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Les Poisson sont des architectes français des XIVe, XVIe et XVIIIe siècles. Pierre Poisson (Piscis), né à Mirepoix (Ariège) vers la fin du XIIIe siècle, succéda à Guillaume Cucuron comme architecte du pape Benoît XII et fut le principal architecte du palais des papes à Avignon. C'est lui qui fit élever : la tour Campanne, près de la cathédrale, et aussi une autre grosse tour voisine de la tour de Trouillas; la chapelle pontificale de Saint-Jean, à l'emplacement d'une plus ancienne, et les bâtiments de l'Aumônerie. Un frère de Pierre, nommé Jean Poisson, lui aussi architecte, fut envoyé par le pape en Italie afin d'y restaurer plusieurs églises. Louis Poisson, architecte et peintre de la fin du XVIe siècle, fut l'auteur des autels et des peintures qui décorent l'abside et la chapelle du Chapelet de l'église Saint-Gervais et Saint-Protais, à Gisors. Enfin, René Poisson et son fils, également nommé René, tous deux architectes angevins, travaillèrent, au commencement du XVIIIe siècle, à la transformation du choeur de l'église de Châteauneuf-sur-Sarthe, à l'autel de la Vierge de l'église de Saulgé et aux trois autels de l'église de Chatelais. | ||
Le nom de Poisson a aussi été porté par une famille d'acteurs du XVIIe siècle. Raymond Poisson est un acteur et auteur dramatique français, né à Paris en 1633, mort à Paris en 1690. Il jouait dans une troupe de province où Louis XIV le remarqua et le nomma comédien du roi. Il attribua de préférence les Crispins, à ce point qu'on lui attribua l'invention du personnage. Ses pièces, qui dénotent de la verve, ont été réunies en 2 vol. in-12 (Paris, 1687); on cite le Baron de la Crasse, les Fous divertissants, l'Académie burlesque, etc. Son fils, Paul Poisson, né à Paris en 1658, mort à Saint-Germain le 28 décembre 1735, joua, en particulier, les Crispins, de mars 1686 à juillet 1724, avec un réel succès. Philippe Poisson, fils du précédent, né à Paris en février 1682, mort à Saint-Germain le 4 août 1743, fut cinq oui six ans acteur et écrivit une dizaine de comédies, parmi lesquelles le Procureur arbitre et l'Impromptu de campagne eurent un succès durable; ses oeuvres ont été réunies en 2 vol. in-12 (Paris, 1741, avec celles de son grand-père, 1743, 4 vol.). François-Arnoult Poisson de Roinville, frère du précédent, né en 1696, mort le 24 août 1753, joua les rôles comiques avec talent. | ||
Nicolas-Joseph Poisson est un savant oratorien, né en 1637, mort à Lyon le 3 mai 1710. Il se fit connaître à trente et un ans par une lettre insérée au Journal des Savants et par son Traité de la mécanique de Descartes, suivi de l'Abrégé de musique du même, traduit en français avec des Éclaircissements et Notes, puis par ses Remarques sur la Méthode de Descartes (Vendôme,1671). Ces écrits n'étaient qu'un essai du commentaire général qu'il se proposait de faire de Descartes. Il renonça à ce projet pour ne pas compromettre sa congrégation, déjà suspectée pour ses opinions cartésiennes; mais il risqua plus en acceptant (1677) une mission secrète des évêques d'Arras et de Saint-Pons auprès du pape. La mission réussit, mais le secret ayant été trahi, le Père Lachaise et l'archevêque de Paris le firent reléguer à Nevers, où toutefois l'évêque lui accorda toute sa confiance. Après la mort de ce prélat (1705), il se retira à l'Oratoire de Lyon, où il mourut. Outre de nombreux ouvrages restés inédits ainsi que sa vaste correspondance, il a laissé : Acta Ecclesiae Mediolanensis sub sancto Carolo (1681 et 1683) et Delectus actorum Ecclesiae universalis (1706), qui parurent à Lyon en deux in-fol. chacun. (Schoell). | ||
Siméon-Denis Poisson est un mathématicien, physicien et astronome fiançais, né à Pithiviers (Loiret) le 21 juin 1781, mort à Sceaux, près de Paris, le 25 avril 1840. Son père, d'abord greffier, puis juge de paix, était mort peu après la Révolution, laissant sa famille dans un état voisin de la misère. Le jeune Poisson fut recueilli par un de ses oncles, chirurgien des hôpitaux militaires de Fontainebleau, et il fut décidé qu'il apprendrait, lui aussi, la médecine. Malheureusement, sa première éducation avait été fort négligée : il savait tout juste lire, écrire et un peu calculer, et, tout de suite, il témoigna pour l'art chirurgical la même indifférence qu'il avait montrée jusque-là pour l'étude en général. - Satue de Poisson, par Auguste Deligand, inaugurée à Pithiviers le 15 juin 1851. Un hasard décida de sa vocation. A l'École centrale de Fontainebleau, où il suivait les leçons d'histoire naturelle, il fut sollicité un jour par l'un de ses camarades de l'aider à résoudre quelques problèmes d'arithmétique que celui-ci avait entendu énoncer en pénétrant par erreur dans l'amphithéâtre de mathématiques. Il y réussit très rapidement, prit goût à ce genre d'exercices et, autorisé par sa famille, non sans quelque résistance, à étudier les sciences exactes, il y fit de tels progrès qu'au bout de deux ans il lisait seul la Géométrie descriptive de Monge. Reçu le premier, à dix-sept ans, à l'Ecole polytechnique, il y excita l'admiration de tous ses professeurs, de Lagrange notamment, dont il avait généralisé, six semaines après son entrée, une démonstration assez ardue. Il fut dispensé, à l'unanimité, par le conseil de l'École, des examens de sortie; de plus, on le nomma immédiatement (1800) répétiteur adjoint d'analyse, en l'absence de Fourier, alors en Egypte, et, en 1802, on l'appela à la suppléance de la chaire d'analyse et de mécanique, dont il devint titulaire en 1805, à vingt-quatre ans. Attaché, quelques années plus tard, comme membre adjoint, au Bureau des longitudes, dont il devait être, par la suite, président, puis élu, en 1812, membre de l'Académie des sciences de Paris (section de physique) en remplacement de Malus, il obtint, vers le même temps, la chaire de mécanique de la Faculté des sciences de Paris, changea, en 1815, ses fonctions de professeur à l'École polytechnique contre celles d'examinateur permanent, entra en 1837 dans le Conseil royal de l'instruction publique et, en 1840, quelques mois avant sa mort, succéda à Thénard, comme doyen de la Faculté des sciences. L'Empire l'avait fait baron et, en 1837, le gouvernement de Juillet l'avait élevé à la pairie. Dans l'intervalle, sous la Restauration, il avait un instant tâté de la politique et il s'était présenté comme candidat ministériel, en 1822, dans l'arrondissement de Pithiviers; mais les libéraux l'avaient mis en échec. Les premiers travaux de Poisson sont contemporains de sa sortie de l'École polytechnique. Se sentant des loisirs, il les employa, en compagnie de Hachette, à reprendre quelques questions de géométrie analytique précédemment abordées par Monge et, dès le 8 décembre 1800, il présentait à l'Institut un remarquable mémoire, inséré depuis dans le recueil des Savants étrangers, sur le nombre d'intégrales complètes dont sont susceptibles les équations aux différences finies. Durant les quatre années qui suivirent, il continua avec ardeur ces recherches, qui le conduisirent à quelques autres solutions intéressantes et dont les résultats se trouvent consignés, en majeure partie, dans le Journal de l'École polytechnique. Puis, en 1805, il s'attaqua à un problème capital, l'invariabilité des grands axes des orbites planétaires, et, le 20 juin 1808, il fit à l'Institut une communication, qui devait le classer définitivement parmi les premiers mathématiciens du commencement du XIXe siècle. Laplace et Lagrange n'étaient, malgré tous leurs efforts, parvenus que très imparfaitement, très approximativement, à établir cette invariabilité, qui se trouve être, avec la périodicité de la variation des excentricités et la périodicité de la variation de l'inclinaison de l'orbite sur l'équateur, l'un des trois éléments essentiels de la stabilité (relative) du système solaire. Poisson en apporta, lui, une démonstration rigoureuse, dont Laplace et Lagrange déduisirent, du reste, aussitôt les formules différentielles qui forment le supplément au troisième volume de la Mécanique céleste. Les travaux ultérieurs de Poisson ont porté non seulement sur les mathématiques pures et sur l'astronomie, mais aussi sur la mécanique et sur la physique. Appliquant à ces diverses sciences, avec le plus grand succès, les méthodes analytiques, en imaginant, au surplus, de nouvelles, lorsque, celles dont il disposait se trouvaient en défaut, il n'a pas que perfectionné, il a créé, et on peut notamment le considérer comme l'un des fondateurs de la physique mathématique. Car c'est lui qui, le premier, a réellement pénétré dans la constitution intime des corps, tenant minutieusement compte des influences si complexes que les particules de la matière exercent les unes sur les autres, en même temps que les divers agents physiques en exercent, à leur tour, sur elles, et ramenant tout, en définitive, aux actions moléculaires qui transmettent les forces en jeu. Nous ne saurions donner une énumération, même succincte, de tous les problèmes qu'il a abordés et résolus. On cite plus particulièrement ses beaux mémoires de 1812 et de 1843 sur la distribution de l'électricité, ses recherches sur les surfaces élastiques et celles sur le rayonnement extérieur de la chaleur, qui l'ont respectivement entraîné dans d'assez vives discussions avec Navier et avec Fourier, ses formules pour la détermination des différentielles des constantes arbitraires, sa Théorie nouvelle des phénomènes capillaires (1831). Outre des mémoires, notes et articles, au nombre de plus de trois cents, parus dans le Journal de l'Ecole polytechnique (1802-1839), dans les recueils de l'Académie des sciences (1811-1843), dans la Connaissance des Temps (1819-1837), dans les Annales de chimie et de physique (1817-1838), dans le Journal de Crelle (1832-1834), dans le Journal de Liouville (1837-1838), il a publié : Traité de mécanique (Paris, 1811, 2 vol.; 2e éd., 1835-1836; traduction allemande par Stern, Berlin, 1835-1836); Formules du tir au canon (Paris, 1815); Mémoires sur la théorie des ondes (Paris, 1826 ; 2e éd., 1838); Théorie nouvelle de l'action capillaire (Paris, 1831); Théorie mathématique de la chaleur (Paris, 1835, et suppl., 1837); Sur le mouvement des projectiles dans l'air (Paris, 1839), etc. Arago a prononcé son Éloge à l'Académie des sciences. Un monument lui a été érigé à Pithiviers en 1851. (L. S.). |
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