| Le Dôme de Milan est une église cathédrale, située à peu près au centre de Milan, et l'une des plus vastes et des plus somptueuses d'Italie. C'est un composé d'architecture gothique, et de quelques parties d'architecture romaine. La façade présente un grand mur, terminé en forme triangulaire, comme les deux rampants d'un immense toit, et chaperonné de merlons. Six demi-tours gothiques quadrangulaires la divisent perpendiculairement en 5 parties; chaque tour finit à la hauteur du rampant, et porte une flèche couronnée par une statue colossale. Toutes ces flèches sont d'égale hauteur, de sorte que leurs sommets suivent en l'air la forme tombante de chaque rampant. - Le Dôme de Milan. Une porte d'architecture romaine s'ouvre dans les intervalles des tours. Chacune est surmontée d'une grande fenêtre avec balcon, et au-dessus de cette fenêtre il y a une ou deux niches. Le balcon de la porte du milieu a, sur ses angles, 2 statues colossales de l'Ancien et du Nouveau Testament. La base des tours est ornée de 47 bas-reliefs très beaux, et 250 statues sont réparties dans toute cette façade. Le monument est flanqué, dans tout son pourtour, de pilastres saillants, servant de contreforts, et terminés aussi en aiguilles portant des statues : il y a littéralement une forêt d'aiguilles. L'abside passe pour un modèle d'architecture gothique. Sur le milieu de l'église règne une vaste plate-forme, au centre de laquelle est une lanterne gothique, dont la tour est accotée de 3 petits contreforts en pilastres qui, à la naissance du toit, se terminent en aiguilles : 4 de ces aiguilles sont couronnées d'une statue d'ange en bronze, et les autres, d'une étoile de même métal. Du comble pointu s'élance, à 29 mètres de la terrasse et à 106 du sol, une aiguille plus forte, qui domine toutes les autres, et supporte la statue de la Sainte Vierge en bronze doré. On peut arriver jusqu'à ses pieds par divers escaliers, qui forment 314 marches à partir du pavé de l'église. L'intérieur du Dôme de Milan est en croix latine, à 5 nefs, répondant à chacune des 5 portes. Les nefs sont formées par 52 piliers octogones, hauts de 24,39 m, de plus de 7 mètres de circonférence, et accotés chacun de colonnettes. Le chapiteau se compose de 8 niches en ogives, avec statues, à l'aplomb des intervalles des colonnes. Ce chapiteau, composé par Filippino de Modène, est unique en son genre; il mesure près de 6 m de hauteur, et ses statues sont plus grandes que nature. Tout cela est en harmonie avec les proportions de cet intérieur : la nef centrale a 148 m de longueur, sur 46 de hauteur, du pavé à la voûte, et 64 m jusqu'à la lanterne exclusivement La largeur des 5 nefs réunies égale 52 m, et, à la croix, 87 m. De nombreuses nervures peintes couvrent les parois de la voûte centrale. On voit dans le pourtour de la lanterne les statues des 4 Docteurs de l'Eglise, et celles de 60 Saints. Le pavé est composé de marbres de différentes couleurs incrustés en forme d'arabesques. On y remarque, à quelque distance de la porte centrale, une méridienne tracée en 1786 par les astronomes de Bréra. Au-dessus de cette porte règne un balcon, reposant sur 2 colonnes colossales de granit rose; il est orné de 2 grandes statues, celle de St Ambroise par Monti, et celle de St Charles Borromée par Marchesi. A gauche en entrant dans le Dôme sont les fonts baptismaux, composés d'une belle cuve de porphyre, qui provient, dit-on, des thermes de Maximien Hercule. Quelques monuments funéraires méritent aussi d'être remarqués : ceux des cardinaux Marino Caracciolo, Cajétan et Frédéric Borromée, des archevêques Othon et Jean Visconti, et celui de Jean-Jacques de Médicis, frère de Pie IV, dont le dessin a été attribué à Michel-Ange. Deux chaires en bronze doré, couvertes de bas-reliefs, entourent deux des 4 piliers qui, à l'entrée du choeur, portent la lanterne ou coupole : elles reposent sur des caryatides colossales, modelées par Brambilla, coulées en bronze par Busca, et représentant !es quatre Évangélistes et les quatre Docteurs de la foi. On doit signaler encore les bas-reliefs, au nombre de 17, de la partie supérieure du mur d'enceinte du choeur, et, au milieu de la chapelle du bras gauche de la croix, un très beau candélabre, dit Arbre de la Vierge, à sept branches en bronze doré, formé de rinceaux gothiques entremêlés de statuettes; fabriqué au XIIIe siècle, il a été posé en 1562 sur un piédestal de marbre de Sienne, couvert de fines sculptures. Derrière le choeur est une statue colossale de St Barthélemi écorché, par Marco Agrati; quel qu'en soit le mérite comme imitation anatomique, c'est une oeuvre qui sied mal en ce lieu. Il y a deux sacristies, une au midi et une au nord : celle du midi renferme le Trésor, contenant entre autres richesses : un calice en ivoire, du XIVe siècle; deux diptyques byzantins; un évangéliaire du XIe siècle, avec une couverture en métal ornée d'émaux; deux statues en argent de Saint Ambroise et de Saint Charles, données par la ville en 1698 et pesant, l'une 2000 onces, l'autre 1760; une statue du Christ à la colonne, par Solari, dit le Gobbo; une paix en or, d'une ciselure exquise; un devant d'autel en argent, donné en 1835 par le comte Taverna. - En face de chaque sacristie est une grille de fer, conduisant au Scurolo, chapelle souterraine éclairée par une ouverture carrée, ménagée dans la volte, en avant du choeur. Là repose, dans une châsse de vermeil enrichie de pierreries, le corps de St Charles Borromée, revêtu de ses habits pontificaux, et qu'on peut apercevoir à travers de riches panneaux transparents en cristal. La voûte est ornée de bas-reliefs d'argent. Le Dôme de Milan est tout en marbre, sans une seule pièce de bois. C'est un monument qui, malgré toutes ses magnificences, est néanmoins plus extraordinaire que beau. Le plan est une masse qui ressemble assez à Saint-Pierre de Rome, bien que beaucoup moins grand; le mélange de parties d'architecture romaine avec d'autres styles, et surtout le gothique, n'est pas heureux; le gothique manque de naïveté, et est à la fois recherché et vague. On compte 1923 statues dans toutes les parties de l'édifice, et il en reste encore 559 à faire. La première pierre de ce magnifique monument fut posée par le duc Jean-Galéas Visconti, le 15 mars 1386 : les carrières de Candoglia, sur la route du Simplon, au delà du lac Majeur, fournirent tous les matériaux; c'est un marbre blanc très fin, auquel le temps a donné une couleur légèrement jaunâtre. Le duc avait fait venir, dit-on, un architecte allemand, Henri Arler, de Gmünd, appelé par les Italiens Gamodia, pour élever l'édifice d'après les principes de l'art ogival, peu connus et peu goûtés en Italie; quelques auteurs ont attribué, au contraire, les premiers travaux à Marc de Campiglione, près de Lugano, à Bonino de Campione, à Simon d'Orsenigo, à Guarnerio de Sirtori, à Ambroise Ponzone. Des artistes français arrivèrent bientôt, Philippe Bonaventure de Paris en 1389, Jean de Champmousseux et Jean Mignot, tous deux de Normandie, en 1399. Beaucoup d'Allemands prirent part à cette grande oeuvre : Jean de Fernach, Jean de Furimbourg, pierre de Franz, Hanz Marchestein, Ulric Fusingen ou Einsingen d'Ulm. En 1486 le duc Jean-Galéas Sforza envoya chercher Hammerer, maître maçon de la cathédrale de Strasbourg, pour l'érection de la tour centrale de Milan. Les travaux avancèrent lentement, faute de ressources. On ne sait si les premiers architectes avaient dressé un plan pour la façade principale; mais, en 1560, l'archevêque Saint Charles Borromée chargea Pellegrini, dit Tibaldi, de donner les dessins nécessaires pour ériger cette façade. La composition de Pellegrini, conçue dans le goût de la Renaissance, est en désaccord avec le reste du monument; d'ailleurs, l'artiste ayant été appelé en Espagne pour peindre l'Escurial, l'achèvement de la façade fut confié à des mains inhabiles. Cerani et Ricchini, exagérant encore la manière de Pellegrini, couvrirent d'ornements superflus tous les membres d'architecture. La façade de la cathédrale de Milan fut vivement critiquée au XVIIe et au XVIIIe siècle, et l'on finit par admettre que la style ogival devait remplacer la décoration moderne : des projets furent présentés par Carlo Buzzi en 1635, puis par François Castelli, mais en ne les exécuta point. Enfin, en 1790, il fut décidé que, tout en conservant les ornements de Pellegrini, on donnerait à la façade un revêtement gothique. Napoléon consacra trois millions et demi aux travaux du Dôme. (B.).
| En bibliothèque- Franchetti, Storia e Descrizione del Duomo di Milano, 1821 in-4°; Rapp et Bramati, Descrizione storico-critica del Duomo di Milano 1823; Gioachino d'Adda, la Metropolotana di Milano, 1823, in-fol.; E. Sergent, le Dôme de Milan, texte italien et 100 planches. | | |