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Les propriétés de l'air | L'air et les gaz | La température de l'air |
Jalons | La température atmosphérique Il fait plus chaud le jour que la nuit, l'été que l'hiver, sous les tropiques qu'aux hautes latitudes. On a ainsi eu bien avant l'utilisation des premiers thermomètres au XVIIe siècle, conscience que l'air atmosphérique est essentiellement chauffé par le rayonnement solaire. On a eu l'intuition dès l'Antiquité, que c'est, du moins en première instance, la durée de la présence pendant la journée du Soleil au dessus de l'horizon et sa hauteur qui déterminent la température. Cela a conduit à l'élaboration de la théorie des climats. Celle-ci n'était cependant qu'un outil cosmographique, abandonné lorsqu'on a mesuré les latitudes en degrés. De fait, la température de l'air est déterminée de façon très complexe. Le socle théorique à partir duquel évaluer cette complexité justement a été mis en place entre la fin du XVIIe siècle et la fin du XIXe siècle. Halley en 1693, Lambert en 1779, Poisson en 1835, Plana en 1864 ont étudié théoriquement la répartition de la chaleur solaire à la surface du globe terrestre dépourvu d'atmosphère. Remarquant que leurs formules conduisent à des conclusions contraires à celles que donnent les expériences, A. Angot a repris cette question en 1883 et a trouvé que la quantité de chaleur reçue du Soleil par un point de la Terre dépend de la latitude du point, de la déclinaison du Soleil et de sa distance à la Terre, et qu'elle s'exprime par une intégrale elliptique. Tenant ensuite compte de l'absorption atmosphérique, il a obtenu des formules et construit des tables qui donnent les quantités de chaleur reçues aux différentes latitudes. Cela étant entendu, il restait à prendre en compte plusieurs faits. L'air, en un lieu donné, peut avoir été chauffé ou refroidi en un autre lieu; le vent vient donc fausser les conclusions naïves que l'on tirerait des données concernant le seul apport de chaleur solaire. De plus la chaleur apportée par l'astre du jour peut être stockée sous différentes formes. Les courants océaniques, comme les vents, transportent l'énergie absorbée par l'eau en un lieu et la restituent en un autre lieu; l'évaporation de l'eau des océans, qui absorbe de l'énergie, la restitue également ailleurs, par les précipitations, etc. Tous ces éléments ont fait évoluer le sens du mot climat, qui demande la prise en compte non seulement de la température, mais aussi du degré d'humidité, ou de sécheresse de l'air, la pression barométrique, la force et la direction du vent, l'état plus ou moins nuageux du ciel, la quantité de pluie, le taux de gaz à effet de serre, etc. Dans ce contexte, parler de la température de l'air, qui est de toutes les mesures météorologiques la plus simple à réaliser, n'a de sens que dans le cadre des météorologiques et climatologiques qui ont élaborées parallèlement aux théories concernant le réchauffement solaire lui-même. On avait besoin pour cela, d'une part de notions sur la chaleur solaire elle-même. Saussure a initié ces recherches avec ses expériences sur le Mont Blanc en 1788, et a été suivi par John Herschel, au Cap de Bonne Espérance, entre 1834 à 1838, et par Pouillet vers la même époque. D'autre part, il était necessaire d'établir en différents points du monde des stations de mesure afin de déterminer comment se distribuait à la surface du globe non seulement cette chaleur, mais aussi tous les autres paramètres intéressant la météorologie. Les premiers observatoires météorologiques qui existaient en fait, depuis le XVIIe siècle (celui de Paris remonte à 1666, mais Boulliaud ne l'avait pas attendu pour faire des mesures thermométriques, dès 1658), ont été réorganisés à partir du début du XVIIIe, dans l'esprit insufflé un peu avant la Révolution par Cassini IV : « Ce n'est qu'en faisant des observations avec suite, écrivait-il, avec assiduité, et avec un détail presque minutieux, que l'on pourra peut-être enfin découvrir quelque jour certaines lois, certaines périodes, dont la connaissance sera du plus grand intérêt pour l'agriculture, la médecine, etc. » (J.-D. Cassini, 1785).Les observations de température atteignirent à partir du 1830 une plus grande précision, par suite de l'emploi de nouveaux thermomètres construits par Réaumur. A ce moment, tout un programme d'étude des températures à l'échelle du globe a déjà été proposé. Dans son Mémoire sur les lignes isothermes et la distribution de la chaleur sur le globe (Mémoires de la Société d'Arcueil, t. III, 1817) Humboldt avait ainsi exposé, le premier, l'idée de tracer sur la sphère des lignes passant par les points où la température moyenne est la même. Ce travail réalisé par lui-même pour un grand nombre de lieux a été continué par Dove puis par tous les météorologistes. -
Variations en altitude. En juillet 1788, de Saussure fit pendant dix-sept jours, au col du Géant, à l'altitude de 3428 mètres, toute une série d'observations météorologiques, et notamment de la température de l'air, pendant que d'autres observateurs notaient également les hauteurs du thermomètre à Chamonix (1050 m) et à Genève (408 m). Les différences de température entre la station supérieure et les deux autres varièrent non seulement d'un jour à l'autre, mais aussi d'une heure à l'autre dans le même jour. En prenant la moyenne et en supposant la décroissance de température proportionnelle à l'altitude, Saussure conclut de ses observations que dans l'après-midi (à 6 heures du soir) un abaissement de 1°C correspondait à une élévation de 141 mètres; à 4 heures du matin, la décroissance était moins rapide, et il fallait s'élever de 210 mètres pour trouver une différence de 1 °C; la moyenne de toutes ses observations indiquait 1° C par 164,69 m. « Les observations que j'ai faites, dit-il, jusqu'à 6000 mètres de hauteur, dans la partie de la chaîne des Andes comprise entre les tropiques, m'ont donné une diminution de 1° de température par 187 mètres d'augmentation dans la hauteur. Trente ans plus tard, mon ami Boussingault a trouvé en moyenne 175 mètres. »Des observations faites en montagne, passons à celles faites par les aéronautes dans les couches élevées de l'atmosphère. On sait que Gay-Lussac, dans la célèbre ascension qu'il fit en 1804, constata une température de 9,5 °C au-dessous de zéro, tandis que la température du sol était de +28°C. C'était 38° d'abaissement pour une différence d'altitude de 7000 mètres, soit 1°C par 185 mètres d'élévation dans l'hypothèse d'un décroissement uniforme. Mais le physicien a pu constater que cette uniformité n'existait pas pendant son ascension jusqu'à 5800 mètres d'altitude, le décroissement fut de 1°C par 18,5 m entre 3800 et 5700, il fut de 4 °C par 185,8 m, puis de 1°Cpar 161,2 m au delà. Barral et Bixio, en juillet 1850, s'élevèrent à 7049 mètres; la température au niveau du sol, étant de + 18°C au départ, n'était plus à cette altitude que de -39°,7, à peu près celle de la congélation du mercure. L'abaissement total 57°,7 indiquait pour la décroissance 1° par élévation de 122 mètres. Il est vrai que cette température, si extraordinairement basse, fut attribuée à la présence d'un nuage formé d'aiguilles de glace et n'ayant pas moins de 4 kilomètres d'épaisseur Bravais a recueilli les résultats obtenus par divers aéronautes, ceux de Gay-Lussac que nous venons de citer et divers autres, desquels il lui parut résulter que l'abaissement de température, d'abord assez rapide à partir de la surface du sol, va ensuite en diminuant jusque vers l'altitude de 5800 et 4000 mètres, pour s'accélérer de plus en plus à partir de ce point jusqu'aux limites de hauteur où les ballons étaient parvenus. Dans l'hypothèse d'une décroissance uniforme et proportionnelle à l'altitude, et en admettant que 200 mètres d'élévation donnent en moyenne un abaissement de 1° C, on calculait à cette époque qu'à 10 000 mètres la température serait de 50° au-dessous de zéro. A 28 kilomètres, le froid des couches atmosphériques devait atteindre -140° C, c'est-à-dire la température que les calculs de Pouillet avaient donnée pour celle de l'espace interplanétaire. On estimait cependant que les limites de l'atmosphère étaient notablement plus reculées : d'où l'on induisait que la décroissance, d'abord à peu près proportionnelle à l'augmentation de l'altitude, suivait ensuite une marche plus lente, à mesure qu'on pénètrait dans des couches d'air plus raréfiées et plus élevées. Mais il fallait bien convenir que les données étaient encore insuffisantes pour formuler la loi de décroissance supposée. Les anomalies thermiques Les ascensions en ballon ont atteint à la toute fin du XIXe siècle les limites de la troposphère, cette couche d'air d'environ 8 à 17 kilomètres d'épaisseur (selon la latitude) où la température est normalement décroissante avec l'altitude. C'est seulement au XXe siècle que l'exploration de l'atmosphère au dessus de cette région a révélé sa structure thermique complexe. Les ballons qui plafonnent à une quarantaine de kilomètres d'altitude, et les fusées-sondes, lancées dès la fin des années 1940, montreront ainsi qu'il existe au-dessus de la troposphère, entre jusqu'à 25 km environ, une zone (la partie inférieure de la stratosphère, que l'on commence à étudier dès 1902) où la température ne varie pratiquement pas (elle reste autour de - 55°C), puis, une autre zone (la partie supérieure de la stratosphère) où la température remonte pour atteindre environ 0°C à 50 km d'altitude. Entre 50 et 80 km, dans la couche atmophérique appelé mésosphère, cette température chute de nouveau et atteint -90 °C, pour remonter ensuite dans la thermosphère à des températures, qui dans ce milieu très dilué ne doivent être considérées que comme des mesures de l'agitation moléculaire, de l'ordre de 1000 °C. Au-delà de 300 à 500 km, il n'y a plus vraiment d'air : l'atmosphère cède la place à l'ionosphère, qui est une composante de la magnétosphère. Interversions des températures. Un phénomène qui a attiré beaucoup l'attention, dit Alluard, est la différence de température des deux stations de l'observatoire du Puy de Dôme, la station de la montagne étant moins froide que la station de la plaine. Quand la Limagne est enveloppée de nuages et que le Soleil brille au Puy de Dôme, il est naturel qu'il fasse plus chaud en haut qu'en bas; nous en avons eu un exemple frappant en janvier, du 4 au 14, pendant une période de brouillards épais et persistant sans interruption dix jours de suite. Mais, en décembre, du 15 au 28, par un ciel pur, les températures maxima ont été constamment plus élevées au Puy de Dôme qu'à Clermont, et comme, à la même époque, les températures minima étaient aussi renversées, il en est résulté que, pendant 15 jours, la température moyenne de la journée était plus élevée d'environ 10° à une altitude de 1100 mètres au-dessus de Clermont. Cette singularité tient à ce que, à Clermont, dans un air presque calme, la direction du vent était nord ou nord-ouest, tandis qu'au Puy de Dôme le vent soufflait avec force du côté nord-est, quelquefois du sudest ou du sud, et d'autres fois de l'Ouest.L'effet de serre. L'effet de serre correspond à l'élévation de la température des couches basses de l'atmosphère due au piégeage par certains gaz qu'elle contient (vapeur d'eau, anhydride carbonique, protoxyde d'azote, ozone et méthane, par exemple) des rayonnements infrarouges réémis par le sol après que celui-ci ait été chauffé par le rayonnement solaire. L'idée que l'atmosphère puisse être le siège d'un effet de serre a été formulée pour la première fois en 1807 par J.-B. Fourier dans sa Théorie Analytique de la Chaleur. En 1858, John Tyndall mit en évidence le rôle de la vapeur d'eau et du dioxyde de carbonne dans le piégeage du rayonnement infrarouge, et y vit l'indication du rôle que ces gaz pouvaient jouer dans l'effet de serre atmosphérique. Il faut attendre ensuite 1896 pour qu'une première étude complète sur l'effet de serre planétaire soit publiée. Elle est due à Svante Arrhenius. Le chimiste, déjà conscoient du rôle que pouvaient jouer les activités humaines dans la teneur en gaz à effet de serre de l'atmosphère, calcula que si l'on diminuait d'un tiers la teneur de dioxyde de carbonne dans l'atmosphère, la température moyenne de celle-ci diminuerait de 3°C, - c'est ce phénomène, pensait-il, qui pouvait expliquer les anciennes ères glaciaires -, et que si on doublait cette teneur, la température augmenterait de 5 à 6°C. Bien qu'assez exacts au final, ces chiffres résultaient cependant de calculs très sommaires et rendait ce résultat fragile. Arvid Högbom, collaborateur d'Arrhénius pour ce travail, a d'ailleurs été le premier à en relativiser la portée. De plus, d'autres explications des âges glaciaires furent rapidement disponible, en particulier à théorie que Milutin Milankovitch (Milankovic) proposera en 1927, et selon laquelle les variations du climat pouvaient se rapporter à des cycles astronomiques (orbite et inclinaison de la Terre), expliquant des variations périodiques de l'apport de chaleur solaire. Tout cela fit que lorsque G. Callendar, en 1939, calcula que le niveau de l'anhydride carbonique et de la température avait monté au cours des décennies précédentes, il ne recueillit pratiquement aucun écho. Dans les années 1950, les outils théoriques pour l'étude d'un éventuel réchauffement global ont commencé à être disponibles. Avec la mise en évidence dans les années 1970 de l'importance de l'effet de serre sur d'autres planètes (Mars et surtout Vénus) lel phénomène a cessé d'être à peine plus qu'une curiosité, bonne au mieux à comprendre les paléoclimats, et est devenu l'objet de recherches plus poussées. Celles-ci ont abouti à partir des années 1980 et surtout depuis le début des années 1990, aux premiers rapports véritablement étayés sur l'actuel réchauffement climatique et rôle qu'y jouent, comme l'avaient déjà pressenti Arrhénius et ses successeurs, les rejets de gaz liés aux industries humaines. |
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