| La pratique de l'aspersion (du latin aspergere, arroser) est souvent observée comme supplément à l'ablution, et, par conséquent, comme moyen de laver toute souillure matérielle et morale. On peut voir dans le livre des Nombres (XIX, 18) combien les aspersions étaient fréquentes chez les Juifs. Les prêtres de l'ancienne Rome en faisaient sur ceux qui entraient dans les temples. Ce rite passa du judaïsme dans la religion chrétienne. Chez les chrétiens, et plus spécialement chez les catholiques, l'aspersion se fait avec une branche d'arbre, une poignée d'herbe, ou un goupillon. Le pape saint Clément ordonna qu'on fit les aspersions avec de l'eau mêlée d'huile; Alexandre Ier substitua le sel à l'huile. Toute bénédiction sur les objets inanimés (chapelets, médailles, pain bénit, etc.) est suivie d'une aspersion, excepté le pain, le vin et l'eau du sacrifice, l'encens, le cierge pascal, l'eau et le sol qui servent à faire l'eau bénite. Quand on dédie une église, on fait trois aspersions dans l'intérieur et trois autour de l'édifice, avec de l'eau bénite et de l'hysope. Quand on consacre un autel, on l'asperge 7 fois. Chaque dimanche, avant la messe paroissiale, le prêtre asperge l'autel, l'église et les assistants, pendant que le choeur chante l'antienne' Asperges me. Autrefois, en France, les seigneurs de paroisse, au lieu de recevoir cette aspersion, se faisaient présenter le goupillon à la main : les princes et princesses des familles souveraines et les évêques ont seuls droit aujourd'hui à cette distinction honorifique. On asperge les morts exposés à la porte de leur maison; on asperge aussi la bière à l'église et au cimetière. Il y a des localités où l'on asperge tout le cimetière le jour des Morts. Deux aspersions solennelles ont lieu dans toute l'Église, le samedi saint et la veille de la Pentecôte, après la bénédiction des eaux du baptême, avant que le prêtre n'y ait mêlé le saint chrême. Il est des rituels qui prescrivent de faire des aspersions pendant l'orage, pour conjurer les démons de l'air. A Milan, le curé asperge toutes les maisons de sa paroisse la veille de Noël; dans d'autres diocèses, c'est la veille ou le jour de l'Épiphanie, ou l'un des jours de la quinzaine de Pâques. A Rome, le jour de la fête de saint Antoine (17 janvier), on amène à l'aspersion, devant la porte de son église, une foule d'animaux parés de rubans et de bouquets. Enfin, l'aspersion des champs, des pâturages et des troupeaux, se fait, dans certains pays, aux octaves de Pâques et de Pentecôte, aux Rogations, etc. (B.).. | |