| Palais de l'Institut, à Paris (VIe 'arrondissement). - Ce palais, situé quai de Conti, abrite depuis 1806 l'Institut de France, remarquable par la haute coupole de son ancienne chapelle. Créé par l'article 298 de la Constitution de l'an III, l'Institut regroupe depuis lors les Académies supprimées en 1793 (Académies française, des inscriptions et belles-lettres, des sciences, des beaux-arts, des sciences morales et politiques). La loi du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795) lui donna son organisation définitive, modifiée sur certains points par l'arrêté consulaire du 3 pluviôse an XI (3 janvier 1803) et les ordonnances royales des 21 mars 1816 et 26 octobre 1832. De 1795 à 1806, l'Institut siégea au Louvre. A cette dernière date, il fut installé dans les bâtiments de l'ancien collège des Quatre-Nations, ou collège Mazarin, où il se trouve encore; la bibliothèque Mazarine, dont l'entrée est dans la cour d'honneur, y est également logée. Outre cette bibliothèque, le même édifice en renferme une seconde, c'est celle de l'Institut. Quoique moins nombreuse, elle est précieuse par le nombre des ouvrages modernes qui y sont déposés. La chapelle fut tranformée par l'architecte Vaudoyer en salle des séances; c'est là que se tiennent les séances publiques annuelles, qui sont au nombre de six, une pour chaque Académie, et la séance publique des cinq Académies, qui a lieu, chaque année, le 25 octobre; c'est là aussi qu'ont lieu les séances de réception des membres de l'Académie française. Les séances hebdomadaires des Académies sont publiques, hormis celles de l'Académie française et de l'Académie des beaux-arts. Par les nombreuses fondations qui lui sont faites, l'Institut a une fortune considérable, dont il dispose selon les volontés des fondateurs. Le duc d'Aumale, en particulier, lui a fait donation, en 1886, du domaine de Chantilly, à charge d'entretenir les collections d'art groupées sous le nom de musée Condé. - L'Institut de France, quai de Conti. © Photo : Serge Jodra, 2010. Le Collège Mazarin (Collège des Quatre-Nations). Le 6 mars 1661, dans une des salles de l'antique forteresse de Vincennes, le cardinal Mazarin s'apprêtait à mourir. Le ministre fit venir maîtres Nicolas le Vasseur et François le Fouin, notaires, garde-notes du Chastelet de Paris. Il déclara qu'il avait depuis longtemps formé le dessein d'employer en oeuvres de piété et de charité une somme considérable, des grands biens qu'il tenait de la divine providence et de la bonté du roi. Il ajouta qu'il n'avait trouvé rien de plus utile que la fondation d'un collège et d'une académie pour l'instruction des enfants des gentilshommes ou des principaux bourgeois de Pignerol et de son territoire, d'Alsace et pays d'Allemagne, de l'état ecclésiastique, de Flandre et de Roussillon. Dans l'acte de fondation que le cardinal fit dresser, il est dit : « Que des soixante écoliers qui doivent être entretenus et instruits dans le dit collège, il y en ait quinze de Pignerol; territoire et vallées y jointes, et de l'état ecclésiastique en Italie, préférant ceux de Pignerol à tous les autres, les Romains ensuite, et au défaut d'eux, ceux des autres provinces de l'état ecclésiastique en Italie; quinze du pays d'Alsace et autres pays d'Allemagne contigus, vingt du pays de Flandres, Artois, Hainaut et Luxembourg, et dix du pays de Roussillon, Conflans et Sardaigne. Les quinze personnes pour l'académie seront tirées du collège sans aucune distinction des dites nations, et si le collège n'en peut fournir un si grand nombre, le surplus jusqu'au dit nombre de quinze sera pris des personnes d'icelles nations, quoiqu'elles n'aient pas étudié au dit collège. Les soixante écoliers du collège et les quinze personnes de l'académie seront logés, nourris et instruits gratuitement, au moyen de la présente fondation. Les gentilshommes seront toujours préférés aux bourgeois, tant pour le collège que pour l'académie, et ceux qui auront le plus long temps étudié audit collège, préférés à ceux qui auront le moins étudié pour être admis à l'académie, pourvu que ceux qui auront le plus étudié soient également propres pour l'académie. Son éminence se réserve le nom et le titre de fondateur du dit collège de l'académie, et à son défaut l'aîné de ceux qui porteront son nom et ses armes, aura les mêmes droits avec toutes les prérogatives des fondateurs. » Pour consolider à jamais cette fondation; le cardinal légua deux millions en argent, plus 45 000 livres de rente sur l'Hôtel-de-Ville de Paris. Ce contrat de fondation fut confirmé, loué et approuvé par lettres-patentes du roi, datées de Saint-Germain-en-Laye, au mois de juin 1665. De nouvelles lettres-patentes interprétant les premières furent données en juin 1669. Nous en rapportons un extrait : « Louis [XIV], par la grâce de Dieu, etc., à tous présents et à venir, salut. Nous avons par nos lettres-patentes du mois de juin 1665, registrées en notre cour de parlement, le 14 août de la même année, confirmé la fondation faite par feu notre très cher et très amé cousin le cardinal Mazarini, duc de Nivernois, etc., d'un collège et académie dans notre bonne ville de Paris pour y instruire et élever gratuitement aux exercices de corps et d'esprit convenables à la noblesse, les jeunes gentilshommes qui auraient pris naissance ès villes et pays cédés à la couronne par les traités de Munster et des Pyrénées; savoir, en la ville de Pignerolles, son territoire et vallées y jointes, avec l'état ecclésiastique en Italie, et provinces d'Alsace et pays d'Allemagne qui y sont contigus, et à partie des provinces de Flandre, Artois, Hainaut, Luxembourg, Roussillon, Conflans et Sardaigne cédés par le dit traité; le tout aux clauses du contrat passé par devant le Vasseur et le Fouin, notaires au Chastelet, le 6 mars 1661, par lequel don est fait au dit collège d'une bibliothèque et académie nommées Mazarini, et la fondation censée et réputée royale et jouir des mêmes avantages, privilèges et prérogatives dont jouissent celles qui ont été fondées par les rois nos prédécesseurs ou par nous, et d'autant plus que depuis les dites lettres, les bâtiments de l'église, du collège et de la bibliothèque sont tellement avancés qu'il y a lieu d'espérer que dans peu l'on pourra célébrer la sainte messe dans l'église commencée, les exercices dans le collège et que tous les livres légués et donnés seront placés et rangés dans la nouvelle bibliothèque qui doit être publique deux jours de chacune semaine, que ces lieux étant situés vis-à-vis notre château du Louvre, y apportent un fort bel ornement; que le dit établissement sera d'une très grande utilité au public, et que nous désirons d'ailleurs donner en toutes choses les marques de l'estime que nous conservons pour la mémoire de notre dit cousin le cardinal Mazarini, et pour l'affection qu'il a témoignée au public par une fondation si illustre et si peu commune; et vu le contrat de fondation, lettres-patentes et autres pièces ci-attachés sous le contre-scel de notre chancellerie; à ces causes et mettant en considération les services notables que nous a rendus notre dit cousin le cardinal Mazarini, et de notre grâce spéciale, pleine puissance et autorité royale, en interprétant et amplifiant nos lettres du mois de juin 1665, nous avons ordonné et par ces présentes signées de notre main, ordonnons, voulons et nous plaît que le dit collège, bibliothèque et académie, ensemble les places et maisons y appartenant, soient sous notre protection, justice, voirie et censive, comme faisant partie de l'ancien hôtel de Nesle, nonobstant tous actes, contrats, transactions, arrêts, jugements, sentences et possessions contraires que nous ne voulons nuire, ni préjudicier à la dite fondation; ce faisant avons amorti, amortissons à perpétuité tous les dits lieux, sans qu'à présent ni à l'avenir il puisse être prétendu aucun droit pour le dit amortissement, [...]. Sera loisible aux libraires et imprimeurs d'habiter et s'établir aux maisons et boutiques qui sont aux deux pavillons et en la grande place du dit collège, pour y vendre et débiter des livres ainsi qu'ils pourraient faire dans l'étendue de l'Université, [...]. Accordons au dit collège les droits et privilèges dont jouissent les collèges les plus célèbres; ce faisant, le déclarons être du corps de l'Université, avec pouvoir d'y admettre toutes sortes de pensionnaires et écoliers, et d'y faire tous les actes et exercices qui se font aux collèges les plus fameux. Accordons pareillement à la dite académie tous les droits et privilèges dont jouissent les autres académies de notre royaume; et sera la dite bibliothèque publiquement ouverte aux jours et heures qui seront marqués en chacune semaine par les exécuteurs de la fondation, [...]. Donné à Saint-Germain-en-Laye, au mois de juin 1669, et de notre règne le 27e, signé Louis [...] Par le roi, signé Colbert, et scellé du grand sceau de cire verte. » Un plan avait été dressé le 23 juin 1665, par Louis Lévau, architecte du roi. Il fut exécuté par Lambert et d'Orbay. La façade principale placée sur le quai est de forme demi-circulaire; elle est composée d'un avant-corps d'ordonnance corinthienne qui en occupe le centre et de deux ailes dont la courbe se termine en avant sur le quai, et ne laisse en cet endroit qu'une route trop étroite. L'avant-corps qui formait le portail de l'église fut couronné d'un fronton et surmonté d'un dôme circulaire qui est terminé par une lanterne. Ce dôme, qui présente à l'extérieur une forme circulaire, a dans l'intérieur une forme elliptique. A droite du sanctuaire on voyait le tombeau du cardinal Mazarin; ce tombeau, un des beaux ouvrages de Coysevox, avait été transféré au musée des monuments français. Ce mausolée fait actuellement partie du musée de Versailles. Le collège Mazarin, auquel on avait aussi donné le nom de Collège des quatre Nations, pour indiquer les pays auxquels appartenait le bénéfice de cette fondation, ne subit aucun changement jusqu'à l'époque de la Révolution. (F. et L. Lazare). - L'aile orientale de l'Institut. Au fond l'île de la Cité, par Thomas Shotter Boys (1831). | |