| Montargis (Mons Argii) est une ville de France, dans le département du Loiret, sur plusieurs bras du Loing et du Vernisson, à la jonction des canaux de Briare, d'Orléans et du Loing, à 71 kilomètres à l'Est-Nord-Est d'Orléans, et à 111 kilomètres au Sud de Paris; population-: 17 500 habitants. Lieu de naissance de Mme Guyon, de Girodet, de Manuel, procureur de la Commune, etc. Monuments. Eglise (mon. hist.), nef du milieu du XIIe siècle à laquelle on a ajouté une flèche moderne; chapelles latérales et transept du XVe siècle: choeur avec déambulatoire de la Renaissance construit de 1540 à 1618 en partie sons la direction d'Androuet Ducerceau. Maisons du XVIe siècle. L'hôtel de ville comprenant la bibliothèque et le musée est un joli édifice moderne où l'on a rapporté de gracieuses fenêtres du XIIIe siècle provenant du château de Salles. Dans la cour, groupe en bronze de Debin représentant la légende célèbre du Chien de Montargis. Le musée contient de bons tableaux et notamment plusieurs toiles et de nombreux croquis et esquisses de Girodet-Trioson, né à Montargis en 1767 et dont le coeur repose dans une urne de marbre, dans une chapelle de l'église. - Le Chien de Montargis Dans la légende du Chien de Montargis, Aubry de Montdidier est un chevalier français assassiné par son compagnon Richard de Macaire, qui n'eut pour témoin de son crime que le chien d'Aubry. Poursuivi par le chien, Macaire fut soupçonné du meurtre et obligé de soutenir un duel judiciaire contre ce nouveau champion. Macaire, vaincu par le chien, avoua son crime et fut exécuté. Ce combat est placé sous le règne de Charles V, en 1371, à Montargis ou à Paris, dans l'île Louviers ou dans la forêt de Bondy. Suivant les différents récits, le chien avait un tonneau pour se réfugier, ou bien Macaire était enfoui dans la terre jusqu'à la ceinture, pour rendre les chances du combat moins inégales. Cette histoire est une légende, quoique le fait d'un pareil combat n'eût pas été impossible, puisqu'il y a eu plusieurs fois, au Moyen âge, des procès d'animaux. La légende remonte au XIIe siècle, où Macaire de Losane était un traître déjà célèbre dans les chansons de geste. Le combat judiciaire de Macaire avec le chien d'Aubry, jeune chevalier tué en défendant la reine, femme de Charlemagne, poursuivie par Macaire, forme le principal épisode du poème intitulé Macaire ou la Reine Sibile, qui date de la fin du XIIe siècle. Albéric des Trois-Fontaines mentionne le même fait à la date de 770 et désigne la victime de Macaire comme un chevalier de Montdidier. Au XIVe siècle, cette histoire était célèbre et elle est mentionnée par Gace de la Bigne dans les Déduits de la chasse, par Gaston Phébus dans le Livre de la chasse, et par le Ménagier de Paris. La légende reçut encore de nouvelles amplifications au XVIe siècle, fut admise comme un fait historique par Montfaucon et ne commença à dire réfutée que par Bullet. (E.-D. Grand). | Sur un coteau à l'Ouest de la ville se voient quelques rares vestiges du château de Montargis, résidence royale démolie par la bande noire de 1810 à 1837. Construit au XIIe siècle et agrandi au XIIIe siècle, il était placé à cheval sur la grande route de Paris en Bourbonnais qui en traversait l'enceinte et passait sous le donjon; Charles V en fit réédifier les bâtiments d'habitation; sur le manteau d'une cheminée monumentale de la grande salle fut peinte, sous Charles VIII, la légende du Chien de Montargis. (Le dessin en a été conservé par Androuet du Cerceau (Les plus excellents bastiments de France, 1576, t. 1). Louis XIV fit abattre le donjon. Histoire. Montargis n'est pas mentionnée dans l'histoire avant le Xe siècle, malgré les légendes qui font remonter son origine à Clovis. Elle dépendait alors de la seigneurie de Courtenay. En 1170, Pierre de Courtenay concéda à la ville une charte de franchises. Philippe-Auguste acquit la seigneurie en 1188 de la maison de Courtenay, et depuis lors les rois de France vinrent souvent résider dans le château. Donnée en douaire à Jeanne de Bourgogne, femme de Philippe de Valois (octobre 1332) et en apanage à Louis d'Orléans (5 juin 1404) elle fit retour à la couronne à la mort de ce dernier (novembre 1407). Le 11 juillet 1414, elle fut concédée en douaire à Isabeau de Bavière et eut bientôt à soutenir un long et rude siège contre les troupes anglaises. Investie en 1427 par le comte de Warwick, elle résista assez longtemps pour donner à La Hire et à Dunois le temps de se porter à son secours. L'étendard enlevé alors aux Anglais fut conservé comme trophée jusqu'en 1792, époque ou, à la demande de la garde nationale, il fut brûlé en témoignage de « la Fraternité des peuples ». Quelques années plus tard, en 1431, une trahison livra le château aux Anglais qui en furent chassés l'année suivante, mais le reprirent bientôt et occupèrent la ville jusqu'en 1438. En juillet 1528, la ville de Montargis fut donnée en dot à Renée de France, fille de Louis XII, qui épousait Hercule d'Este, duc de Ferrare. Cette concession fut transformée en donation complète en 1570, lorsque, devenue veuve, Renée de France s'y retira; la seigneurie fut même alors érigée en duché, mais les lettres d'érection ne furent jamais enregistrées. En mourant elle légua sa terre à la maison de Guise, et le 17 février 1642, Charles de Lorraine, duc de Guise, la céda au roi Louis XII. Celui-ci la concéda en apanage à Gaston d'Orléans (1627); elle fut concédée de nouveau au même titre à Philippe de France, duc d'Orléans (1661) et fit partie jusqu'à la Révolution des domaines de la maison d'Orléans. Dans l'intervalle, le prince de Condé s'était emparé quelque temps de la ville pendant la Fronde. Elle était sous l'Ancien régime capitale du Gâtinais. (GE). | |