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Kilwa Kisiwani

Kilwa Kisiwani (Kilwa) est une ville historique située sur une île au large de la côte sud de la Tanzanie actuelle, dans l'archipel de Kilwa. Les premières études archéologiques systématiques ont été conduites au XIXe et XXe siècles, révélant l'importance historique de Kilwa dans les réseaux commerciaux de l'océan Indien. En 1981, Kilwa Kisiwani et l'île voisine de Songo Mnara furent inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco. Ces sites sont considérés comme des témoignages uniques de la civilisation swahilie.

Cette cité portuaire fut pendant des siècles un centre commercial majeur pour les échanges entre l'Afrique, le monde arabe, l'Inde et même la Chine. C'était l'une des plus importantes cités-États swahilies, et son patrimoine architectural et culturel illustre l'âge d'or de la civilisation swahilie. Selon les traditions locales, Kilwa Kisiwani aurait été fondée au IXe ou au début du Xe siècle, lorsque l'île fut colonisée par des marchands arabes et persans. Une tradition populaire attribue la fondation de Kilwa à Ali ibn al-Hassan, un prince perse originaire de Chiraz (dans l'actuel Iran). Il aurait fui son pays et acheté l'île de Kilwa à un chef local pour en faire un centre de commerce. Cette histoire, bien que mythifiée, souligne l'influence des commerçants arabes et persans dans le développement initial des cités swahilies. Toutefois, Kilwa était majoritairement peuplée par des Bantous, qui se sont mélangés aux commerçants étrangers pour former une culture unique swahilie. Les Swahilis combinaient des éléments culturels africains, arabes, persans et indiens.

Le véritable âge d'or de Kilwa Kisiwani commence au XIIe siècle, lorsque la ville devient une puissance régionale incontournable et une des plus grandes cités-États de la côte swahilie. Kilwa était un point névralgique du commerce de l'océan Indien grâce à sa position stratégique et à sa prospérité. Les marchands de Kilwa participaient activement aux échanges d'un réseau qui s'étendait de la côte est-africaine à la péninsule arabique, à l'Inde et à l'Extrême-Orient (Chine). Ses principales exportations comprenaient l'or, provenant des mines de la vallée du Zambèze (notamment le royaume du Monomotapa) et acheminé jusqu'à Kilwa par des routes commerciales,  l'ivoire, tiré des éléphants d'Afrique, du fer et due cuivre, produits localement ou importés des régions voisines et des produits agricoles, tels que noix de coco, noix et huile. Kilwa importait en retour des produits de luxe, comme des textiles indiens, de la porcelaine chinoise, des perles et des parfums.

Sous le règne du sultan Al Hassan ibn Sulaiman, Kilwa devint une puissance dominante sur la côte swahilie. L'autorité de Kilwa s'étendit à d'autres villes côtières, comme Sofala (située dans l'actuel Mozambique), un port essentiel pour contrôler le commerce de l'or. Son contrôle sur Sofala renforça la prospérité économique de Kilwa. La richesse engendrée par le commerce permit la construction de magnifiques édifices en pierre corallienne. Les monuments les plus emblématiques de cette époque sont :

• La grande mosquée de Kilwa, construite au XIIe siècle et agrandie au XIVe siècle. Elle est l'une des plus anciennes mosquées en pierre d'Afrique de l'Est.

• Le palais Husuni Kubwa, bâti au XIVe siècle, qui aurait été un palais destiné à un sultan ou à l'élite régnante. Ce complexe monumental illustre la sophistication architecturale de l'époque.

Sous les règnes successifs, Kilwa a été reconnue comme une ville particulièrement prospère et puissante, au point qu'elle apparut dans des récits arabes comme ceux d'Al-Idrissi et fut également mentionnée par Ibn Battuta au XIVe siècle, qui la décrivit comme l'une des villes les plus belles et les mieux construites de son temps. Le déclin de Kilwa s'amorça progressivement au cours du XVIe siècle, bien que la ville reste notable pendant plusieurs décennies par la suite. 

L'arrivée, en 1498, de Vasco de Gama, naviguant le long des côtes africaines, marqua un tournant. Les Portugais étaient désireux de contrôler le commerce de l'océan Indien et de concurrencer les marchands arabes/swahilis établis depuis longtemps. En 1505, les Portugais, sous les ordres de Francisco de Almeida, envahirent Kilwa, s'emparèrent de la ville et y instaurèrent une garnison. Cependant, leur domination fut relativement éphémère, car ils ne parvinrent pas à exploiter efficacement le commerce local. Par ailleurs, la population contestait leur autorité. Avec la montée en puissance des Européens dans l'océan Indien et leur redirection des routes commerciales coûteuses, Kilwa perdit progressivement sa position stratégique. De plus, l'exploitation excessive des mines d'or intérieures accélérera également l'épuisement de ces ressources. De plus, la montée d'autres cités swahilies, telles que Mombasa ou Zanzibar, attira une partie des échanges, et même d'autres cités, notamment sous domination portugaise, devinrent des centres commerciaux concurrents.

Kilwa fut finalement abandonnée comme centre de pouvoir au XVIIe siècle, lorsque sa population commença à être supplantée par d'autres villes plus prospères de la région. Au XVIIIe siècle, les ruines de Kilwa témoignaient déjà de sa gloire passée. Kilwa Kisiwani est aujourd'hui principalement connue pour ses ruines bien conservées.

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Dictionnaire Villes et monuments
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