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Le premier ascendant authentique de Christophe Colomb est son grand-père Giovanni Colombo; il habitait le village de Quinto al Mare, situé sur le littoral, à 7 kilomètres à l'Est de Gênes, près de Nervi. Il eut, à notre connaissance, deux fils, Antonino, Domenico, qui vinrent s'établir à Gênes. Son fils Domenico est le père de Christophe Colomb. Il paraît être né à Quinto et exerçait la profession de tisserand. Il y avait en ce temps à Gênes, ou dans les alentours, d'autres Colombo portant le même prénom, comme d'autres aussi portant celui de son père Giovanni, ce qui a jeté longtemps la plus grande confusion dans cette histoire. Grâce à ses qualités de légiste et à une discussion très serrée des actes, Harrisse a éclairci la question. Le tisserand Domenico Colombo figure d'abord dans un contrat du 1er avril 1439; à partir de ce moment, une série d'actes notariés nous permettent de le suivre jusqu'en 1470, puis de moins près jusqu'à sa mort. Dans plusieurs de ses actes figure à côté de lui son fils Christophe. Il était apparenté à d'autres Colombo de Moconesi dans la vallée et bailliage de la Fontanabuona (sur la Lavagna). Il avait épousé Suzanna Fontanarossa, originaire de Bisagno, dans la banlieue de Gênes, et il en eut quatre fils, Cristoforo, Giovanni-Pellegrino, Bartolomeo, Giacomo ou Diego, et une fille, Bianchinetta; le second fils mourut avant 1489. Domenico Colombo était établi dans le quartier Saint-Etienne où il exerçait sa profession de tisserand. Il fut propriétaire par bail emphytéotique d'une maison située près de la porte de l'Olivier, maison qu'il vendit en 1473. Mais il posséda près de la porte Saint-André une autre maison qu'il garda jusqu'en 1492; celle-ci, qui était sa véritable demeure, et où Christophe Colomb et deux de ses frères sont peut-être nés, en tout cas où ils firent leur apprentissage de tisserand et passèrent leur première jeunesse, était située hors la porte Saint-André, à l'Est, en façade sur la grande rue appelée aujourd'hui Carroggio diritto di Ponticello, entre la porte et le vico de Mulcento. En 1470, Domenico quitta Gênes pour se rendre à Savone, où il avait fondé un établissement de tisserand et tavernier. Sa femme mourut après 1477, peut-être vers 1484, année où on peut placer le retour de Domenico à Gênes; le dernier acte où il figure est de 1494; il vécut encore trois ou quatre ans endetté, pauvre et très âgé. Après sa mort, l'héritier de Corrado de Cuneo, auquel il avait acheté une petite terre à Legine en 1474, introduisit un recours contre ses héritiers (1501) pour se faire payer ou reprendre possession de la propriété. De ces actes et d'autres, il résulte qu'en 1498 Christophe Colomb avait à Gênes des parents consanguins, son neveu, fils de sa soeur et de Giacomo Bavarello, marchand de fromages, Pantaleone Bavarello. A Quinto vivaient, en 1496, les cousins germains de l'amiral, Giovanni, Matteo et Amighetto Colombo, fils d'Antonio, frères de Domenico, tisserands eux-mêmes. Nous reproduisons ci-dessous une généalogie de Colomb du côté paternel dressé par Harrisse (Christophe Colomb, les Corses et le gouvernement de la République (Paris, 1890) : Après ces remarques sur les ascendants de Christophe Colomb, il convient d'ajouter ici la biographie des principaux membres de sa famille, dont quelques-uns eurent un rôle important. Son frère, Bartolomeo ou Barthélemy, doit être né avant 1455; il fut associé aux entreprises de Christophe; établi à Lisbonne, où il était apprécie comme cartographe et comme marin pratique, il dépassait même son aîné à ces points de vue. Il a peut-être pris part à la célèbre expédition de Barthélemy Diaz, au cap de Bonne-Espérance. En 1488 il alla en Angleterre et en France pour faire accepter les projets de navigation transatlantique de son frère. Il était cartographe auprès de «-Madame de Bourbon » (Anne de Beaujeu) quand son frère le rappela en 1493. Il reçut le 14 avril 1494 le commandement d'une escadre destinée à ravitailler son frère. Celui-ci le nomma gouverneur d'Hispaniola (1494), sénéchal (adelantado) des possessions nouvelles (1496), titre confirmé par les rois d'Espagne (22 juillet 1497); il gouverne six ans l'île avec une grande énergie, fonde San Domingo (1496). Destitué par Bobadilla, il suit le sort de son frère, qu'il accompagne dans son quatrième voyage. Après sa mort, il retourne aux Antilles, accompagnant son neveu Diego (1509), revient bientôt en Espagne; le roi lui confirme la concession de l'îlot de Mona, près d'Hispaniola (1511); il retourne dans l'île et y meurt le 12 août 1514. Il n'eut qu'une fille naturelle, Maria, née en 1508. Giacomo ou Diego, dernier frère de Christophe Colomb, né vers 1446, mort à Séville le 21 février 1515, n'eut qu'un rôle effacé, suppléant quelque temps son frère à Isabella en 1494, revenant en Espagne en avril 1495, à Hispaniola en 1496 ou 1498, renvoyé par Bobadilla en 1500, entré dans les ordres. La soeur de Christophe Colomb, Bianchinetta, née à Gênes, épouse de Giacomo Diego Colon (orthographe espagnole), fils de Christophe Colomb et de Philippa Moniz, seul survivant de cette union, était né avant 1486, et est mort à Montalban, près de Tolède, le 21 février 1526. La reine Isabelle le prit comme page le 19 février 1498; il resta à la cour jusqu'à la mort de son père, dont il fut le légataire universel. Il hérita de ses privilèges, revenus, et du titre d'amiral des Indes. Il eut à soutenir des procès pour s'y maintenir. En juin 1509 il partit pour Hispaniola, comme gouverneur général, avec sa femme, Maria de Toledo. Il fit, à plusieurs reprises, le voyage d'Espagne, pour soutenir le grand procès engagé contre le fisc au sujet des biens et privilèges de son père. Charles-Quint, à qui il prêta 10 000 ducats pour s'embarquer pour la Flandre, lui fut très favorable, lui rendit, en 1520, son titre de vice-roi des Indes et lui témoigna beaucoup d'estime. Il ne put cependant terminer ses procès. Il laissa sept enfants légitimes; les deux principaux furent : Luis, né à Saint-Domingue, en 1521 ou 1522, mort à Oran le 3 février 1572. Elevé à Saint-Domingue, il hérita de son père une grosse fortune, le gouvernement d'Hispaniola, le titre d'amiral des Indes et le procès contre le fisc. Ce procès fut terminé en 1536, par une transaction : abandon de 40 000 du revenu des Indes, du titre de vice-roi en échange d'une pension de 10 000 ducats, des titres de duc ou marquis de la Jamaïque, avec la seigneurie de cette île, ou bien de duc ou marquis de Veragua, conservation du titre et des fonctions d'amiral des Indes pour lui et ses descendants. En 1539, il hérita de son oncle Fernand, dont il abandonna la bibliothèque. Il revint en Espagne en 1551, s'y compromit par un libertinage effréné, consentit à renoncer à son fief de Veragua et aux fonctions d'amiral des Indes (1556), épousa successivement trois femmes, fut emprisonné pour ce fait (1559-1563), puis exilé en Afrique. Il ne laissa que des filles. Son frère, Christoval Colon, né à Saint-Domingue en 1522 ou 1523, mort à Saint-Domingue en 1571 ou 1572, eut pour fils unique Diego Colon y Pravia, qui hérita, à la mort de son oncle Luis, du majorat fondé par Christophe Colomb et fut le quatrième amiral des Indes. Avec lui s'éteignit la lignée mâle de l'amiral. Par les femmes sa descendance s'est perpétuée jusqu'à nos jours, en particulier par Francisca, fille de Christoval, épouse de Diego Ortegon, et par les filles de Diego Ier, petitesfilles de Christophe, Maria, Juana et Isabel Colon y Toledo. On trouvera à leur sujet une généalogie complète de la famille dans le second volume de l'ouvrage déjà cité de Harrisse. Fernand Colomb, bâtard de Christophe Colomb, né à Cordoue le 15 août 1488, mort à Séville le 12 juillet 1539, était fils de Beatriz Enriquez, jeune fille pauvre mais noble de Cordoue, qui vécut au delà de 1513, mais se sépara de bonne heure de son amant et même de son fils. Celui-ci fut page de la reine Isabelle (1498), accompagna son père dans son quatrième voyage, son frère Diego à Saint-Domingue en 1509, revint en 1510, fit d'excellentes études, voyagea en Espagne, en Italie, en Allemagne, aux Pays-Bas et s'acquit comme bibliophile un grand renom. Il réunit à Séville une magnifique bibliothèque dont Harrisse a conté la splendeur et la décadence (Bibliothèque Colombine). On lui a attribué une biographie de son père citée généralement sous le titre de Vida del Almirante ou sous celui d'Historie; elle n'est pas son oeuvre mais on a dû utiliser des notes de lui. Il fut enseveli dans la grande nef de la cathédrale de Séville. Sa fortune passa à son neveu. |
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