir sont les vrais produits de cette espèce. Quant à la viande de l'animal lui-même, elle ne plaît guère au goût, et l'intérêt que l'on trouve à garder la chèvre conduit à la tuer trop tard pour qu'on la puisse engraisser. Tantôt, comme dans le Poitou, on élève les chèvres avec les moutons; tantôt, comme dans l'Auvergne, les Alpes, les Pyrénées, on en forme des troupeaux particuliers qui trouvent à vivre sur les plus maigres pâturages des montagnes. Elles en tirent un lait qui a de l'importance pour la fabrication de divers fromages. La chèvre
porte 5 mois et met bas 2 à 3 petits nommés chevreaux,
cabris ou biquets s'ils sont mâles, chevrettes,
cabres ou biques dans le cas contraire. On nomme menons des boucs
qui ont subi la castration et sont employés à guider les
troupeaux de moutons. Les petits tètent de 20 à 30 jours.
Il n'est pas rare de voir naître des chevreaux sans cornes et cela
se perpétue dans certaines familles. La chèvre peut donner
de bon lait jusqu'à 10 ou 12 ans.
Chèvre domestique (Capra aegagrus hircus). Races de Chèvres.
Chèvres
à oreilles courtes et droites.
• Chèvre
naine. - Cette race, originaire de la côte de la Guinée,
remarquable par sa petite taille, comprend trois variétés.
La première, le Capra recurva, Linné, est la plus commune
partout, et a surtout été introduite en Amérique,
où elle s'est considérablement propagée. On la trouve
aussi à l'île de la Réunion,
à l'île Maurice, à Madagascar.
La seconde variété, le C. depressa, Linné, provient
originairement de l'Afrique. La troisième, qu'A. G. Desmarest a
confondue avec la Chèvre de Juda, ressemble à la Chèvre
sans cornes, se trouve dans le golfe de Guinée et sur divers autres
points de l'Afrique, tant sur l'Atlantique
que sur la Méditerranée
: on la trouve dans l'Égypte moderne.
Chèvre et bouc nains. • Chèvre sans cornes. - Elle est très remarquable, semble originaire de l'Espagne, et quelquefois sa chair, qui a peu d'odeur, est vendue pour celle du Mouton. Chèvres
à oreilles plates, pendantes, longues au moins comme la tête.
• Chèvres
de Syrie. - Propres toutes aux pays chauds, tels que la Syrie
et les pays voisins, ainsi que diverses parties de l'Afrique continentale
ou insulaire dans laquelle les Arabes ont pénétré.
Pennant en décrit deux variétés chez lesquelles les
sexes varient beaucoup, et qui se trouvent aux environs d'Alep, où
elles servent à la consommation considérable de lait que
font les habitants. La Chèvre de Syrie, Chèvre membrine de
Sonnini, a le poil ras, habituellement d'un roux clair; la tête allongée
et un peu moutonnée, les oreilles très longues; elle se trouve
aussi dans la Basse-Égypte.
Chèvre thébaine. • Chèvres
de la Haute-Egypte. - Races à longues jambes, dont le cou, également
très long, porte une tête petite et difforme; chanfrein très
élevé à la partie supérieure, s'abaissant brusquement
vers le museau; nez camard; mâchoire inférieure dépassant
souvent la supérieure; oreilles à peu près de la longueur
de la tête; pas de barbe; corps couvert de poils de couleur rousse
et trop courts pour dissimuler le peu d'élégance des formes.
(C'est probablement à cette race que se rapportent les nombreux
individus amenés au Muséum, en 1853, avec le premier Hippopotame,
qui lui ont servi de nourrices pendant la traversée d'Afrique en
Europe). Les Chèvres à oreilles tombantes sont propres à
des climats tempérés ou froids, à l'exception d'une
seule race, la Chèvre du Népal.
Chèvre de Haute-Egypte et, ci-dessous, Chèvre du Népal. Chèvres
à oreilles tombantes, mais non aplaties, à toison frisée.
Chèvres
à oreilles larges, demi-tombantes, à duvet abondant.
La race type, ou Chèvre de Lhassa, abonde et est très belle dans les environs de Lhassa, au Tibet, par les 90° de longitude Est, et se présente d'autant plus belle qu'on va plus loin à l'est; elle est petite, de couleurs variables, telles que le blanc, le gris, le bleuâtre, le chamois clair et le noir; c'est la couleur des poils soyeux, car le duvet abondant qui se trouve à la hase est grisâtre; les cornes sont droites, tordues en vis, divergentes; les oreilles assez grandes, mobiles, et retombant eu avant. D'autres variétés se trouvent au Kirghiztan, et les habitants en ont de très grands troupeaux. Vers l'Anatolie (Turquie d'Asie), on a trouvé des Chèvres à duvet encore plus abondant, telles que celles qui donnent le churon ou poil de Chameau d'Alep. La Chèvre du Tibet (Capra Tibetana, A. G. Desmarest; C. villosa, Wagner) est brusquement limitée du côté de l'Inde par l'Himalaya, et les Chèvres que l'on rencontre dès qu'on commence à descendre le versant austral appartiennent à d'autres races très distinctes. La race tibétaine a un poil soyeux très long, mais presque dépourvu de duvet; elle peut facilement supporter le froid, est très adroite pour gravir les montagnes les plus escarpées, et est employée comme bête de somme pour transporter les marchandises; se trouvant en contact avec des races lanigères, elle ne tarde pas à s'abâtardir. Plusieurs des races
de cette division, et surtout celle désignée sous la dénomination
de Chèvre de Cachemire, fournissent ces poils fins, laineux, doux
et souples, qui servent à la fabrication de ces beaux châles
connus sous le nom de cachemires.
Chèvre Angora et, à droite, Chèvre du Cachemire. PaléontologieLe type des Chèvres ou Bouquetins (Capra) se sépare assez tard du tronc commun des Ruminants à cornes creuses. De plus, la distinction, sur des débris fossiles toujours plus ou moins incomplets, des Ovis, des Capra, des divers groupes d'Antilopes, et même des Bos est assez difficile, d'autant plus que l'on connaît, même à l'époque actuelle, des intermédiaires entre ces divers genres. La colonnette accessoire des dents molaires qui caractérise les Boeufs et les Antilopes à cornes plus ou moins semblables à celles des Bouquetins (colonnette qui manque aux dents des Chèvres et des Moutons), permet seule d'établir la limite entre ces divers genres. La disparition de cette colonnette indique que ces deux derniers genres représentent un terme d'évolution plus avancée du même type : il est donc vraisemblable que les Chèvres et les Moutons ont vécu, comme les Antilopes, dans les plaines avant de se retirer sur les montagnes qui sont leur habitat exclusif à l'époque actuelle.Malgré ce caractère, la détermination des types fossiles est très difficile; c'est ainsi que l'Antilope du Miocène supérieur, de Pikermi (Tragoceros amaltheus, Gaudy), a d'abord été décrite comme une Chèvre (Capra amalthea Roth et Wagner). Le genre Bucapra (Rütimeyer), dont les cornes sont inconnues, est par la forme de son crâne intermédiaire aux Boeufs et aux Chèvres (B. Dapiesi, du Pliocène des Siwaliks du Nord de l'Inde). On doit considérer comme appartenant réellement au groupe qui nous occupe les espèces suivantes : Capra sivalensis (Lydekker), voisine de Capra jemlaïca et appartenant par suite au sous-genre Kemas; Capra sp., voisine de Capra Falconeri par ses cornes, toutes deux du pliocène de l'Inde; Capra perimensis (Lydek.), est plus ancienne, car elle provient du Miocène de l'île de Perim. Les espèces quaternaires (Capra cebennarum, C. corsica) diffèrent peu des Bouquetins actuels qui sont également signalés à l'état fossile (C. pyrenaïca fossilis, de Gibraltar et C. ibex fossilis, du centre de l'Europe); on désigne en outre sous le nom de C. hircus fossilis les débris de la même époque qui paraissent provenir de la Chèvre domestique, un des animaux que l'on trouve avec les débris de l'industrie humaine, notamment dans les palafittes de la Suisse. Quant à Capra Rozeti (Pomel), ses débris, du Pliocène du sud de la France indiquent un animal plus grand qu'aucune des espèces vivantes et peuvent aussi bien provenir d'une Antilope voisine du Tragoceros. Enfin le Caprovis Sabinii (Newton), du Forest-bed d'Angleterre, serait intermédiaire aux Chèvres et aux Moutons. (E. Trouessart / Ad. F.). |
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