| Paul Vidal de Lablache (dit P. Vidal-Lablache) est un professeur et géographe français, né à Pézenas (Hérault) en 1843, mort à Tamaris-sur-Mer (Var) le 5 avril 1918. Rien, à l'origine, ne semblait devoir faire de Paul Vidal de Lablache un géographe. Au moment où, au sortir du lycée Charlemagne, il entra à l'Ecole normale (1863), il paraissait bien plutôt devoir se consacrer à l'étude des lettres pures. Mais c'est pour l'histoire qu'il opta lorsqu'il dut se spécialiser, et il fut reçu premier agrégé d'histoire et de géographie au concours de 1866. - Paul Vidal-Lablache. Peu après, il était nommé membre de l'Ecole d'Athènes, et il profitait de son séjour de trois années (1867-1870) sur les bords de la mer Egée pour entreprendre de longs voyages par tout le Levant et pour visiter la Grèce, une partie de la Turquie d'Europe, les côtes de l'Asie Mineure, la Syrie et même l'Egypte. D'autre part, il lisait beaucoup; c'est alors qu'il connut les grands ouvrages géographiques d'Alexandre de Humboldt et de Karl Ritter, le Cosmos du premier et la Géographie du second. Ainsi, Vidal de Lablache était déjà, en fait, engagé dans sa véritable voie. Toutefois, c'est seulement un peu plus tard qu'il y entra officiellement, au mois d'octobre 1872, une fois devenu docteur ès lettres et chargé de cours d'histoire et de géographie à la Faculté des lettres de Nancy. Alors, il se consacra exclusivement à l'enseignement de la géographie, d'abord à Nancy (de 1873 à 1877), puis à Paris, à l'Ecole normale supérieure (jusqu'en 1898) et à l'Ecole normale de Fontenay-aux-Roses, et ensuite en Sorbonne à la Faculté des lettres (1898-1909) et à l'Ecole libre des sciences politiques (1908-1917). Entre temps, il était devenu successivement sous-directeur de l'Ecole normale pour la section des lettres (1881), président de la section de géographie du comité des travaux historiques et scientifiques au ministère de l'instruction publique et, enfin, membre de l'Académie des sciences morales et politiques dans la section d'histoire (en 1906), en remplacement d'Albert Sorel. Il présidait cette classe de l'Institut de France, au moment où il a été frappé par la mort, au cours de la guerre, qui venait de l'atteindre dans quelques-unes de ses plus chères affections. Ces honneurs, et aussi la grande médaille d'or de la Société américaine de géographie de New-York en 1915, Paul Vidal de Lablache les a dus à ses livres et, plus encore, — tout au moins au début, — à son enseignement. Il n'a, en effet, publié d'importants ouvrages que très tardivement. Pendant longtemps, après ses deux thèses pour le doctorat ès lettres (De titulis funebribus graecis in Asia Minore; Hérode Atticus : étude critique sur sa vie), il s'était contenté de faire paraître quelques articles dans des revues générales ou spéciales, ou encore des livres classiques (la Terre, 1883; Elats et nations de l'Europe : autour de la France, 1889) et une collection de cartes murales à l'usage des écoles, collection accompagnée de notices, pleine d'intérêt au point de vue pédagogique. Il avait aussi publié Marco Polo, son temps et ses voyages (1880); Ce qui, avec la préparation de ses cours, absorbait alors presque tout le temps de Paul Vidal de Lablache, c'était l'élaboration de cet atlas général, historique et géographique, qui a paru de 1890 à 1894, où se trouvaient systématiquement groupés, pour la première fois, tous les traits qui composent la physionomie d'un pays. On sait que le succès de l'Atlas général Vidal-Lablache — tel est son titre — fut considérable, en dehors de l'enseignement, aussi bien que dans l'enseignement même. Cette oeuvre eut plusieurs éditions, notamment celle que l'on trouvera reproduite en ligne sur ce site sous le titre d'Atlas classique, et qui date de 1910 (ou 1911). C'est seulement ensuite que Vidal de Lablache a écrit les ouvrages qui ont assis sa réputation dans le grand public : le Tableau de la géographie de la France, par lequel s'ouvre l'Histoire de France, publiée sous la direction d'Ernest Lavisse (1903; cet ouvrage a été réimprimé isolément en 1908 et accompagné de gravures commentées, sous le titre de la France : tableau géographique) et ce livre sur la France de l'Est (Lorraine-Alsace), publié en pleine guerre (1917), qui est la dernière oeuvre sortie de sa plume. Quant aux Annales de géographie, fondées par lui à la fin de 1891, elles s'adressent aux seuls initiés; si elles ont accru encore le prestige dont jouissait Paul Vidal de Lablache auprès des spécialistes, elles n'ont nullement contribué à le faire connaître du grand public. Celui-ci, pendant très longtemps, a ignoré son nom; par contre, dans l'Université, chacun, de très bonne heure, savait la valeur et lisait les écrits de ce maître. Par son enseignement à l'Ecole normale, progressivement étendu sur les trois années, au lieu d'être réduit à la seule troisième année, il avait formé d'excellents professeurs de géographie, et ceux-ci, pleins d'ardeur et de prosélytisme, répandaient autour d'eux, parmi leurs collègues et parmi leurs élèves, dans les facultés et dans les lycées, les idées et les méthodes de leur maître. Par les Marcel Dubois, les Gallois, les Brunhes, les de Martonne, les Demangeon et tant d'autres, qui ont collaboré aux Annales de géographie, qui ont publié d'excellents ouvrages géographiques (thèses de doctorat, monographies régionales ou études diverses) et formé des élèves, à leur tour, en s'inspirant des leçons qu'ils avaient reçues de Paul Vidal de Lablache, la géographie s'est peu à peu vivifiée en France; elle y est devenue après lui : très scientifique et, cependant, très originale, affirmant sa vitalité par d'excellents livres, qu'apprécient les étrangers comme les Français. De cette renaissance de la géographie française le mérite ne revient sans doute pas exclusivement à Paul Vidal de Lablache, mais il lui revient pour une bonne partie. (H. Froidevaux). | |