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Christophe Colomb
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Aperçu Les jeunes années Le projet de Colomb
La découverte de l'Amérique Les trois derniers voyages [La famille Colomb]*
Questions sur les origines de Colomb

On a beaucoup discuté au sujet du lieu et de la date de la naissance de Christophe Colomb

Où est-il né?
Un grand nombre de villes d'Italie se sont disputé l'honneur d'avoir donné naissance à l'illustre navigateur. De ces prétentions, la plupart ne soutiennent pas l'examen, étant fondées seulement sur la présence dans ces villes de personnages, à la fin du XVe siècle, du nom de Colombo, homonymes quelconques de Christophe Colomb; c'est le cas pour Nervi, Albissola, Bugiasco, Cosseria, Finale, Oneglia, Chiavari, Modène, Milan, Calvi en Corse, sans parler de ceux qui le font naître en Angleterre; nous examinerons de plus près les titres de Pradello (près de Plaisance), de Cucarro (dans le Montferrat), de Cogoleto et de Savone, qui ont été plus anciennement produits ou appuyés sur des pièces valant une discussion. 

Pradello?
Les Historie attribuées à son fils Fernand Colomb disent que Christophe Colomb était de sang illustre, descendant d'une famille considérable de Plaisance, parent des deux amiraux dont Sabellicus décrit les hauts faits. Oviedo émet une affirmation analogue. Il y eut, en effet, à Plaisance, des Colombo, de même que dans la plupart des villes de l'Italie septentrionale et de la France méditerranéenne, mais nulle parenté n'existe entre eux et les parents de Christophe Colomb. Oviedo, qui l'affirme, a fait une confusion avec les parents de la femme de Colomb, alliée à la famille plaisantine des Perestrello. Les documents notariés (invoqués par le chanoine Pietro-Maria Campi), qui établissent qu'à Pradello, aux environs de Plaisance, vivait une famille Colombo dont l'un, nommé Domenico, aurait engendré deux fils, Bartolomeo et Cristoforo, établissent simplement une coïncidence entre cette famille et celle de notre Colomb; mais rien de plus, car le Domenico, père de ce dernier, était, Harrisse l'a surabondamment démontré, originaire de Quinto, établi à Savone à l'époque où furent dressés à Plaisance les actes cités par le chanoine Campi.

Cuccaro?
Le titre de Cuccaro, dans le Montferrat, est une assertion de Baldassare Colombo, reprise par Herrera et qui eut une certaine vogue. Elle fut produite au cours du grand procès engagé après l'extinction de la lignée mâle du navigateur et dont nous parlerons plus loin. La thèse était la suivante : Lança Colombo, seigneur de Cuccaro, aurait eu trois fils; l'un d'eux, Domenico, mort à Cuccaro en 1456, aurait lui-même eu trois fils, Bartolomeo, Cristoforo et Giacomo. Tout ceci est possible ; mais le Domenico de Gênes, père de Christophe Colomb, vivait encore en 1494 et était fils d'un nommé Giovanni Colombo. Son identité avec le père du héros résulte, d'actes authentiques. En 1474, il avait acheté à Légine, près de Savone, un petit bien; il mourut sans en avoir payé le prix d'achat et les héritiers du vendeur assignèrent les siens; ceux-ci étaient ses fils Cristoforo, Bartolomeo et Giovanni, depuis longtemps établis en Espagne

Cogoleto?
L'idée que Christophe Colomb était originaire de Cogoleto était assez répandue et Oviedo y est favorable. Bernardo Colombo s'en prévalut quand il intervint au cours d'un procès d'héritage, où il plaida d'accord avec Baldassare. Sa réclamation fut appuyée par l'ambassadeur de Gênes à Madrid (1584); mais la seule pièce produite parait apocryphe; c'est un testament fait par Domenico Colombo de Cogoleto le 23 août 1449 en faveur de ses trois fils, Cristoforo, Bartolomeo et Giacomo; les dates et l'âge des fils ne cadrent pas avec ce que nous savons de la famille du grand Colomb. 

Savone?
Les prétentions de Savone à être sa patrie reposent sur des documents notariés d'une valeur indiscutable, mais ils prouvent seulement que Domenico Colombo, son père, vécut à Savone entre 1470 et 1481. Or, à cette époque, Christophe Colomb était né depuis vingt ans au moins.

Gênes!
Peut-être beaucoup d'interrogations pour rien, puisque Christophe Colomb nous a d'avance fourni la solution lorsque, dans son testament, il se déclare natif de la ville de Gênes (Ciudad de Genova). Il n'y a pas de raison sérieuse de le contester, puisque son père y résidait dès 1439; toutefois, comme on peut admettre l'identité de son père avec un Domenico de Terrarossa, et que lui-même fut, ainsi que son frère Barthélemy, appelé Columbus de terra rubra il n'y aurait rien d'impossible à ce que le petit village de Terrarossa, dans la vallée de Fontanabuona, fût le lieu de naissance du navigateur; cependant à la date de 1446 son père se serait plutôt trouvé à Quinto. En somme, les titres de Gênes, comme lieu de naissance de Christophe Colomb, paraissent les meilleurs.

Quand est-il né?
On a proposé pour la date les années 1435-37, 1445-47, 1456. Andres Bernaldez, moine à Los Palacios près de Séville, ami personnel de Christophe Colomb, dit qu'il mourut arrivé à la vieillesse, à un âge de soixante-dix ans environ. Il aurait eu ainsi trente-deux ans de plus que son frère Diego; il est probable que Bernaldez, qui ne donne pas de chiffre précis, s'est trompé aux cheveux blancs de l'amiral, prématurément usé par les fatigues de sa vie et blanchi de bonne heure. On ne peut déduire la date de la naissance de Colomb des assertions contenues dans ses lettres parce qu'elles sont vagues et contradictoires. Il dit dans une lettre du 7 juillet 1503 qu'il vint se mettre au service des Rois catholiques à l'âge de vingt-huit ans; une lettre de novembre 1500 dit qu'il y est depuis dix-sept années soit 1483 ou 1484 ; nous arrivons ainsi à la date de 1455 ou 1456; mais dans son journal de bord il précise et le 14 janvier 1493 écrit :

Le 20 de ce mois, il y aura sept années que je suis au service de Leurs Altesses
Ceci nous reporte au 20 janvier 1486; si Colomb n'avait alors que vingt-huit ans il serait né en 1458; cette hypothèse contredit ce que nous savons d'autre part. Colomb lui-même dit, en 1493, qu'il a navigué presque sans interruption pendant vingt-trois ans; ceci est d'abord inexact, car il ne navigua guère de 1483 à 1492; mais de plus, il en résulterait que Colomb navigua dès l'âge de douze ans; les Historie attribuées à son fils Fernand Colomb disent bien qu'il navigua dès sa quatorzième année, mais leur témoignage a peu de valeur. Enfin, en 1501, Colomb déclare qu'il y a plus de quarante ans qu'il navigue; il faudrait donc reporter les-vingt-trois années ininterrompues sur la période 1460-1483 et si l'on accepte le témoignage des Historie, l'amiral serait né en 1446; c'était l'opinion de d'Avezac, qui proposait de lire dans la lettre de 1503, trente-huit ans au lieu de vingt-huit. 

Cette hypothèse établit à peu près la concordance entre les diverses affirmations. Mais nous avons, sans même y faire appel, des actes juridiques qui permettent de déterminer, à quelques années près, la date de la naissance de Christophe Colomb. Le premier qu'on ait invoqué est le testament de Niccolo Monleone de Savone où Christophe Colomb est mentionné comme témoin (20 mars 1472). D'Avezac en a conclu qu'il avait alors plus de vingt-cinq ans; mais Harrisse a objecté que les Institutes de Justinien autorisaient l'intervention de témoins de plus de quatorze ans; on ne prouve pas que la loi romaine ait été changée sur ce point à Savone; la même objection s'applique à la reconnaissance de dette consentie par Christophe, conjointement avec son père, le 26 août 1472 ; il est indéniable que des mineurs ayant plus de dix-huit ans, mais non vingt-cinq ans, âge de la pleine majorité, pouvaient contracter à Savone des obligations de ce genre. Ces actes prouvent donc que Christophe Colomb est né au plus tard en 1454. 

Toutefois, en examinant de très près les actes de ces années où est intéressée la famille de Colomb, ceux où est mentionné Christophe et ceux où il ne figure pas, Harrisse admet qu'il est probable qu'il atteignit sa majorité (de vingt-cinq ans) en 1471 ou 1472. Un acte du 31 octobre 1470, produit depuis, dit qu'au 31 octobre 1466 il avait plus de dix-neuf ans et moins de vingt-cinq; il est donc né entre le 31 octobre 1446 et le 31 octobre 1451; on pense aujourd'hui que Christophe Colomb est probablement né en 1451 ou 1452.

Jeunesse et éducation de Colomb

L'auteur des Historie dit que Christophe Colomb fit de bonnes études, notamment en cosmographie, astrologie et géométrie, à l'université de Pavie. Cette allégation n'est confirmée par aucun témoignage; elle est en contradiction avec une lettre de Colomb lui-même; il semble bien invraisemblable qu'un enfant génois, fils de pauvres tisserands, apprenti lui-même, ait été à l'université de Pavie; pourquoi d'ailleurs un Génois eût-il été apprendre dans cette ville les sciences nautiques bien plus avancées chez lui; d'Avezac a proposé d'admettre ici une faute d'impression et de lire Patria au lieu de Pavia. Colomb ne reçut dans sa jeunesse qu'une éducation très élémentaire; c'est plus tard, pendant son séjour au Portugal, dans ses voyages, qu'il s'instruisit par ses propres efforts. Cependant les tisserands du quartier Saint-Etienne avaient des écoles primaires où il put apprendre la lecture, l'écriture, un peu de géographie. Jusqu'à sa majorité (de vingt-cinq ans), il dut surtout carder la laine et tisser le drap. Il figure conjointement avec son père dans des actes relatifs à des achats de laine et est qualifié de tisserand. 

En 1501, il déclare qu'il navigue depuis plus de quarante ans; mais dans son journal de bord, à la date du 21 décembre 1492, il dit t'avoir navigué sans interruption depuis vingt-trois ans. Cette dernière affirmation, très exagérée elle-même, contredit la précédente. Il faut remarquer que, vivant dans une cité maritime, il put, dès son adolescence, être à la fois marin et tisserand; il s'embarquait seulement pendant la morte saison où son métier était moins lucratif; il n'aurait complètement adopté la profession de marin qu'au temps de sa majorité.

Marin consommé, et d'un mérite universellement reconnu, Christophe Colomb n'avait que des connaissances scientifiques moyennes. Pour la géométrie, il était moins instruit que les mathématiciens contemporains; ses observations, très admirées, sur la variation de la déclinaison de l'aiguille aimantée prouvent son attention et son ingéniosité; il a noté et connu d'avance des éclipses, mais les almanachs les lui indiquaient. Notons que par sa culture Colomb n'est pas un Italien, mais bien plutôt un Espagnol. Toutes les lettres que nous avons de lui sont en espagnol, même adressées au pape ou à des Italiens.

Après le 7 août 1473, la trace de Christophe Colomb se perd en Italie. II est probable qu'il s'était embarqué et était allé chercher fortune à l'étranger. Sur ces premiers voyages nous ne possédons nul renseignement utile. On a soutenu qu'il n'était parti qu'en 1476 et avait passé d'abord en Angleterre. Il dut se rendre assez tôt au Portugal où il serait parvenu au début de 1474 ou à la fin de 1473, où il se fixa et se maria. Les récits divergents reposent sur des confusions avec d'autres Colombo, et sur le fait que dans son voyage de 1477 il passa par l'Angleterre. Cartographe et calligraphe habile, il fut, au dire, de son plus ancien biographe, Antonio Gallo, attiré à Lisbonne par son frère cadet Bartoloméo déjà fixé dans cette ville comme cartographe. Il dut aussi commercer et s'endetter, puisque plus tard il chargea son fils Diego de faire des remboursements secrets à des Génois établis à Lisbonne. Mais il fut et resta surtout un marin. 

« J'ai navigué sur mer pendant vingt-trois ans sans interruption notable, écrivait-il en 1492; j'ai vu tout le Levant et le Ponant, ce qu'on appelle le chemin du septentrion qui est l'Angleterre et j'ai voyagé en Guinée. » 
Il avait été dans la Méditerranée jusqu'à l'île de Chio; d'Angleterre il s'était avancé en 1477 à cent milles en mer vers Thulé (probablement les îles Féroé). Sur la côte de Guinée (La Découverte de l'Afrique) il visita le fort de Saint-Georges de la Mine, au plus tôt en 1482, peut-être 1484. Il se rendit peut-être à Porto-Santo, près de Madère; ce séjour, qui n'est pas rigoureusement démontré, se rattache à la question de son mariage. Christophe Colomb épousa au Portugal Felipa ou Philippa Muñiz ou Moniz, parente par alliance de la noble famille des Porestrello d'origine plaisantine, qui avaient colonisé Porto-Santo. La famille Moniz était originaire de l'Alemtejo; il est possible, mais peu vraisemblable, que la femme de Colomb fut une fille du premier colon de Porto-Santo, Bartholomeu Perestrello. Le mariage dut se faire à Lisbonne; la date est inconnue; toutefois Colomb abandonna femme et enfants quand il quitta le Portugal pour l'Espagne (de 1484 à 1486). Cette conduite serait encore plus blâmable, si, comme on l'a dit, il avait suivi sa femme à Porto-Santo et reçu de ses parents les indications qui lui firent concevoir son fameux projet. (André Berthelot).
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Dictionnaire biographique
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