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Simon Stevin,
appelé quelquefois aussi Simon de Bruges, ou encore Stephanus,
est un mathématicien et mécanicien
flamand, né à Bruges en 1548,
mort à La Haye ou à Leyde
en 1620.
D'abord teneur de livres chez un riche
marchand, il fut ensuite employé de l'administration des finances
à Bruges, puis entreprit un long voyage à travers l'Europe,
et, après un court séjour à Middelbourg, se fixa à
Leyde (1583), où il fit des cours de mathématiques.
Devenu le quartier-maître général
en même temps que l'ami de Maurice
de Nassau, Stathouder de Hollande,
qui s'intéressait lui-même vivement aux progrès de
la science, il dota l'artillerie et la fortification d'importants perfectionnements.
On lui attribue aussi la découverte de la pesanteur
de l'air, mais l'invention qui rendit le nom de Stevin populaire est celle
d'un char à voiles, qui devançait un cheval à la course.
Partisan de la Réforme Stevin fut en butte aux persécutions
des fanatiques. Aujourd'hui, on retient de lui ses contributions à
la mécanique.
«
Le premier après Archimède, dit
l'un de ses biographes, Van de Weyer, il a fait progresser cette science,
stationnaire depuis deux mille ans. Il est le père de la statique
moderne et a exposé tous les grands principes qui constituent aujourd'hui
la science de l'équilibre dans les corps solides. Il a trouvé
la théorie des plans inclinés, inconnue aux anciens, découvert
le parallélogramme des forces, tenté quelques pas sur le
terrain de la dynamique et fait de l'hydrostatique une science indépendante
de la statique. Il a démontré le principe fameux du paradoxe
hydrostatique, dont on fait honneur, à tort, à Pascal.
Il a énoncé la loi de la pression des fluides sur les parois
d'un vase. »
Guido Ubaldi (né
à Urbin en 1540, mort vers 1600), auteur d'un traité de mécanique
(Mecanicorum, libri VI, 1577), avait reconnu le principe des moments
ou impetus dans la théorie du treuil et des machines simples;
mais il ne sut pas l'appliquer au plan incliné, comme l'a fait observer
Lagrange :
«
Le rapport de la puissance au poids sur un plan incliné, dit ce
grand analyste, a été longtemps un problème parmi
les mécaniciens; Simon Stevin l'a le premier résolu. »
Cette solution ingénieuse,
faite à l'aide d'un chapelet, composé de douze poids sphériques
également distancés, placé sur un support triangulaire,
a été exposée par Stevin dans ses Principes de
statistique et d'hydrostatique; Leyde, 1586. Stevin a donné,
avant Varignon, le principe de la composition ou du parallélogramme
des forces, devenu le fondement de la mécanique moderne :
«
Il est évident, dit Lagrange (Mécanique analytique,
t. I), que le théorème de Stevin sur l'équilibre des
trois forces parallèles et proportionnelles aux trois côtés
d'un triangle quelconque est une conséquence immédiate et
nécessaire du principe de la composition des forces, ou plutôt
qu'il n'est que le même principe présenté sous une
autre forme. »
La représentation
des forces (poids), en direction et en intensité, par les directions
et les longueurs de lignes droites, a depuis lors porté la science
de l'équilibre dans le domaine de la géométrie, en
rendant sensibles aux yeux des conceptions purement abstraites.
Partant des principes
d'Archimède, Stevin découvrit, et démontra, comme
une des principales conséquences de l'équilibre, qu'un liquide
peut exercer sur le fond d'un vase une pression beaucoup plus grande que
son propre poids; c'est ce qui constitue le paradoxe hydrostatique, dont
la découverte a été souvent attribuée à
Pascal.
Dans un volume, imprimé
en 1585 à Leyde, Stevin a réuni l'Arithmétique,
la, traduction française des Quatre premiers livres de Diophante,
la Practique d'arithmétique et la Disme. On y trouve,
pour la première fois, l'usage des exposants des puissances, et
une notation qui a beaucoup d'analogie avec celle des fractions décimales.
Stevin montré la voie du calcul
infinitésimal. Il a même prédit, comme devant plus
tard s'imposer, le système décimal des poids et mesures.
Dans la Practique
de la géométrie, Stevin suit l'ordre qu'il avait adopté
pour son arithmétique : il applique à l'espace les quatre
premières règles du calcul, puis la théorie des proportions,
l'extraction des racines, etc. Presque à chaque ligne on remarque
le cachet d'un esprit original. Ainsi, il enseigne de décrire l'ellipse
au moyen d'un cercle dont on allonge toutes les ordonnées dans un
rapport constant, il montre encore que si, d'un point pris dans le plan
d'une conique, on mène des rayons aux points de la courbe, et qu'on
les prolonge dans un rapport donné, leurs extrémités
seront une nouvelle conique, semblable à la première. Ce
fut là le point de départ d'une méthode de déformation
des figures, qui prit, par la suite, beaucoup d'extension entre les mains
de Lahire et de Newton.
Ses principaux ouvrages, la plupart en
flamand, ont pour titres : Pratique
d'arithmnétique (Leyde, 1585); Problematum geometricorum
libri V (Anvers, 1585), Principes de statique et d'hydrostatique
(Leyde, 1586); Nouvelle manière de fortifications par écluses
(Leyde, 1586; 2e éd., 1614); Traité de navigation
(Leyde, 1599). Ils ont été traduits en latin
par Snellius et en français
par A. Girard (Oeuvres mathématiques; Leyde, 1634).
Une statue
lui a été élevée à Bruges en 1845. (L.
S. / F. H.). |
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